Attention : Ceci n'est pas une scène de bain expiatoire (!)
Le bain expiatoire «expiatory bath» baptiste et adventiste au cinéma états-unien dans 3 films
Insomnia (2002) – @Christopher Nolan, avec Al Pacino
Nerfs à vif (1991) – @Martin Scorsese , avec Robert De Niro, Nick Nolte
Film de l'Indien (titre oublié! - passé sur Arté)
Dans ces 3 films made in USA, usage est fait à la fin de chacun d'entre eux, du bain expiatoire. Le personnage coupable qui peut ou non être païen, se trouve plongé dans un liquide, et n'en ressort pas mouillé parce qu'il y reste définitivement (...)
L'idée générale sous-jacente est la suivante :
Citation :
Le bain expiatoire d'origine baptiste et/ou adventiste signe les films à vocation moraliste dans le cinéma des états-unis.
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Quiconque le souhaitera pourra apporter ici une contradiction, arguments à l'appui, en citant en exemple d'autres films possédant la même conclusion par engloutissement dans l'élément aqueux du personnage fautif, mais sur un autre fond que celui de la morale religieuse protestante.
De mon côté, je n'ai jamais vu le procédé du bain expiatoire, employé ailleurs qu'au cinéma états-unien, ni avec un autre but que de tenir un discours essentiellement moraliste, et qui plus est plongé dans les racines baptistes, adventistes, ou autre subdivision du protestantisme d'outre-atlantique. J'ajoute qu'il est possible que les paysages de fleuves immenses des terres américaines du Nord y soient pour moitié, avec le mysticisme protestant. C'est ce que peut corroborer la visualisation des 3 films sur lesquels j'appuie tout mon raisonnement.
Mon choix de 3 films où la pratique du bain expiatoire est caractéristique du moralisme cinématographique états-unien
Film n°1- Le film de l'Indien
Dans le film de l'Indien , la scène se déroule à une époque proche dans une réserve indienne visitée par un homme blanc. Le blanc de passage sur le territoire de la réserve est violemment capturé et emmené par un indien. Les 2 hommes ont entre 30 et 40 ans, ils sont assez stéréotypés dans leurs genres. Le blanc vient de la civilisation de l'automobile, avec montre, téléphone, et toute la vie moderne. L'indien en jeans et chemise à carreaux est resté violent et sauvage, ses habits sont tout ce qu'il a d'états-unien et il ne tardera pas à s'en défaire. De plus l'indien parle couramment la langue de ses ancêtres et pratique manifestement leur mode de croyance. Au début du film cependant, rien n'y parait. On assiste à ce qu'on croit être un acte de malfaiteur, du banditisme de grand chemin.
L'enlèvement va consister en une série d'actes de violences physiques et morales, perpétrés par l'indien sur le blanc qui en tentant de s'échapper sera amené à haïr son agresseur tout en visitant de force la terre indienne, et en subissant pour une fois sa domination (non sans rendre quelques coups).
L'originalité du film c'est l'inversion exceptionnelle des forces, le blanc étant usuellement le dominateur, et l'indien le subissant, humilié et marchant tête baissée.
Ce film fort, qui dévoile sa profondeur morale très progressivement, s'achève enfin par le bain expiatoire du sauvage, englouti dans des flots immenses, en proférant il me semble des paroles en langue indienne, ou plutôt dans un silence stoïque, je ne sais plus. Mais c'est un film est à voir absolument. Comme j'en ai oublié le titre, je pense que ceux qui auront lu ce résumé pourront encore se laisser surprendre par le scénario en tombant dessus par hasard. Il reste que pour le réalisateur du film, le bain aura été le moyen choisi pour matérialiser la scène d'expiation, qui réintègre le personnage du Bon dans la dimension du Bien. Dans ce film, l'indien semble commettre un sacrifice volontaire et tout ce passe comme si le film entier était expiatoire pour la conscience blanche reconnaissant de force, le temps d'une visualisation, ses propres crimes anciens mais à jamais présents dans l'Histoire.
Film n°2- Les nerfs à vif
Dans « Les nerfs à vif » de Martin Scorsese (Cape Fear 1991), Robert De Niro tient le rôle d'un violeur de femmes d'origine porto ricaine devenu érudit fanatique en prison où il a appris à lire « Babette et ses animaux », « Nietzsche », la « Bible », puis des bouquins de droit.
De Niro puise à cette dernière source, le droit, une irrésistible pulsion qui le conduit à revisiter son procès. Il conclut alors au vice de forme et est naturellement conduit à demander des comptes à son avocat. Le jour de sa sortie de prison donne lieu à une scène annonciatrice d'apocalypse particulièrement réussie. De Niro semble l'incarnation du chien des Enfers lâché pour exécuter un châtiment. D'ailleurs tout au long du film, De Niro ressemblera souvent, comme tous démons, à une créature brutale et instinctive, mais instruite par une volonté supérieure d'une certaine Justice - une volonté supérieure et extérieure. Enfin, ce schéma mystique du démon animé de justice n'est pas sans rappeler aux états-uniens l'interdiction formelle d'apprendre à lire et à écrire faite aux esclaves noirs des états-unis avant l'abolition.
Schéma de la scène de la sortie de prison & Affiche du film
Ce qui nous intéresse le plus ici est cependant la chute. Le film se termine par une scène de bain expiatoire où la frontière entre le Bien et le Mal est la surface de l'eau. La famille protestante de l'Avocat revenue aux valeurs anciennes de l'existence se tient toute penaud sur la berge, alors que De Niro fond dans les flots épais qui l'engloutisse lentement. C'est évidemment une scène d'inspiration protestante, mais pour appuyer le trait, De Niro est pris de Glossolalie, il parle toutes les langues de Babel. Ou encore, délivré de sa mission punitive de source supérieure, il perd sa connaissance et retrouve la langue des origines illettrées qui correspondent à sa situation sociale « normale » d'immigré Porto Ricain -normale si on s'en tient au cliché.
Source Encyclopédie Microsoft Encarta ® ©
Film n°3- Insomnia
Pour les généralités, il faut dire que le film Insomnia n'a pas un scénario très passionnant mais qu'il est très beau graphiquement (paysages de l'Alaska - Nightmute). De plus c'est un film qui exploite tout en longueur la peur dans le blanc, en opposition à la peur dans le noir, ce qui est assez original. Le film tout entier se déroule donc le long d'un jour interminable. L'insomnie est quant à elle très bien rendue par des sons soudains et des flash lumineux caractéristiques d'une alternance de manque d'attention et de brusques phases de réveil.
Pour ce qui nous concerne, il faut regarder surtout vers la fin du film. Après une scène sanglante (mais réaliste pour un film provenant du pays de l'axe du bien, où la possession et l'usage des armes à feu est tout-à-fait légale et pas près d'être remise en cause) le criminel se retrouve criblé de balles puis châtié par le bain. Après sa chute, Robin Williams, est lentement et silencieusement englouti par les eaux. Quant à l'innocent, il l'observe calmement. Ceci est somme toute la scène typique d'expiation par le bain. Mais Insomnia nous fournit des indices qui nous permettent d'aller plus loin et d'affirmer que l'innocent qui regarde à travers la surface de l'eau et voit expier le coupable, ne regarde jamais que dans un miroir inversé, ce qui tient lieu d'avertissement -et en même temps conformément à la morale protestante de portrait manichéen à la Dorian Gray.
Ceci est une scène de bain expiatoire
Ce phénomène peut être saisi en revenant au milieu du film, où c'est Al Pacino, le policier, alors embourbé dans une série de pêchés, allant du meurtre de son collègue à la fabrication de fausses preuves en série, qui à cet instant tombe dans une immense étendue d'eau et manque de ne jamais pouvoir en sortir. C'est le criminel poursuivi, Robin Williams, qui se pose alors en observateur et nous apparaît à cet instant comme la figure du Bien, à cet instant tout particulièrement de fait. D'ailleurs, le choix du bon et brave Robin Williams pour tenir un rôle criminel ne découle de rien d'autre que la volonté de l'auteur de souligner l'aspect réel de l'inversion des rôles de bon et de truand. Inversion qui opère dés que le bon cède à la tentation du mal, et ce, quelles qu'en soient les intentions. Au départ Al Pacino dans Insomnia avait de bonnes intentions, mettre Dobs, le meurtrier d'enfants, sous les barreaux. Mais comme le dit très bien le proverbe : « les voies de l'Enfer sont pavées de bonnes intentions ».
Enfin, il me semble important de rapporter les dernières paroles d'Al Pacino dans le film, juste avant que, les pieds au sec cependant (!), il ne trépasse de ses blessures après son échange de coups de feu avec Robin Williams. Les paroles qu'il prononce alors s'adressent à un autre policier, et par là à tous les policiers des états-unis sans aucun doute. Il dit simplement :
Citation :
« Restez intègre! »
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On peut donc classer Insomnia dans les films moralistes, la morale protestante y est évidente si on se rapporte au rapport du protestantisme états-unien au bain. Le bain par immersion y est un acte particulièrement important, et il colporte toute la symbolique purificatrice et par extension expiatoire du bain.
Message édité par cappa le 14-02-2009 à 17:14:00
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Tester le 1er multisondage HFR ---> MULTISONDAGE.