J'ai une (nouvelle) question à soumettre qui tombe pile dans le cadre de ce topic.
Ce sera un prolongement plus théorique du débat au risque de paraître d'autant plus difficile. Mais la question n'est jamais posée ou traitée dans les médias. (voire même elle est évitée)
Ceci dit ce n'est pas grave, la difficulté cédera car rien ne presse pour répondre et c'est pour ça je lance la question après avoir pris la peine de rédiger clairement pour mettre moins d'images comme certains le préfèrent. Ensuite on verra quitte à laisser ça mûrir tranquillement . Je n'attends pas de réponses simples. Voilà la question:
- pensez-vous qu'une tactique de communication politicienne puisse utiliser un processus d'afflux d'informations inquiétantes dans les médias qui soit synchronisé avec une échéance électorale de telle manière qu'on puisse en tirer profit en misant sur une prédiction de la vitesse de réaction du public ?
C'est la vitesse de réaction du public qui est le terme important de la question. Je décris la réaction du public comme obéissant à un phasage strict :
1ère phase : réaction émotive – sentiment d'indignation – sentiment d'impuissance ..Etc..
2ème phase : recherche d'une action immédiate sous le coup de l'émotion, et avalisation des actions politiques allant dans ce sens et formulées immédiatement au nom de l'intérêt émotionnel général, important peu alors l'absence totale de recul . D'où résulterait, peut-être, un avantage pour les partis réagissant à l'information inquiétante sans donner le temps de la réflexion .
3ème phase : retombée de l'émotion – demande d'approfondissements, d'analyses . C'est dans cette 3ème phase qu'il est important que les médias soient déjà passés à autre chose s'ils ne veulent pas rendre de comptes. Utile par exemple de noyer le public sous un flot conséquent d'informations non forcément inquiétantes mais à caractère événementiel : G8, JO, ou bien une information inquiétante et dans ce cas nouveau créneau pour faire approuver des actions politiques irréfléchies , rebelote...
Les graphiques moches donnent une approche plus intuitive , c'est une simple base hein?
Tout le problème est que à l'échelle des masses, on ne passe pas instantanément de la phase 1, phase de l'émotion, à la réflexion qui n'intervient qu'en phase 3 lorsqu'enfin l'émotion est retombée. Il y a forcément un délai de latence qui autorise la phase 2. Si ce délai est connu des spécialistes, la phase 2 peut être récupérée par les politiques qui font appel à eux.
Mais alors, dans ce qu'on observe au quotidien, peut-on penser ou non que les équipes de communication de certains de nos hommes politiques maîtrisent parfaitement ce genre de récupération et son timing ?
Si c'est le cas, n'est-ce pas là un avantage considérable que même un parti souffrant d'une grande impopularité peut exploiter, pour s'imposer aux élections, sans se soucier par ailleurs de sa popularité hors échéance électorale, surtout si c'est le parti au pouvoir ?
En fait ce qui se passe en France en ce moment montre des indices dans ce sens car le parti au pouvoir se sent en mesure de faire la sourde oreille à la voix du peuple malgré sa désapprobation nette et massive (plus de 70% d'opinion défavorable quand même!). On doit conclure si on est logique que ce parti est donc en possession d'un artifice sensé lui donner l'avantage au moment incontournable des élections. Pour être rigoureux cependant on doit dire que les médias ne sont pas la seule donnée capable d'appuyer cette confiance totalitaire. Un autre élément rassurant pour le pouvoir actuel peut provenir d'études qui prévoient une abstention record en cas de persistance de cette attitude car le totalitarisme est de nature à décourager le peuple. Enfin on peut aussi comprendre le phénomène si il doit y avoir une absence d'alternative réelle aux élections. C'est l'hypothèse d'un bipartisme du type de celui rencontré aux USA. Mais je ne pense pas que ces deux derniers cas soient évidents, ni l'abstentionnisme car il me paraît fortement imprévisible, ni l'absence d'alternative car les partis français sont encore diversifiés (du moins à gauche). On sait par contre que le marketing a fait beaucoup de progrès, et notamment grâce aux caméras de vidéosurveillance quand on exploite l'information comportementale comme au supermarché (il se trouve que le pouvoir actuel réclame à corps et à cri des caméras partout...
).
Si on veut se centrer un instant sur la situation de la France donc, je poserai cette question :
- qu'est-ce qui permet au parti au pouvoir actuellement ce fait (incroyable en France) que d'ignorer royalement l'opinion publique ?
En théorie c'est une manœuvre qui doit conduire à une seule issue : le ratatinage complet du parti qui s'y risque et de tous ses membres. Enfin pas forcément de tous ces membres si on manœuvre suffisamment bien la presse pour donner l'image d'un groupe restreint d'acteurs. Les partisans importants et réellement actifs sont alors occultés et peuvent donner le change en tant que candidats renouvelé. Concrètement cette tactique donne la mise en avant de fusibles étudiés pour supporter de toutes manières la vindicte populaire dont ils captent toute la tension – l'attention tout simplement. L'absurdité de mettre des pîtres à la tête de nos institutions est que ça leur confère une sérieuse capacité à encaisser en tant que fusibles. D'ailleurs , on ne se bat pas contre un moulin, on doit l'ignorer, car plus on souffle et plus le moulin tourne et c'est lui qui gagne à ce jeu.
Mais revenons à nos moutons.
Donc , le parti politique trônant actuellement à l'Elysée joue contre le peuple mais il est manifestement sûr de lui et de conserver le pouvoir. Table-t'il sur un découragement du peuple, ou sur l'absence d'alternance réelle (exemple : la gauche au pouvoir ne revient à aucun moment sur les mesures de droite, et même s'inscrit dans la continuité), ou alors la droite se pense dotée de la maîtrise absolue des médias. Dans cette dernière hypothèse, la plus tangible à mon sens, la question est :
- N'y-a-t'il pas derrière une telle assurance d'un parti désapprouvé , une confiance fondée sur la maîtrise du marketing politique? Tout cela pose des questions en chaîne que je ne vais pas toutes énumérer. Mais peut-être est-il temps d'expulser le marketing de la sphère politicienne, l'outil en question étant devenu assez efficace pour contourner la démocratie, car il est évident que l'autocritique et la vocation à tenir le rôle de contre-pouvoir n'étouffe pas notre presse nationale.
Mais je veux en revenir à la première question... On peut la doter de d'avantages de matériaux de réflexion grâce à un graphique d'aspect plus technique qui indiquera une manière dont le journalisme critique pourrait étudier le problème :
- le journalisme critique aurait tout simplement à suivre de près et avec toute la précision possible, le synchronisme des I.I. et des actions politiques qui en tirent profit. Voici le graphique en question :
Comme indiqué en titre, on a là des papiers log situant informations inquiétantes et faits politiques dans leur synchronisme. C'est clairement un travail pour un journalisme sérieux se livrant à son autocritique et à l'analyse des conséquences de ses actes de diffusion, des actes de diffusion de la presse en général, et des autres médias susceptibles de les renforcer. Le journaliste doit aussi savoir observer des collections entières de faits et ne pas hésiter , avec l'esprit investigateur, à analyser leurs corrélations.
A noter que l'image présentée n'est qu'une allusion plutôt vague. Mais que faire de mieux en attendant que le journalisme critique se décide à renaitre de ses cendres ?
Voilà. J'ai posé une question principale et en gros incidemment je pose aussi la question de savoir si actuellement la communication politicienne est devenue assez vile pour oser tirer parti des failles que la médiatisation peut provoquer dans le jeu démocratique. Car il s'agit bien de failles et de dérapages inconséquents lorsqu'on profite de l'opinion au moment où celle-ci est sur le coup d'un flottement émotionnel, et qu'elle est tout sauf dans un temps de réflexion . Alors que seul un moment de réflexion et de rationalité, comme il s'en produit à la suite d'une consultation par voie de référendum sur plusieurs semaines s'il contient des débats approfondis, permet dans une démocratie saine, de prendre des décisions politiques légitimes et méritant d'être dites « au nom du peuple ». Le peuple étant maître de lui-même, car réfléchissant et pensant.
Au final tout ce qui précède étant rarement abordé par les médias il naît une difficulté d'analyse : par où commencer? Et je n'ai pas forcément illustré le tout avec le plus de clarté et de concision. Mais réfléchissons-y calmement. Car c'est quand même important .
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Message édité par cappa le 02-09-2010 à 00:32:07
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