l'Antichrist | jean eymard a écrit :
Il faudrait deja savoir si on dispose d'une information sure, incontestable.
De quoi peut-on etre sur ? Je pense donc je suis (?) Le sujet existe, reste a savoir si l'objet existe, non ? Les scientifiques font la démarche inverse, ils partent-posent que l'objet existe (l'univers) et a partir de la ils essayent d'expliquer le sujet (la conscience).
La conscience est, soit un miroir dans lequel le sujet se reflete par le biais de l'univers extérieur (l'univers n'est que le miroir de l'individu), soit un miroir dans lequel l'univers se reflete par le biais du sujet (l'individu est seulement un miroir que l'univers a crée pour pouvoir s'y refleter-se connaitre).
Miroir qui peut ne pas etre parfait.
|
jean eymard a écrit :
Moi j'aurais dis plutot que l'homme est une machine a faire des choix.
Sinon tu veux sans doute dire que dans la conscience se trouve le principe de causalité (?)
A part ça, il est assez évident que l'on ne fait que se représenter le monde, la question demeure:
Est ce que le monde existe en dehors du sujet pour le penser ? On a d'un coté l'idéalisme (subjectif) et de l'autre le matérialisme (objectif). Il semble que l'on ne peut trancher.
Meme la science se base sur des postulats, par exemple, que serait la science sans le temps, l'espace et le principe de causalité ?
Or, il parait qu'un certain Kant aurait démontré que ces trois "choses" n'existent que dans notre tete.
Pour les cons, tout dépend de ta définition, pour moi un con c'est quelqu'un qui est prétentieux, trop sur de lui, imbu de sa personne.
Or il y a sans doute de telles personnes parmis des scientifiques commme il en existe partout ailleurs.
Toujours a propos des scientifiques, si on voulait faire une généralités, je dirais que ce qui les distingue du philosophe c'est qu'ils collent au plus prés aux détails alors que le philoso essayent de prendre de la hauteur pour avoir une vue d'ensemble.
Cependant il arrive de rencontrer ces deux catégories chez une meme personne, exemple Einstein qui a dit:
"Ce qui est incompréhensible c'est que le monde soit compréhensible"
|
Baptiste R a écrit :
Citation :
un flux qui en réalité est en devenir perpétuel.
|
En réalité ? Tu es bien métaphysicien, à prétendre savoir comment les choses sont foncièrement. Que tu dises que la "réalité" est fluente ou durable, tu parles toujours à sa place.
|
Yagmoth a écrit :
Il y a méprise : ce que je veux signifier c'est que c'est la seule réalité fondamentale que nous avons "sous les yeux" primitivement.
|
Baptiste R a écrit :
Je ne me reconnais pas dans ce nous. Tu veux bien dire que notre réalité quotidienne est un flux ? Mais mon bureau est tout à fait solide et bien campé sur ses pieds.
Si je voulais moi aussi parler au nom de tous et faire dire au sens commun ce que je veux, je pourrais dire que la réalité que nous rencontrons primitivement est dure, résistante, heurtante, cognante (et je ne dis pas ça rhétoriquement, c'est une description de la "réalité" "nue" qui me parle).
|
Une mise au point préalable s’impose manifestement avant de rentrer, peut-être, dans le détail de l’argumentation !
Je vois que le dualisme a encore de beaux jours devant lui et qu’il est toujours aussi difficile pour un esprit non préparé de s’installer comme chez soi dans l’immanence ! Malgré vos divergences, vous vous trouvez dans une situation intellectuelle identique : vous vous situez en dehors de la démarche rationnelle (philosophique) authentique parce que vous concevez la pensée par référence à « quelque chose » d’extérieur à cette pensée elle-même et qui, de fait, n’est pas elle, c’est-à-dire n’est pas la vie proprement dite. Une pensée du réel doit nécessairement, si elle veut éviter le dogmatisme, être une philosophie de la philosophie, une réflexion sur la réflexion (elle doit s'intéresser à sa propre démarche philosophante) et ainsi prendre la forme d'une science des principes (philosophie première), devenir la fondation du système avant le système lui-même, avant la partie théorique et pratique du système. Plus simplement, toute pensée est un savoir du savoir : c’est une construction idéale des actes réels de la conscience en tant que savoir réel, donc dans son rapport au monde. Il ne s’agit pas de produire de nouveaux savoirs, mais de laisser le savoir humain s’apparaître lui-même pour se dominer dans sa forme pure. Car l’objet de la pensée est lui-même un acte de pensée autonome et ayant sa vie propre : celui du savoir réel en lequel la conscience se rapporte sur un mode spécifique à un objet hors d’elle. En ce sens, le penseur reconstruit idéalement, afin de produire l’intelligibilité. La pensée doit être à la fois un idéalisme (elle construit le phénomène) et un réalisme (elle le pense comme si elle le construisait). Vous tombez donc dans un piège aussi vieux que la philosophie elle-même (à l’époque où il était encore question d’ontologie) : la contradiction performative ! Vous parlez de « quelque chose » en termes d’affirmation, de négation ou même de doute, sans jamais vous interroger sur le statut de l’acte même d’énonciation. Kant appelait cela « les conditions de possibilité de la connaissance » en-deçà de ce que l’on croit connaître empiriquement. Quand je dis « je » par exemple, qui parle ? Un sujet splendidement isolé dans une subjectivité souveraine (le fameux « je pense donc je suis » de Descartes) ou plutôt un « nous » inconsciemment traversé, imprégné, structuré par les multiples flux d’une socio-culture historique ? Or, le « Je suis » n’est qu’une formule. Ce qui se dit dans cette phrase n’est pas un être mais un acte. Le « je suis » est un fait de conscience : conscience du pur caractère d’activité propre à toute conscience pour autant qu’elle est acte. En lui se dit l’acte absolu. Cet acte primordial et archaïque est la « Thathandlung », c’est-à-dire « pur caractère de l’activité en soi immanent à tout fait de conscience. » Le « je suis » est le fait de conscience suprême en lequel s’exprime l’acte immanent à tout fait particulier de conscience. L’acte fondamental n’est pas l’acte d’un sujet, il est un acte sans sujet. L’acte fondamental définit une pure actuation, l’auto engendrement spontané d’un agir impossible dont l’origine m’échappe toujours, étant à soi-même sa propre origine. Cet acte primordial échappe à toute représentation. Le moi se découvre étranger à lui-même. L’identité de l’acte comme cause et de l’acte comme effet : il faut admettre que le « Je suis » est le verbe de l’impensable. S’il veut être à nouveau lui-même ce qu’il est originairement, il faut donc récuser toute représentation de soi, annuler cette dualité dans l’identité duplice, du sujet et de l’objet, en un mot s’anéantir autant comme sujet réfléchissant que comme objet de réflexion sur soi. Le « Je suis » absolu n’est rendu à sa signification que rapporter à cet acte pur primordial qui ne peut subsister sans se pervertir en autre chose que soi. La présence originaire à soi est indissociable d’une détermination pulsionnelle du moi. Cela va au-delà de tout objet dans ce qu’on pourrait appeler un élan d’amour, un sentiment originaire. On ne saurait, ainsi, distinguer, en cette tendance originaire, l’ipséité de l’altérité : elle est également et indistinctement mouvement centripète de réflexion sur soi et mouvement centrifuge d’expansion illimitée de soi.
Ainsi, il s’agit de retrouver et développer l’équation kantienne entre unifier et agir (le « Je pense » reliant le divers donné est spontanéité) : unifier, c’est d’abord s’unifier soi-même, agir, c’est fondamentalement agir sur soi. Le rationnel n’est tel qu’en se réfléchissant en lui-même, qu’en se singularisant en un Soi, un Pathos. La raison exige l’accord entre le contenu dit et l’acte de le dire qu’elle conjoint intimement. La pensée ne peut se retrouver dans la chose universellement pensante ; elle impose comme vérité l’affirmation de la pensée se faisant chose, de la subjectivité en tant qu’objectivation. La philosophie du réel ne doit plus être une énième doctrine ontologique, mais une doctrine de l’ontologie qu’est toute conscience. La philosophie ne doit plus vouloir dire l’être, dire un être que la conscience ordinaire ou savante en sa démarche spontanée, vivante, ne dirait pas. La philosophie n’est pas la vie, elle l’a ou la comprend, en satisfaisant ainsi l’homme en quête d’accord avec lui-même par delà la contradiction animant sa conscience, c’est-à-dire l’homme en quête de conviction. L’ontologie vivante exige la réflexion philosophique sur elle pour se sauver dans la conviction.
Toute vraie pensée doit donc inclure méthodologiquement une réflexion sur l’acte d’énonciation et le statut de l’énonciateur. C’est d’ailleurs ce qu’on appelle « l’épistémologie », ou la justification d’une connaissance. Mais cette épistémologie ne repose sur aucun « a priori » spéculatif, kantien, husserlien ou même heideggérien… Elle est sans fondements idéologiques absolus. Nous sommes très proches du nihilisme à la Nietzsche ! De ce point de vue, il faut le reconnaître, Kant n’a pas correctement pensé car sinon il aurait admis qu’il ne pouvait développer son « Je pense » philosophant s’il ne lui avait pas été présent à lui-même dans une intuition intellectuelle, intuition non pas de l’intelligible objectif, mais de l’intelligence constitutive du sujet pensant. Pour être possible comme représentation d’un objet par un sujet, toute conscience suppose une intuition de cet agir même en tant qu’agir. Il faut admettre une saisie du Moi par lui-même qui soit, non une conscience, mais une présence à soi non encore éclatée dans la distinction d’un sujet et d’un objet. Une telle auto-intuition de l’agir (ce que Michel Henry appellera le « je peux ») est ce qui rend possible la conscience comme relation du sujet et de l’objet. Une telle présence à soi immédiate de l’agir ne se réfléchissant pas encore dans l’être d’un Moi, mais constituant la qualité vivante non encore objectivée dans l’être substantiel désigné comme le Moi, est ce que Fichte appelle la Moïté (Ich heit). On a donc une présence à soi de l’agir qui est en son principe le Moi. Le Moi élève la vie ordinaire à des réalités purement intelligibles. Une telle incarnation de l’intuition intellectuelle manifeste son lien avec l’autre moment du Moi, l’intuition sensible qui lui rend présent un Non-Moi en tant qu’elle se vit un agir négatif du Moi, son acte de s’opposer à soi-même comme un être sa propre limitation. « Si l’intuition intellectuelle est ce par quoi un être, une chose, que le Moi saisit comme autre que lui, a pour lui un sens, et d’abord le sens même d’être, l’intuition sensible est réciproquement ce par quoi le sens déployé par son agir s’objective en un même à travers lequel le Moi peut se libérer lui-même en son infinité, par la distance ainsi suscitée, du sens déterminé qui n’est plus que sien ». On est alors dans une synthèse qui rend le sens possible et le sensible sensé : c’est ce qu’on appelle « concept ». La conscience humaine n’est pas somme d’intuitions sensibles ou d’intuitions intellectuelles mais intègre le champ de la nature sensible qui vise un sens mais toujours sensibilisé. Seule la conscience philosophante pleinement transcendantale est conscience de l’intuition intellectuelle. Problème : comment ? Comment le concept peut-il être concept de l’intuition intellectuelle comme intuition intellectuelle ? Le concept subit une torsion car en fait il n’est rien d’autre que l’activité de l’intuition elle-même appréhendée, non pas du tout comme agilité, mais comme repos et déterminité. Il faut que la philosophie s’efforce de retrouver le sens vivant de ces concepts en leur unité originaire en réactualisant l’activité architectonique, systématique de l’intuition intellectuelle. |