Gugus2000 a écrit :
Tu penses donc tu es.
Cette phrase tout le monde la connais mais en fait est fausse.
Le fait de penser ne peut pas caracteriser une existance essence.
La raisonnement logique de descartes etaient qu'il voulait etre sur de son existance et que il ne pouvait etre sur de rien même de sa propre pensée et que la seule chose dont il pouvait etre sur c'est qu'il doutait.
Donc je doute donc je suis.
Tu doutes donc tu es ne cherche pas plus loin :|
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Fleur de musique à raison : le doute, c'est de la pensée en acte, du penser, une pensée (possédant un contenu) mais s'apercevant elle-même dans sa forme, bref une pensée consciente d'elle-même, capable alors de dire ce qu'elle est, de se caractériser comme ceci ou comme cela, car quelque chose existe toujours d’une certaine manière ou elle n’existe pas. Et pourtant, c'est sur cette question de "l'essence", de l'identité personnelle que le problème que vous soulevez, certes maladroitement (en vous trompant de terme), prend tout son sens.
Etre conscient de quelque chose (penser à..., exemple : douter de quelque chose) inclut toujours une forme de rapport à soi : être conscient, c’est penser (à quelque chose et le doute est bien une de ces pensées) et savoir immédiatement qu’on pense (la relation enveloppe une connaissance d’elle-même : la pensée ou conscience - de quelque chose... - est en même temps pensée de la pensée, donc conscience de soi), sans que cette connaissance soit forcément médiatisée par une réflexion critique, un jugement. Ainsi, dans chaque pensée, y compris lorsque celle-ci est un doute portant sur la validité de nos jugements, nous faisons l’expérience de cette coïncidence avec nous-mêmes par laquelle nous savons immédiatement que nous existons. En ce sens, je suis toujours ce que j’ai conscience d’être parce que l’existence est la première donnée de toute conscience : Je suis, j’existe, tel que je m’apparais dans chacune de mes pensées : je suis tantôt conscience lisante, conscience parlante, conscience marchante, conscience triste ou joyeuse, conscience imaginante ou concevante, etc…
Mais, et c'est là où je vous rejoins, savoir qu’on existe ne signifie pas encore qu’on sache qui l’on est. C'est pourquoi, la connaissance de soi est l'une des finalités primitives assignées au philosophe. C'est sans doute cette objection que vous vouliez faire en disant : "Le fait de penser ne peut pas caracteriser une existance". Vous vous êtes simplement trompé de terme : la question porte sur l'essence (ce que l'on est) et non plus sur l'existence. Avec Descartes l'ego cogito devient une res cogitans (chose pensante), dont le caractère de substance permet de déduire des caractères essentiels : unité, immortalité, mais aussi chose créée, dépendante d’un créateur infiniment parfait. Je suis essentiellement une âme, disposant d’une liberté infinie et d’un entendement fini, fécondée par les "germes de vérité" placés en elle par la bonté infinie de Dieu. Or, le philosophe Kant montrera qu'il est en effet impossible de passer d’une existence (première vérité) à une essence. La conscience de soi n’est ni une intuition intellectuelle (renvoyant à une substance) ni une intuition sensible (déterminant un objet empirique).
Selon Kant, en effet, l’ego cogito n’est qu’un sophisme (un raisonnement faux, un préjugé logique et grammatical) : Descartes tire une existence réelle du sujet en acte (qui se pense lui-même comme sujet) dont il vient de prendre conscience. or, il ne faut pas confondre ce qui en-soi pense, ce qui objectivement et absolument est un être pensant, existant comme substance simple, personnelle, et ce qui se connaît comme être pensant, ce qui se considère comme sujet par rapport à l’unité de sa propre conscience. Dans le cogito, Descartes reste sujet, c’est-à-dire pur pouvoir de synthèse et ne fait que penser son existence. Il est donc le sujet du jugement qui ne peut jamais devenir un objet (comme être subsistant par soi-même) faute d’un contenu. Autrement dit, le sujet du cogito n’est qu’une forme vide : il n’est pas un être, mais une simple faculté formelle de recevoir des intuitions empiriques (une réceptivité) et de les déterminer intellectuellement pour en faire des connaissances. Ce qui signifie que nous ne trouvons jamais la conscience de soi en dehors de la présence d’un contenu empirique : si le sujet est sujet de jugement, faculté organisatrice du donné empirique, il ne peut prendre conscience de lui-même qu’à travers son activité : ce n’est que dans le miroir de ses actes que le moi peut se ressaisir comme unité de ses représentations.
Si le sujet de l’acte est une forme vide il ne peut donc pas être un objet de connaissance pour lui-même, ni comme substance (Objekt), ni comme objet déterminable scientifiquement (Gegenstand) : la saisie immédiate de nous-mêmes au travers de nos actes ne peut nous livrer au mieux que le sentiment d’une existence qui est le contraire d’une connaissance objective. Ainsi, jamais le sujet ne peut être pleinement un objet pour lui-même : quand je me perçois, j’ai pour objet quelque chose que je ne suis pas en tant que sujet, puisque je suis alors la faculté et l’acte de percevoir, non le contenu : le moi-sujet ne se confond jamais avec le moi-objet. Disons le encore autrement : la conscience est un mouvement vers un objet que je ne suis pas, une chose qu’elle fait apparaître : en ce sens, si je suis, si j’existe dans un ici et un maintenant, je m’en échappe par le seul fait de le savoir, par le mouvement même de la conscience qui est toujours déploiement d’un horizon, intentionnalité. Ainsi, comme le faisait remarquer justement fleur de musique, si je me regarde, j’ai conscience d’un moi empirique (une chose déterminable : moi psychologique, social, personnage, personnalité, etc.…) qui n’est pas moi, que je place à distance dans un acte de transcendance (cf. Sartre). Ces moi multiples ne m’appartiennent donc que de l’extérieur comme des vêtements plus ou moins bien ajustés.
Et la question de fond est alors de savoir comment accorder la liberté d’une existence avec la continuité d’une essence ? Au contraire des choses qui sont en elles-mêmes tout ce qu’elles sont (en-soi) ne serions nous pas, par nos fins et par nos motifs, autre que ce que nous sommes, toujours en avant de nous-mêmes ? Comme projet, l’homme n’est-il pas déjà en train de devenir cet autre ? En ce sens il serait ce qu’il n’est pas. Mais dès lors, comment parler d’une conscience d’être alors que l’être manque ? Si, pour l’homme, être c’est exister peut-il y avoir conscience d’une chose dont l’essence est de devenir, de n’être pas ce qu’il est et d’être ce qu’il n’est pas ?
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Message édité par l'Antichrist le 11-02-2009 à 03:52:31