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Lundi, jour J pour la restructuration de l'automobile américaine
De Patrick BAERT – Il y a 2 jours
WASHINGTON (AFP) — Le Trésor américain mettait la toute dernière main dimanche au plan de restructuration de General Motors, l'ancien numéro un mondial de l'automobile qui s'apprêtait à déposer son bilan, alors que son concurrent Chrysler espérait renaître de ses cendres.
Lundi sera un jour historique pour l'automobile américaine. Le nouveau patron de GM, Fritz Henderson, a prévu d'organiser en milieu de journée une conférence de presse à New York, ville où le premier constructeur américain doit déposer son bilan devant le tribunal des faillites.
L'événement était perçu avec consternation dans un pays où l'automobile est étroitement associée à l'imaginaire national.
"Les mots 'GM en faillite' laissent beaucoup d'Américains de mon âge en état de choc économique", relevait dans le Wall Street Journal l'écrivain P.J. O'Rourke. "C'est aussi dramatique qu'entendre parler de 'photos de maman toute nue'".
L'administration Obama a donné jusqu'au 1er juin à GM pour présenter un plan de restructuration viable, en échange d'une aide de l'Etat. Cette aide pourrait atteindre au total 60 milliards de dollars, l'Etat fédéral prenant au passage 72,5% du capital du constructeur âgé de 101 ans. Le Canada, qui abrite plusieurs usines de GM, doit aussi mettre la main à la poche.
Selon le New York Times, les détenteurs de la dette obligataire de GM ont approuvé samedi à une courte majorité le nouveau plan du Trésor visant à restructurer le constructeur et qui leur donne à terme 25% du capital. Washington avait averti qu'en cas de rejet du plan, les créanciers risquaient de perdre l'essentiel de leur mise.
Le tribunal des faillites new-yorkais doit aussi lundi annoncer sa décision relative à Chrysler, le troisième constructeur américain qui a déposé son bilan il y a tout juste un mois. Au terme d'une procédure expresse, le juge Arthur Gonzalez devrait approuver la création d'un nouveau Chrysler, baptisé "New CarCo" qui ne conservera que les actifs les plus sains du constructeur, le reste étant liquidé.
La nouvelle entité sera aux mains d'un consortium détenu à 20% par Fiat, le constructeur italien qui a une option pour monter jusqu'à 35%, à 55% par un fonds géré par le syndicat automobile UAW et à 10% par les gouvernements américain et canadien.
Le sort des constructeurs faisait des vagues dans les milieux politiques et économiques à l'occasion des débats télévisés du dimanche.
"C'est un moment vraiment très triste pour notre pays", a déclaré sur la chaîne Fox le républicain Mitt Romney, candidat l'an dernier à l'investiture présidentielle. "J'aime les voitures américaines. Mon coeur saigne pour les gens du Michigan et de Detroit, pour tous ces ouvriers de l'automobile", a-t-il confié en référence au berceau national du secteur, situé dans le nord du pays.
A la fin de l'an dernier, GM comptait encore 244.000 employés dans le monde, dont la moitié aux Etats-Unis.
Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a qualifié le sauvetage de l'automobile de "grosse erreur", les pouvoirs publics ayant selon lui trop attendu pour acculer GM et Chrysler au dépôt de bilan.
Interrogé sur CNN, M. McConnell a donné en exemple le deuxième constructeur du pays, Ford, "qui continue à produire des voitures sans aide de l'Etat".
Au pays de la libre entreprise, des grands patrons appelaient Washington à intervenir le moins possible dans la gestion de GM.
"Nous comprenons tous la nécessité pour l'Etat d'intervenir comme il l'a fait", a observé la patronne des photocopieurs Xerox Anne Mulcahy. "Mais il faut aussi un plan de sortie", a-t-elle déclaré sur NBC.
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édito sur La Presse Canadienne
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General Motors ou la fin d'une certaine Amérique
De John Porretto – Il y a 53 minutes
HOUSTON — Pendant des générations, General Motors a nourri l'histoire d'amour de l'Amérique avec l'automobile, construisant des voitures qui exprimaient le statut social de leur propriétaire et la puissance industrielle des Etats-Unis. Mais après avoir survécu aux guerres, à la concurrence internationale et à la Crise de 1929, le géant centenaire roule vers la faillite.
L'entreprise qui accompagna le passage du cheval à la Chevrolet et la Cadillac devrait se placer lundi sous la protection de la loi contre les faillites afin de procéder à une vaste restructuration d'où doit émerger un groupe allégé d'une bonne partie de sa dette et de ses salariés, et détenu à près de 75% par le contribuable américain. GM ne sera plus qu'une fraction de ce qui fut le premier constructeur automobile du monde.
"On emploie le mot de symbole à tort et à travers ces temps-ci mais General Motors mérite vraiment cette appellation", estime Robert Thompson, professeur de culture populaire américaine à l'université de Syracuse. "General Motors est devenue par bien des aspects une métaphore de l'ère industrielle des Etats-Unis." "Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l'Amérique", aurait dit le PDG du groupe en 1955, Charlie Wilson.
William Durant a donné le départ le 16 septembre 1908 en fondant General Motors à Flint, dans le Michigan (nord-est), avec la seule marque Buick, avant d'en absorber une poignée d'autres en trois ans: Oldsmobile, Cadillac, GMC, Chevrolet et ce qui est aujourd'hui Pontiac, et encore un bon nombre au fil des années: Saturn, Hummer, Opel, Saab...
GM a introduit la transmission entièrement automatique, équipé la Chevrolet du premier moteur V8, doté la Cadillac des ailerons arrière et présenté en 1953 la très sportive Corvette. Ses ingénieurs ont même participé à la mise au point du premier coeur artificiel (le Dodrill-GMR). On chante l'Oldsmobile ("In My Merry Oldsmobile" ), Burt Reynolds se lance dans une course-poursuite au volant de sa Pontiac Firebird Trans Am dans "Smokey and the Bandit" ("Cours après moi, Shériff", 1977), tandis que David Hasselhoff combat le crime avec Kitt, une Pontiac Firebird Trans Am modèle 1982, dans la série "Knight Rider" ("K2000" ).
GM a vendu du rêve à tous les âges. Pour bien des Américains, la première Cadillac était le signe extérieur du succès. "On pouvait souvent évaluer votre style de vie et votre réussite d'après le genre de voiture GM que vous conduisiez à un moment donné", explique Robert Thompson. "La Cadillac incarnait le luxe, cela signifiait que vous aviez réalisé le Rêve américain."
Pour l'informaticien Tim Barnes, 55 ans, la Corvette, la voiture qui l'a séduit à 15 ans, incarne toujours ce Rêve américain. Sortie de l'usine Chevrolet de Flint en 1953, la Corvette est entrée dans la légende. "C'était l'essence même de la voiture sportive", se souvient M. Barnes, qui a acquis sa première Corvette, une décapotable, en 1967. "Je me souviens encore de l'immatriculation et si j'en trouvais une aujourd'hui, je l'achèterais!". Il a rencontré sa première épouse en travaillant sur des Corvette avec un ami, a ramené son premier fils de l'hôpital en Corvette, et espère bien avoir une Corvette dans son garage quand il mourra.
En 1979, GM employait encore 618.000 personnes: plus que n'importe quelle autre entreprise du pays.
Ce qui n'empêchait pas les critiques de monter: les voitures GM tombaient en panne, elles rouillaient, et pendant ce temps les Japonais introduisaient des Honda et Toyota qui semblaient inusables et ne nécessiter aucune réparation.
GM et les autres géants installés à Detroit commencèrent à se recentrer sur les camions et les voitures tout-terrain (ou 4x4) dont la vente dégageait des bénéfices suffisamment élevés pour couvrir les dépenses logiquement croissantes de retraite et de couverture santé des salariés. A la fin des années 1990, l'économie est florissante et GM écoule plus de camions et 4x4 que jamais, enregistrant des bénéfices records de 6,7 milliards de dollars en 1997.
Mais les enfants du baby-boom vieillissent, et avec eux GM, faute de petites voitures d'entrée de gamme susceptibles d'attirer les jeunes. Malgré de grandes campagnes publicitaires de rajeunissement, en 2008, l'acheteur moyen d'une Buick familiale avait 66 ans.
C'est une General Motors trop lourde au blason terni qui est entrée dans le XXIe siècle, avec trop de salariés, d'usines, de marques et de modèles. Comme sa rivale Chrysler, déjà en cours de restructuration devant le tribunal des faillites, GM perd des milliards de dollars même pendant les années où les Américains achètent plus de 16 millions de véhicules.
Avec l'augmentation du prix de l'essence, GM a tenté de produire des voitures plus économes, mais un peu tard. Avec la récession générale, les ventes d'automobiles aux Etats-Unis ont chuté de près de moitié. GM et Chrysler se sont effondrées sous leur propre poids. L'entreprise fondée par Billy Durant ne comptait plus que 88.000 salariés aux Etats-Unis l'an dernier, et ce nombre devrait encore diminuer avec la restructuration.
Herb Chambers, concessionnaire en Nouvelle-Angleterre depuis 25 ans, y voit la conséquence directe de la stratégie du géant de Detroit, qui a sous-estimé les petites Japonaises à leurs débuts sur le marché américain dans les années 1970 et 80. La part de marché de GM est tombée de plus de 50% en 1962 à 19% aujourd'hui. "Les coûts ont explosé, la technologie était en retard et la qualité n'était pas au rendez-vous", analyse ce professionnel.
Beaucoup se demandent maintenant si le dépôt de bilan de GM va risquer de saper encore ses ventes. On peut seulement constater que ce n'est pas le cas pour Chrysler jusqu'ici. Et Herb Chambers ne fait pas encore une croix sur General Motors: les constructeurs de Detroit ont par le passé prouvé leur faculté à surmonter leurs périodes les plus noires.
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L'humanité est surévaluée|De la joie et de la bonne humeur, par un cancéreux.|.
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