Un malaise profond
 
Les résultats traduisent un désaveu de la coalition sortante SPD/Verts. Mais loin de profiter de ce désaveu l'ensemble CDU/CSU + FDP est en recul par rapport aux élections précédentes, la progression du FDP (2,4%) ne compensant pas le recul de la CDU/CSU (-3,3%). L'ensemble SPD+Verts+CDU/CSU+FDP, est en recul de 5,6%. Mécontent de la politique sociale du gouvernement sortant, l'électorat allemand, n'a pas fait confiance à l'opposition "officielle" plus à droite. Cette opposition a perdu des points quand ses propositions sont devenues plus ouvertement libérales, limitant les pertes du SPD par un réflexe de sauvegarde. Le principal gagnant du scrutin est le nouveau parti de gauche Die Linke, qui progresse de 4,7% et voit sa représentation passer de 2 à 54 députés. Ce résultat est d'autant plus remarquable que ce parti a fait l'objet de l'hostilité de la quasi totalité des médias, lorsque ces derniers daignaient le mentionner. Cette situation n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé en France à l'occasion du référendum sur le traité constitutionnel européen. Le peuple allemand a élu un parlement plus à gauche que le précédent, tant sur le plan social que sur le plan du pacifisme, ce que dans leur ostracisme les médias du consensus libéral se gardent bien de relever. Les questions soulevées par le vote ne se limitent pourtant pas à l'arithmétique des coalitions.

SPÉCULATIONS SUR LE RETRAIT DE M. SCHRÖDER
 
Mais l'attitude du chancelier est de plus en plus contestée dans la presse et commence à lui coûter des soutiens dans son propre parti. La presse spécule depuis plusieurs jours sur son retrait de la course à la chancellerie, qui pourrait, selon certains, être annoncé cette semaine, voire dès lundi, après une réunion de la présidence du SPD en fin de journée. L'hypothèse est toutefois rejetée avec véhémence par les dirigeants sociaux-démocrates.
 
Mercredi, CDU-CSU et SPD se retrouveront en tout état de cause pour une nouvelle séance de négociations, avec a priori Angela Merkel et Edmund Stoiber, président de la CSU, Gerhard Schröder et Franz Müntefering pour le SPD. Le dernier tour de table avait déjà permis de dresser une liste des points concrets sur lesquels les deux camps pourraient commencer à travailler ensemble, notamment finances publiques, marché du travail, retraites, réforme fiscale et réforme du système fédéral allemand...
 
Mais pour la CDU, la question prioritaire reste celle du prochain locataire de la chancellerie : il n'y aura des "négociations formelles" que lorsque M. Schröder acceptera les "règles", a dit l'un des "poids lourds" de la CDU, Roland Koch, ministre-président de l'Etat régional de Hesse (Centre-Ouest). A savoir que le SPD accepte enfin qu'"Angela Merkel devienne chancelière".
 
Avec AFP

En vertu du complexe mode électoral allemand, les électeurs disposent de deux voix. La première, le "mandat direct", leur permet d'élire un candidat. La seconde leur permet de voter pour un parti politique, qui n'est pas nécessairement celui du candidat pour lequel ils ont voté par ailleurs. Cela peut entraîner des résultats discordants, comme cela est d'ailleurs le cas ce dimanche à Dresde.
 
Pour ce qui est des voix dites du "mandat direct", le candidat de la CDU dans la circonscription de Dresde I, Andreas Lämmel, est nettement en tête avec, en l'état actuel du dépouillement, 37% des suffrages contre 32,1% pour la candidate du SPD, Marlies Volkmer, selon des chiffres fournis par la chaîne ARD.
 
Pour ce qui est des "secondes voix", en revanche, le SPD est en tête avec 28%, la CDU étant relégué à la seconde place avec 24,5% et le Parti de gauche arrivant en troisième position avec 19,8%, selon ARD. Les Libéraux du FDP recueillent autour de 17%.

Allemagne: des femmes au secours de Merkel
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Une pétition réclame plus de «fair-play et de respect» envers la chrétienne-démocrate.
 
Par Odile BENYAHIA-KOUIDER
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samedi 01 octobre 2005 (Liberation - 06:00)
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Berlin de notre correspondante
 
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angela Merkel mobilise. 135 femmes célèbres en Allemagne ont signé une pétition pour soutenir sa candidature à la chancellerie. Journaliste, soprano, chef d'entreprise, architecte, avocate, peintre... toutes les fans de la chrétienne-démocrate disent avoir été choquées par la façon «indigne et antidémocratique» avec laquelle Gerhard Schröder et le SPD se sont comportés après les élections. Arrivé derrière la CDU d'un chouïa, Schröder estime être en droit de conserver son poste parce que sa challenger Angela Merkel n'a pas non plus réussi à réunir une majorité absolue au Bundestag.
 
«L'Allemagne a maintenant besoin de sincérité, de force, de nouvelle direction et de leadership», estime la productrice Regina Ziegler, initiatrice de cette pétition. La féministe Alice Schwarzer, devenue très proche d'«Angie» depuis que la présidente de la CDU lui a accordé un long entretien dans son magazine Emma, a, elle, lancé un «appel des 33». «Nous, femmes et hommes, attendons, quatre-vingt-sept ans après l'attribution du droit de vote aux femmes, de tous les partis qu'ils traitent avec le même fair-play et le même respect une candidate potentielle à la chancellerie qu'un chancelier», proclament les signataires. «Il n'y a aucune raison de sauver Angela Merkel, tranche un analyste politique, excédé par ce relifting postélectoral. Elle n'a pas été sanctionnée par les électeurs parce que c'est une femme mais parce qu'elle a fait une très mauvaise campagne néolibérale. L'Allemagne a voté à 51 % à gauche.»

BERLIN (Reuters) - Trois semaines après les élections législatives, la chef de file des conservateurs allemands, Angela Merkel, est désignée chancelière de la "grande coalition" en vertu d'un accord passé entre la CDU-CSU et le SPD, apprend-on auprès de sources proches des différents partis.
 
Le Parti social-démocrate obtient en contrepartie plusieurs portefeuilles importants dont ceux des Affaires étrangères, des Finances, de la Justice et du Travail, a déclaré à Reuters un responsable du SPD.
 
Le chancelier sortant, Gerhard Schröder, s'apprête donc à abandonner un poste qu'il détenait depuis 1998.
 
Schröder et le président du SPD Franz Müntefering doivent participer à partir de 11h00 à une troisième réunion avec Merkel et son allié Edmund Stoiber de l'Union chrétienne-sociale (CSU).
 
Ces quatre poids lourds de la politique allemande ont quitté dimanche peu avant minuit une deuxième séance de pourparlers sans faire de déclarations.
 
"SCHRÖDER A COMPRIS"
 
Trois semaines après une élection qui n'avait donné de majorité claire à aucun des partis, les analystes s'attendaient à ce que les deux principales forces politiques décident de laisser le poste de chancelier à Merkel, première femme de l'histoire à l'occuper.
 
Wolfgang Schäuble, numéro deux des conservateurs au parlement, avait répété dimanche aux journalistes que la CDU-CSU n'accepterait rien d'autre que le départ de la chancellerie de Schröder. "Je crois que Schröder a compris qu'il ne resterait pas chancelier fédéral", avait-il dit.
 
Les ténors de la politique allemande doivent participer à des réunions consultatives avec leurs partis respectifs avant et après les pourparlers de lundi.
 
Si un accord a été trouvé pour la chancellerie, les discussions sur la formation de cette "grande coalition" pourraient se poursuivre jusqu'en novembre.
 
Les conservateurs ont remporté quatre sièges de plus que le SPD au Bundestag mais le résultat ne permettait à aucun des deux grands partis de gouverner avec ses alliés traditionnels.
 
Lundi, l'annonce d'un accord a été salué à la bourse de Francfort, où le Dax a gagné 0,8%. Mais le duel politique entre Schröder et Merkel a plongé l'Allemagne dans une incertitude politique qui, selon des analystes, pourrait nuire à son économie déjà mal en point.

Le Parti social-démocrate obtient en contrepartie plusieurs portefeuilles importants dont ceux des Affaires étrangères, des Finances, de la Justice et du Travail, a déclaré à Reuters un responsable du SPD.