Badcow a écrit :
Non, c'est une affirmation qui finit par un point d'interrogation, puisque tu présupose explicitement que les bio-carburants sont une arnaque écologique, et c'est ce point là que j'aimerais te voir développer...
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Les biocarburants, la plus grande arnaque écologique de l'histoire
Par Anton WAGNER, mardi 29 mai 2007 à 21:28 :: Sciences, techniques et environnement :: permalien #128
C'est, du moins, de cette manière que le journaliste Tim Web achève son article publié dans The Independant on Sunday et repris par Le Courrier international qui, cette semaine, consacre un décapant dossier aux prétendues vertus écologiques des biocarburants et à leurs bien réels inconvénients.
Pour être exact, ce ne sont pas tous les biocarburants qui sont montrés du doigt, mais plus spécifiquement l'éthanol. Et, pour être encore plus précis, il s'agit de l'éthanol fabriqué à partir de céréales, comme le blé et le maïs, ou d'autres plantes comestibles, tels que le manioc et la canne à sucre.
Le premier reproche fait à ce biocarburant est les énormes quantités de végétaux nécessaires à sa fabrication, alors même que ces plantes sont normalement dévoluent à l'alimentation humaine. Ainsi, pour faire le plein d'un gros 4x4, il faut 200 kg de maïs, soit assez de calories pour nourrir une personne une année durant... Or, la consommation mondiale de biocarburants ne cesse d'augmenter, encouragée par les Etats. Dans son discours sur l'état de L'Union de 2007, G. W. Bush a ainsi annoncé sa volonté de voir les biocarburants représenter 15% du carburant utilisé aux Etats-Unis. L'Union européenne s'est fixé un objectif semblable dans une proportion de 6% et peut-être bientôt de 10%. Cet engoument nouveau pour les biocarburants provoquent donc une véritable flambée des prix alimentaires.
Le prix du boisseau de maïs (environ 27 kg) a, par exemple, dépassé le plafond historique de 4,38 dollars en mars 2007. A l'avenir, ce genre de hausse ne devrait pas ralentir. Il est prévu que le prix des oléagineux, en particulier ceux du colza, du soja et du tournesol, grimpe de 26% d'ici 2010 et de 76% d'ici 2020 !
Les tensions créées par le développement des biocarburants sur les prix alimentaires menacent la sécurité alimentaires des plus démunis. Lorsque le prix réels de certaines denrées augmentent, les plus pauvres se reportent sur d'autres produits moins chers ou moins sujet à l'inflation de leur prix. Mais si l'ensemble des denrées augmentent, cette substitution n'est plus possible. Selon Foreign Affairs, le nombre d'affamés devrait baisser de 23% d'ici 2025, à croissance économique et démographique constante, à condition que les prix alimentaires restent raisonnables... Si, au contraire, ces prix devaient s'envoler, alors ce serait 16 millions d'individus qui se retouveraient en situation d'insécurité alimentaire pour chaque point de pourcentage de hausse des prix réels des denrées alimentaires de base. Au final, en 2025, 1,2 milliard de personnes ne mangeraient plus à leur faim...
Certes, il faut toujours se méfier des projections car l'avenir n'est jamais écrit. Toutefois, le problème se pose. D'autant plus que l'intérêt proprement écologique des biocarburants n'est pas toujours évident.
En effet, ils favoriseraient la déforestation. Directement, cela se comprend, mais même indirectement. Par exemple, au Brésil, les terres mises en culture de canne à sucre pour fabriquer de l'éthanol étaient majoritairement réservées à la culture d'autres plantes. Mais, pour conserver ces productions, de nouvelles terres non cultivées jusque là sont alors défrichées... En outre, la culture du soja et du maïs érode les sols, exige une grande consommation de carburant et pollue les nappes phréatiques à cause des engrais et des pesticides répandus en grandes quantités. C'est ainsi que les pays ayant considérablement développé la culture de la canne à sucre, à fin alimentaire, comme les petits pays antillais, sont aussi ceux qui utilisent le plus d'engrais à l'hectare.
Du coup, mis en balance avec ces incovénients, le ratio énergique net de ces biocarburants (rapport entre l'énergie produite par le carburant et celle consommée par sa fabrication) n'est pas si intéressant que cela. De plus, si les rejets de CO2 sont réduits, par rapport aux hydrocarbures, d'autres polluants sont dégagés par la combustion des biocarburants, comme le dioxyde d'azote.
Des solutions, pourtant, existent. Par exemple, celle de fabriquer du biocarburant à partir de plantes non comestibles, telle la Jatropha curcas (encore appelée Pourghère, Pignon d'Inde ou Médicinier, voir ici) qui est vénéneuse. Plante d'autant plus pratique qu'elle pousse presque sans soin et peut vivre 50 ans. Mais elle vit dans les régions tropicales. Ailleurs, la solution peut venir de l'éthanol cellulosique. Cette sorte d'éthanol est produite grâce à toute sorte de matière végétale, comme les tiges de maîs, la paille de blé, les copeaux et la sciure de bois, etc. Malheureusement, le développement de cette filière est pour le moment entravée par les coûts de fabrication plus élevés. Enfin, il semblerait que l'on puisse fabriquer du biocarburant à partir des graisses des restaurants...
Bref, au vu d'un tel dossier, et même si cela m'écorche un peu la bouche, je dois bien rejoindre Fidal Castro lorsque celui-ci fustigeait l'idée de convertir des plantes comestibles en carburants.
Source :
« Biocarburants. L'arnaque », Courrier international, n°864, semaine du 24 au 30 mai 2007, pages 10 à15.
http://www.lescarnets.net/index.ph [...] -du-siecle