Aramis, surnom donné à cause de sa barbe semblable à celle du mousquetaire, représente une nouvelle génération d'officiers, habitués à un commandement décentralisé, éloignés des anciennes méthodes soviétiques et à l'aise avec les matériels occidentaux. Dans cette brigade, créée en février dernier, la plupart des soldats ont été mobilisés au début de l'année. Leur mission : tapisser les premières lignes russes de bombes pour permettre l'avancée des blindés, comme les AMX-10 RC du lieutenant Cuba.

Ces premières vagues d'assaut se sont heurtées à une résistance russe plus forte qu'attendue. L'un des AMX a même été détruit. Reckon, 26 ans, y était avec trois autres soldats. « Les bombardements ne s'arrêtaient pas. L'un d'eux a touché le moteur, mais nous avons réussi à sortir, je ne sais pas comment, du blindé et à courir vers les arbres, où étaient nos lignes, pour être évacués. Mais le blindage autour des sièges est très mince, j'ai eu très peur », explique-t-il en nettoyant la mitrailleuse 7,62.

Ce blindage « trop faible » a été dénoncé par un commandant dans les médias. « Il protège surtout des éclats d'obus et des tirs de mitrailleuse, mais pas des tirs directs », note Reckon. « Ces blindés ne sont pas conçus pour l'offensive, on ne peut pas les utiliser comme des chars », se plaint le lieutenant Cuba, la quarantaine, qui dirige une compagnie dans la 37e. Désormais, ces blindés sont utilisés comme de l'artillerie en soutien de l'infanterie, « pour des tirs à environ 8 km », précise Cuba.
 
Ses hommes, pourtant, ont été entraînés en France à Canjuers (Var). Les instructeurs de l'armée française leur ont appris que ces blindés ne peuvent être utilisés en première ligne, mais seulement pour des missions de reconnaissance. « Nous manquons de blindés, et surtout de blindés lourds. Nous utilisons ce que nous pouvons », ajoute Cuba.

Casper, qui commande un char, conserve un souvenir chaleureux de la France. Avec son mètre quatre-vingts et sa longue barbe blonde, il ne passait pas inaperçu. « L'accueil était très chaleureux durant ce mois et demi de formation. Les instructeurs, qui avaient pour certains jusqu'à vingt ans d'expérience, restaient le soir pour continuer la formation. Et après nous jouions aux cartes. » Les Français ont donné à chacun des Ukrainiens un insigne avec les AMX-10 pour les coller sur leurs gilets pare-balles.

Ces tranchées russes, Khutor, 28 ans, pilote de drone dans la 37e, les connaît mieux que personne. Sur son écran, où il officie avec Gary, 25 ans, il peut voir jusqu'à trente kilomètres derrière les lignes adverses. Leur tâche : traquer les mouvements des blindés russes et diriger les tirs ukrainiens pour les détruire avec un drone ukrainien, dont ils sont tous deux assez fiers, un Furia. « Il y a une semaine, nous avons détruit plusieurs blindés russes en guidant les tirs du Himars », précise Khutor, en remontant son cache-cou kaki. Tous les jours, et à chaque heure de la nuit, des pilotes et des tireurs de drones se relaient dans cette position astucieusement disposée sous les arbres entre deux trous creusés « au cas où nous sommes repérés ».

« Ce que nous faisons sauve des vies. Les arrières russes détruits, nos soldats peuvent passer à l'assaut. »
 
Un assaut qui, espère-t-il, créera un espace permettant aux blindés de se ruer sur les arrières russes, les désorganisant pour créer les conditions de la victoire. « Ces frappes sur leurs blindés les démoralisent », assure-t-il, comme pour s'en convaincre. Car cette contre-offensive demande du temps.

« Les débuts étaient très difficiles, admet Aramis. L'ennemi a miné le terrain et s'est terré dans des tranchées bien fortifiées. Mais nos bombardements affaiblissent leurs défenses. Petit à petit, nous créons des points faibles et les agrandissons. » Les bombes à sous-munitions, dont la livraison a été annoncée le 7 juillet par Washington, y contribueront, selon lui. « Quoi qu'il en soit, nous donnerons notre sang pour notre terre », dit-il en appuyant un peu plus fort sur son bob américain.

The EU will propose a dedicated fund to keep Ukraine’s military stocked for the next four years at a cost of up to €20 billion, according to five diplomats familiar with the plan.

The proposal would not involve the EU directly paying for Ukraine’s weapons. Instead, Brussels would help countries cover their own costs of purchasing and donating items such as ammunition, missiles and tanks. It also would help pay to train Ukrainian soldiers.

It’s an approach the EU adopted shortly after Russia invaded Ukraine. But the new proposal, drafted by the EU’s diplomatic service, would effectively turbocharge the strategy