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 La famille en priorité, mais aussi les avocats, les autorités judiciaires et consulaires, ainsi que certains intervenants extérieurs disposent du droit de visiter des détenus sous certaines conditions. Cest généralement le chef détablissement pour les condamnés et le magistrat chargé de linformation pour les prévenus qui détiennent le pouvoir de délivrer ou non le permis de visite indispensable pour rencontrer un prisonnier.
   297 Tous les détenus peuvent-ils bénéficier dun droit de visite ?
 Tout détenu, prévenu ou condamné, est en droit de recevoir des visites. Cependant, aucune visite ne peut avoir lieu sans autorisation, ce qui implique certaines formalités administratives, sans exclure un refus de la part des autorités compétentes. De plus, lensemble des autorités délivrant le permis de visite peuvent, avant de laccorder, ordonner une requête sur la personne qui demande le permis. Il sagit dune enquête de personnalité réalisée par les services de police ou de gendarmerie.   Articles D.402 à D.404 du Code de procédure pénale
   298 Comment obtenir un permis de visite pour un prévenu ?
 Seul le magistrat saisi du dossier de linformation est habilité à délivrer les permis de visite pour les prévenus (personnes incarcérées non jugées définitivement). Il peut par ailleurs prescrire que ces visites auront lieu dans un parloir avec un dispositif de séparation. Il faut donc adresser une demande écrite de permis de visite au juge dinstruction en joignant au courrier deux photos et une photocopie recto / verso de la carte didentité ou du titre de séjour. Il est par ailleurs conseillé dapporter tous les renseignements de nature à convaincre le magistrat du bien fondé de la demande : lien familial ou damitié dune importance particulière pour lintéressé, soutien personnel, absence de lien avec linfraction, etc. Une fiche détat civil est parfois réclamée par le greffe du cabinet du juge dinstruction. Même si elle nest pas obligatoire, une enveloppe timbrée peut être ajoutée à lenvoi, afin de recevoir une réponse par courrier. Pour les détenus déjà condamnés pour une affaire et encore prévenus dans une autre, le permis de visite est accordé par le juge dinstruction. Pour les détenus écroués à la suite dune demande dextradition, le permis de visite sera accordé par le procureur général.
 Articles 145-4, D.64, D.403 et D.507 du Code de procédure pénale
   299 Dans quels cas le juge dinstruction peut-il refuser de délivrer un permis de visite ?
 Le juge dinstruction peut refuser sans justification nécessaire daccorder un permis de visite aux personnes nappartenant pas à la famille du prévenu. En revanche, il ne peut pas refuser de permis de visite aux membres de la famille au-delà dun mois après le placement en détention provisoire, sauf en prononçant une décision écrite et spécialement motivée par les nécessités de linstruction. Au moment dun placement en détention provisoire, le juge dinstruction peut également décider à lencontre du prévenu dune interdiction de communiquer pour une période de dix jours, renouvelable une fois. Elle entraîne notamment limpossibilité de recevoir des visites. En aucun cas, linterdiction de communiquer ne peut sappliquer à lavocat du prévenu.
 Articles 145-4 et D.403 du Code de procédure pénale
   300 Comment obtenir un permis de visite pour un détenu condamné ?
 Le chef détablissement est responsable de la délivrance des autorisations de visiter un condamné. Il faut lui envoyer un courrier demandant un permis de visite, indiquant le lien de parenté avec le détenu, ainsi quune fiche familiale détat civil, une photocopie de sa pièce didentité ou de son titre de séjour et deux photos. Si le détenu condamné est hospitalisé dans un établissement public, cest le préfet qui est compétent pour accorder les permis de visite.
 Article D.403 du Code de procédure pénale
   301 Dans quel cas le chef détablissement peut-il refuser de délivrer un permis de visite ?
 Le chef détablissement ne peut refuser daccorder le permis à un membre de la famille ou au tuteur de condamné que dans un seul cas : si cette visite peut mettre en danger la sécurité ou le bon ordre de létablissement pénitentiaire. La notion de membre de la famille nest pas clairement définie et laissée à la libre appréciation du chef détablissement. Mais en pratique, le concubin et la concubine sont considérés comme membres de la famille, sans quune cohabitation soit nécessaire. Pour les autres personnes, le chef détablissement dispose dune plus grande marge dappréciation, puisquil accorde le permis sil considère que ces visites contribueront à « linsertion sociale ou professionnelle » du condamné. En pratique, le manque de précision de ces différents critères laisse une liberté dappréciation important au directeur, dont la décision pourra cependant fiare lobjet dun recours devant un tribunal.
 Article D.404 du Code de procédure pénale
   302 Un recours est-il possible en cas de refus de délivrance dun permis de visite ?
 Si le refus de délivrer un permis émane du juge dinstruction, seuls les membres de la famille disposent dun recours au bout dun mois après le placement en détention provisoire. Ils peuvent alors contester la décision de refus dans les dix jours après sa notification, devant le président de la chambre de linstruction qui doit alors statuer dans un délai de cinq jours par une décision écrite et motivée. Cette décision ne sera pas susceptible de recours. Si le président de la chambre de linstruction annule la décision du juge dinstruction, il délivre lui-même le permis de visite. Si le refus émane du chef détablissement, la personne souhaitant visiter le détenu peut dabord réitérer sa demande, puis effectuer un recours hiérarchique par courrier auprès du directeur régional de ladministration pénitentiaire. Si elle nobtient pas gain de cause, elle peut exercer un recours devant le tribunal administratif dans un délai de deux mois à compter de la décision de rejet. Un recours peut sappuyer sur larticle D.404 du Code de procédure pénale, selon lequel un chef détablissement ne peut refuser un permis de visite que dans certains cas, et sur larticle 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de lhomme qui garantit le droit à la vie privée.
 Articles 145-4 et D.404 du Code de procédure pénale, TA Toulouse du 22 avril 1999 affaire K.
   303 A quelles règles la visite des enfants du détenu est-elle soumise ?
 Les enfants relèvent des mêmes règles que le reste de la famille en ce qui concerne le droit de visite. Toutefois, il semble plus difficile de justifier le refus doctroi dun permis de visite à leur égard, puisque lon voit mal en quoi la délivrance dun permis à un enfant pourrait être de nature à troubler linstruction ou, sagissant dun condamné, lordre ou la sécurité de létablissement pénitentiaire. Si la personne investie du droit de garde rend difficile la visite des enfants titulaires dun permis de visite à un de leurs parents détenu, lexercice du droit de visite peut être établi par le juge et être entouré des garanties nécessaires pour satisfaire à la fois la personne qui a la garde et le parent détenu.     304 Quelle est la durée de validité dun permis de visite ?
 En règle générale, le permis de visite pour un prévenu reste valable jusquau jugement définitif. Il nest donc pas nécessaire de procéder à son renouvellement lorsque le magistrat qui la accordé est dessaisi du dossier de la procédure. Mais lautorité judiciaire ultérieurement saisie garde la possibilité de supprimer ou de suspendre lutilisation du permis, ou bien den délivrer un nouveau. Une fois que le détenu est définitivement condamné, il nest pas nécessaire de faire une nouvelle demande de permis de visite au directeur de létablissement pénitentiaire. Hormis certains permis délivrés pour un nombre de visites limité et précisé sur le document, le permis a une durée de validité indéterminée : il est « permanent ». Le permis de visite est valable pour tous les établissements dans lesquels le détenu est susceptible dêtre transféré.
 Articles D.64 et D.403 du Code de procédure pénale
   305 Quel est le régime de visite des avocats ?
 Les visites de lavocat au prévenu ne doivent connaître aucune limite, en vertu du droit à préparer sa défense, sauf si elles mettent en danger la discipline et la sécurité de létablissement. Depuis un décret du 13 décembre 2000, tout avocat, même sil na pas assisté personnellement le détenu au cours de son procès, doit pouvoir communiquer avec son client librement, confidentiellement, en dehors de la présence dun surveillant. Sur présentation dun permis indiquant sa qualité, lavocat choisi ou commis doffice rencontre le détenu dans un parloir spécial  dit « parloir avocat » - dans lequel la conversation ne peut être ni écoutée ni contrôlée. Ces dispositions sont également applicables aux mandataires agréés (personnes acceptées par le chef détablissement pour assister le détenu). Ni une interdiction de communiquer décidée par le juge dinstruction ni aucune sanction disciplinaire ne peut empêcher un prévenu ou un condamné de communiquer avec son avocat, de visu ou par écrit. Lavocat peut donc également rendre visite au détenu pendant un placement en cellule de discipline ou à lisolement. Les visites de lavocat peuvent avoir lieu tous les jours aux heures fixées par le règlement intérieur, sauf en cas de « dérogations motivées par lurgence », comme lhospitalisation du détenu. Dans les maisons centrales et centres de détention, la visite a lieu à lheure et au jour convenus préalablement avec le chef détablissement.
 Articles D.56, D.67, D.68 et D.411 du Code de procédure pénale, circulaire JUSE0340055C du 9 mai 2003
   306 Quels sont les régimes des visites des autorités judiciaires ou consulaires ?
 Les officiers ou agents de police judiciaire peuvent rencontrer tout détenu sur la base dune commission rogatoire, dune autorisation délivrée par un juge dinstruction ou après délivrance dun permis de visite par le chef détablissement (dans les mêmes conditions que pour les familles). Il peut préciser les modalités particulières de la visite, notamment en ce qui concerne le lieu et lheure de la rencontre. Quant aux magistrats et fonctionnaires ayant autorité ou mission dans létablissement pénitentiaire, ils ont accès à la détention en présentant un document justifiant de leur qualité ou de leur ordre de mission. Ils doivent se soumettre aux mesures de contrôle (passage sous un détecteur de métaux) et peuvent sentretenir avec tout détenu en dehors des horaires et délais de visite ordinaires. Lentretien peut avoir lieu dans tout local, y compris la cellule du détenu, en labsence de tout membre du personnel pénitentiaire. Les officiers ministériels et autres auxiliaires de justice (huissiers, notaires
) peuvent également rencontrer la personne détenue pour lui remettre officiellement un acte. Ils doivent faire une demande de permis de visite, soit auprès du chef détablissement si la personne est condamnée, soit auprès de lautorité judiciaire compétente si la personne est prévenue. Sils veulent avoir une conversation confidentielle avec le détenu, ils doivent présenter une attestation délivrée par le Parquet de leur lieu de résidence selon laquelle le secret de la communication est justifié. Les contrôleurs judiciaires peuvent également rencontrer tout détenu sur présentation de lordonnance de contrôle judiciaire. Enfin, les agents diplomatiques et consulaires peuvent rencontrer leurs ressortissants détenus, après délivrance dun permis de visite et dans les conditions dun parloir ordinaire avec surveillance.
 Articles D.68, D.232, D.264, D.411 et D.412 du Code de procédure pénale
   307 Quest-ce quun « visiteur de prison » ?
 Les visiteurs de prison sont des personnes bénévoles autorisées à rencontrer un ou plusieurs détenus régulièrement. Ils rencontrent en général les détenus qui en ont fait la demande ou qui leur sont signalés par le Service Pénitentiaire dInsertion et de la Probation (SPIP), afin de les soutenir durant leur incarcération et contribuer à leur réinsertion. A la demande du détenu, le visiteur de prison peut accomplir un certain nombre de démarches : répondre à des demandes concrètes (envoi dun mandat, transmission, de linge ou de livres, comme tout titulaire dun permis de visite), faire office dintermédiaire avec un membre du personnel (si le détenu a une demande à faire ou a des difficultés à sexprimer par écrit), prendre contact avec la famille ou lavocat du détenu, etc. Les visiteurs ne peuvent pas pour autant servir dintermédiaire pour sortir ou faire entrer des courriers à destination ou provenant des personnes extérieures. Enfin, en concertation avec le travailleur social, ils peuvent entreprendre des démarches administratives en vue daider la personne détenue à se réinsérer lors de sa libération (recherche dhébergement et de travail). Les rencontres se déroulent dans un parloir spécial sans surveillance, les visiteurs de prison ayant en général accès à un local aménagé à lintérieur de la détention. Ces visites ont lieu aux jours et heures fixés par le chef de létablissement. Le visiteur est tenu à la discrétion sur les confidences quil peut recevoir, sauf sil sagit de menaces à la sécurité de létablissement, auquel cas il doit en aviser le directeur de la prison.
 Articles D.472 à D.477 du Code de procédure pénale
   308 Quel est le statut des visiteurs de prison par rapport à ladministration pénitentiaire ?
 Les visiteurs de prison travaillent en collaboration avec les travailleurs sociaux de la prison, qui ont pour tâche de les orienter et de coordonner leur action dans létablissement. Ils doivent être agréés par ladministration pénitentiaire, pour laquelle ils font figure de partenaires. Pour obtenir lagrément, les requérants doivent être âgés de plus de vingt et un ans, ne pas avoir fait lobjet dune condamnation, dune incapacité mentionnée sur le bulletin n°2 du casier judiciaire. lagrément leur est accordé pour un ou plusieurs établissements déterminés, pour une période de deux ans renouvelable, par le directeur régional des services pénitentiaires au vu du rapport établi par le SPIP, après avis du juge de lapplication des peines et du préfet qui effectue une enquête de moralité. Cet agrément est également subordonné à un stage probatoire de six mois. Il peut être retiré par le directeur régional soit à la demande du visiteur, soit doffice après avis du Juge de lApplication des Peines (JAP), soit à la demande du JAP ou du procureur de la République. En cas durgence et pour des motifs graves, cet agrément peut être suspendu par le chef détablissement qui doit en aviser sans délai le directeur régional, seul compétent pour décider dun retrait. Cette procédure en principe est réservée aux situations graves est en pratique la plus utilisée. Si le directeur régional envisage de retirer lagrément dun visiteur, il doit lavertir suffisamment à lavance de la nature et des motifs de la décision susceptible dêtre prise à son encontre. A cette occasion, il doit également informer le visiteur des droits qui lui sont reconnus possibilité de présenter ses observations orales ou écrites, faculté de se faire assister dans ses démarches dun avocat ou dun mandataire agréé ou non). Sil na la pas encore fait, le chef détablissement pourra alors suspendre lagrément à titre conservatoire, le temps de mettre en uvre la procédure contradictoire. A lissue de cette procédure, le visiteur pourra contester la décision prise par le directeur régional devant les tribunaux administratifs. La faute dun visiteur de prison peut être constituée par un manquement aux règles de discipline et de sécurité fixées par le Code de procédure pénale et le règlement intérieur, ainsi que les obligations particulières liées à leur fonction et qui leur sont en principe transmises au moment de leur prise de fonction.   Articles D.473 et D.474 du Code de procédure pénale, circulaire NORJUSE93400120C sur la procédure dagrément des visiteurs de prison du 4 novembre 1993
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