La généralisation de l?outil informatique a causé une vague de maladies liées à son utilisation intensive. Intéressons-nous plus particulièrement aux problèmes articulaires et musculaires dus à une mauvaise utilisation du clavier ou même tout simplement à l?utilisation d?un « mauvais » clavier.
Parmi les troubles les plus fréquemment rencontrés nous pouvons citer la tendinite, le syndrome du canal carpien et d?autres, regroupés sous l?appellation de « lésions attribuables au travail répétitif » (LATR). Ces lésions sont causées par la posture inconfortable, fatigante et inadaptée à notre morphologie requise par la majorité des claviers en vente actuellement. Les articulations, tendons, nerfs des poignets, coudes et épaules sont inutilement sollicités ce qui cause à plus ou moins long terme des inflammations, arthroses et autres LATR.
Pour résoudre ces problèmes il faut donc tenter de minimiser les tensions dans les divers membres utilisés lors de la frappe au clavier. Plusieurs voies peuvent être explorées pour arriver à des résultats probants : modification du placement des touches, relief dans le clavier pour s?adapter à la morphologie de la main, installation de dispositifs alternatifs comme par exemple des pédales pour les pieds [2, 3, 11] ou encore la suppression pure et simple du clavier en le remplaçant par de la reconnaissance vocale.
Le clavier idéal devra donc induire une position de travail la plus neutre possible, c?est-à-dire les épaules en arrière et détendues, les coudes formant un angle de 90°, les avant-bras horizontaux, parallèles au sol. Les poignets doivent être dans le prolongement parfait des avant-bras sans contrainte verticale ou horizontale. Le clavier devra être à la bonne hauteur pour éviter une mauvaise position des épaules et avant-bras.
L?expansion explosive du parc informatique a entraîné une augmentation des LATR toute aussi importante. Partant de ce constat, un grand nombre de concepts ont déjà été étudiés pour essayer d?atteindre le clavier « parfait ». Nous allons ici en exposer quelques-uns dans le but de trouver le meilleur compromis possible.
Le clavier ergonomique le plus célèbre est sans aucun doute le Natural Keyboard de Microsoft (Fig.1), il est composé de deux parties, le clavier est divisé en deux de façon à ce que les mains, les poignets et les avant-bras restent dans une position naturelle lorsque l?on frappe. Les tendons des poignets étant soumis à une moindre sollicitation, il y a moins de risques de lésions ou d?inflammation. Le gros avantage qu?a ce clavier en plus de son distributeur est qu?il ne change pas le placement des touches et donc ne requiert qu?un petit temps d?adaptation pour retrouver sa vitesse de frappe habituelle.
Fig.1
Une deuxième catégorie de produit est plus radicale dans l?approche ergonomie du clavier, il s?agit entre autres de la gamme Kynesis (Fig.2). En plus de s?attaquer au positionnement des mains et des bras comme le clavier de Microsoft, il est conçu pour éviter toute flexion ou extension trop importante des doigts. La charge sur les tendons et les muscles de la main et des doigts est ainsi diminuée et améliore le confort, réduit la fatigue et les risques de LATR [19].
Fig. 2
Ensuite nous trouvons des claviers encore plus particuliers comme ceux composés de deux parties complètement détachées (Fig.3) et qui peuvent par exemple être placées de part et d?autre du siège ou encore les claviers séparés en deux parties placées verticalement (Fig.4) qui permettent une position complètement détendue des poignets.
Fig.3
Fig.4
La multitude de configurations disponibles vise à répondre aux problèmes causés par l?utilisation intensive du clavier. Chacun pourra trouver le clavier qui permettra de soulager ses douleurs ou même de les éliminer. Pour l?instant les claviers ergonomiques ne représentent qu?une infime proportion des claviers disponibles sur le marché, mais parions que l?augmentation rapide du nombre de LATR va finir par obliger les entreprises à s?équiper de ces dispositifs d?acquisition de texte si elles veulent limiter les coûts liés aux absences prolongées de leurs employés pour cause de LATR.
L?étape suivante dans la voie de l?ergonomie parfaite est un repositionnement des touches pour optimiser l?efficacité de la frappe et diminuer les mouvements inutiles des doigts. Pour effectuer cette optimisation, d?autres facteurs sont encore à prendre en compte, comme l?adaptabilité des utilisateurs face à un clavier entièrement nouveau et sans plus aucun lien avec leur ancien clavier, ou encore l?augmentation de la vitesse de frappe. En résumé, il ne faut pas que la productivité soit ignorée au profit du confort. Ceci fait l?objet du point suivant.
3.2 Productivité
Lors du choix d?un clavier, un paramètre qui sera peut être négligé par un particulier mais qui intéressera particulièrement le patron est le facteur productivité. En effet, il ne s?agit pas que le clavier soit confortable, ergonomique ou qu?il dispose de multiples options paramétrables, si, d?un autre côté, il ralentit la secrétaire qui l?utilisera. De plus, le passage d?un clavier standard type Azerty à un clavier plus exotique tel que le Dvorak ou un autre clavier optimisé nécessite un certain temps d?adaptation. La réalité de la vie professionnelle voulant que « le temps c?est de l?argent », cette période d?apprentissage se devra d?être la plus courte possible et l?utilisateur devra retrouver au moins la vitesse de frappe qu?il avait sur son ancien clavier.
Dans l?idéal, il faudrait même que l?on observe une augmentation de la vitesse de frappe pour compenser ce qui a été investi pour effectuer le changement de clavier. Dans cette optique, la vitesse de frappe devra être considérée dans la fonction qui doit être optimisée durant le processus de création d?un nouveau clavier. Ainsi, en plus du confort, il faudra tenir compte de ce paramètre temps. Pour cela il faut disposer d?un outil qui permet d?évaluer le temps économisé avec un nouveau clavier de préférence avant sa fabrication.
Nous avons décidé de développer un tel outil, le simulateur de frappe. Il devra permettre de comparer les temps mis pour frapper n?importe quel texte avec n?importe quel clavier. Ainsi, tout nouveau clavier développé pourra être testé directement alors qu?il n?est qu?à l?état de concept existant uniquement dans la mémoire d?un ordinateur. Cette technique présente plusieurs avantages non négligeables, par exemple il ne sera plus nécessaire d?attendre qu?une secrétaire se soit formée à ce nouveau clavier pour pouvoir l?évaluer. Il ne faudra même plus le fabriquer pour connaître une première approximation de sa capacité à accélérer la frappe.
Evidemment une solution logicielle ne remplacera jamais un test réel car beaucoup d?autres paramètres que ceux que l?on peut introduire dans un programme interviennent dans un processus aussi complexe que la frappe mobilisant les dix doigts de manière coordonnée. Mais notre simulateur de frappe pourra néanmoins représenter un pré-test visant à évaluer comparativement un nouveau clavier face à d?autres déjà bien implantés, tout cela sans devoir passer par la phase fastidieuse et coûteuse de la fabrication d?un premier prototype et la formation d?une personne à son usage.