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Attentat suicide à Jérusalem et raid israélien à Gaza: au moins 24 morts
JERUSALEM (AFP) - Au moins 16 personnes ont été tuées mercredi, outre le kamikaze, dans un attentat suicide à Jérusalem suivi d'un raid israélien à Gaza qui a fait 7 morts, une flambée de violence venant une semaine après le sommet d'Aqaba qui avait tenté de relancer le processus de paix.
Ce bilan sanglant intervient au lendemain d'une tentative par Israël d'assassiner l'un des principaux dirigeants du mouvement palestinien radical Hamas, Abdelaziz Al-Rantissi.
A Jérusalem-ouest, le kamikaze a fait exploser la charge qu'il portait à bord d'un bus dans la rue Jaffa. Au moins 16 personnes, outre l'auteur de l'attentat, ont été tuées et plus de 50 blessées. Le kamikaze était déguisé en juif orthodoxe, selon la télévision.
Le mouvement radical palestinien Hamas a revendiqué sur son site internet l'attentat suicide.
"(Il y a eu) seize morts et 75 blessés, plusieurs d'entre eux en état de mort clinique, dans une opération martyre des Brigades Ezzedine al-Qassam contre un bus sioniste rue Jaffa à Jérusalem", peut-on lire sur ce site. Les Brigades Ezzedine al-Qassam sont la branche armée du Hamas.
Le président américain George W. Bush l'a condamné "dans les termes les plus fermes possibles", a indiqué le porte-parole adjoint de la Maison Blanche Scott McClellan.
Moins d'une heure plus tard, des hélicoptères israéliens lançaient un raid contre une voiture à Gaza, tuant sept personnes. Selon des témoins, la personne visée était un membre connu des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, Massoud Titi, qui figurerait parmi les victimes.
Mardi déjà, un raid similaire avait raté sa cible à Gaza, M. Rantissi, dirigeant du Hamas, organisation responsable de la plupart des attentats anti-israéliens, ayant survécu à l'attaque. Le mouvement radical avait promis de faire couler le sang israélien pour venger son dirigeant, blessé.
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a justifié mercredi cette tentative d'assassinat, qui a fait deux morts, malgré les vives critiques suscitées par cette opération aux Etats-Unis et en Israël.
M. Sharon a prévenu que l'armée israélienne continuerait d'agir "partout contre le terrorisme" durant un conseil des ministres.
Ehud Olmert, ministre de l'Industrie et du Commerce et proche de M. Sharon, a justifié l'opération en affirmant que M. Rantissi avait "déclaré la guerre à tout processus de paix".
"Ariel Sharon a clairement dit au président américain George W. Bush lors du sommet d'Aqaba (le 4 juin) qu'il n'y aurait pas la moindre concession pour tout ce qui concerne la lutte contre le terrorisme", a dit M. Olmert.
Mais la tentative d'élimination de M. Rantissi a été critiquée en Israël notamment par l'ancien Premier ministre travailliste Shimon Peres. "Il faut accorder la priorité au processus de paix et faire preuve de retenue en mettant de côté toute autre considération", a affirmé M. Peres.
Dans les médias, le quotidien Yédiot Aharonot a estimé que la décision a été prise sur la base "d'une évaluation erronée de la réaction américaine". Le Maariv parle de "fiasco total", tandis que le Haaretz souligne que les missiles utilisés contre M. Rantissi "visaient le Hamas, mais ont atteint Abou Mazen (Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien) et Bush".
M. Bush a pour la première fois depuis des mois émis des critiques publiques contre Israël.
"Je m'inquiète de ce que les attaques feront qu'il sera plus difficile pour la direction palestinienne de combattre le terrorisme. Je ne crois pas non plus que les attaques aident à la sécurité des Israéliens", a-t-il dit.
Dans ce contexte, le chef des services de renseignement égyptiens le général Omar Souleimane s'est entretenu à Ramallah (Cisjordanie) avec le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat et M. Abbas.
"Nous avons eu une rencontre la nuit dernière avec les factions palestiniennes à laquelle le Hamas n'a pas participé et lors de laquelle nous avons réitéré notre position, qui est de poursuivre le dialogue", a déclaré M. Arafat à la presse, à l'issue de la rencontre dont aucun détail n'a filtré.
Quelque deux cent personnes manifestaient mercredi soir sur les lieux de l'attentat suicide aux cris de "morts aux arabes" et conspuaient le gouvernement israélien du Premier ministre Ariel Sharon qui, au sommet d'Aqaba (Jordanie), le 4 juin, a tenu des propos favorables à la création d'un Etat palestinien et s'est engagé à démanteler des colonies sauvages dans les Territoires palestiniens.
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