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La réécriture et la censure d'anciens romans (Dahl, Christie...)

n°68178986
Uchinaa
Posté le 06-04-2023 à 07:43:02  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Intéressant :jap:

mood
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Posté le 06-04-2023 à 07:43:02  profilanswer
 

n°68180975
icumblood
Test your might
Posté le 06-04-2023 à 13:10:16  profilanswer
 

BoraBora a écrit :


"Black" désignant les révolutions africaines, globales, et negro désignant les afro-américains qu'il appelait à suivre le mouvement. Il disait aussi "So we are all black people, so-called Negroes, second-class citizens, ex-slaves." C'est très complexe, ne fût-ce que parce que le mot est retourné à l'envoyeur selon le contexte et le locuteur. Nigger est toujours abondamment utilisé, mais en dérision, par les afro-américains eux-mêmes. Vois l'exemple ci-dessus : Senghor et Césaire c'est bien, mais quand Gaxotte parle des "nègres" en 1980 pour les placer encore plus bas que les femmes, l'image générale du mot en France est la même que la sienne. Pour plusieurs générations successives, nègre était équivalent à bamboula ou noiraud. Bref, tout dépend de qui parle.
 
Il y a aussi un très ancien mouvement de fond aux USA chez les Noirs qui peut paraître paradoxal à nous Européens : oublier tout ce qui était infamant dans leur passé d'esclaves. Parce que ça leur faisait honte et les empêchait d'aller de l'avant. Parmi d'autres exemples, c'est la raison pour laquelle les artistes de blues dans les années 60 ne marchaient plus qu'auprès du public blanc, concerts comme disques. Le blues est lié à la période de l'esclavage et était une musique de résignation (au contraire des spirituals qui étaient un lien communautaire et comportaient souvent des paroles de révolte). Le premier musée du blues aux USA a été créé dans les années 80 par... ZZ Top. :lol: Pour dire que non seulement le même mot n'a pas la même charge selon le locuteur mais il faut voir aussi l'histoire du mot et ses changements de portée selon l'époque. Le slogan James Brownien dans les années 60, c'était "I'm black and I'm proud", pas "I'm a negro and I'm proud". ;)


Ah, je comprends mieux ce que voulaient dire certains bluesmen expliquant que beaucoup de Noirs avait eu "honte" du blues pendant un bon moment [:pascal_obistro] .


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La nature crée des différences, l'homme en fait des inégalités. "Le destin de la France est de régner sur tout l'univers" © Weeweex. "Votez Lardatte !"
n°68182013
BoraBora
Dilettante
Posté le 06-04-2023 à 15:15:28  profilanswer
 

icumblood a écrit :


Ah, je comprends mieux ce que voulaient dire certains bluesmen expliquant que beaucoup de Noirs avait eu "honte" du blues pendant un bon moment [:pascal_obistro] .


C'est plus que beaucoup, c'est même la majorité. B.B. King a raconté plus d'une fois ce tournant dans les années 60 quand le blues, peu écouté et apprécié par les Noirs, et en conséquence une musique de niche, quasi marginale, commence à susciter un intérêt chez les Blancs qui vont faire de lui une star et remplir ses salles 360 jours par an (son rythme de tournées de l'époque :pt1cable: ).
 
Le rejet de la musique qui nous a précédé a été un phénomène générationnel courant tout au long du 20ème siècle. Chaque génération veut "sa" musique, différente de celle de papa ou mamie qui répète que de son temps c'était quand même autre chose que ce qu'on entend aujourd'hui à la radio. Mais dans le cas du blues, qui était déjà une musique clivante au sein de la communauté noire parce que les bluesmen picolaient et baisaient à tout va (la musique du Diable, sans besoin d'invoquer les mânes de Robert Johnson), ce n'était pas seulement une musique de vieux, c'était le rappel de la condition pré-60's, l'expression de l'individu qui se plaint dans son coin mais ne fait rien pour que ça change.
 
Concernant le blues et sa charge historique dans les années 60, il y aurait un parallèle à faire avec l'accueil glacial des juifs ashkénazes en Israël après la guerre. Le sentiment général chez les jeunes Israéliens était "comment avez-vous pu vous laisser mener à l'abattoir ?" C'était injuste et les historiens ont montré depuis qu'il y a eu bien plus de résistances et de combats que l'on ne pensait à l'époque et que ça ne se limitait pas au ghetto de Varsovie. cf par exemple la rafle du Vel d'Hiv' à laquelle ont échappé nombre de juifs qui ne sont pas restés les bras croisés à attendre que les flics frappent à la porte. Néanmoins, le sentiment général dans la jeune génération était la honte de l'association entre judéité et passivité (on pourrait même faire un parallèle entre les paroles de blues et le kvetch, l'art yiddish de se plaindre).
 
Sans même aller en Israël, Gotlib a exprimé ce sentiment avec violence à propos de son père, emmené à Auschwitz où il sera assassiné :

Citation :

Papa est parti, fleur au fusil, s'engager dans l'armée française pour obtenir la naturalisation française. Puis il est reparti avec sa valise, derrière deux flics, pour obtenir la naturalisation française. S'il était revenu, s'il était là, devant moi, je lui demanderais volontiers s'il n'aurait pas, à l'occasion, accepté de se faire enculer par le maréchal Pétain. Rien que pour obtenir la naturalisation française. Cela dit avec tout le respect que je dois à l'auteur de mes jours.


 
Je sais que ça peut ça peut sembler HS mais ces questions mémorielles d'identité sont au coeur des polémiques d'aujourd'hui sur l'emploi ou non de certains mots aux USA et par rebond au RU. On peut être pour ou contre ces réécritures (je le répète : je suis plutôt contre mais sans en faire un fromage puisque ça ne touche qu'un livre sur un million) mais ramener ça à un débat woke vs anti-woke n'effacera pas ces questions.


Message édité par BoraBora le 06-04-2023 à 15:19:27

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Qui peut le moins peut le moins.
n°68184423
icumblood
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Posté le 06-04-2023 à 21:06:55  profilanswer
 

Impossible de me rappeler les noms dans l'entretien, mais en te lisant je me souviens qu'il y avait un peu de jalousie, disant que, comme tu dis, beaucoup dans la communauté Noire trouvais les bluesmen vulgaires, vivant comme des voyous, et que la communauté préférait la Soul et le R'n'B, plus propre selon eux.


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La nature crée des différences, l'homme en fait des inégalités. "Le destin de la France est de régner sur tout l'univers" © Weeweex. "Votez Lardatte !"
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