Les castors à Doische ( dans la province de Namu) : pour le bourgmestre, la coupe est pleine, il faut chasser ce rongeur

Faut-il réinstaurer la chasse aux castors en Belgique ? L’animal est protégé mais le bourgmestre de Doische, estime qu’ils sont trop nombreux sur sa commune. Et la coupe est pleine depuis que plusieurs dizaines d’hectares de bois ont été inondées à cause des barrages de castors. Un avis loin d’être partagés par tous les habitants et les amoureux de la nature.
Jean-Claude est agent du département des eaux et forêts. Les castors, il connaît bien. Et pour repérer leur territoire, il connaît les signes qui ne trompent pas. Il nous emmène près d’une coulée le long d’une berge. C’est une sorte de toboggan qui permet au castor de rapidement entrer dans l’eau. Et surtout, il nous montre le tronc d’un chêne complètement rongé à sa base par les castors. Quant au castor en chair et en os, rien à l’horizon. Récemment, Jean-Claude a observé l’un d’entre eux. Il pesait une vingtaine de kilos. Il nous le décrit : "ses pattes arrière sont grandes comme la main, à part qu’elles sont palmées. Ce sont de très belles bêtes. Mais il faut être patient pour faire l’affût car elles sont très méfiantes. ".
Les barrages de castors détruisent des dizaines d’hectares de bois
De la patience, le bourgmestre de Doische estime en avoir eu assez avec les castors. Cette fois la coupe est pleine : " Le castor, je suis d’accord mais à petite dose ". Toutes les rivières et ruisseaux de sa commune sont envahis par ces rongeurs très industrieux. Ils ont construit pas moins de 23 barrages à Matagne-la-petite sur le ruisseau du Fonbay. Résultat des prairies et des bois communaux complètement inondés. Une perte pour la commune en bois de coupe et des vaches embourbées dans les fonds de prairie pour les agriculteurs. Le bourgmestre évalue à 40 hectares la surface inondée et irrémédiablement perdue. " Ce que je demande, c’est que le DNF (le département Nature et Forêts) et la Région wallonne, prennent le problème à bras-le-corps. .
Pour François Delacre, chef de cantonnement à Namur du Département Nature et Forêt, les inquiétudes du bourgmestre sont infondées. Selon lui, il s’agit d’une dizaine d’hectares de bois, tout au plus, qui, comparés aux 2500 hectares de bois communaux, représentent une perte très relative. Par ailleurs, il le souligne : " Outre le fait que cette perte est très limitée, elle porte aussi sur beaucoup de bois blanc de faible valeur. " De son côté, il pointe surtout les attaques de scolytes sur les épicéas qui génèrent beaucoup plus de pertes à la commune. Par ailleurs, le chef de cantonnement peste contre la prolifération du gibier qui représente un danger bien plus grand pour les bois de taille. Il s’explique : " On a réel problème de régénération du chêne dont les jeunes pousses sont mangées par les hardes de sangliers et de cerfs. Le vrai problème est celui-là. Pas le castor ! "
La solution du bourgmestre : réinstaurer la chasse aux castors
Le bourgmestre l’admet, les sangliers et le scolyte font beaucoup de dégâts aussi. "Pourcents après pourcents, notre commune y perd beaucoup économiquement. N’oubliez pas que Doische est une commune qui vit essentiellement de la vente de ses bois." Aussi, il n’en démord pas. Pour lui, il faut réguler la population des castors. Sa solution : "Peut-être faut-il réinstaurer la chasse".
Les amoureux de la nature ne comprennent pas la position du bourgmestre de Doische. Ils estiment, au contraire, que les transformations apportées par les castors dans les fonds de vallée apportent un grand plus à la biodiversité. Un groupe de randonneurs Natagora emprunte le ravel entre Matagne-la-grande et Matagne-la- Petite. Ils restent en contemplation devant le marais réalisé par les castors. Leur guide nous explique : " Cette zone permet de maintenir un milieu humide en période de sécheresse comme celle que nous connaissons aujourd’hui. Ça permet à pas mal d’espèces de trouver ici une zone refuge et de se maintenir. Ce ne serait pas le cas si ce lieu n’existait pas. ".
Philippe, l’un des participants Natagora, observe à la jumelle une myriade papillons de toutes les couleurs. Ils sont à hauteur d’un îlot au beau milieu du marais. Il en est persuadé, ce lieu est un sanctuaire qui permet de garder beaucoup plus d’espèces animales et végétales grâce à l’action des castors. Pour lui, évoquer la chasse au castor disparu pendant plus d’un siècle et réapparu depuis peu, il ne s’en cache pas, ça lui fait peur.
Natagora évalue à une centaine d’individus tout au plus la population de castors à Doische. Une chose est sûre, grâce à leur travail, la grenouille rousse est revenue dans le coin et il y a même un couple de cigognes noires qui a nidifié non loin du marais du castor.
Entre partisan de la nature et défenseur de l’économie locale, le débat est ouvert et loin d’être terminé. La cigogne noire elle plane au-dessus de ces problèmes.
https://www.rtbf.be/info/regions/de [...] d=10563794
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Message édité par beced le 13-09-2020 à 06:52:02