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Auteur Sujet :

(ecriture d'un roman d'heroic-fantasy) Les Larmes du Spectre

n°3345851
deidril
French Geek Society Member
Posté le 29-07-2004 à 17:52:45  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

Morpion cosmique a écrit :


 

Citation :

du récit que Thibault semblait près à accoucher


 
 :??: J'avais encore jamais rencontré cette tournure.


 
T'a jamais dit 'accouche' à quelqu'un qui te parle d'un sujet et dont tu veut connaitre de suite le fin mot ? il me semble que c'est une expression du langage courant.
 

Morpion cosmique a écrit :


Sinon, chapitre assez agréable où tu exploites bien le background. Si je peux me permettre je trouve que tu dévoiles l'identité du sauveur un peu abruptement. Peut-être même est-ce la rencontre de Korigwene avec Thibault qui me semble un peu forcée. Elle achète le bouquin racontant la légende, le soir elle est attaquée par des vampires et c'est le héros légendaire himself qui vient à sa rescousse et qui en profite pour tailler une bavette  :) .  
 
Au fait Thibault joue-t-il un rôle de premier plan dans la "quête" principale?


 
Le livre n'a en fait qu'une vocation de background pour introduire Hecktaniel comme personnage légendaire. Il constitue surtout un moyen 'sympa' pour korigwene de faire comprendre à thibault qu'elle connait son identité en lui tendant son livre. Je trouvais l'idée intéressante :) ( je la trouve toujours intéressante )
 
pour l'arrivée de Thibault, je note pour moi même de corriger le passage afin que son intervention semble moins forcée. Visiblement le dernier paragraphe du chapitre 6 n'a pas fait mouche puisque je voulais signifier que quelqu'un d'autre que les vampires surveillait ranka & cie. Le pourquoi va venir :)
 
Quant à ta dernière question, la réponse est non :)
 
 
 
 
 
 
 

mood
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Posté le 29-07-2004 à 17:52:45  profilanswer
 

n°3346572
docwario
Alea jacta est
Posté le 29-07-2004 à 19:31:45  profilanswer
 

hummm ca s annonce bien, mais si tu fais 2 histoires paralleles qui se rejoigne a la fin, tel que c 'est parti, ton bouquin sera digne de victor hugo en longueur... ;)
 
sinon, vivement la suite (oui je sais, a force .... mais bon ;))

n°3350757
Damrod
Posté le 30-07-2004 à 10:55:46  profilanswer
 

très très bon : j'adore.
ça me rappelle un peu Hypérion dans le style et si tu continue comme ça c'est du tout bon.

n°3350893
Morpion co​smique
acarien à cirer
Posté le 30-07-2004 à 11:09:47  profilanswer
 

deidril a écrit :

T'a jamais dit 'accouche' à quelqu'un qui te parle d'un sujet et dont tu veut connaitre de suite le fin mot ? il me semble que c'est une expression du langage courant.
 
:)


 
c'est ce que je voulais dire : ça m'a semblé un peu déplacé dans du medfan  ;)  
 

Citation :

Visiblement le dernier paragraphe du chapitre 6 n'a pas fait mouche puisque je voulais signifier que quelqu'un d'autre que les vampires surveillait ranka & cie.


 
rassure-toi il était clair pour moi que le mystérieux observateur de la fin de chap6 est le sauveur du chap7.
 
A plus
 
 

n°3350952
krumli
Posté le 30-07-2004 à 11:16:12  profilanswer
 

Les PDF, les PDF, les PDF !!!   :bounce:  :bounce:

n°3351464
deidril
French Geek Society Member
Posté le 30-07-2004 à 12:19:44  profilanswer
 

krumli a écrit :

Les PDF, les PDF, les PDF !!!   :bounce:  :bounce:


 
Quand le livre sera finit, et si aucun éditeur n'en veut, alors éventuellement je ferais des pdf. ( Un seul gros même )

n°3367485
deidril
French Geek Society Member
Posté le 01-08-2004 à 23:46:36  profilanswer
 

Et voilà le chapitre 8 !
 
Rien à faire ! Je me laisse emporter par mon inspiration sur l'histoire de Thibault et de Lysandre. En définitive, ce qui devait être une simple anecdote devient un gros morceau.  
 
Comme il m'est impossible de composer au fur et a mesure un roman directement bien construit, j'ai décidé de laisser libre cour à ce qui me vient à l'esprit, quitte à devoir remodeler le tout au final.
 
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                   C H A P I T R E    VIII
 
Thibault guida sa monture en dehors de la route pour céder le passage à un convoi de chariot apportant de lourdes poutres de chêne massif. Barthelon amena son cheval à ses cotés, délaissant la surveillance de la construction de la forteresse pour admirer les femmes au travail dans les champs. Son regard se porta sur une jeune paysanne aux cheveux noirs coupant les blés à la faux. Celle-ci, harassé par la chaleur, s’arrêta dans son travail pour souffler. Clignant des yeux, elle tentait de distinguer cette personne sur ce cheval qui semblait la dévisager, mais le soleil en contre-jour faisait de Barthelon une ombre.  
 
« Charmant petit lot, commenta le chevalier en se détournant de la jeune fille.  
- En effet, commenta Thibault. Six cent poutres de vingt mètres venant tout droit des forêts d’Alburk. »
 
Barthelon préféra ne rien ajouter. Il sortit une étoffe de sa poche pour éponger son front ruisselant de sueur. Malgré la fraîcheur de l’océan, la chaleur devenait  vite insupportable pour quiconque défiait le soleil. En contrebas de la falaise, la mer était d’huile. Barthelon amena sa monture au plus près du bord. Le vent montant lui apporta un air rafraîchi bien agréable et il laissa le souffle balayer ses cheveux bruns.  
 
« As-tu entendu ces rumeurs sur la présence des fils de Maligor dans les rues d’Yfor ? » demanda Barthelon.
 
 Thibault s’approcha à son tour du bord de la falaise, afin de profiter à son tour des bienfaits de l’air marin. Il se perdit dans la contemplation des remous en contrebas.
 
« Oui. »  
 
Barthelon fixa Thibault. Celui-ci semblait perdu dans ses pensées.
 
« Tu pense toujours à cette Lysandre que tu as rencontré au bal du comte la semaine dernière ?
- Non. Enfin je veux dire oui. Je n’arrive pas à effacer son visage de l’esprit.
- Quelques bouteilles bien dosées devraient remplir cette mission avec succès.
- Je ne souhaite pas vraiment pas l’oublier mais la retrouver. D’ailleurs, lors d’une visite chez maître Jubaal, j’ai consulté le registre de la guilde et je me suis rendu à l’adresse de son commerce. Mais dans l’échoppe, je n’ai pu rencontrer que son assistant. Je lui ai confié un message à l’attention de sa maîtresse et j’attends désormais qu’elle me réponde.
- Oublie-la ! Il existe des milliers et des milliers de charmantes personnes à Yfor.
- Je n’en veux pas des milliers mais une seule. Une seule très spéciale. Tu ne peux pas comprendre. »
 
Barthelon haussa le ton.
 
« Les cinq cents première fois je n’avais effectivement pas compris mais maintenant j’ai saisi ! Enfin Thibault, ressaisit-toi ! Je te parle de vampires errants dans les rues d’Yfor et toi tu ne me parle que pour évoquer cette Lysandre. Tu es le général de deux milles templiers et tu supervise cinq milles travailleurs qui bâtissent ta forteresse. Depuis cette soirée tu n’es que l’ombre de toi-même et les hommes sentent bien que quelque chose ne va pas ! Tu te dois de reprendre les choses en main. Trop de choses sont en jeux ! »
 
Thibault détourna enfin son regard de l’océan. Reprenant en main fermement les rennes de sa monture, il se retourna vers le convoi.
 
« Je ne te l’ai pas dit mais c’est l’exacte raison de notre présence.
- Tu savais pour les vampires et tu ne m’en as rien dit ?
- Cela n’est pas de ma volonté. L’affaire est politiquement complexe.  
- Maintenant que tu as lancé le sujet, il te faut aller jusqu’au bout. Qu’y a-t-il d’autre qu’ignore ton commandant en second ? »
Thibault regarda son ami, l’air ennuyé. Visiblement, le choix de tout lui avouer le pesait.
«  D’accord. Le Haut Prélat savait qu’Yfor était la proie du vampirisme. Il connaissait également l’ambition du comte Erwyn de faire de sa cité le plus grand port du continent. Mais comment pourrait-t-il alors que sa ville est paralysée lorsque la nuit vient ? C’est alors qu’il a contacté le comte et lui a proposé un marché. Jusqu’à aujourd’hui, le culte de Valarian n’avait aucune emprise dans le Landsraad car la loi de l’empereur impose à chacun d’être agnostique. Mais si le comte Erwyn présentait à la Chambre des Nobles le problème du vampirisme comme étant incurable hormis par l’église de Valarian, alors nous pourrions obtenir un changement de la loi.  
- Laisse-moi devinez la fin. En échange d’un assainissement du problème par nos soins nous avons reçut l’autorisation de construire une place forte ici, n’est ce pas ?
- Tu as tout compris. Tu réalise maintenant qu’il ne s’agit pas seulement de construire une autre cathédrale dans une nouvelle ville à convertir mais de montrer aux dirigeants du Landsraad que l’église est la seule institution à même de protéger les hommes contre les rejetons des Douze. Le Haut Prélat souhaite néanmoins que ce genre de détail ne soit pas connu du commun des gens car il préfère que tous voient en notre venue une mission religieuse et non pas un contrat au niveau politique. »
 
Barthelon énuméra une longue liste de juron à l’attention du Haut Prélat Ténadir XI. Thibault connaissait suffisamment son ami pour savoir que dans sa bouche, ils sonnaient comme des compliments pour le tour de force politique qu’avait accomplit leur dirigeant en ouvrant les portes de la plus grande nation du monde connue à leur culte.
 
« Le vieux renard ! Tout ce que tu me raconte lui ressemble bien. Même s’il est le représentant direct de Valarian sur cette terre, il n’a vraiment rien à envier aux intrigants les plus machiavéliques !
- Modère tes propos, Barthelon.
- Pourquoi donc ? Son élection à la tête de l’église était déjà une belle démonstration de style. Il est certain qu’avec lui, l’église entre dans une ère nouvelle, où le dialogue avec les autres nations se fera sur un plan politique. Nous abandonnerons ces argumentations théologiques et stériles à propos de ce droit divin à s’implanter partout là où il y a des hommes que nous nous sommes attribués. Peut-être verrons-nous de notre vivant le jour où les cités de la Ligue des Villes Libres nous accueilleront ? .
- Une chose à la fois. Pour l’instant, nous devons nous occuper des fils de Maligor ainsi que de la construction de la forteresse. »
 
Les paroles de Thibault sonnèrent comme des ordres de batailles.  
 
«  Je préfère t’entendre parler ainsi. Allons voir ce que font les ouvriers. »
Thibault resta immobile alors que Barthelon fit avancer sa monture. Remarquant cela, son ami se retourna vers lui.  
« Je crois que tu as parfaitement raison Barthelon. Nous avons une mission très importante ici et je ne puis laisser mes sentiments, aussi forts soient-ils, entraver la marche de l’église. »
 
Barthelon sourit. Son ami et général redevenait le dirigeant qu’il lui fallait être. Son regard qui avait été si apathique ces derniers jours retrouvait sa fermeté. Il crut cependant entendre un soupir de résignation alors que Thibault passa à coté de lui pour prendre le chemin du chantier de la citadelle.
 
                                *
                              * * *
« Vous connaissiez Ténadir XI ? fit Ranka d’une voix surprise.
- Sur un plan purement hiérarchique, oui. En tant que général templier il m’est souvent arrivé de prendre des ordres directement de lui. »
 
Ranka regardait désormais Thibault avec une admiration non contenue.
 
« Lors de certaines occasions, il nous est arrivé d’avoir une discussion que l’on pourrait qualifier d’amicale. En dehors de cela, je ne crois pas que nous ayons vraiment été proches . Saviez-vous qu’il avait un faible pour les oiseaux ? Sa demeure privée contenait quatre volières et il dressait ses propres faucons aussi bien que n’importe quel fauconnier.  
- Je l’ignorais. Rien de tel n’est mentionné dans les écrits détaillant son œuvre.
- Il n’a pas dû les faire visiter à beaucoup de personnes. C’était un homme très discret et très secret. Je crois qu’il se sentait parfois horriblement seul, malgré toute sa cour. »
 
Ranka enregistrait l’anecdote. Un léger sourire de fierté apparut sur ses lèvres maintenant qu’elle connaissait le petit secret de cet homme de foi qui avait changé par ses idées la destinée de l’église.  
 
« Il a révolutionné le culte après votre disparition.  
- Je n’en suis guère étonné. Nous pourrions deviser des heures durant de Sa Sainteté mais si vous désirez connaître le fin mot de l’histoire, il faudra passer outre. »
 
Ranka et Korigwene acquiescèrent d’un commun accord.
 
« Que s’est-t-il passé ensuite ?  
- Nous avons mis au point notre campagne afin d’éradiquer les vampires qui terrorisaient tant la cité et je vous prie de croire que les templiers sont terriblement efficaces dans ce domaine. Je ne vous apprend rien à ce sujet, prêtresse. »
 
Ranka opina.
 
«   S’il y a bien quelque chose que nous ayons gardé de la Guerre Sainte, c’est la chasse aux fils des Douze. Par simple curiosité, comment avez-vous procédé ?
- Nous avons localisé les cryptes où ils se reposent pendant les heures de la journée et les y avons brûlés. En quelques semaines nous en eûmes exterminé plus de trente. Habitué à chasser de telles créatures, nous nous doutions qu’ils formaient une population régie par un maître mais nos expéditions ne nous donnèrent aucun indice quant à son identité. C’est alors qu’ils ont contre-attaqués. »
 
                           *
                         * * *
 
La danse durait depuis des heures. Thibault entraînait sa cavalière dans une valse sans fin. Les yeux dans les yeux, Thibault se noyait dans la contemplation des pupilles noires de Lysandre. Les autres invités étaient sans visage et seul comptait cette femme, la musique et la danse.  
 
Thibault sentit alors une étreinte sur son épaule. Le visage de Lysandre disparu, puis la salle de bal. Thibault se retrouva de nouveau dans sa tente, sur sa couche. Mû par l’instinct il sortit la dague qu’il cachait sous son oreiller pour la pointer sur la personne qui s’était approché de lui et le touchait. La dague aurait percé le cœur si au dernier moment, Thibault n’avait reconnu son visiteur.
 
« Barthelon ? Mais que fait-tu là à cette heure de la nuit ?
- Les gardes affectés à la surveillance du chantier de la citadelle ne sont pas revenus, alors que la patrouille de remplacement est partit les relever il y a une heure. Ce n’est peut-être rien mais j’ai préféré t’avertir.
- Tu as bien fait. Laisse-moi un instant le temps de m’habiller. »
 
Barthelon sortit de la grande tente du général. Thibault s’assis sur son lit et expira longuement. Le rêve paraissait si réel qu’il sentait encore le parfum de rose de sa cavalière. La tente était sans lumière mais les grands feux de camp à l’extérieur prodiguait suffisamment de lumière ambiante pour qu’il puisse se vêtir.  
 
« Parteon ! Venez, je vous prie ! »
 
Un jeune homme parmi trois gardes en faction à l’entrée de la tente entra. L’écuyer de Thibault sortait à peine de l’adolescence mais l’entraînement militaire avait déjà forgé son corps. Cependant son visage juvénile trahissait son jeune âge. Ses cheveux blonds étaient coupés au plus court selon la tradition spartiate des templiers.  
 
« Monseigneur, vous m’avez appelé ?
- Aide-moi à me vêtir de mon armure. »
 
Le jeune garçon s’approcha d’un coffre et en sortit une chemise, un pantalon et des chausses en coton soigneusement pliés qu’il déposa sur le lit. Dès que Thibault eut changé ses vêtements, l’écuyer plaça sur lui les pièces d’armures et l’aida à sangler les lanières du dos et des cotés. Thibault vérifia que chaque protection était correctement attachée, puis il saisit son heaume sous le bras gauche et son arme, une longue épée dans son fourreau d’ébène et d’or, dans la main droite. Le jeune écuyer recula pour avoir une vue d’ensemble et vérifia que tout le corps était correctement protégé. L’armure de Thibault, faite d’un alliage secret mêlant l’acier à des substances bénites par de longues litanies, venait directement des Forges d’Astrielle, à l’endroit même où la Sainte avait autrefois fabriqué le Sceau destiné à refermer la porte des enfers. La croix des templiers était imprimée dans le plastron, entourée par des motifs d’ailes séraphiques et des prières de défense en ancien valarite. Chaque protection portait des bénédictions finement gravées au milieu des anges de lumière et de bravoure qui ornaient les différentes pièces. Ainsi équipé, le général templier ressemblait à un ange vengeur. L’écuyer hocha de la tête pour signifier que tout lui semblait correct.
 
Thibault se dirigea vers le centre de commandement. Le campement des templiers était une plaine de grandes tentes blanches et bleues, de feux de camps, d’enclos à bétail, de chariots de nourritures et d ‘équipements. Malgré l’heure tardive, l’activité n’avait cessé. Des soldats patrouillaient pour vérifier l’identité de chacun. Des cuisiniers commençaient à préparer déjà les quelques sept milles repas que nécessitait chaque jour l’armée et les ouvriers à leur réveil. Des serviteurs, des écuyers et des gardes venant de terminer leurs tâches nocturnes étaient rassemblés autour d’un feu et partageaient un dîner en chantant et en buvant. Ils se levèrent précipitamment lorsque Thibault passa près d’eux et se mirent au garde-à-vous.  
 
« Général ! » firent –t-ils tous d’une seule et même voix.
 
Thibault les salua d’un hochement de tête et continua son chemin vers le chapiteau monté au centre du camp. Quatre templiers en armure montaient la garde à l’extérieur, juste à coté de braseros qui réchauffaient et éclairaient l’endroit. Thibault franchit l’entrée en écartant les oriflammes des différentes escouades dont se constituait son armée. Autour d’une table, ses officiers devisaient de la situation. Galvain, le capitaine de la première section d’infanterie,  écoutait le rapport de Barthelon tout en mordant dans un morceau de viande blanche. Il portait une cotte de maille ajustée à sa taille car la gourmandise avait fait du capitaine templier un gros bonhomme après des années d’excès et il ne conservait son armure que comme souvenir. Danarius Orentys lissait sa barbiche noire de sa main, l’air soucieux. Célèbre chasseur de vampires, l’homme leur avait été personnellement assigné par le Haut Prélat pour orchestrer l’assainissement d’Yfor. Son armure d’acier gris portait la croix de feu de l’Ordre des Purificateurs. Le Prélat Sergaïl, dans sa soutane officielle de pourpre et de rouge, salua Thibault, les mains jointes dans une muette bénédiction de bienvenue. Celui-ci engagea la conversation d'un ton autoritaire.
 
« Quelle est la situation commandant ?  
- Des patrouilles supplémentaires dépêchée sur le site ont disparues également. Le Prélat affirme que le chantier de la forteresse est entouré d’un sortilège maléfique.
- Je ne saurais garantir que l’auteur est un serviteur d’Andragoras mais toujours est-t-il que cela dissimule les auras de la Force d’Ame et donc, ne nous permet pas d’utiliser la Vision pour connaître les forces en présence.  
- Les Brumes d’Ogbo est un sortilège typique des agents des Douze, expliqua Danarius, qui masque la Force d’Ame maléfique. Utilisée sur une maison, il dissimule la présence d’un serviteur du mal. Toutefois, seul les adeptes avec un certain pouvoir peuvent se risquer à l’employer et d’autant plus sur une superficie aussi vaste que la citadelle.
- Un sortilège dites-vous ? Pas une capacité issue du Don de Maligor ?  
- En effet, cela est l’œuvre d’un Mage, au minimum, répondit le chasseur de vampire.
- Ainsi ils veulent masquer leur nombre ? demanda Galvain.
- Ils peuvent aussi masquer l’utilisation maléfique d’un Don, expliqua Danarius. Je pourrais suggérer plusieurs rituels qui mettraient grandement en danger les troupes que nous engagerions, mais pourquoi avoir choisit le site du chantier pour cela ? A ma connaissance, il s’agit d’un simple promontoire même si les fondations et les murs déjà bâtis offre un terrain à leur avantage.
- L’autel de Valarian ! s’exclama le prélat. S’ils désacralisent la terre par une malédiction, nous devrons abandonner la construction pour un autre site !
- Cette hypothèse me paraît la plus probable, conclut Thibault, en surplus de sortilèges visant à nuire directement aux forces que nous pourrions aligner pour les contrer. Si nous perdons ce site, c’est un an de travail et de ressources qui s’envoleront. »
 
Les officiers regardèrent Thibault avec attention alors que celui-ci réfléchissait aux ordres à donner.
 
« Ce sortilège est-t-il rattaché directement à son lanceur ?  
- Non, répondit Danarius. Quant bien même nous éliminerions celui-ci, l’enchantement restera en place. C’est pourquoi il nécessite un pouvoir conséquent.
- Comment annuler cet enchantement ?
- Le détruire directement relève du pouvoir d’un Archimage, répondit Danarius. Cependant, le sortilège est basé sur des glyphes qui délimitent la zone d’effet. Effacer ces symboles affaiblira la force du sort jusqu’à le dissiper. Mes hommes ont déjà accomplis ce genre de mission.
- Très bien. Capitaine Galvain, ordonna Thibault, vous allez constituer plusieurs escouades. Quatre d’entre elles auront pour tâche de localiser et de détruire ces glyphes avec l’aide des Purificateurs de Danarius. Ceux-ci se mêleront à vos hommes car je ne veux pas que nos ennemis les prennent pour cibles directement. Les autres escouades se répartiront le terrain et élimineront tout ennemi. Commandant Barthelon, vous encerclerez le site avec le gros des troupes. Envoyez des renforts à tout combat visible de la périphérie du chantier. Disposez des feux afin de prodiguer un maximum de lumière. »
 
Les officiers hochèrent de la tête aux ordres de leur général.
 
- Capitaine Galvain, conclut Thibault. Vous resterez en dehors des combats avec vos forces d’élites. Vos escouades devront vous rapporter immédiatement toute menace d’envergure comme ce maître vampire dont nous soupçonnons l’existence ou tout magicien. Vous mènerez alors un assaut direct sur cette personne. Quant à moi, j’irais protéger personnellement avec ma garde personnelle l’emplacement même de l’autel.
- Général, laissez-moi me charger de cette mission, demanda Barthelon.
- C’est hors de question. J’ai juré sur ma foi le succès de notre entreprise à Sa Sainteté et je combattrais personnellement quiconque se dressera sur notre route. »
 
Barthelon, connaissant suffisamment son ami pour savoir que toute argumentation serait inutile, le salua militairement et sortit de la tente pour sonner le rassemblement des troupes. Galvain et Danarius  le suivirent, laissant Thibault seul avec le Prélat qui n’avait dit mot durant les ordres.
 
« Laisse-moi te donner la bénédiction d’Andramael, mon fils, car je pressens que ce combat sera des plus difficiles. »
 
Thibault s’agenouilla devant le prêtre et celui-ci le bénit, récitant la longue litanie de L’Inspiration du Fidèle. La Force d’Ame de Thibault s’enflamma, nourrie par la puissance de l’Archange.  
 
Lorsque Thibault sortit de la tente de commandement, il était entouré d’une aura de lumière visible même sans l’emploi de la Vision tant la Force d’Ame bouillonnait en lui.
 
 
 
L’armée se disposait petit à petit autour du promontoire. Chaque soldat tenait une torche et des fagots. Les escouades commencèrent à s’approcher et disposèrent le bois en de grands brasiers pour dissiper la nuit sur le site du chantier. Les escouades de Galvain, l’épée au poing, s’avancèrent par groupe vers la construction. Le rempart d’enceinte et l’arche de l’entrée étaient déjà en partie construits. Les murs s’élevaient jusqu’à hauteur d’hommes bien que toujours soutenus par des échafaudages. Les escouades s’avancèrent, passant sous l’arche pour se disperser ensuite.  
 
Thibault se retourna pour donner ses derniers ordres à ses propres hommes. Templiers d’élite, ils étaient tous des soldats accomplis et des utilisateurs de la Force d’Ame dotés d’un Don relativement puissant et d’une bonne expérience de son emploi. Le plus vieux, Othon, avait plusieurs campagnes à son actif. Ses cheveux presque  blancs l’auraient fait passer pour un vieillard si ce n’était qu’il conservait cette carrure de colosse qui impressionnait tant. Parteon, l’écuyer de Thibault, se tenait juste à coté de son général afin de couvrir ses arrières.  
 
« Nous allons directement nous diriger vers l’autel de Valarian. Nous prendrons position là-bas et nous assurerons sa défense. Il est probable que l’ennemi cherchera à s’emparer de ce lieu afin de le maudire, si toutefois ils ne sont pas déjà à l’œuvre. Sire Doraniel, vous fermerez la marche avec Sire Paulléus. »
 
Les ordres de placement et les instructions terminés, les cinq templiers s’avancèrent vers la citadelle, tandis que les flammes des feux installés par les troupes de Barthelon commençaient à monter. Thibault en tête, ils passèrent sous l’arche à moitié construite qui, plus tard, serait une barbacane. Une escouade disposée par Galvain s’y trouvait, surveillant les alentours.
 
« Rien à signaler, général. » fit le sergent.
 
Devant eux, l’emplacement réservé à la future cour était encombrés de grand amoncellement des pierres de construction. Des tas de poutres pour les échafaudages étaient disposés ici et là. Des collections de pioches, de marteaux et de burins s’alignaient près d’un échafaudage.  
 
« Vision, » ordonna Thibault.
 
Chacun des templiers incanta la prière pour percevoir les effluves des Forces d’Ames. Ils regardèrent autours d’eux avec surprise car même leur propre force n’apparaissait pas. Seul l’extraordinaire aura de Thibault brillait à leurs yeux.
 
« Les Brumes d’Ogbo jura Othon. Saleté de bon dieu de magie !
- Tourne ta langue dans ta bouche, vieil homme ! sermonna Paulléus.
- Avançons vers l’église, ordonna Thibault.  
 
Des bruits de combats leur parvinrent alors qu’ils entrèrent dans l’église. Déjà presque terminée, le bâtiment avait concentré les efforts des ouvriers car l’autel servait de réceptacle pour bénir le site et consolider toutes les constructions.  Les grands piliers de pierres montaient jusqu’à la charpente du plafond, pour l’instant sans toiture. Des blocs de pierres bruts étaient disposés dans les alcôves, attendant la venue de sculpteurs qui immortaliseraient de légendaires personnages.
 
Un jeune templier s’avança vers Thibault. L’homme traînait son épée et se tenait le cou avec la main gauche. Celui-ci saignait abondamment malgré la pression et le sang s’écoulait le long du plastron.
 
« Des vampires, » souffla le soldat avant de s’écrouler dans les bras de Thibault.
 
Celui-ci l’allongea sur le sol alors qu’il rendait son dernier soupir.
 
« Allons-y, » fit simplement Thibault après avoir esquissé un bref geste de bénédiction posthume.  
 
La lumière de la lune et les feux allumés par Barthelon projetaient milles ombres dans l’église. Thibault avançaient prudemment vers l’autel érigé au bout de la longue pièce, tentant de percer d’éventuelle présence dans les ténèbres.  
 
« Au-dessus ! » alerta Parteon.  
 
Thibault releva la tête pour voir une vingtaine de silhouette perchée sur les poutres de la charpente se laisser tomber sur eux. D’un geste circulaire il coupa littéralement en deux celle qui lui arriva dessus. Les deux portions du corps s’enflammèrent un bref instant mais seul des cendres touchèrent le sol. Parteon recula pour éviter son assaillant. Celui-ci se réceptionna sur le sol comme un chat.  
Sous la lune, il était d’une blancheur laiteuse, défiguré par des veines violacées qui lui parcouraient les tempes. Ses yeux rouges brillaient d’une aura infernale. Il bondit en même tant que le jeune écuyer chargea. Il tenta de griffer le jeune garçon avec ses longs ongles. Derrière lui, les trois autres templiers se positionnèrent afin de repousser leurs nombreux ennemis. Othon injuria copieusement le sien avant de l’attaquer. Paulléus invoqua le Feu Sacré sur son épée et celle-ci se mit à brûler, recouverte de flammes blanches. Doraniel se retrancha derrière son bouclier, près à réagir dès que l’un des deux vampires qui lui faisaient face avanceraient d’un pas. Mais déjà d’autres vampires surgirent de derrière les piliers et les blocs de pierres.
 
Une quarantaine d’ennemis les encerclait, les harcelant d’attaques fugitives tout en se maintenant loin du Feu Sacré, qui brûlait maintenant sur chacune des armes, et de l’aura de Thibault. Certains lancèrent des dagues mais Doraniel plaça son bouclier pour protéger ses compagnons. Disposés en cercles, les templiers ne laissaient aucun points morts. Thibault ordonna d’avancer précautionneusement vers l’autel.  
 
« Allons jusqu’à l’autel, notre Force d’Ame n’en sera que renforcée.
- Leur porc de maître doit être là, quelque part.  Il les protège nécessairement par une pourriture de Don maléfique, cria Othon, sinon ces bâtards se consumeraient pour avoir pénétrer ici. »
 
Thibault fit un pas en direction de l’autel. Les assaillants sur son chemin reculèrent d’autant. Les autres templiers suivirent. Trois vampires tentèrent une attaque. Parteon trancha le bras du premier tandis que Doraniel repoussa les deux autres. Le contact avec les templiers fut mortel pour les assaillants car le Feu Sacré les toucha et ils se consumèrent en hurlant.  
 
Thibault fit un autre pas, imités par ses compagnons. C’est alors qu’une figure sortit de l’ombre du pilier le plus proche de l’autel. Son identité protégée par une longue robe et un capuchon, elle effectua la gestuelle d’une incantation. Des flammes noires surgirent du sol autour de ce nouvel ennemi, l’entourant comme un manteau ténébreux.  
 
Thibault pris le pari de charger l’ennemi afin de stopper son attaque magique, brisant cependant le cercle de défense établit par les templiers. Cela fut vain car le magicien déversa sur eux, en hurlant d’une voix féminine une formule aux sons gutturaux, une langue de feu noire qui les entoura. La magie glissa sur Thibault mais il sentait son aura faiblir ou plutôt, être rongé par le sortilège. Derrière lui, Othon et Doraniel furent balayés par le souffle noir. Propulsés sur les ennemis, Othon roula au sol tandis que Doraniel fut jeté comme un fétu de paille contre un pilier. Parteon eu le réflexe de se jeter à terre mais les flammes le consumèrent également, lui arrachant des cris de souffrances. Les vampires, non affectés par les flammes noires, se jetèrent alors sur les templiers maintenant sans défense.  
 
« Non ! » hurla Thibault.  
 
Utilisant toute sa volonté, Thibault concentra l’ensemble de sa Force d’Ame. Sa colère nourrissait son pouvoir car il ne put supporter l’idée de voir ses compagnons jetés à terre et achevés avec autant de facilité. Ajoutée à la force contenue dans les bénédictions de son armure et celle prodiguée par la bénédiction d’Andramael, Thibault brillait comme un soleil. Les vampires qui s’apprêtaient à achever les templiers au sol s’arrêtèrent net dans leurs actions. C’est alors que le général templier libéra toute cette énergie en une seule fois. L’église toute entière s’illumina et l’espace d’un battement de cœur, il y fit aussi jour que sous le soleil à son zénith.  
 
A l’extérieur du bâtiment, les combats cessèrent un instant alors que la nuit devint jour. Barthelon, situé avec ses troupes à une centaine de mètre de la citadelle, jura lorsqu’il vit le ciel s’illuminer ainsi, craignant d’y voir le chant du cygne de son ami.  
 
Chacun des vampires présent dans la citadelle s’enflamma et fut réduit en cendre. Dans l’église, les flammes noires furent chassées par la lumière. Thibault posa un genou à terre. Sa vue se troublait et il fut pris de vertige mais grâce à l’expérience, il avait utilisé sa Force d’Ame sans emprunter à ce qu’il lui fallait pour rester conscient. Il jeta un regard derrière lui pour voir que ses compagnons, bien qu’inconscient, étaient toujours en vie.
 
« Pouvoir intéressant. Bien qu’inutile ! » fit la même voix qui avait procédé à l’incantation quelques instants plus tôt.
 
Thibault n’en crut pas ses oreilles car de son vivant, jamais il n’avait employé une telle force et jamais il n’aurait pensé que quelqu’un pourrait y survivre. Se relevant, il se retourna vers la voix. Les flammes avaient disparues ainsi que le manteau d’obscurité qui masquait le maître vampire. Malgré son teint livide, Thibault reconnut immédiatement Lysandre. Le templier s’avança vers elle, incapable d’y voir une ennemie mortelle. La resplendissante et magnifique femme de son souvenir se superposait à la vampire.  
 
« Je suis Thibault Lockwerk. Nous nous sommes rencontrés lors du bal donné par le comte Erwyn. Nous avons dansé ensemble, vous vous souvenez ?
- Tu sers Valarian alors je dois te tuer ! »
 
Déjà Lysandre concentrait de nouveau sa Force d’Ame en un brasier de flammes noires qui dansaient autour d’elle. Thibault savait que maintenant, il n’aurait pas la force de résister à un second Souffle Noir mais les paroles le paralysèrent plus efficacement que le plus maléfique des sortilèges. En un instant, il comprit que cette femme ne répondrait jamais à l’amour qu’il lui vouait. Résigné, il rengaina alors son épée et écarta les bras.
 
« Alors fait ce que tu dois ! »
 
Lysandre arrêta sa concentration. La surprise remplaça la haine sur son visage alors qu’elle lisait dans les yeux de Thibault les sentiments qu’il avait à son égard. Bien qu’à un geste de la victoire, elle fut incapable d’achever son sortilège.  
 
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Moi qui voulait conclure l'histoire de Thibault en un chapitre, voilà qu'elle va probablement faire 2 chapitre et demi :)
 
Je continue sur ma lancée en attaquant de suite le chapitre 9 !
Bonne lecture :)

n°3367772
docwario
Alea jacta est
Posté le 02-08-2004 à 00:35:12  profilanswer
 

wow la suite !!!
 
mais je croyais que lyssandre n'était pas une vampire mais une alchimiste....

n°3368631
deidril
French Geek Society Member
Posté le 02-08-2004 à 10:58:37  profilanswer
 

DocWario a écrit :

wow la suite !!!
 
mais je croyais que lyssandre n'était pas une vampire mais une alchimiste....


 
un vampire peut être alchimiste, faire du base ball, coudre les chaussettes ou encore faire les papiers peints...  :pt1cable:

n°3369122
Davidartis​te
aaah... la vie d'artiste!
Posté le 02-08-2004 à 12:03:56  profilanswer
 

heureusement que sa "vie" est infinie alors parce qu'il est en surmenage ton pauvre vampire sinon! :lol:


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http://www.ecrivons.net/index.php
mood
Publicité
Posté le 02-08-2004 à 12:03:56  profilanswer
 

n°3369653
Damrod
Posté le 02-08-2004 à 13:35:21  profilanswer
 

j'adore !!!
viiite la suite !! :bounce:

n°3372053
deidril
French Geek Society Member
Posté le 02-08-2004 à 17:35:59  profilanswer
 

Bon ben je me retrouve bloqué dans le récit. Pas par les idées mais pour sortir Korigwene de l"histoire d'Yfor, il me faudrait vraiment écrire correctement l'histoire de Thibault et de Lysandre, et non pas un résumé parsemé d'anecdotes comme je l'ai fait pour l'instant, et plutot baclé à mon gout - comme le combat dans le chantier de la forteresse .
 
A titre d'exemple, le chap 9 n'est qu'un pur résumé qui amene à l'explication du pourquoi Thibault était il sur ce bon dieu de toit à surveiller mes trois touristes, ce qui donne un 10eme chapitre pour conclure l'histoire en toute hate.
 
Donc je me retrouve confronté à un choix : soit je bacle la partie Thibault & Lysandre afin de rattraper la suite, soit je dit 'Ils passent à Yfor et en fait il ne se passe rien, soit je reconstruis cette partie, en prenant le temps de consacrer réellement une partie du roman à la 'biographie' de T&L, quitte à devoir faire un 'premier tome' uniquement consacrée à cette histoire, en développant un peu la vie de Korigwene alors qu'elle est toujours au covenant de Karador.
 
Plutot que de livrer 6 chapitres trop condensés, je préfère me limiter à cette histoire pour l'instant et l'écrire correctement, surtout que pour l'instant je ne parle absolument pas de la vie de Lysandre alors qu'elle est le personnage qui est le plus intéressant des deux ( pour moi ).  
 
De plus, comme ces deux personnages ont vécus un nombre impressionant d'années ( surtout Lysandre ), ils me permettraient d'introduire une certaine chronologie.
 
D'un autre coté, qui aurait sciemment voulut lire Belgarath le Sorcier avant les 10 tomes de la Belgariade ? Je veux dire que les lecteurs préfereront certainement découvrir l'univers avec un 'Garion', que de suivre de suite Belgarath sur 5000 ans assez vite résumé en fin de comte. Je pense donc que des lecteurs préfèreraient suivre Korigwene et Aldérick pour découvrir l'univers, plutot que Thibault et Lysandre - non pas que ces deux personnages soient moins intéressants, mais ils sont moins appropriés à la découverte du monde que les deux premiers.
 
Je dois donc réfléchir à la construction du récit, non pas que les chapitres écrits soient perdus, mais qu'est ce que je veux vraiment mettre dans cette première histoire.
 
Si cela vous inspire une réaction, je serais content de la lire car je suis dans le flou pour l'instant.


Message édité par deidril le 02-08-2004 à 17:39:56
n°3372129
Morpion co​smique
acarien à cirer
Posté le 02-08-2004 à 17:49:27  profilanswer
 

deidril a écrit :


Si cela vous inspire une réaction, je serais content de la lire car je suis dans le flou pour l'instant.


 
Tu sembles avoir imaginé un background assez élaboré et je comprends que tu ne veuillles pas laisser de côté des persos aussi charismatiques que T&L. Raconter en détail leur histoire te permettrait à coup sûr de "rentabiliser" ton background.
 
Je t'avais demandé si Thibault jouait un rôle crucial dans la quête principale et tu m'avais répondu non. Alors ma crainte est que si tu consacres 3 ou 4 chapitres à développer la vie d'un perso de second plan, tu risques de faire décrocher le lecteur qui à ce stade du récit attend toujours de voir la rencontre de Kori et Al  ;) .
 
D'un autre côté maintenant que c'est parti j'aimerais bien connaître le récit des amours de T&J  :love: .

n°3376787
deidril
French Geek Society Member
Posté le 03-08-2004 à 10:55:37  profilanswer
 

Je pense que je vais séparer l'histoire de Thibault&Lysandre des 'Larmes du Spectre'. J'ignore encore si j'efface ces chapitres ou si je les remplacent par une version plus condensée, résuma un tiers récit que je pourrais faire par la suite. Je vais donc reprendre l'histoire au moment où Korigwene & cie quitte Yfor.
 
En ce qui concerne les T&L, je pense les garder en réserve pour une autre histoire, en l'occurence la leur.  
 
D'ailleurs, sous le coup de l'impulsion, j'ai gratté cà hier soir :) Je ne pense pas le continuer dans l'immédiat mais bon, c'est un début.
 
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     Zaar.
 
     Ce nom remonte à l’origine des civilisations.
     Il est si craint que seul le fou ou l’idiot le prononce.
     Celui qui le porte a contribué à faire de la magie un art.
     Il a dompté la mort et l’a mise dans un livre.
     La science qu’il a crée, la nécromancie, est l’ennemie de toute les justes causes.
     Ses grimoires renferment tant de pouvoir
     Que des empereurs ont détruits des pays pour les posséder.
 
     Désormais il cherche l’ultime élixir.
     Celui qui prodigue  l’éternelle  jeunesse,
     Celui qui forge la perfection du corps,
     Celui qui  insuffle l’absolu pouvoir,
     L’Ambroisie qui lui octroiera la divinité,
     La seule chose qui lui fait défaut.
 
     Voici l’histoire de sa quête,
     De la fille qu’il éleva,
     De l’homme qui l’aima,
     Et du monstre qui les persécuta.
 
 
Le ciel était de cendre et de suie. Les fumées montaient haut dans le ciel pour se joindre aux nuages colériques. Les corps carbonisés jonchaient les rues, disparaissant peu à peu sous les scories qui tombaient tel la neige. Les bâtiments s’écroulaient comme de vulgaires châteaux de cartes. Rongés par le feu, les maisons s’affaissaient en un ultime brasier flamboyant avant de sceller la tombe de ceux qui, encore hier, y vivaient paisiblement. Les rivières de lave bouillonnantes rongeaient le sol et dévoraient la pierre . Au loin, le volcan cracha de nouveau sa colère. Le sol trembla et les cieux se chargèrent de braises ardentes et de fumées mortelles.  
 
La petite fille errait dans l’avenue, luttant pour chaque pas dans ce bourbier de cendres et de boues qu’était devenu la magnifique cité de Selystra. Gardant contre elle une poupée de paille et de tissu, l’enfant clignait de ses yeux pour chasser les vapeurs brûlantes qui l’aveuglaient. Sa tendre peau n’était plus que crasse et brûlures. Sa chevelure noire était grise de poussière. Sans pouvoir identifier cet instinct de survie qui l’animait, la fillette avança, un pas après l’autre. Elle piétina des corps dissimulés sous les cendres. Elle sentit les chairs et les os carbonisés se casser sous ses pas, mais elle continua de lutter pour progresser.
 
« Pourquoi lutter, petite fille ? »
 
Chassant les larmes qui embrouillait sa vue, elle chercha l’origine de la voix. L’homme se tenait juste devant elle. Elle vit qu’il était fort et beau comme une statue malgré l’obscurité qui l’enveloppait comme un manteau.
 
« Pourquoi souffrir ? Que valent ces quelques instants de vie supplémentaire arrachés au prix de la douleur quand on sait que le chemin se termine inexorablement ?
- Qui êtes vous, monsieur ? demanda poliment la fillette.
- Je suis l’homme qui a tué tes parents, tes frères et tes amis. Je suis le responsable de la mort de chacun des habitants de cette orgueilleuse cité.
- Pourquoi avez-vous tué ma famille, monsieur ?
- Parce que je le pouvais. Parce que la mort était la seule alternative à la soumission et que Selystra a bien mal choisit . »
 
La fillette regardait l’homme, incapable de comprendre le sens des paroles ou de lui associer la responsabilité du cataclysme.  
 
« Il ne sera pas dit que je suis totalement indifférent. Je vais te permettre de faire le même choix. Si tu souhaite vivre davantage, alors prend ma main. Si tu veux rejoindre tes proches, alors continue ton chemin jusqu' à ce que tu chute dans cette mer de cendre et que tu t’y noie. »
 
L’enfant commença à s’approcher de l’homme.
 
« Mais je dois te prévenir que la voie que je t’ouvre est bien plus sombre que celle sur laquelle tu te serais engagée après ton dernier souffle. »
 
D’abord hésitante, elle toucha finalement la main ganté. Le contact fut glacial et elle sentit son bras paralysé par le froid.  
 
« Tu as choisis de vivre et de servir. Je forgerais ton esprit pour recevoir la connaissance,  j’entraînerais ton corps à manier le pouvoir et lorsque cela sera fait, tu accomplira mes desseins. Maintenant, dit-moi ton nom, enfant ?
- Lysane
- Un nom trop tendre pour la fille de Zaar. Désormais, tu t’appellera Lysandre. »
 
----------------------------------------------------------------------
 
Bon et sur ce je retourne sur le nouveau chapitre d'Aldérick :)
 
 
 

n°3377276
docwario
Alea jacta est
Posté le 03-08-2004 à 12:17:27  profilanswer
 

sinon ce que tu peux faire, c'est faire de l'histoire de T&L le premier tome de ton univers.
Puis faire un petit résumé pour la rencontre avec K dans le tome 2...

n°3378309
Damrod
Posté le 03-08-2004 à 14:52:36  profilanswer
 

Il serait dommage que l'on perde l'histoire de T&L. Même si elle ralentit le rythme général et retarde la rencontre des vrais héros de ce roman, je trouve qu'elle permet de bien poser le background de ton monde. Donc je vote pour son maintien.

n°3378861
tomlameche
Et pourquoi pas ?
Posté le 03-08-2004 à 15:58:14  profilanswer
 

Je n'ai pas encore tout lu, mais dés le début, on est pris par le monde, bravo ! J'aime le style, l'univers, c'est vraiment ben écrit, je pense que tu es le premier sur ce forum à écrire quelque chose qui pourrait être publier sans rougir (je dénigre pas les autres, juste que  deidril a plus de talent ).
Bon courage pour la suite !


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n°3419476
docwario
Alea jacta est
Posté le 09-08-2004 à 16:43:52  profilanswer
 

up ! :bounce: pour avoir la suite !

n°3430865
deidril
French Geek Society Member
Posté le 10-08-2004 à 22:40:49  profilanswer
 

Juste un petit up pour dire que je n'ai pas laché l'affaire. Je réfléchis à la manière de couper l'histoire de Thibault et Lysandre en un autre récit et surtout, comment construire celui-ci.  
 
En effet, l'histoire de ces deuxc perso s'étant sur plusieurs siècles. ( Lysandre a plus de 1200 ans ... ) avec des implications dans beaucoup des évènements les plus importants.  Il n'est donc pas possible d'adopter le style que j'ai utilisé jusque là en décrivant au jour le jour les pérégrinations des intervenants - surtout que cela tuerait le coté épique des personnages.
 
En même temps, j'essaye de rédiger le chapitre de coupure pour reprendre l'histoire d'alderick & korigwene là ou elle avait commencé à s'enliser.  
 
Voilà :)

n°3442353
Amelou
Posté le 12-08-2004 à 03:06:35  profilanswer
 

jaime ta maniere décire elle nest pas lourde du tout


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Si le destin vous offre des citrons...faites de la limonade!
n°3451087
starket
Posté le 13-08-2004 à 01:42:53  profilanswer
 

Bonsoir,
Je viens de lire les quatre premiers chapitres et miracle: je n'ai pas décroché.
Le peu que j'ai lu m'as vite convaincu, franchement, ton oeuvre trans pire le talent(pour le moment :o  :D ), malgré certaines lourdeurs au départ, facilement corrigibles( surtout certaines descriptions), on accroche tres vite et on en redemande. Le moteur d'une oeuvre comme celle ci est l'histoire, et pour le moment, la tienne est plus que captivante. Bon je m'arrete au 4( il faut que j'aille me coucher)
 
Ah au fait, t'as pensé a la bd? Parce-que moi aussi j'ai des scénarios(quoique tres vagues) dans tous les sens et dans tous les styles, et je songe souvent au couplage bd-roman.

n°3453551
starket
Posté le 13-08-2004 à 12:53:18  profilanswer
 

Voila, je viens de lire Zaar, résultat: je suis maintenant totalement fan. :love:  
Vivement la suite. Moi aussi, je vote pour le maintien de T&L. ;)

n°3467285
deidril
French Geek Society Member
Posté le 15-08-2004 à 18:00:37  profilanswer
 

Ta ta din ! Voilà le chapitre 4 Des Larmes du spectre !
 
Je reprend l'histoire principale en laissant de coté Thibault et Lysandre. Le travail a effectuer pour écrire leurs vies est très important aussi je préfère prendre des notes pour l'instant en attendant d'avoir suffisamment de matière à écrire quelque chose qui me plaira.
 
Donc je reprend la trame des Larmes du Spectre au moment où Aldérick quitte le village de Roquefer ( pour ceux qui ont suivis ! : )
 
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             C H A P I T R E   IV
 
Un vent froid descendit des sommets. Se répandant dans les rues de Roquefer, il s’insinua sous les bas de portes et par les fenêtres dans l’intérieur des maisons, glaçant leurs habitants.  
 
Dans sa chambre, Essekar resta cependant de marbre tandis qu’un courant d’air se faufila par la fenêtre sans volet et retourna le drap. Fixant le plafond fissuré et en partie brûlé par l’incendie déclenché par les Rongeurs d’Os, le jeune homme était trop absorbé par ses réflexions sentir le froid.
 
Cela faisait trois jours qu’Aldérick était partit sur la route menant à Fortavent et maintenant qu’il était seul avec ses pensées, Essekar ne pouvait détacher Fianna de son esprit.  
 
Son sourire, ses yeux bleus limpides, sa fierté, sa chevelure volant au vent, sa silhouette déambulant dans les rues de Roquefer, tout cela rendait le jeune colosse ivre d’émotions. Ne pouvant trouver le sommeil, il se leva précipitamment, enfila ses vêtements et sortit se rafraîchir les idées.
 
La fraîcheur nocturne le saisit alors qu’il passa le seuil de l’humble demeure où il logeait. Au-dessus de lui, les étoiles étaient masquées par une masse nuageuse indistincte. Sur les remparts protégeant l’entrée de la cité, les braseros installés pour les gardes de nuit perçaient l’obscurité d’une lueur orangée. Instinctivement, Essekar dirigea ses pas vers ceux-ci et vers la silhouette en faction. Marchant en regardant ses pieds, le jeune homme essayait d’imaginer en quelles circonstances et avec quels mots il pourrait dévoiler ses sentiments à Fianna.  
 
Tout en parlant à lui-même pour voir si les phrases sonnaient juste, il arriva au pied des remparts, près de l’échelle de bois qui montait sur le chemin de ronde. De là haut, une silhouette se pencha au-dessus du vide pour l’identifier.
 
« Qui va là ? » fit la voix de Fianna.
 
Lorsqu’il reconnut le garde en faction, Essekar songea à faire demi-tour.
 
« Essekar ? Est ce toi qui dois me remplacer ? lança Fianna alors qu’il tournait les talons.  
- Non point, je faisais simplement une promenade nocturne pour me changer les idées. »
 
Disant ceci, Essekar révisa sa course et grimpa finalement sur les remparts pour rejoindre l’objet de ses pensées. Il s’accouda aux moellons de pierres et laissa son regard dériver sur l’horizon de ténèbres et de nuage. En dessous, la route par laquelle il était arrivé il y a de cela trois mois traversait la gorge encaissée qui constituait l’entrée de Roquefer. Au-delà, elle se perdait dans l’orée de la forêt. Essekar plissa les yeux alors qu’il crut voir un mouvement dans les ombres mais rien ne bougea.  
 
« Le ciel est traître ce soir, il sera difficile de voir arriver l’ennemi, » dit le jeune homme pour lancer un sujet de conversation.
 
Fianna le fixa. Elle le connaissait trop pour ne pas voir le trouble au-delà de ses paroles trop anodines pour sonner vrai.
 
«  Depuis que ton ami est partit, je sens bien que quelque chose t’obsède ? Lorsque nous étions enfants, nous avons été amis. Je sais que les années ont passé mais si tu souhaite parler à quelqu’un, je serais là. »
 
Essekar resta silencieux. Son désir d’avouer ses sentiments montait en lui mais il ne pouvait ouvrir la bouche ni trouver les mots. Pour contenir sa rage, il posa ses deux mains sur le parapet et pressura  les moellons de toutes ses forces.
 
«  Ne suis-je donc rien de plus qu’un souvenir pour ne pas être digne de partager ta peine ? demanda Fianna en voyant l’attitude d’Essekar.
- Ne devines-tu pas pourquoi je suis ainsi ? lâcha soudainement Essekar. Depuis que je suis revenu, je ne cesse de penser à toi. Toutes mes pensées et mes rêves sont tournés vers toi et uniquement toi. J’aurais voulu pouvoir me concentrer afin d’aider à reconstruire la ville et t’assister dans sa protection mais rien n’y fait ! Mon esprit et mon cœur ne peuvent se détourner de toi ! »
 
Essekar se sentit soudainement soulagé d’avoir enfin pu avouer ses sentiments, même si les mots n’étaient pas ceux qu’il avait répétés. Il guettait maintenant avec anxiété la réaction de Fianna.
 
Le visage de la jeune femme fut d’abord figé par la surprise, puis il se modifia en un regard de tristesse et de compassion.
 
« Il ne faut pas m’aimer, Essekar. Mon cœur est mort en ce jour où les Rongeurs d’Os ont ruiné nos vies. Maintenant que chacun compte sur moi pour défendre la ville, je ne peux pas me laisser aller à ces émotions. »
 
Fianna fit un pas en direction du colosse, ouvrant les bras pour le réconforter mais celui-ci lui tourna le dos et fit mine de redescendre l’échelle.
 
« Dans ce cas, fit Essekar, oublie ce que je viens de dire. Je partirais demain rejoindre Aldérick et tu n’auras plus à te soucier de moi. »
 
Sourds aux paroles de Fianna pour le réconforter, il retourna vers son logement. Lorsqu’il y fut, il se sentit vide et las. Dépité, il entreprit de remplir ses paquetages avec ses affaires.  
 
Il ne sut dire combien de temps s’écoula alors qu’il fixait ses sacs sans pouvoir bouger. La cloche d’alarme sonna soudainement et des cris vinrent à ses oreilles. Enfilant sa cotte de maille et son casque, il saisit FendLaRoche et courut vers l’entrée de la ville à l’idée que Fianna soit en danger.  
 
A l’instant où il sortit de la maison, il se baissa pour esquiver un coup d’épée porté par un cavalier lancé à toute allure sur son destrier. La grande rue était envahit par des sauvages en peau et en cuir qu’il reconnut comme les Rongeurs d’Os, mais aussi par des soldats en maille portant épée et bouclier. Des cavaliers parcouraient l’avenue et sabraient quiconque se dressait en travers de leur chemin. Ceux qui s’extirpaient des demeures étaient impitoyablement laminés par les cannibales et les guerriers dès qu’ils passaient les portes. Des cris de terreurs montaient des rues voisines, souvent suivit de rires sardoniques et d’appel au meurtre. Des volées de flèches enflammées sillonnaient les cieux pour incendier les bâtiments, s’abattant parfois sur de pauvres hères tentant de trouver un abri. Le villageois sonnant la cloche de toutes ses forces s’écroula criblés de traits. Son corps, tombant de la tour de garde, traversa le toit d’une maison en flamme dans un grand fracas.
 
 Remarquant Essekar sur le pas de sa porte, un soldat qui venait de mettre à mort un des habitants interpella alors ses compagnons. Portant une chemise de maille sans manche, l’homme dévisagea Essekar. Son regard s’arrêta sur l’arme titanesque qu’il portait.
 
« Oh ! Regardez celui-là ! Cela ressemble déjà plus à un guerrier ! Allons voir de quel acier il est fait ! »
 
Disant ceci, l’homme s’avança vers Essekar en enjambant le corps du pauvre hère qu’il venait de tuer. D’autres soldats ainsi que des Rongeurs d’os se retournèrent en entendant l’appel aux armes et la promesse d’un combat amusant. Des sourires mauvais et des ricanements machiavéliques leurs échappèrent alors qu’ils s’avancèrent vers Essekar. Celui-ci saisit FendLaRoche à deux mains, prêt à combattre.
 
« Venez-y, immondices ! » les invita-t-il, la mâchoire serrée et crispée par la rage.
 
La colère du jeune homme et la formidable taille de son arme sonnèrent comme une alerte pour certains tandis que d’autres acquiescèrent aux paroles comme une invitation au combat.  
 
Un Rongeur d’Os fonça tête baissée sur Essekar. Utilisant des griffes taillées dans des os, il tenta d’éventrer le colosse, mais un cercle d’acier se dessina dans l’air et lorsque le cannibale acheva son attaque, il réalisa avec horreur que son bras se terminait maintenant au niveau du coude. La douleur le submergea soudainement alors qu’un flot de sang jaillit du moignon.  
 
Délaissant le Rongeur, Essekar prit de court un autre attaquant. Le soldat plaça son bouclier en avant pour parer l’arme mais FendLaRoche le brisa en deux avec sa main. Alors qu’Essekar leva son arme pour achever sa victime, un Rongeur d’Os avança silencieusement dans son dos et lui laboura la chair avec ses griffes. Les os affûtés comme des lames percèrent les anneaux de métal et déchiquetèrent le dos d’Essekar.  
 
Canalisant sa douleur dans sa rage, celui-ci virevolta d’un demi-tour en faisant tournoyer son épée. Il l’abattit sur le flanc de l’homme. Du sang jailli alors que les os de la cage thoracique se brisèrent sous l’impact. Tandis que le soldat qu’il avait délaissé s’enfuit, d’autres ennemis s’avancèrent pour occuper sa position et profiter d’un angle mort du jeune géant.  
 
Essekar sentit de nouveau la cruelle morsure de l’acier dans son épaule. Il faisait tournoyer son épée, bougeant sans cesse pour offrir le moins d’opportunité à ses ennemis. FendLaRoche brisait les crânes et les membres, fracassait les boucliers et les lames, mais les ennemis semblait surgir sans cesse. Des soldats couverts du sang de leurs victimes sortaient des rues voisines, parfois chargé de sacs de butins ou portant une femme inconsciente sur l’épaule. Des Rongeurs d’Os jaillissaient des fenêtres des maisons envahies, le visage peinturlurés de sang frais. Les corps s’accumulaient devant Essekar mais le nombre d’ennemis ne semblait pas diminuer.  
 
Une lance perça sa défense et dessina une nouvelle estafilade sur sa cuisse. Son auteur, un des cannibales, ne vécu davantage pour s’en réjouir tandis qu’Essekar planta FendLaRoche dans sa poitrine. La lame ressortit de l’autre coté. Essekar posa son pied sur le Rongeur d’Os à présent à terre pour extirper son arme mais déjà les autres assaillants profitèrent de l’occasion pour l’attaquer. Essekar essuyait deux autres blessures avant de pouvoir se mettre en garde pour se protéger. La fatigue se faisant maintenant sentir alors que sa force diminuait avec chaque goutte de sang qui s’écoulait de ses multiples plaies. Même si elles étaient sans gravités, elles sapaient inexorablement ses forces.  
 
Essekar regarda ses ennemis afin d’anticiper la prochaine attaque. Une quinzaine de cadavres jonchait la rue à ses pieds. Au-delà, les maisons brûlaient maintenant d’un feu inextinguible. Les habitants de Roquefer gisaient sur le sol, criblés de flèches, empalé sur des lances ou lacéré de coup d’épées. Les cris des assiéges avaient cessé et Essekar craignait d’être le seul survivant. Une vision de Fianna en danger vint à son esprit mais il la chassa immédiatement pour se re-concentrer sur le combat
 
Il brisa la lame du soldat qui fit mine d’avancer vers lui et abattit FendLaRoche sur son cou maintenant sans défense. La fatigue l’empêcha de décapiter proprement l’homme ainsi qu’il l’avait envisagé mais  grâce au poids fantastique de FendLaRoche, il fracassa l’épaule et brisa le cou. Il se retourna vers les autres assaillants pour voir que ceux-ci avaient reculé de plusieurs pas et libérés un passage pour un cavalier.
 
Un homme vêtu d’une armure de plate complète noire le contemplait du haut du plus grand cheval de guerre qu’Essekar eu jamais vu. Son visage était masqué par un heaume et de son dos dépassait une épée à deux mains dont la taille n’avait en rien à envier à FendLaRoche.
 
« Amusant, fit le cavalier d’une voix rauque. Ainsi donc il y aurait un guerrier dissimulé parmi cette piétaille de cul-terreux ?
- Espèce de meurtrier, lança Essekar. Vient m’affronter et nous verrons si tu peux triompher d’autre chose que des femmes et des vieillards. »
 
Le cavalier donna un petit coup de talon à sa monture et celle-ci s’avança à pas lent vers Essekar.
 
« Et bien quoi ? réagit le jeune homme. Tu as peur de mettre pied à terre et de m’affronter à égalité ?
- Crois-tu vraiment, vermisseau, que parce que tu as vaincu quelques-uns uns de mes soldats tu deviens un homme que je traite en égal ? Tu n’es qu’un de ces paysans un peu plus fort qui as eu son heure de gloire grâce à la chance. Si tu veux que je combatte pied à terre contre toi, il va falloir me jeter de ma monture et me prouver ta valeur. »
 
Tandis que le cavalier répondait au défi d’Essekar, ses hommes scandèrent des cris et des clameurs, tout en formant un cercle autour des combattants. Levant leurs poings et hurlant des insultes à l’attention d’Essekar, les soldats et les Rongeurs d’Os se délectaient à l’idée de voir leur commandant leur offrir une mise à mort théâtrale. Celui-ci, les mains toujours sur les rennes de son cheval, attendait la réaction de sa victime.
 
Essekar, se rappelant les visages des disparus, concentra sa rage dans une seule et ultime attaque. Il chargea l’épée en avant afin d’abattre d’un seul coup le cavalier. Celui-ci se saisit de l’épée attachée dans son dos et avec une rapidité que ne soupçonnait pas Essekar, il para sa charge. FendLaRoche fut stoppé net dans un clash d’acier qui résonna et fit taire les spectateurs. Une fêlure se dessina dans l’acier de part et d’autre. Réalisant que son ennemi maniait une arme de facture égale à la sienne, Essekar recula mais l’homme fit bouger sa monture et martela de coup le jeune colosse.  
 
Essekar para et esquiva tout en reculant. Dès lors qu’il tentait de contre attaquer, FendLaRoche était stoppé d’un puissant coup.  
 
Si seulement je n’étais pas si fatigué, jura Essekar.
 
Décrivant un arc de cercle de bas en haut avec son espadon, le cavalier arracha FendLaRoche des mains d’Essekar. Celui-ci roula, esquivant une décapitation, pour aller récupérer son arme.
 
Quant même ! Quel guerrier ! pensa-t-il.
 
Lorsqu’il récupéra son arme, Essekar remarqua que la lame était maintenant sérieusement ébréchée, sinon bientôt brisée. Comprenant qu’il ne pourrait parer davantage les assauts, Essekar chargea de nouveau le mystérieux commandant.  
 
Je ne pourrais gagner qu’en prenant des risques, conclut Essekar.
 
Tentant le tout pour le tout, Essekar courut vers son ennemi en dégageant volontairement son flanc gauche, espérant attirer l’imposant espadon dans une feinte tout en calculant l’instant exact où il devrait bondir pour esquiver le coup mortel.
 
« Maintenant, » cria-t-il, alors que l’homme abattit son arme dans l’angle mort qu’avait ouvert Essekar.  
 
Exécutant une des roulades tant affectionnées par Aldérick, il plongea entre les quatre pattes du cheval pour ressurgir de l’autre coté. Se relevant, il arma FendLaRoche pour l’abattre sur le cavalier, espérant avoir exécuter son action avec suffisamment de rapidité pour le prendre de surprise. A l’instant critique, il entendit le juron du cavalier tandis qu’il ramenait trop tardivement son arme pour parer son flanc découvert.  
 
FendLaRoche glissa des mains d’Essekar tandis que toute sa force le quitta d’un coup. Incapable de faire un autre mouvement, il tomba à genoux en contemplant une flèche noire dépasser de son estomac.
Il tourna la tête pour voir un autre cavalier au-delà de la foule des spectateurs. Tenant un arc de métal noir, celui-ci engageait une autre flèche contre le fil tendu. Un autre projectile siffla dans l’air et Essekar sentit un second trait traverser sa cuisse.  
 
Son premier adversaire baissa son arme, contemplant maintenant le jeune homme impuissant et désarmé.
 
« Pourquoi êtes vous intervenu ? Il était mon adversaire. !
- Thaunn, il ne m’aurait pas déplu de le voir te fendre en deux, fit une voix féminine mais j’ai hélas encore besoin de tes services, aussi misérables soient-ils. »
 
Disant ceci, la jeune femme en cotte de maille noire engagea une troisième flèche sur son arc. Désormais immobile, Essekar ne put que contempler celle-ci le viser avec soin. Sa chevelure argentée tombait dans son dos comme une cascade d’eau en furie. Cependant, Essekar fut frappé par les traits de son visage tant ils ressemblaient à Aldérick, se demandant si une vision issue de la douleur et de la mort proche ne lui dissimulait pas la réalité.
 
La flèche fila dans l’air et se planter dans sa poitrine. Du sang lui monta dans la bouche et il cracha un flot rouge. Comprenant que tout était fini, il se laissa tomber sur le dos, fermant les yeux pour ne pas voir le coup fatal.
 
« Notre tâche est maintenant terminée ici. Regroupez-vous et partons avant l’aube, fit la jeune femme.
- Bien Maîtresse Freya », répondirent les soldats et les Rongeurs d’Os.
 
 
L’aube se leva sur les cendres et la ruine. Fianna contemplait les corps dans les rues. Elle reconnut des amis, des connaissances, et d’autres à qui elle avait parlés seulement quelques fois.  
Fianna grimaça. Son bras gauche pendait sur son coté, brisé alors qu’elle se remémorait la bataille.
 
Elle avait tiré toutes les flèches que contenait son carquois, mais lorsque ses assaillants étaient grimpés sur le rempart qu’elle défendait, elle avait compris que la fin était venue. Un coup d’épée avait désarmé la petite lame qu’elle gardait pour les corps à corps. Le soldat s’était alors jeter sur elle pour la maîtriser mais à l’idée de devenir captive de ce genre de brute, Fianna s’était jetée dans le vide, entraînant son adversaire avec elle.  
 
La chance avait joué en sa faveur car le corps de celui-ci avait amortit sa chute. Elle était néanmoins restée inconsciente des heures durant.
 
Au réveil, la douleur lui avait fait comprendre que son bras était brisé. Surmontant la peine, elle s’était relevée pour chercher des survivants.
 
Lorsqu’elle contempla la vision de ruine et de massacre qu’était désormais la rue principale, le désespoir serra son cœur. Les forces lui firent défaut pour avancer davantage et elle tomba à genoux, muette d’horreur.
 
Tandis qu’elle resta ainsi un moment, une silhouette se dessina à travers la fumée d’un chariot se consumant au milieu de la rue.  
Fianna aurait voulut réagir pour pouvoir faire face à un ennemi mais le désespoir eut raison de ses forces et elle resta à terre. Cependant, lorsqu’elle vit Essekar sortir de la fumée, elle regagna espoir, elle se leva pour aller à sa rencontre. Elle vit les trois flèches qui dépassaient de son corps. Profondément enfoncée, chacune était une blessure grave et générait un filet de sang qui s’écoulait tandis qu’Essekar avançait. Il tenait FendLaRoche comme un bâton de marche et s’appuyait dessus à chaque pas. Son visage était recouvert de suie et de sang et si ce n’était sa silhouette, Fianna ne l’aurait pas reconnu tant il était méconnaissable.  
 
« Fianna ? » fit Essekar d’une voix très faible.  
- Oui, j’ai été épargnée par miracle. Attend ! l’averti-t-elle alors qu’il fit un autre pas pour la rejoindre. Assied-toi et je vais inspecter tes blessures.
- Ce n’est pas nécessaire » fit Essekar, en lâchant FendLaRoche.  
 
Il fit mine de s’écrouler mais Fianna le soutint. Essekar laissa ses bras retomber sur la jeune fille, l’enserrant. Il posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux. L’enlaçant comme on étreint une amante, il murmura quelques mots à son oreille avec ses dernières forces.
 
« Tu n’imagine pas combien j’ai attendu cet instant. »
 
Des larmes qu’elle avait crues taries coulèrent de ses yeux lorsque Fianna réalisa qu’Essekar était mort.
 
 
-----------------------------------------------------------------------
 
Voilà !  
 
Court mais ce chapitre était déterminé quasiment tel quel depuis que j'avais entrepris d'écrire cette histoire :)  
 
Bientot la suite !


Message édité par deidril le 30-11-2005 à 14:21:14
n°3467866
docwario
Alea jacta est
Posté le 15-08-2004 à 19:40:56  profilanswer
 

cool ! la suite ! ;)

n°3472444
Damrod
Posté le 16-08-2004 à 12:43:43  profilanswer
 

très bon, cela fait plaisir de retrouver Essekar et Fianna.
Bientot des nouvelles d'Aldérick ?

n°3472903
deidril
French Geek Society Member
Posté le 16-08-2004 à 13:42:24  profilanswer
 

starket a écrit :


Ah au fait, t'as pensé a la bd? Parce-que moi aussi j'ai des scénarios(quoique tres vagues) dans tous les sens et dans tous les styles, et je songe souvent au couplage bd-roman.


 
Je ne suis pas du tout fan de la BD 'occidentale'. Qui plus est, la mode 'fantasy' qui dure depuis plusieurs années ne me captive pas vraiment, ni par les personnages, ni par les histoires.
 
Mon problème est de devoir attendre des mois entre deux volumes, sinon des années et cela m'est insupportable, surtout que je lis très rapidement donc une BD c'est lu en 30 mn.  
 
Par contre la fantasy jap, carrément oui... Bastard, Berserk, Fly, autant de series que je connais par coeur. D'avoir ds histoires de qualités qui durent sur 20 ou 30 tomes de 200 pages et d'attendre 2 ou 3 mois entre chaque volume est surement l'explication.
 
Enfin je ne me vois pas travailler comme scenariste d'un dessinateur.

n°3495504
starket
Posté le 18-08-2004 à 20:34:52  profilanswer
 

Je comprends ton point de vue. :jap:  
Et je partage ton avis sur les mangas ;)

n°3521474
Sebmtp
Posté le 21-08-2004 à 17:41:30  profilanswer
 

Salut tous,
 
Bon, ben, moi aussi, je trouve ça vraiment excellent.
J'imagine que tu as dû utiliser le Don de puissance pour donner un tel souffle à cette histoire... je trouve le résultat extraordinaire.
Chapeau bas.
 
Un petit mot sur l'intro qui n'a pas trop plu à d'autres. Moi je l'ai trouvée excellente. J'ai beaucoup aimé le "froid" de l'ambiance. Je la trouve originale et parfaitement adaptée au lieu et à la nature des ses habitants. Des détails à revoir, bien sûr, mais moi ça m'a plu. D'ailleurs, j'aimerais beaucoup en savoir plus sur les intrigues et les prophéties de ces sombres contrées.
 
Sur l'histoire de L&T moi je la verrais bien rester,  mais il faudrait effectivement que Thibault devienne un personnage principal. Il a le charisme pour, me semble t-il. Et puis un petit raccord entre les événements d'Yfor et la crise actuelle pourrait justifier que cette histoire prenne de la place.
 
En tout cas, bravo.
Ca fait longtemps que je les ais lus, mais l'ambiance de cette histoire me fait penser à une sorte d'improbable chainon manquant entre "Lyonesse" de Jack Vance et de la série des "Lestat" d'Ann Rice. Pour citer du South Park : "Ca me troue le c.."
Je suis fan.
Je prends ma place dans la file pour attendre la suite...
 

n°3632509
deidril
French Geek Society Member
Posté le 01-09-2004 à 23:51:22  profilanswer
 

Conjointement, j'avance dans 'Les Larmes du Spectre', laissant de coté Korigwene et Ranka au profit d'Aldérick et d'un nouveau personnage que vous allez découvrir la, maintenant. Je reprendrais Kory un peu plus tard, a partir de ce qu'elle est devenue après 'La Fille du Nécromant.' Ce dernier récit sera donc chronologiquement avant 'Les larmes du spectre.' ( logique puisqu'il est centré sur T&L )
 
Assez de blabla, place au récit.
 
 
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                    Les Larmes du Spectre
 
                    C H A P I T R E   V
 
 
Aldérick jura alors qu’il comprit qu’il s’était de nouveau perdu. La route de Fortavent, inutilisée depuis maintenant une génération, avait disparu sous les herbes hautes, les buissons, et bien sur la neige qui ne fondait qu’à la mi-printemps à cette altitude.
 
Scrutant les alentours, Aldérick réfléchissait à la meilleure option pour retrouver son chemin. Patient, Jenki s’assit sur son postérieur, attendant la décision de son maître.  
 
Depuis hier, ils avaient commencé l’ascension qui les mènerait des basses collines forestières à la vallée encaissée dans les montagnes où se trouvait Fortavent. Malheureusement, les signes qui délimitaient la route avait disparu et Aldérick ne se souvenait pas vraiment du trajet qu’il avait effectué pour la dernière fois lorsqu’il avait douze ans.  
 
Dans l’incertitude du chemin à prendre, Aldérick s’orienta vers le haut de la pente dans l’espoir de distinguer le lac des Haut Vents dès qu’il aurait pris de la hauteur. Autour de lui, de grands sapins limitaient la portée de sa vue. La forêt, bien que clairsemée à cet endroit, recouvrait les versants les plus bas des montagnes. La pente et les rochers bloquaient la vision et le ciel d’un blanc laiteux se mêlaient par trop à la neige pour distinguer les contours lointains. Aldérick leva les yeux vers les hauteurs. L’ascension à travers la neige sapait ses forces. Chaque pas était maintenant une corvée physique. D’ici peu, il lui faudrait placer son campement ou il n’aurait plus la force d’effectuer un trajet conséquent le lendemain. Il respira longuement et repartit, suivit par Jenki.  
 
Lorsque la lumière commença à décliner, Aldérick s’arrêta près d’un rocher suffisamment large pour offrir une protection contre les vents nocturnes.  
 
« Nous allons camper ici pour la nuit, » fit-il en s’adressant à Jenki.
Comme s’il avait compris de quoi il retournait, le vieux molosse aboya en guise de réponse et alla s’asseoir près du roc.
 
Trop fatigué pour faire du feu et cuisiner, Aldérick se contenta d’une ration de bœuf salé qu’il partagea avec son compagnon. Sitôt le repas expédié, Aldérick installa sa tente contre le rocher. Jenki s’y infiltra dès qu’elle fut montée et se coucha sur le coté. Quelques minutes plus tard, les deux voyageurs dormaient, blottis  l’un contre l’autre.  
 
                                    * * *
 
« Un mariage ? Mais pourtant, tu es déjà marié avec papa ? »
 
Alderick frémit dans son sommeil en entendant sa propre voix, plus jeune de quelques années.
 
« Ce n’est pas aussi simple que cela, » répondit Lantanna.  
 
Le sourire apaisant de sa mère calma le jeune Aldérick. Elle se baissa et le prit contre elle. Aldérick posa la tête sur son épaule et sa petite main caressa la longue chevelure argentée de sa mère, symbole de sa descendance eldryn.
 
Autour d’eux, la cour du vieux château fourmillait de serviteurs transportant des meubles et des draps pour préparer des chambres d’hôtes. D’autres installaient des tables et des bancs. Des tonneaux de vins et de bières s’entassaient près du rempart, des servantes recouvrirent les tables de nappes blanches brodées et placèrent des assiettes peintes, des couverts d’argents et des verres de cristal.
Petit à petit, la demeure princière de la maison Fortavent se préparait à héberger d’imminentes festivités. Malgré l’harassant soleil d’été qui dominait un ciel d’azur, les serviteurs s’affairaient en toute hâte comme les abeilles d’une ruche, commandés par le prince Thorvan en personne.
 
« Il faudra placer cette banderole plus haut, » ordonna-t-il à deux jeunes gens sur des échelles. Ceux-ci s’affairaient à accrocher un long ruban de tissu brodé des blasons des maisons Eldryns.
Le jeune Aldérick, venant d’apprendre d’une discussion entre deux servantes que tout ces préparatifs étaient l’occasion du mariage officiel de sa mère et de son père, s’était précipité dans la grande cour afin d’en avoir le cœur net.  
 
« Ton grand-père est un seigneur très important parmi son peuple, expliqua Lantanna une fois que le câlin eut apaisé son fils. Et il est de coutume parmi les Eldryns que le père choisisse l’époux de ses filles. Aussi ton grand-père refusa-t-il de venir à notre mariage et de valider celui-ci car celui-ci fût entièrement de notre fait et non pas pour contracter quelque alliance. »
 
Lantanna sourit, se gardant de dire qu’il avait également refusé de reconnaître Aldérick, Freya et Hagen comme sa descendance.
 
« Mais les temps ont changé, et pour faire valider notre union par ma famille, ton père et moi avons décidé de célébrer à nouveau notre mariage, mais cette fois-ci selon le protocole des Eldryns. Tu comprends ? »
 
Aldérick acquiesça, sans dissimuler une certaine incompréhension.
 
« Alors je vais pouvoir rencontrer mon autre grand-père ?  
- Je doute que l’empereur Aeryndel se déplace en personne, gaffa Thorvan qui écoutait la conversation d’une oreille distraite tout en dirigeant les efforts des deux jeunes gens sur les échelles.  
- Mon autre grand-père est empereur ? Comme l’empereur Kenwyth ?
- En quelque sorte, répondit Lantanna. Mais il ne viendra probablement pas. Par contre, tu pourras rencontrer ton oncle Sorael ainsi que ta cousine Soliana.
- J’ai une cousine ?
- Des dizaines, sourit Lantanna. Ne t’avais-je pas dit que j’avais seize sœurs et huit frères ? »
 
Le regard d’Aldérick s’illumina à l’idée de pouvoir jouer avec une légion de parents du même âge.
 
« Il faudra que tu sois gentil avec elle, continua Lantanna. Elle n’a pas été élevée comme toi et ne saura probablement pas jouer avec toi comme le fait Freya.  
- Je serais sage, promit Aldérick.
- Mon chéri, le complimenta sa mère en le serrant de nouveau dans ses bras. C’est un événement très important alors il faudra être le plus sage et le plus gentil des petits garçons.
- Promis, » jura Aldérick avec le plus grand sérieux.
 
Du haut des remparts, un garde de faction héla le prince Thorvan.
 
« Votre Altesse, une délégation kaemite est en vue à l’entrée de la ville, et elle se dirige par ici.
- Ce doit être le roi Raknar, » commenta Lantanna à l’adresse de son mari.
 
Celui-ci opina de la tête.
 
« Allons nous vêtir comme il convient pour recevoir notre voisin, répondit Thorvan.
 
Alors que ses parents s’éclipsèrent dans le château, Aldérick rejoignit le garde sur le chemin de ronde. Plissant les yeux, il scruta le petit groupe de voyageurs à pied qui cheminait à travers la petite ville. Un porte-étendard en tête, les kaemites traversèrent Fortavent à grand pas pour se présenter une heure plus tard à l’entrée du château.  
 
Penché par-dessus les pierres des remparts, Aldérick regardait avec admiration les grands guerriers kaemites au garde-à-vous. Race de géants musclés à la peau grise, les soldats ne portaient aucune armure et seulement un simple pagne en guise de vêtement. Leur corps était recouvert de tatouages arabesques bleu et rouge. Comme ils étaient imberbes et sans cheveux, les dessins les plus complexes ornaient leur crâne lisse et leurs joues en un vrai labyrinthe de courbes et de motifs. Ils tenaient tous à la main la kaemrark, cette arme traditionnelle composée d’un long manche de pierre et d’une lame d’acier blanc à un seul tranchant à chaque extrémité.
 
Aldérick imaginait sans peine ces terribles combattants à l’œuvre tandis que le plus grand d’entre eux, lequel devant avoisiner les sept pieds de haut ( ndla : donc 2m40 ) et dont les tatouages étaient d’émeraude et d’or, s’avança à travers la garde jusqu’à l’entrée du château.  
 
A la différence de ses compagnons, il portait une cape de plumes noires sur ses épaules et son front était ceint d’un cerclet d’un métal vert pâle.  
 
« Hola Thor-van, fit–il d’une voix puissante mais malhabile à prononcer le valarite.  
 
Le prince Thorvan traversa la grande cour pour venir le rejoindre. Désormais paré de ses atours princiers, il arborait une chemise de soie blanche sous une tunique noire sans manche brodée de motifs sylvestres faits de fils d’argents. A sa suite, Lantanna avançait dans une robe rouge en satin des plus délicates. Ses cheveux étaient maintenant tressés et noués par des foulards de ce même rouge.  
 
« Salut à toi, Raknar ! fit Thorvan en donnant l’accolade au géant kaemite qui se baissa pour l’occasion.
- Le voyage a été long et il fait bien chaud sur tes terres, » fit le géant en se redressant.
 
Comprenant l’allusion, Thorvan l’invita à entrer avec ses hommes.
 
« Il  y a de la boisson. Nous avons bien reçu les tonneaux de grukelbrau que tu m’as envoyé le mois dernier et nous avons également quelques vins eldryns suffisamment fort pour éveiller ton intérêt.
- Oh ! Cela mérite alors l’attention royale.  Présente-moi donc à ces liqueurs eldryns afin que je les compare à nos bières. Ceci à seul fin de déterminer si je devrais en faire le commerce, bien sûr. »
 
Le grand kaemite éclata d’un rire puissant mais communicatif. Les soldats de Fortavent ne purent s’empêcher de sourire à la bonne humeur et à la gaillardise du roi. Aldérick dévala les marches de l’escalier des remparts pour aller voir de plus près le géant. Alors que les soldats kaemites avancèrent dans l’enceinte du château, l’un d’entre eux vint à la rencontre d’Aldérick.  
 
« Bonjour à toi, jeune valarien. Je présume que tu es le prince Aldérick.
- En effet, répondit timidement celui-ci, intimidé par la taille et le physique du gaillard.
- Je suis Rorkail, fils de Raknar. Comme nous sommes de rangs égaux, nous pouvons nous appeler par nos noms et faire connaissance. »
 
Aldérick considéra le kaemite avec surprise. Il s’aperçut que celui-ci était effectivement plus petit que ses congénères ainsi que moins robuste. En outre, il ne portait pas d’arme. Son visage était moins carré et taillé que celui des soldats. Il portait en outre une couronne du même métal que celle du roi, bien que d’apparence beaucoup plus modeste. Toutefois, grand de cinq pieds et construit tout en muscle, il n’en demeurait pas moins l’égal sur le plan physique des plus forts soldats de Fortavent. Le prince kaemite s’approcha de lui et lui donna l’accolade. Aldérick se sentit un fétu de paille dans les mains du géant mais il éprouva une certaine fierté que le géant le reconnut comme son égal.
 
« Il fait fort chaud sur tes terres, Aldérick, aussi permet-moi de me munir d’une chopine de la contenance adéquate avant que nous devisions davantage. »
 
La remarque interpella Aldérick car le climat de Fortavent n’était pas vraiment clément, même en été alors que des vents glacés descendaient des montagnes et s’infiltraient dans la petite bourgade. Bien rare était les jours comme celui-ci où le soleil brillait de ses milles feux et où les bises glaciaires se trouvaient un autre chemin, les orages colériques et les pluies torrentielles étant le lot commun de cette saison.
 
Alors qu’il regardait le prince Rorkail réclamer une boisson, il se rappela les explications de sa mère à propos de leurs voisins, le clan kaemite de Dragnyr. Les Enfants de Kaem, également nommé le Bâtisseur, avait expliqué Lantanna, vivaient dans des forteresses à ciel ouvert taillées dans les sommets des montagnes. Habitués aux climats glaciaires, les cités des contreforts comme Fortavent constituaient les limites qu’ils s’autorisaient bien que certains, protégés par leurs dons, se soient aventurés dans les plaines. Parmi ceux-ci, Torgremm du clan Dragnyr était le plus connu car il était devenu l’architecte du premier duc d’Orphalyss et avait orchestré la construction de la citadelle ducale. Aldérick ne se souvenait pas avoir lu ou écouté de récit de voyageur ou de description de Dragnyr mais il avait eu l’occasion de voir de ses propres yeux l’incroyable construction qu’était la demeure des ducs d’Orphalyss. Il se rappela avoir demandé si la citadelle était aussi grande que celle du clan Dragnyr et sa mère avait alors cité les paroles de Torgremm.  
 
« La citadelle d’Orphalyss est l’œuvre de ma vie. Celle du clan Dragnyr est l’œuvre de millier d’entre nous. J’espère que ceci vous permettra d’imaginer alors ce que fus autrefois le Royaume des Cieux qui était la demeure de trois cent clans. »
 
Lorsque Rorkail revint munit de boissons, Aldérick se fit un devoir de lui faire visiter le château et ses alentours.  
 
                                   * * *
 
Le bruit du vent soufflant en bourrasque réveilla Aldérick. Jenki dormait toujours blottit contre lui. Il faisait encore noir aussi Aldérick ferma les yeux mais ne put trouver le sommeil. Les images de son rêve revenaient par à-coup dans son esprit. Il se revoyait montrant le lac des Haut Vents au prince Rorkail. Il se demanda soudainement si celui-ci avait survécu et était toujours en vie. Alors qu’il s’imaginait un Rorkail plus vieux d’une dizaine d’années, le soleil perla à travers les arbres, chassant les ombres. La toile de la tente passa du noir au gris alors que des rayons de lumières la traversèrent. Jenki ouvrit les yeux. Aldérick lui sourit et lui gratta la tête d’une main distraite.
 
« Reposons-nous encore quelques instants, lui dit-il. »
 
Comme s’il avait compris les paroles, Jenki posa sa tête sur le torse d’Aldérick et ferma les yeux, se laissant réchauffer par le soleil naissant.
 
                             * * *
 
Aldérick plissa les yeux et plaça sa main devant le soleil trop aveuglant. Celui-ci brillait intensément aujourd’hui malgré quelques nuages gris. Si ce n’était le vent incessant et glacial qui sifflait à ses oreilles,  Aldérick aurait trouvé le temps plaisant. Se tenant au sommet de la pente qu’il avait gravit en cette nouvelle matinée, il observait les alentours à la recherche d’un indice quant à la direction à suivre. Les vastes pentes vertes s’étendaient maintenant en grande partie sous lui. Devant lui la pente s’escarpait pour devenir rapidement abrupte et infranchissable. Les hauteurs au-dessus devenaient de plus en plus verticale et Aldérick reconnut les Monts de la Muraille, les falaises infranchissables au bord desquelles se trouvait Fortavent.
 
Il scruta longuement les paysages sur sa gauche et sa droite. Il sursauta presque de surprise lorsqu’il crut apercevoir au loin un miroitement argenté qu’il pensa être les reflets du lac des Haut Vents. A la fois impatient de retrouver Fortavent mais inquiet de ce qu’il y découvrirait, il repris sa marche, suivit de près par Jenki.
 
                            * * *
 
Les reflets argentés disparurent et réapparurent au fil des heures, selon que de gris nuages masquait le soleil ou qu’Aldérick se trouva bloqué par un gouffre ou un dénivelé qu’il lui fallut contourner. Alors que le soleil baissait pour bientôt disparaître derrière les collines, Aldérick finissait d’escalader un amas de rocher. Passablement épuisé par cette journée, il se laissa tomber dans la neige une fois au sommet. Devant lui s’étendait une vallée encaissée, un vaste champ de neige hérissé d’une forêt de ruines. Des murs écroulés et de vieilles poutres noircies sortaient de la mer blanche pour marquer l’emplacement de défuntes constructions. Au-delà, on devinait une ancienne route qui menait aux décombres d’un château. Le soleil couchant projeta alors ses derniers rayons sur le lac des Haut Vents et ceux-ci se reflétèrent en un miroitement argenté aveuglant. Aldérick aurait bien voulut que ses larmes fussent causées par cette lumière mais la vue de désolation lui perça bien trop le cœur pour contenir ses émotions.  
 
« Nous revoilà chez nous, soupira-t-il. »
 
En réponse à cela, le vieux chien geignit. Ils restèrent ainsi une heure durant à contempler le triste spectacle, avant de trouver le courage d’avancer à travers les ruines de Fortavent.
 
                            * * *
 
La lumière déclinait rapidement et Aldérick s’arracha à sa rêverie. Il s’était arrêté devant ce qu’il restait de la demeure de Valdrek et de  son père. La forge attenante à la maison restait plus ou moins en l’état. La vieille enclume du forgeron trônait au milieu des décombres. Au-delà, le four en pierre où l’on chauffait le métal était partiellement écroulé, fracassé par une grosse poutre qui s’était abattu dessus.  
 
« Valdrek, je suis désolé de ce qu’ai fait, dit Aldérick, s’adressant aux ruines. Je te promets que je trouverais la cause de cette guerre absurde, que je saurais pourquoi tu es devenu ce monstre que j’ai du tuer, et qu’une fois justice faite, ton âme trouvera le repos. »
 
Aldérick resta un moment silencieux avant de reprendre sa route vers le château familial. Alors qu’il s’en approchait, il contemplait les dégâts de la guerre et du temps. Les remparts s’étaient affaissés sur eux même. La tour de garde s’était complètement écroulé sur le flanc de la colline et certaines des plus grosses pierres avaient roulé ainsi sur plus de cent mètres de pente. Le premier et le deuxième étage du château proprement dit s’était effondré sur le rez-de-chaussée et bien qu’il restait une partie de la façade, elle ne donnait que sur un amoncellement gigantesque de pierres.  
 
Alors qu’il franchit l’ancienne porte, son pied buta contre une vieille lame qu’il mit à jour. Dans la cours du château, des squelettes blanchis dépassaient de la neige, tantôt empalé au sol par une lance, tantôt affaissé contre un mur. Aldérick se demandait combien d’entre eux étaient des personnes qu’il avait connu, des proches, des serviteurs ou des soldats qui l’avait vu grandir, sinon qui l’avaient élevé.
 
« Etablissons un campement, dit-il à Jenki. Et demain nous commencerons à donner de décentes sépultures à ces gens. »
 
Aldérick s’approcha des décombres de la tour de garde. La base du bâtiment était dégagée et offrait une section de mur en angle qui formerait une protection intéressante pour un campement. Le jeune homme dégagea son sac à dos de ses épaules et le posa à terre. Il commençait à sortir la tente de son paquetage lorsque Jenki aboya furieusement. Se retournant, Aldérick se retrouva face à face avec huit silhouettes le tenant en joue par des flèches encochées sur de longs arcs d’ivoires. Aldérick hoqueta presque de surprise tant ils avaient été discret et silencieux pour se placer dans son dos. Les visages et les formes de ces archers étaient dissimulés par de grands manteaux blancs de même couleur que la neige et Aldérick avait bien de la peine à discerner les contours de ces gens tant le tissu se mêlait à la couleur du sol. Le jeune homme tenta de discerner les traits de leur visage mais ceux-ci restait dans l’ombre de leur capuchon. Impassible, les mystérieux archers le fixaient de leur flèche, l’invitant silencieusement à ne pas bouger.
 
« Est-ce réellement toi, Aldérick ? »
 
Celui-ci tourna la tête sur sa gauche pour voir se dessiner dans ce qu’il avait pris pour un simple tas de neige, la silhouette d’une neuvième personne, parfaitement dissimulée contre la congère par le camouflage de ses vêtements. Celle-ci se découvrit pour révéler une chevelure argentée de longues et fines nattes tressées ainsi que le fin visage au teint d’albâtre d’une jeune eldryn. Son visage ressemblait tant à celui de sa mère qu’Aldérick se demanda réellement s’il ne rêvait pas.  
 
« Ne me reconnaît-tu pas ? Je suis Soliana, ta cousine. »
 
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Et voilà :)


Message édité par deidril le 26-05-2006 à 16:22:13
n°3646629
Damrod
Posté le 03-09-2004 à 12:38:45  profilanswer
 

enfin ! de nouveaux chapitres :bounce:  
très intéressant mais ce n'es pas assez. :cry: je veux la suite :bounce:


Message édité par Damrod le 03-09-2004 à 12:39:15
n°3647311
starket
Posté le 03-09-2004 à 13:46:29  profilanswer
 

Tres tres bien ;) , et comme d'habitude, on attends la suite! :)

n°3656574
deidril
French Geek Society Member
Posté le 04-09-2004 à 01:23:02  profilanswer
 

Allez hop, chapitre VI des Larmes du spectre
 
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                       C H A P I T R E VI
 
                            SOLIANA
 
Les  arbres frémirent alors qu’une bise souffla sur les collines. Un frisson déconcentra Soliana et elle perdit le contrôle de son Don d’Investiture. La lueur émeraude qui enveloppait l’épée sur ses genoux s’évanouit.  
 
« Malédiction, jura la jeune eldryn. Encore une journée de perdue. »
 
Depuis des jours, elle s’acharnait à ajouter un enchantement à son arme personnelle mais sa concentration finissait toujours par se briser dès lors qu’elle approchait des limites de sa Force d’Ame. Dépitée, elle se releva de sa position accroupie. Les longues heures qu’elle avait passées ainsi se rappelèrent à ses muscles et elle entrepris de marcher un peu pour les dégourdir.
 
Elle considéra un instant d’emporter son épée lors de sa promenade. La fine lame en acier eldryn reflétait la lumière en un éclat vert et bleu. Soliana rangea finalement l’arme dans son fourreau d’ébène et la lança à travers la fenêtre ouverte de sa maison. L’arme atterrit sur son lit, juste à l’endroit visé.  
 
La lumière de l’après midi déclinait peu à peu sur Chestyrea. Les grands arbres qui peuplaient la forêt enchantée frémirent sous les vents du soir qui commençaient à souffler. Les feuillages les plus élevés tremblèrent, libérant quelques feuilles orangées. Celles-ci planèrent un long moment au gré des vents avant d’atteindre le sol, situé quelque cent cinquante mètres plus bas.
 
Au loin, les contreforts montagneux de l’Enclume de Kaem, se masquaient peu à peu à la vue derrière un voile gris. La Porte de Varknar, l’entrée  de  l’antique royaume kaemite, s’éclaira alors d’une aura bleutée. Quatorze siècles après la disgrâce des kaemites, les enchantements de lumière pour diriger les voyageurs perdus dans la nuit fonctionnaient toujours. Malgré les dizaines de lieues qui séparait la construction de Chestyrea, la Porte était toujours visible, vaste tunnel creusé à même le flanc vertical d’une montagne.
 
Soliana détourna son regard des montagnes pour quitter le balcon de sa demeure. Construite en marbre blanc veiné de vert, la maison était niché entre les racines d’un des plus anciens arbres. Elle surplombait la plupart des autres demeures de la petite colonie eldryn, toutes bâties également à la base d’un des géants de bois et de feuille. Descendant l’escalier qui la mènera sur le sol, Soliana failli rater une marche tant elle était pensive quant à son nouvel échec.  
 
Aucune rue ni aucune marque ne délimitait les passages au sol. Celui-ci se recouvrait au fil des jours d’un feuillage brun et orange. Soliana se concentra et ajusta la couleur de son manteau qui changea alors du bleu azur en un vert foncé.  
 
Elle hocha la tête poliment en réponse à ceux qui, sur sa route, lui témoignèrent le respect dû à son rang, mais son esprit était déjà ailleurs, cherchant les mots qu’elle dirait à la personne qu’elle allait maintenant visiter.
 
Comme un fantôme, la jeune femme traversa silencieusement une partie de la forêt pour rejoindre une demeure de briques blanches construite au-dessus d’un torrent. Une roue de bois entraînée par le courant grinçait et soulevait des litres d’eau lesquels était déversée dans la maison elle-même par une ouverture prévue à cet effet. De petites cloches cuivrées accrochées juste sous la toiture tintèrent sous le vent alors que Soliana frappa à la porte. Sans attendre la réponse du propriétaire, elle entra.
 
Comme toutes les maisons eldryns, celle-ci ne comportait qu’une seule grande pièce. Un bassin creusé dans le sol occupait le centre de l’habitation. Des plantes aquatiques y poussaient au milieu d’une eau claire et limpide. Suspendus au plafond par des chaînes, des grands pots de terre cuite accueillaient des plantes exotiques ou hors saison. Juste à coté de la porte, des lianes recouvertes de fleurs aux longs pétales jaunes le long de lianes débordaient d’un des pots et s’entrelaçaient au sol. Soliana se baissa et approcha les doigts de celle-ci. Les extrémités de la plante frémirent et se déplacèrent, caressant la main  que tendait la jeune eldryn. Les fleurs prirent un instant une coloration dorée tandis que le contact se prolongeait.  
 
« S’il vous plaît, princesse, arrêter de séduire mes plantes. »
 
Soliana tourna la tête pour voir un jeune eldryn occupé à arroser un plan de roses noires. Sa longue chevelure argentée descendait dans son dos jusqu’aux jambes. Elle était tressée et ornementée de bijoux d’acier noir et d’argent semblable à des feuilles. Torse nu, l’eldryn était d’une maigreur presque maladive. Ses côtes apparaissaient à travers la peau et ses bras avaient l’air tout aussi fragile que ceux d’un nouveau-né. Il ne portait qu’un pantalon de toile marron en guise de vêtement, ses pieds nus foulant librement le plancher de pierre.  
« Aramys, j’ai encore échoué dans mon enchantement. Je pense que je vais renoncer à ces préparatifs et passer de suite à l’étape suivante. »
Pensif, Aramys, versa quelques gouttes verdâtres d’une flasque de métal sur les roses noires.
 
« Princesse, nous ne sommes pas pressés par le temps. Je pense que l’impatience est mauvaise conseillère et que nous ne devrions pas précipiter cette expédition.  
- Je sais tout cela mais l’inactivité me pèse maintenant que nous avons décidé de rechercher l’héritage de Lantanna.
- Certains ne se sont pas encore décidés et d’autres sont toujours très réservés quant à votre entreprise. Pourquoi ne pas vous donner encore un peu de temps ? Vous pourriez approfondir davantage votre maîtrise de la Force d’Ame par..
- J’exècre ces exercices de méditation et je ne supporte plus les leçons de ce vieux fou.
- Soit ! Je n’insisterais pas davantage. Quoique vous décidiez, vous aurez mon soutien.
- Je n’en attendais pas moins de toi. C’est pourquoi j’aimerais que nous soyons près pour partir avant le Deuil de Chestyrea. »
 
Aramys soupira et alla reposer sa flasque sur une étagère.
 
« Princesse, si tel est votre volonté alors cela sera ainsi. Mais tant que les affaires de l’empire retiennent votre père à Karador, vous êtes la seule apte à officier cette cérémonie.
- Ces vieux protocoles m’ennuient !
- Le Deuil de Chestyrea n’a rien d’un protocole ! » fit Aramys avec colère.
 
Un silence de malaise s’installa un instant alors que le jeune homme s’en voulut d’avoir haussé ainsi la voix pour parler à sa souveraine.
 
- Je suis désole princesse, mais la cérémonie est très importante pour renouveler les enchantements qui protègerons la forêt pendant l’hiver.  
- Vraiment ? J’avais toujours crû qu’il s’agissait d’une vieille festivité pour arranger des mariages. »
 
Aramys ne put s’empêcher de rire.
 
« Ceci est le fruit des jeunes gens qui, tout comme vous, profitent de cette fête pour danser et festoyer, mais l’origine en revient à ceux qui fondèrent la colonie et plantèrent les premiers arbres ici. Sans le renouvellement de la magie des enchantements, la forêt ne saurait perdurer telle qu’elle est.
- Vous devriez vraiment prêter plus d’attention à l’enseignement des anciens, finit-il par ajouter.
- Je crois que je ferais bien de réviser mon rôle dans le Deuil alors. »
 
Aramys sourit et remercia silencieusement les dieux de ce moment de clairvoyance de sa souveraine si excentrique et si peu traditionnelle. Remarquant que celle-ci restait sur le pas de la porte, il demanda :
 
« Avez-vous d’autres préoccupations que vous souhaitez partager, princesse ?  
- En fait, j’aimerais savoir s’il te reste de cet alcool de noisette que tu m’as fait goûter la semaine dernière.
- Bien sûr. »
 
Disant ceci,  
Aramys alla jusqu’à un coin de la pièce et souleva une trappe donnant directement sur le torrent. Une cage de fer maintenait fermement plusieurs bouteille au fer dans le frais de l’eau. Il en tira une à la coloration brune et alla la donner à Soliana.
 
« Merci, cela me motivera sûrement à préparer le Deuil. »
 
Puis, elle s’en alla par la porte avec un petit geste d’au revoir. Aramys la regarda partir avec émotion. Il faisait partie des gardiens de Soliana, ces jeunes enfants qui s’étaient portés volontaire durant l’enfance pour protéger et servir personnellement la nouvellement né du seigneur régent Sorael. Le serment le liait à vie à la fantasque princesse mais jamais il n’avait regretté son choix. Il se souviendrait toujours de cette aube de rose et d’orange qui se levait quand lui et les autres avaient prêté serment autour du berceau de Soliana. Ils avaient alors juré de servir loyalement la princesse jusqu’à leur mort, sacrifiant leur vie pour la sauvegarde de celle-ci si nécessaire. Aramys songea alors que le plan fou de Soliana l’amènerait peut être à devoir honorer son serment plus vite qu’il ne l’aurait jamais pensé.
 
                              * * *
 
Six semaines plus tard, les géants sylvestres de Chestyrea abandonnaient leurs dernières feuilles, nimbant le sol d’une ultime couche avant la neige hivernale. Comme chaque année, les eldryns procédaient au deuil de la nature en brûlant les feuilles mortes sur de grands bûchers. Chaque habitant de Chestyrea abandonnait alors ses occupations et son métier pour quelques jours et contribuait à collecter dans un recueillement tout religieux les précieuses dépouilles des arbres. Feuilles, branches cassées, morceaux d’écorce, souches, tout cela était collecté et rassemblé sur de grandes esplanades de pierres uniquement consacrées à cette cérémonie millénaire. De la princesse Soliana jusqu’au chasseur miteux, de l’ancien de la cité jusqu’au jeune bambin sachant à peine marcher, tous participaient au deuil à leur manière.  
 
Le devoir de Soliana était maintenant de pleurer chaque amoncellement avec le Chant du Deuil, une antique complainte chargée d’émotion et de signification. Le rituel prenait alors tout son sens lorsque la princesse utilisait son Don d’Investiture pour que la musique devienne un enchantement qui fortifierait les arbres pour l’hiver. Les dépouilles végétales se nimbèrent d’une douce pâleur orange alors que Soliana chantait, les yeux fermés, libérant sa Force d’Ame au gré des paroles.
 
Le soir venu, les esplanades brillaient dans la nuit d’une aura orangée. Chargés de l’énergie de l’enchantement, les bûchers étaient prêts à libérer la magie dès lors que les flammes les consumeraient. De chaque maison, les eldryns sortirent en procession, le plus ancien de la famille en premier pour terminer par le dernier-né, chacun tenant une torche allumée en main, leur visage caché en partie par un capuchon. Les eldryns s’avancèrent, pieds nus sur le sol maintenant de nouveau vierge, sur la terre fraîche et froide de l’automne. Il s’arrêtèrent devant ou en chemin vers la demeure de Soliana et attendirent. Lorsque la dernière lueur du soleil eu disparut, la princesse apparut à la porte de sa demeure. Enveloppée dans une robe blanche et soyeuse, son visage n’était qu’en partie visible, masqué par une capuche du même tissu qui descendait jusque sur les yeux. Elle s’avança alors pour parcourir le chemin délimité par la population. Portant haut une torche, Soliana murmurait les derniers couplets du Chant du Deuil. Alors chacun des eldryns se joignit au chant et leur voix devinrent un mélodieux et puissant murmure.
 
Aramys vit passer Soliana devant lui et la salua discrètement d’un hochement de tête. La princesse lui adressa un petit clignement d’œil tout en conservant la droiture et la majesté qu’imposait la cérémonie. Aramys se sentit soulagé lorsqu’il vit que sa protégée avait suivit la tradition au détail prêt. La princesse parcourut lentement la forêt, enveloppée par les murmures des autres eldryns.  
 
Arrivée au bord de la première esplanade de pierre, elle redressa la tête pour contempler le bûcher. L’amoncellement de feuilles et de bois morts atteignait presque cinq mètres de haut. Elle reconnut dans les ballots d’herbes séchés des cœurs-de-renard qui ne poussaient qu’en lisière de la forêt, à dix lieux d’ici, ainsi que des épines de sapins, collectés sur les collines séparant la forêt de la montagne, à trente kilomètres au nord. Solennellement, Soliana se baissa pour enflammer le bord du bûcher, puis s’en alla au suivant. Derrière elle, les eldryns s’organisèrent en une longue file de plusieurs centaines de mètres. Chacun à son tour répéta les gestes de la princesse et contribua à chacun des bûchers par une flamme de sa torche.  
 
La procession dura des heures, jusqu’à tard dans la nuit. Lorsque le dernier eut contribué au dernier bûcher, les flammes de ceux-ci s’élevèrent alors dans le ciel sous l’effet de l’enchantement de Soliana, jusqu’au-dessus des arbres. Des piliers de lumières et de flammes montèrent dans la nuit rejoindre les étoiles avant d’éclater en des millions de particules. Celles-ci flottèrent dans les airs, se dispersant sur toute la surface de la forêt. Les eldryns ôtèrent leur capuchon et contemplèrent l’illumination de la forêt dans un silence absolu.  
 
Après de longues minutes, les lumières retombèrent, touchant un arbre ou se mêlant au sol. La forêt fut à son tour imprégnée de l’aura colorée, marquant la réussite de l’enchantement. Les eldryns poussèrent alors des cris de joie et de célébrations. Plantant leurs torches dans le sol, soigneusement à l’écart des arbres, les eldryns se dévêtir de leur manteau et de leur capuche, arborant des tenues légères, des tuniques sans manche descendant jusqu’au nombril, de courte robe pour les femmes et des braies coupées aux genoux pour les hommes.  
Les musiciens s’approchèrent alors de grands tambours construit dans des portions des troncs des arbres décédés recouvertes de peaux tannées et étendues à l’extrême. Les maestros eldryns commencèrent alors à battre un rythme rapide et endiablé. D’autres apportèrent de longues flûtes en bois rares et ajoutèrent leur musique au son des grands tambours qui résonnaient maintenant dans toute la forêt. Les eldryns commencèrent alors à danser avec grâce et rythme, les plus anciens laissant la scène aux plus jeunes, cadençant leur entrain en frappant des mains.  
 
Soliana prit sur elle de rencontrer chacune des personnalités de la cité, les félicitant pour leur participation et pour la bonne participation de la partie de la population sous leur influence. C’est alors qu’un jeune eldryn aux cheveux court l’attrapa par le bras et l’attira dans une ronde d’une centaine de participant.
 
« Lâchez donc les anciens, princesse, et dansez avec nous ! »
 
Elywenn s’empara de la main de Soliana tandis que les danseurs repartaient, frappant la terre de leurs talons au rythme des tambours. S’abandonnant à la musique, la princesse poussa un cri de joie lorsque l’émotion de la danse la saisit. A son tour, elle marqua de ses pieds nus en sautillant la terre de la forêt.  
 
Prodige de la nouvelle génération guerrière, Elywenn dansait divinement, se déhanchant avec grâce, exécutant des cabrioles et des acrobaties au centre de la ronde. A leurs tours, d’autres esthètes firent preuves de leur souplesse, puis Elywenn exécuta une nouvelle prestation. Revenant dans la ronde, il prit la main de Soliana et l’attira au centre, pour l’inviter à faire à son tour son numéro.
Rouge de confusion, Soliana ne sut quoi faire, malgré l’habitude de parler et de se montrer en public. Les danseurs l’encouragèrent en frappant des mains et en scandant son nom. Saisissant deux torches, elle exécuta alors sa danse en maniant les bâtons enflammés comme des armes, utilisant les mouvements venant de son entraînement à l’épée. Espérant n’avoir pas trop été ridicule, la princesse termina en lançant ses deux torches dans les airs et en les reprenant à leur retombée les mains dans le dos, petit numéro qu’elle pratiquait depuis son plus jeune âge. Les eldryns saluèrent la prestation d’un vacarme de sifflement, d’applaudissement et de cris.
 
Les danses et les chants continuèrent jusqu’à l’aube tandis que la forêt s’imprégnait doucement de la magie du Chant du Deuil. Regagnant sa demeure accompagnée de Elywenn, Soliana était plus que fourbue. Le jeune guerrier semblait infatigable et impossible à faire taire, la complimentant sur ses danses. La princesse lisait clairement les émotions de Elywenn sur son visage et savait combien le jeune eldryn l’aimait. Elle savait combien il lui coûtait de demeurer à ses cotés comme gardien et d’étouffer ses sentiments tandis qu’il la côtoyait tous les jours, participant aux même entraînements, partageant ses instants de joies parfois ses moments secrets. Lorsque les deux amis arrivèrent à la porte de la demeure princière, ils s'arrêtèrent et restèrent silencieux. Soliana vit combien Elywenn était tenté de révéler ses pensées, sous le coût de l’émotion de la fête. Sachant combien il regretterait par la suite de briser son serment et combien était impitoyable la justice envers les gardiens parjures, elle brisa le silence.
 
« Merci de m’avoir raccompagné, Elywenn. A demain. »
 
Ouvrant la porte, elle lui lança un dernier petit geste d’au revoir et laissa son jeune gardien devant sa maison. Elywenn resta un moment tandis que la forêt s’illuminait des premières lueurs du nouveau jour. Comprenant l’intention de Soliana, il la remercia discrètement avant de se diriger vers sa demeure.  
 
« Merci princesse, murmura-t-il du bout des lèvres.
 
                          * * *
 
« Les nouveaux manteaux sont terminés, les arcs ont été investis avec de la précision et de la puissance. J’ai confectionné également un élixir qui vous permettra de réussir la préparation de votre arme personnelle. »
 
Le jeune mage chauve caressa sa barbiche argentée tandis que Soliana sirotait une tasse de thé, confortablement installée dans un fauteuil à bascule. La demeure de Filéas était l’une des plus grandes mais aussi l’une des plus éloignée, située à presque deux heures de marche de celle de la princesse. Le luxe reflétait le prestige de l’eldryn. Soliana savait pertinemment que Fileas avait juré d’être son gardien uniquement pour avoir la possibilité de suivre l’apprentissage auprès d’un mage renommé. Sans cela, à cause de sa naissance modeste, Fileas aurait, au mieux, été le quatrième ou cinquième disciple d’un magicien de bazar. Mais en tant que gardien de la princesse, il avait été personnellement présenté et recommandé par le régent au vieux Telavius, mage de renom et ancien de la cité.  
 
« Tenez princesse, inspectez vous-même le résultat, » ajouta le jeune mage. Allant chercher un manteau à capuchon en soie précieuse dans une armoire, il le déposa sur la table face à sa souveraine.
 
Soliana palpa le tissu du bout des doigts. Bien que le mage n’en laissa rien paraître, elle sentit que sa présence l’indisposait, préférant sans doute se replonger dans ses études. Autant elle prenait soin des gardiens avec lesquels elle avait créé des liens, autant Soliana n’avait aucun regret à commander et utiliser Filéas contre son gré. Fier, orgueilleux, égocentrique, méprisant, l’eldryn était pourtant parvenu à parfaire son apprentissage pour obtenir le rang de magicien, et contre toute présomption, réussir l’épreuve difficile et exigeante pour celui de mage à un âge où la plupart n’avait pas encore éveillé leurs Dons. Pour autant qu’elle le sache, Filéas était le plus jeune à recevoir ce titre, tout peuple confondu. Seul le légendaire Shalakwar, le disciple personnel de la plus grande archimage des eldryns, avait concurrencé cette performance, cinq siècles plutôt.
 
« Cela me paraît bien, conclut Soliana. Donnez-moi deux arcs que je les essaye. »
 
S’exécutant, Filéas ramena deux longs arcs d’ivoire ainsi que deux carquois plein à craquer. Soliana parcourut la surface polie de ses doigts, suivant les arabesques noires des enchantements investis dans les armes. Tendant la corde avec deux doigts, Soliana testa un moment la souplesse de l’arc.
 
« Cela me semble parfait Filéas, comme toutes vos œuvres. » jugea la princesse.
 
Elle s’autorisa un sourire, sachant que la perfection de son travail n’était dû qu’à son immense orgueil et non pas à un désir de répondre à ses ordres. Sachant cela, un petit compliment pour fidéliser le mage ne coûtait rien. Filéas s’inclina légèrement en réponse au compliment.
« Je suis à votre service, princesse. »
 
 
Deux heures plus tard, de retour dans les bois du centre de la forêt, Soliana se dirigea vers les terrains d’entraînements. Les plus jeunes s’y entraînaient avec les plus expérimenté, du garde aguerrit au sculpteur de bois en pratiquant occasionnel. Un des maîtres d’armes effectua une révérence avec toute la grâce des sabreurs eldryns lorsque la princesse passa près de lui.
 
« Princesse, merci de partager votre précieux temps avec nous, fit le professeur.
- Merci maître Keloryn, votre parler n’a d’égal en finesse que votre sabre, sourit la princesse.
 
Maître épéiste, Keloryn entraînait les eldryns de Chestyrea depuis deux cent ans. L’élégance, les traits de l’esprit, la patience du gentilhomme l’avait rendu très populaire et sa renommée avait même atteint le palais de l’empereur où on l’avait appelé pour être le tuteur d’une des princesses, mais Keloryn avait décliné l’invitation pour rester dans cette forêt qu’il chérissait.  
 
« Est ce que vous pourriez appeler Rianne ? J’ai à lui parler.
- Bien sûr princesse, je vais chercher votre gardienne dans l’instant. »
 
Soliana le regarda se diriger vers un groupe qui s’entraînait au combat par paire pour parler à l’une de ses étudiantes. Après avoir rangé son épée sur un râtelier au pied d’un des arbres, Rianne courut rejoindre Soliana. Les yeux de plusieurs jeunes gens la suivirent du regard et Keloryn frappa même les doigts d’un eldryn particulièrement distrait. Soliana reconnaissait avec mauvaise grâce que Rianne mélangeait l’esthétisme des athlètes et la beauté des courtisanes. Les rumeurs lui prêtaient d’ailleurs un nombre incroyable de soupirant. La jeune guerrière, peu respectueuse des traditions, salua sa souveraine d’une main en épongeant la sueur de son front avec sa tunique.
 
« Salut à toi, Soliana,
- Salut à toi, Rianne, » sourit la princesse, toujours heureuse de pouvoir dialoguer avec son amie car elle était la seule à faire fit du protocole pour lui parler au singulier.
 
« Filéas a terminé ses préparatifs et j’aimerais que nous testions ces arcs. Je voudrais ton avis pour être sur de leur qualité.
- Bien sûr, répondit Rianne en empoignant une des armes. Je n’aime pas trop Filéas mais je reconnais que son travail est toujours de très bonne qualité, ajouta-t-elle en soupesant l’arc. Allons nous exercer sur cette cible, là bas. »
 
Les deux jeunes filles allèrent jusqu’à une série de mannequin de paille situé contre le mur arrière de la caserne. Tour à tour elle décochèrent leurs flèches, reculant pas à pas après chaque salve pour tester la précision à grande distance. Si la princesse parvenait à faire illusion sur les premiers tirs, elle se contenta de regarder Rianne dès lors qu’elles étaient à plus de cinquante mètres de la cible. Les flèches de la magnifique guerrière faisaient presque toute mouche au cœur ou à la tête. Une fois carquois vidée, Rianne s’estima satisfaite.
 
« Ce sont de bons arcs et les enchantements sont intéressants. Les flèches tirées ne vibrent jamais quelle que soit la force et la distance, de plus la puissance ajoutée permettra facilement de percer l’acier valarien. »
 
Soliana préféra ne pas répondre. Malgré toutes ses qualités, Rianne conservait sa rancœur envers les humains, pleurant toujours son père disparut dans les combats de Fortavent.
 
« Bien, finit-t-elle par dire. Il me reste à achever mes préparatifs personnels et nous pourrons alors nous éclipser. »
 
                                * * *
 
A peine une semaine plus tard, par une nuit sans lune, Soliana sortait discrètement de sa demeure. Un sac en bandoulière, elle se faufila contre le mur de sa maison comme une ombre, son manteau la dissimulant parfaitement tel un caméléon. A pas de loup, elle pris le chemin de la demeure d’Aramys.
 
Celui-ci contemplait son paquetage, ressassant mentalement la liste des objets qu’il devait absolument emmener. Il vérifia une dernière fois qu’il avait les herbes de guérison, les baumes cicatrisants, les élixirs d’endurance et les composantes pour préparer de nouvelles mixtures si le besoin s’en faisait sentir. Sentant que l’heure était proche, il s’agenouilla alors contre une petite armoire de bois et en ouvrit les battants. A l’intérieur, des figurines de jade entouraient une sculpture en ivoire de la déesse Eldrya. Respectueusement, le jeune eldryn courba la tête devant la représentation divine.
 
« Père, mère, implora-t-il à l’intention des figurines, glorieux ancêtres, ô grande déesse, je vous salue et vous honore. J’essaye de vivre avec la sagesse que vous m’avez transmise et de respecter ces principes qui furent votre ligne de conduite. Aujourd’hui plus que jamais j’ai besoin de vos conseils afin d’assister notre princesse en ces temps fatidiques. Puissiez-vous me guider lorsque la raison me fera défaut. Puissiez-vous éclairer notre chemin lorsque les ténèbres nous envelopperons. »
 
Aramys baissa alors la tête jusqu’à toucher le sol. Il resta ainsi un instant, puis se releva, ferma le petit sanctuaire, chargea ses affaires sur ses maigres épaules. Se retournant, il jeta un dernier coup d’œil à ses plantes, espérant que son voisin en prendra soin ainsi qu’il le lira dans la lettre qu’il trouvera demain matin. Il disparut dans la nuit en fermant délicatement la porte derrière lui.  
 
Il se dirigea vers un des arbres de la forêt, celui que l’on appelait le Boiteux car l’une de ces racines évoquait un pied mal formé et dissimulait une petite caverne où les jeunes enfants se réunissaient parfois à l’écart des adultes. Rianne était déjà là lorsqu’il se glissa entre les racines pour pénétrer dans la grotte. Elywenn arriva peu après, puis se fut Poeran. Le tuteur de la princesse paraissait très mécontent d’avoir été prévenu au dernier moment. Sans doute celle-ci craignait qu’il ne fasse tout pour compromettre l’entreprise, mais maintenant il se devait d’obéir à son serment de gardien. A l’opposé des deux guerriers déjà présent, le scribe paraissait fort mal préparé pour une excursion à tel point qu’il glissa  en entrant et c’est sur les fesses qu’il atterrit dans la grotte. Aryon se faufila dans l’antre juste derrière lui et l’aida à se relever. Le chasseur eldryn les salua d’un hochement de tête avant de se poster à l’entrée en faction, l’air taciturne comme à son habitude. Il annonça d’une voix plate l’arrivée de Filéas et celle de Valeckwyr, un demi eldryn qui avait rejoint les gardiens de Soliana il y a à peine deux ans.  
 
« Les gardiens sont au complet annonça Elywenn. Il ne manque plus que noter princesse préférée et nous pourrons partir. »
 
Soliana se faufilait à travers le terrain d’entraînement sans un bruit. Passant devant la caserne, son manteau changea de couleur, se mêlant au blanc des murs pour la rendre invisible. Comme elle ne vit personne, elle quitta l’ombre du bâtiment pour se diriger vers le Boiteux.  
 
« Où allez-vous princesse ? »
 
Soliana se retourna pour voir Keloryn adossé à un arbre. Elle se figea, espérant que son camouflage la soustrairait aux yeux du guerrier mais il n’en fut rien, celui-ci la fixant toujours directement dans les yeux.  
 
« Il est bien tard pour une promenade et ceci n’est pas la parure qui sied à une jeune femme de votre qualité. Puis-je insister et vous demander votre destination ? »
 
Abandonnant la discrétion, la princesse chassa l’illusion créée par son vêtement et avança jusqu’au maître d’arme.  
 
« Je dois entreprendre un long voyage, maître Keloryn, une quête que je suis seule à pouvoir accomplir. Je vous demande de me laisser passer et d’être discret quant à mon départ.
- Alors souffrez que je vous accompagne, princesse. Le monde du dehors est dangereux et mon épée vous sera précieuse, bien plus que celle de tous vos gardiens, que j’ai vu se faufiler sous le Boiteux.
- Je ne peux pas vous demander cela, maître Keloryn. Vous vous devez de rester ici pour continuer à enseigner.
- Rien n’est plus important en ces temps que la vie de ma souveraine, répondit Keloryn. Et s’il le faut, je suis prêt à prononcer le serment des gardiens car, foi de Keloryn, je ne vous laisserais pas partir sans une bonne garde. Je sais aussi que quoique je dise, vous ne renoncerez pas. Aussi, … »
 
Keloryn sortit sa lame de son fourreau et la tendit à Soliana.
 
«Acceptez que mon bras devienne votre bras, que mon bouclier soit votre bouclier, que mon arme soit votre arme. »
 
Faisant fis du long protocole du serment des gardiens, Keloryn avait directement récité la dernière phrase. Soliana hésita puis pris la lame, posa un chaste baiser sur celle-ci et la rendit à son nouveau gardien.
 
« Que mon souffle anime votre esprit, que mon sang soit votre vie. J’accepte votre serment, gardien Keloryn. »
Celui-ci se releva, rengainant l’épée que lui rendit Soliana.
« Une bonne chose de faite. Maintenant que votre expédition est au complet, vous pourriez m’en confier la destination ? »
 
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Et vala, un de plus :) Je sais ca saute du coq à l'âne mais ce n'est pas un VeraCruz. Les 2 3 chapitres suivants sont consacrés à Soliana d'ailleur.


Message édité par deidril le 30-11-2005 à 14:23:29
n°3656748
deidril
French Geek Society Member
Posté le 04-09-2004 à 01:43:20  profilanswer
 

Beuh, y'a plein de faute et y'a des paragraphes avec moult repetitions. Ca se sent que j'ai écris ca distraitement en regardant la nouvelle Star Ac :(

n°3671670
starket
Posté le 06-09-2004 à 12:34:41  profilanswer
 

Star ac, c'est mauvais pour l'esprit :whistle: , allez, la suite! ;)

n°3681585
Damrod
Posté le 07-09-2004 à 10:48:29  profilanswer
 

up du mardi : la suite ! :bounce:

n°3694080
deidril
French Geek Society Member
Posté le 08-09-2004 à 14:34:02  profilanswer
 

Et hop, Chapitre VII. Je remarque qu'il n'y a plus trop de réponses critiques, hormis 'suite'. Pourtant c'est la la raison qui pousse les auteurs amateurs à poster ici : une envie de lire des critiques sur nos precieux petits textes.
 
Donc va falloir vous bouger si vous voulez la suite :)
 
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                         C H A P I T R E  7 des Larmes du spectre
 
Soliana se retourna pour contempler une dernière fois les grands arbres majestueux de Chestyrea. Les titans de bois avaient perdu leurs couleurs, volées par l’automne. En cette aube pluvieuse et grisâtre, leurs silhouettes noires qui se mêlaient aux nuages les plus bas, étaient des plus lugubres.  
 
La princesse et ses gardiens avaient cheminé toute la nuit pour quitter les terres eldryns avant que l’aube ne pointe. Maintenant que cela était fait, Soliana éprouvait un pincement au cœur en regardant une dernière fois sa forêt. Les forts risques de son entreprise pourraient très bien l’empêcher de revoir un jour son pays et son peuple, aussi cela l’émut de contempler sa terre natale, sachant qu’elle fabriquait peut être les derniers souvenirs qu’elle aurait de Chestyrea.
Percevant la tristesse de sa princesse, Aramys fit demi-tour et alla la réconforter.  
 
« Si nous sommes chanceux princesse, nous reviendront pour assister au Chant du Renouveau. »
 
Soliana acquiesça et se détourna des arbres.  
 
La petite troupe se dirigea vers le sud et les marches de l’empire, évitant soigneusement les contrées les plus peuplées de l’ouest. Un orage avait du éclater pendant l’été et provoquer un incendie car les collines n’hébergeait plus que les cadavres noircis de milliers d’arbres. Le terrain devenait boueux au fur et à mesure de l’avancée. Privée de végétaux, le sol se transformait sous les pluies en un bourbier infâme. Le voyage se transformait au fil des jours en un cauchemar.  
 
 
Il ne fallut guère longtemps avant que Porean ne commença à râler.
 
« Quand je pense qu’il y a trois semaines, clama-t-il pour lui-même autant que pour la princesse, je me reposais dans mon fauteuil en osier, sur le balcon de ma maison, observant les enfants jouer en contrebas en sirotant de ce vin à l’orange que j’aime tant. Et aujourd’hui, me voilà pataugeant dans la boue, prodiguant repas et amusements à la vermine grouillante et volante. »
 
Porean sentit alors quelqu’un le stopper. Il se retourna pour voir que Keloryn l’avait rejoint et arrêté de sa main ferme sur son épaule.
 
« Les marches de l’empire n’ont jamais été des contrées sûres. Des clans de Hyargs, descendant des soldats de la deuxième légion, y habitent depuis la Grande Guerre. Mieux vaut être discret.  
- Des Hyargs ? demanda Porean une première fois.
- DES HYARGS ? demanda-t-il de nouveau alors que Keloryn hocha de la tête en se dirigeant de l’avant. Mais par Eldrya, que fais-je ici ?
- Vous respectez votre serment comme nous tous, intervint Aryon qui remontait à vive allure la file des gardiens pour aller inspecter le terrain devant. Alors taisez-vous. Si jamais vous nous faites repérer, je vous prendrais pour bouclier. »
 
Arc en main, le chasseur semblait effleurer la boue dans laquelle pataugeait péniblement Porean. Ne laissant aucune empreinte, ne pliant aucune herbe sur son passage, l’éclaireur eldryn était la discrétion même. Arc à la main, il remonta en courant jusqu’à Rianne qui ouvrait la marche et qui s’était arrêté. Les brumes matinales avaient maintenant recouvert toute la région. De la colline où ils se trouvaient, les vallées en dessous étaient masquées par une mer de brouillard. Les bas nuages et la pluie incessante rendaient l’orientation et le repérage hasardeux et imprécis.  A une dizaine de mètres d’eux en contrebas, la terre qui supportait un grand arbre calciné céda, trop imbibée d’eau. L’arbre bascula et le terrain glissa, créant une avalanche de boue, de souches et de bois morts.
Les voyageurs s’arrêtèrent pour regarder l’éboulement dévaster toute la pente jusqu’à l’entrée d’une vallée quelques trois cent mètres plus bas.  
 
Aryon se retourna vers Soliana.
 
« Princesse, je vais chercher un chemin sûr. Rianne peut vous guider en attendant mon retour. Je vous rejoindrais plus tard. »
 
La princesse acquiesça et l’éclaireur s’élança dans les brouillards. Elle le regarda disparaître dans la grisaille. Cela faisait seize jours qu’ils avaient quitté Chestyrea et qu’ils avaient dû endurer un temps insupportable. Elle n’avait révélé à personne hormis Aramys le pourquoi de l’expédition, leur confiant seulement que leur destination était le sud ouest du Saint Empire. Le serment des gardiens obligeait ses compagnons à suivre aveuglément les ordres mais elle lisait dans leurs regards leurs interrogations. A présent, Porean posait ouvertement la question, même s’il ne lui adressait pas directement la parole. Soliana savait en son for intérieur qu’elle se devait de donner une explication à ses gardiens mais, craignant leurs réactions, elle préférait garder le secret pour l’instant. A l’avant, Rianne fit un signe de la main pour signaler que la marche reprenait.
 
Le petit groupe repris sa route alors que la pluie s’abattit sur la région. Porean jura alors qu’il déchaussa une de ses bottes, celle-ci restant complètement embourbée dans le sol détrempé. Mû par un sixième sens, Keloryn dégaina son sabre et s’arrêta, attentif. Rianne plissa les yeux, tentant de percer le mur de grisaille devant elle. Dans le brouillard devant eux, ils distinguèrent une silhouette noire.  
Prenant une flèche dans son carquois, Rianne banda son arc. Elywenn sortit son épée de son fourreau et Valeckwyr enleva le tissu qui protégeait son arme, un casse tête grossier sculpté dans du bois béni. A pas de loup, Keloryn dépassa Rianne et s’avança, l’arme à la main, vers la silhouette complètement immobile.  
 
Au fur et à mesure qu’il approchait, les brumes s’écartaient. Il put alors distinguer un mannequin primitif en bois recouvert du crâne d’un cheval. Sur celui-ci il put voir des symboles en lettres de sang.  
 
« Un totem Hyarg, » lança Keloryn à l’adresse des autres.
 
C’est alors que du profond du brouillard, venant des hautes collines au-dessus d’eux, retentit le son d’une lugubre corne. Celui-ci fut répété par d’autres, de direction différente. Les gardiens et la princesse échangèrent des regards inquiets. Keloryn pris alors l’initiative.
 
« Des cors Hyargs ! Courez ! »
 
Les gardiens s’élancèrent alors vers l’avant, mené par Rianne, une flèche engagée sur son arc. La course etait des plus difficile. Valeckwyr trébucha la tête la première dans la boue. Se relevant, il entendit un grognement bestial sur sa gauche et se retourna pour voir une grande forme noire se dessiner dans la brume. Sans réfléchir, il asséna un violent coup de son gourdin à deux mains et repartit de plus bel, entendant derrière lui un bruit de chute et ce qu’il supposa des jurons. Rianne tira sur une forme qu’elle discerna mais n’entendit rien, alors qu’elle prenait une autre flèche de son carquois. Porean fut soudainement renversé, heurté violemment par un adversaire courant au hasard dans la purée de poix. Soliana s’arrêta pour aider son tuteur main forte mais se fut le Hyarg qui se releva le premier.
 
Celui-ci surplombait la frêle princesse de trois têtes. Le Hyarg était recouvert d’une peinture blanchâtre hormis ses yeux et sa bouche détourés en rouge sang. Ne portant qu’un pagne grossier, l’être était énorme et gras, son ventre bedonnant n’étant que plis de graisse. Tenant un casse tête en pierre au manche d’os dans sa main droite, il approcha la gauche pour saisir Soliana. La princesse fut paralysée lorsqu’elle vit cette énorme main, suffisamment grande pour empoigner sa tête, approcher d’elle.  
 
Une flèche siffla au-dessus de la tête de Soliana pour se planter dans le torse du monstre. Celui-ci n’en eu cure et levait déjà son arme pour l’abattre sur la princesse. Porean, toujours à terre, ne pouvait que contempler la scène, également paralysée de peur. C’est alors que Keloryn surgit pour s’interposer. D’un coup de sabre, il ouvrit le ventre du Hyarg et celui-ci poussa un hurlement rauque et puissant. Il ajuste alors son coup pour frapper Keloryn. Comprenant que s’il esquivait, Soliana subirait l’attaque, le maître d’arme se campa sur ses jambes, concentra son Don de Radiance pour renforcer sa force, et para. L’arme du Hyarg se brisa à l’impact. L’eldryn profita de la surprise du Hyarg pour le frapper, encore et encore. Après sept coups qui auraient été mortels pour n’importe quel eldryn, la chose s’écroula.  
 
« Vous n’avez rien princesse ? demanda le bretteur alors que Soliana se relevait  
- Non, grâce à vous maître Keloryn.
- Alors courons, » fit Keloryn en soulevant Porean par son col pour le remettre sur ses pieds.
 
Les eldryns s’élancèrent pour échapper à la meute qui se rapprochaient. Les cris de guerre et les appels au sang retentissaient dans le brouillard, semblant venir de tout les cotés hormis la direction dans laquelle Rianne les amenait.
 
« C’est un piège ! » cria soudainement Fileas.
 
Rianne n’entendit l’avertissement que trop tard. Courant à l’aveuglette, ses pieds rencontrèrent le vide et elle chuta. Elywenn plongea et la rattrapa in extremis par un bras. Aidé par le maître d’arme, le demi eldryn remonta Rianne. C’est alors qu’ils comprirent qu’ils étaient encerclés, dos à un précipice, lorsqu’un chant de guerre et de massacre monta de toute part.  
 
« Très bien, fit Keloryn d’un ton froid. Puisque nous n’avons pas d’autre alternative, battons-nous. »
 
Le maître d’arme se concentra et une aura rouge l’entoura ainsi que son arme. La pluie s’évapora à son contact comme l’eau sur la flamme. Fileas enleva ses gants et remua ses doigts alors que Soliana alla se placer derrière Rianne et entonna un chant eldryn. La voix limpide de la princesse chassa les horribles paroles des hyargs et les gardiens sentirent alors une chaleur bienfaisante les envelopper et les rassurer. Même le maladroit et pleutre Porean tenait maintenant son arc avec fermeté, sûr de lui.  
 
Lorsque les premiers Hyargs apparurent dans les brumes, ils ne vécurent pas assez longtemps pour comprendre qui ils affrontaient. Les flèches sifflèrent et traversèrent les créatures de part en part, arrachant des flots de sang noir. Les doigts de Fileas dessinèrent des formes dans l’air et ses victimes se consumèrent d’un feu inextinguible.  
Lorsque la troisième vague arriva, les projectiles ne purent percer la chair des créatures, se brisant au contact des Hyargs.  
 
« Il y a un shaman dans les environs, conclut Keloryn. »
 
Fileas et Aramys récitèrent la prière eldryn pour être investis de la Vision et scrutèrent les alentours tandis que Valeckwyr, Elywenn, Rianne et Keloryn s’avancèrent pour former un mur et affronter les ennemis au corps à corps.  
 
« Là bas, » fit Fileas en pointant une direction dans les brumes.
 
Aramys commença à tirer des flèches au hasard, espérant toucher la cible désignée.  
 
« Inutile, » intervint Fileas avec un mauvais sourire.
 
L’air crépita alors que le mage entamait une démonstration de sa puissance. A ses pieds, la boue se figea en une terre séchée et craquelée alors que la pluie s’écartait de lui. Les yeux de Fileas étaient maintenant rouges, un filet de sang coulant de ses orbites et de ses narines. Concentrant sa Force d'Ame jusqu'au point de rupture, l’eldryn leva les mains au-dessus de la tête et dans chacune apparut un globe de flamme crépitante.  
 
« Voici la véritable force de Fileas, cria l’eldryn alors qu’il les lança vers le shaman. »
 
Les boules de feu et d’éclair foncèrent vers le hyarg, pulvérisant et désintégrant les ennemis sur leurs passages. Les deux globes se heurtèrent l’un l’autre lorsqu’il atteignirent leur cible. L’explosion souffla toute vie sur dix mètres en un fracas assourdissant. Les eldryns reçurent des débris de terre, de hyargs et de bois.
Faisant craquer les jointures de ses mains, Fileas sourit, apparemment très satisfait de sa démonstration de pouvoir. Soudainement, il se courba pour vomir du sang.  
 
Valeckwyr, profitant de la désorientation de son adversaire, abattit son gourdin sur son épaule. Le coup brisa la clavicule mais le Hyarg ignora la douleur pour à son tour, briser la jambe du semi eldryn. Les deux adversaires tombèrent ensemble au sol.  
 
La lame de Keloryn brûlait les chairs et ouvrait des plaies béantes par simple contact. Le maître d’arme se défit facilement de ses adversaires avant d’achever impitoyablement celui de Valeckwyr qui gisait au sol en grommelant. A ses cotés, Les deux Hyargs qui affrontaient Elywenn se génèrent l’un l’autre. Profitant de cette occasion, l’élégant bretteur sabra la gorge de l’un d’entre eux. Celui-ci s’écroula en gargouillant. Le deuxième ennemi frappa l’eldryn mais son lourd casse tête ne toucha que le sol, projetant boue et terre. Elywenn passa derrière lui et enfonça à deux mains la pointe de son épée dans le dos, au niveau du cœur. Quant à Rianne, elle esquivait et contre-attaquait avec vivacité les coups grossiers. Keloryn jugea qu’elle ne craignait rien aussi alla-t-il porter assistance a Valeckwyr qui gisait au sol en se tenant la jambe.
 
A deux cent mètres de la, le vieux chef du clan jaugea la situation alors qu’un éclaireur lui rapportait la mort du shaman. D’une main distraite il caressa la peau craquelée de son visage brûlé. D’un grognement, il ordonna le repli des troupes vers les cavernes, son esprit primitif concluant tout de même que la présence d’eldryn suffisamment puissant pour mettre en déroute ses guerriers nécessitait de faire un rapport au Feu Obscur.
 
Atteignant son repaire malodorant, le vieux chef descendit dans la caverne la plus basse. D’autres hyargs le suivirent, apportant du bois et les cadavres encore frais de leurs défunts frères de clan. Récitant une litanie si rauque qu’une voix humaine n’aurait pu la prononcer, le vieux chef invoqua la présence du Feu Obscur et le tas de bois et de chair s’enflamma alors que des flammes noires dévoraient les os comme les bûches.  
 
Tous les Hyargs présents se jetèrent servilement au sol et le vieux chef fit le récit de l’altercation avec les eldryns. Le visage dans les flammes sembla satisfait de l’initiative du clan hyarg car il ne dévora personne.  
 
                              * * *
 
Alors que Soliana et ses gardiens descendaient vers les vallées basses pour quitter les terres de clans Hyargs, une ombre faisait son rapport à sa maîtresse.  
 
Tranquillement installée sur son lit, Yliane  de Foudrenoire écoutait le récit de la silhouette humanoïde qui se dessinait contre le mur. L’ombre lui rapporta les mots du vieux chef hyarg. Faisant tourner le vin dans le verre de cristal qu’elle tenait à la main, la générale écoutait attentivement le rapport, songeant déjà comment intégrer cette information dans ses propres plans. D’un doigt distrait, elle dessinait sur les draps de satin violet le chemin pris par les eldryns. Son ongle caressa le tissu, prolongeant un trajet imaginaire.  
 
« Intéressant, commenta-t-elle. Intéressant mais ennuyeux. Cela pourrait signifier que mes plans en Mythrar ont été découverts. Cependant, ils n’auraient pas envoyé si peu de force si la véritable nature de mes agents avait été percée. Autrement dit, ils ne savent pas grand chose d’important. Néanmoins, je ne puis les laisser déambuler à leur guise.
- Pouvons-nous les intercepter avant qu’ils ne parviennent à Mythrar ? dit-elle pour les ombres qui l’écoutaient.
- Non, Votre Altesse. Ils ont quitté les terres des Hyargs et sont maintenant hors de leur champ d’action.  
- Je vois. Faites parvenir à nos agents en Mythrar la description de ces eldryns, et rapportez-moi leur peau et des vêtements tissés de leurs cheveux d’argents.
- Il en sera ainsi que vous le commandez, Altesse. »
 
Yliane vida d’un coup son verre et se laissa enivrer par l’alcool. S’allongeant, elle scruta le plafond. Une fresque de l’antique légion de son ancêtre Ogbar y était représentée.
 
« Des Eldryns s’en retournant en Mythrar… » songea-t-elle pensive.  
 
Alors que le délectable spectacle de la guerre de Fortavent lui revint en mémoire, la vision d’eldryns arpentant les vieux champs de batailles à la recherche d’informations sonna comme un avertissement. Un sixième sens en elle, né de sa survie à tant de complots et de tentatives d’assassinat, lui confia que cela était à prendre au sérieux. Elle se leva et saisit sa rapière enchantée. Le Feu Obscur l’enveloppa alors et créa vêtements et armures sur son corps nu.  Précipitamment, elle quitta ses appartements.
 
                                    * * *
 
Valeckwyr serra les dents pour ne pas hurler alors qu’Aramys remit l’os en place. Porean esquissa une grimace à l’idée de la douleur du jeune guerrier. Fouillant dans ses affaires, Aramys ouvrit une boîte d’ivoire pour en sortir un onguent verdâtre qu’il étala sur la jambe blessée.
 
« Avec ceci, l’os et les muscles seront guéris demain matin. Mais je dois te poser une attelle pour immobiliser le membre sinon cela risque de mal se régénérer. Et surtout ne te gratte pas, » ajouta-t-il alors que Valeckwyr avançait la main pour soulager une démangeaison là où l’onguent avait pénétré.
 
Une fois qu’il eut installé son patient, Aramys revint vers ses autres compagnons. Ayant quitté les collines, ils avaient atteint les forêts bordant le Saint Empire. Partageant pour l’instant un maigre repas, les eldryns se remettaient de leur combat. Sitôt arrivé, Fileas s’était laisser tomber par terre pour s’endormir. Moins fatigués, les autres accusaient cependant le coup d’avoir utilisé leur Force d’Ame.  
 
« Que fait-on maintenant ? demanda Elywenn  
- Nous devrions attendre Aryon, fit Keloryn. S’il n’est pas mort, il nous rejoindra.
- Il ne l’est pas, assura Soliana. Si l’un de mes gardiens venait à décéder, je le saurais. Bien que je ne puisse savoir où il se trouve, je sais qu’il est en bonne santé.
- Dans ce cas, il retrouvera assurément nos traces et nous rejoindra, » conclut Keloryn.
 
Plus tard dans la soirée alors que Rianne montait la garde, Aryon surgit de derrière un arbre. Rianne poussa un petit cri de surprise, se ravisant lorsqu’elle reconnut le chasseur.  
 
Celui-ci se laissa tomber à son tour près de ses compagnons, exténué.
 
« Désole de n’avoir pas pu vous prêter main forte lors du combat, princesse, mais je me suis retrouvé face à face avec cinq de ces monstres et j’ai eu fort à faire pour m’en débarrasser.  
- Le principal est que tu aille bien, Aryon, » dit Soliana avec douceur.
 
Bien que d’un naturel taciturne et lugubre, le visage du chasseur s’éclaira d’un sourire sincère. Le remarquant, Keloryn compris soudainement pourquoi il s’était porté volontaire pour assister Soliana. Malgré ses manières fantasques, la princesse de Chestyrea avait à cœur la bonne santé des siens et était naturellement compatissante. Keloryn reconnaissait que même lui avait été touché par la gentillesse de Soliana, et que là se trouvait l’explication de cette soudaine impulsion de rejoindre les rangs de ses gardiens.  
 
Puisque je suis le plus expérimenté des combattants, c’est à moi de faire ce qu’il faut, plus que les autres, pour qu’elle puisse un jour prendre la place de régente qui lui revient, songea-t-il. Cependant…
 
« Princesse, demanda-t-il. Je sais qu’il ne nous appartient pas de discuter vos instructions, mais cependant je pense que vous devriez nous expliquer de quoi il retourne. »
 
Soliana hocha gravement la tête.
 
« Je suis d’accord. Je pense qu’il est juste que vous sachiez pourquoi vous risquez vos vies. »
 
Fileas s’éveilla soudainement. Se frottant les yeux, il se redressa pour écouter les paroles de Soliana. Nullement surprise de la soudaine clairvoyance du mage, la princesse réfléchit rapidement pour savoir par où commencer.
 
« Comme vous le savez, il a de cela quelques années, le mariage de ma parente Lantanna avec un prince valarien tourna à la tragédie et engendra une guerre. Mon père Sorael, moi-même, ainsi que beaucoup d’autres dont le maître d’arme Selewynn, le père de Rianne, se trouvaient sur place. Par chance pour ma vie, un des gardiens de Lantanna, un druide du nom d’Oderus, m’avait emmené visiter un bosquet secret dans les montagnes lorsque les combats débutèrent. Aussi je ne peux vous faire le récit de ce qui se passa réellement et vous connaissez déjà tous la version de mon père. »
 
Le regarde de Soliana croisa celui de Rianne. Les yeux noirs de la guerrière en disant long sur son ressentiment.  
 
« Les valariens attaquèrent subitement les nôtres, refusant cette union entre nos deux peuples. Maître Selewynn fut le premier à tomber, victime d’un coup dans le dos. Si ce n’était la providence en la personne d’Oderus, je serais probablement morte ce jour là. Mon père fut le seul survivant, devant seulement à son incroyable Force d’Ame d’avoir survécu. Les choses auraient pu rester ainsi mais le jour de mes vingt ans, je me rendis à l’autel d’Eldrya pour recevoir la bénédiction de l’Oracle ainsi que le veut la coutume… »
 
Soliana ferma les yeux, revivant littéralement l’événement qui avait changé sa vie.


Message édité par deidril le 30-11-2005 à 14:24:31
n°3703297
Morpion co​smique
acarien à cirer
Posté le 09-09-2004 à 13:11:19  profilanswer
 

J'ai à peine terminé le chap 10. Désolé j'ai encore un peu de retard pour la lecture. Y a pas mal de petites fautes d'ortho que je n'ai pas reprises ici car je suppose que tu ne t'es pas beaucoup relu  ;) . Je comprends que pour l'heure tu te laisses emporter par le flot du récit et c'est tant mieux.
 
Concernant le style j'ai juste une petite critique sur la scène où Alderick franchit le seuil du château et voit les squelettes des défenseurs. Ca manque un peu d'émotions à mon avis. On s'attend à ce qu'un homme qui a quitté les lieux à l'âge de 12 ans et qui revient pour être témoin d'une telle scène de désolation se laisse un peu submerger par la douleur (biensûr t'es pas obligé de le faire se rouler dans la neige en pleurant comme une madeleine).
 
A la fin je trouve bizarre que Soliana le reconnaisse aussi vite. La dernière fois qu'ils se sont vus c'était encore un gamin. A-t-il si peu changé depuis le temps?
 
Sinon je trouve fort judicieux d'utiliser les phases de sommeil du héros pour apporter des infos sur son passé. Ca permet de compléter le background sans trop casser le rythme du récit. Justement en jettant un oeil rapide aux deux chapitres suivants (mais sans lire) j'ai vu que tu partais dans l'histoire de Soliana. Ne crains-tu pas de repartir dans les travers de T&L à savoir t'engager dans une histoire parallèle en laissant le récit principal en stand-by.
 
A+

n°3708432
deidril
French Geek Society Member
Posté le 09-09-2004 à 21:40:04  profilanswer
 

Deja merci pour les remarques :)  
 
Les fottes de francé sont hélas de l'inattention et de la fatigue, du genre il est 2h du matin et je viens de finir le chapitre, alors je le poste sous le coup de l'excitation au lieu d'aller me coucher et de repasser une couche le lendemain. A chaque fois je me dis, 'ca t'aurais rien couté d'attendre une journée de plus pour passer une couche de correction', et pis je refais la meme chose...
 
Pour le moment ou alderick arrive au chateau, c'est sur que ca gagnerais a etre ameliore :(
 
Je ne trouve pas excessivement bizarre que Soliana reconnaisse son cousin. D'abord parce qu'il est un semi eldryn et qu'ils ne sont pas nombreux au monde, ensuite parce qu'il a les traits de sa famille. A partir de la, il est normal que Soliana conclut que le seul semi eldryn qu'elle puisse trouver a explorer les ruines de fortavent soit justement son cousin. Tiens, je prendrais soin de mentionner au moment ou on les retrouvera, qu'elle l'a reconnu parce qu'il avait les traits de son grand père ( donc l'empereur ).
 
Pour ce qui est de Soliana, ca ne reproduira pas le meme probleme que T&L. Autant l'episode d'Yfor est né de l'inspiration du moment en partant de deux lignes sur Lysandre, autant la partie Soliana est bien cernée ( enfin je crois ). De plus, Soliana est autrement plus importante au recit que Thibault & sa nana, et son histoire fait completement partie du scenario principal.  
 
Voilà :)

n°3713353
Sebmtp
Posté le 10-09-2004 à 13:58:54  profilanswer
 

Hello,
 
Premiers jets... en regardant la Star'Ac...  :cry:  
 
Je ne sais pas si je suis le seul à ressentir cet enthousiasme, mais je trouve vraiment ton histoire "à tomber".
 
Quand j'ai vu que tu repartais sur deux chapitres sur Soliana, j'ai eu la même impression que Morpion. Je me suis démandé si tu n'avais pas une tendance à l'éparpillement.
Mais après lecture, c'est pas l'éparpillement qui te guette, c'est le chef d'oeuvre.
Cette incursion dans le monde Eldryn est passionnante.
 
Je passe sur les fottes et quelques trucs un peu gênants. Tu t'en occuperas toi même sans difficulté en revenant dessus. Ca ne sont que des détails.
 
Je n'ai pas critiques à formuler, que des compliments.
Peut être l'utilisation du feu par les Eldyns dans leur cérémonie m'a t-elle un peu gênée. Perso, j'aurais plutôt vu le peuple de la forêt faire absorber les feuilles mortes par la terre nourricière plutôt que de passer par la combustion, mais c'est très subjectif.
Pour moi, le reste est non seulement excellent, mais touche souvent au génie.  
La seule inconnue me semble résider dans la cohésion de l'ensemble. Savoir si le résultat final va "se tenir". Mais après 12 chapitres comme ceux que tu nous a livrés, comment pourrait-il en être autrement?
 
Mon avis n'est pas celui d'un professionnel littéraire ni d'un spécialiste de la fantasy et peut être qu'il y a des choses à améliorer que je ne vois pas. Mais en l'état et en tant que lecteur à la recherche de plaisir, je suis complètement happé par la forme et le fond.
 
En me relisant, ça fait sacré cirage de pompes  :ange: et pis c'est la seconde fois...
Mais bon ton texte me fait vraiment monter des émotions de top niveau, alors je persiste et je signe.
 
Te lire, c'est du pur bonheur.
 
La suite ?  :)  
 :bounce:

n°3774317
oulo
Posté le 17-09-2004 à 22:38:16  profilanswer
 

Etant donné les tres bonnes appréciations, je m'y colle.
Et merci a toi de nous faire partager tes écrits.

n°3774558
oulo
Posté le 17-09-2004 à 23:00:44  profilanswer
 

Bon voila. Je viens de finir le prologue et je n'ai qu'une paire de mots a dire : j'y retourne !

mood
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Posté le   profilanswer
 

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