Bonjour keskiya
>pour Amibe_R Nard: en répondant à sincap, tu as écris "Ici, on sent bien que tu n'es pas le personnage.
>Un des délégués... ça ne vaut pas Thierry, ou Henri, ou Killian...
>Un, c'est un mot vague. ".
>Je ne suis pas d'accord avec toi. Un est en effet un mot vague, mais il ne faut pas donner trop d'infos dans els phrases non plus. Et même si c'est la seule info qui aurait été donnée dans cette phrase, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de tout de suite de préciser le prénom: ça donne des phrases lourdes.
Un prénom moins lourd que "Un des délégués" ?
Au nombre de caractères, ce n'est pas mon avis. :-)
Au niveau de la crédibilité du personnage non plus.
En tant que personnage, je connais tous les jeunes de ma classe, et encore plus le délégué qui va m'avertir (puisque je lui ai demandé de le faire, sinon je n'attends pas devant mon ordinateur, à une heure fixée).
Donc dire "un des délégués", ça ne fonctionne pas dans la bouche du personnage.
On sent que l'information se destine au lecteur. On voit l'auteur écrire pour le lecteur. (Sans le dire vraiment comme c'était le cas au 19ième siècle, et avant)
On sent le premier jet.
(comme on le retrouve toujours chez les débutants qui dise un homme, ou une femme, il, elle... sans jamais donner de prénom. Au point, trop souvent, de finir par le donner, après avoir utilisé un océan de subterfuges, parce qu'ils sont coincés. Et je le sais, parce que je relis, de temps en temps, mes tout premiers jets et ceux d'autres débutants :-).)
Or le nom, le prénom, c'est quelque chose d'essentiel chez un personnage.
Un nom, un prénom, à lui tout seul peut déjà en dire beaucoup sur un personnage, sur sa famille, sur ses origines. (Camille, Ahmed, John, Ulysse, Tatiana, Hans)
Si tu ouvres Harry Potter à l'école des sorciers.
Première ligne : Mr et Mrs Dursley, qui habitaient...
Harry Potter et la chambre des secrets. Le prénom Harry arrive en fin de premier paragraphe.
Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban : A bien des égards, Harry Potter était un garçon...
Maupassant, Bel Ami : Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous,
Georges Duroy sortit du restaurant.
Voltaire, Candide
chapitre premier
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Comment Candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d'icelui
Toujours un nom ou un prénom dès le début.
A vérifier dans d'autres best-sellers.
Attention, je ne dis pas qu'il est impossible d'oublier le prénom un instant. Voire de faire attendre celui du héros. (comme au théâtre, d'autres personnages peuvent parler du héros pour que le lecteur/spectateur le connaisse), mais le but du jeu est quand même de l'identifier clairement et d'indiquer au lecteur : tu vois, c'est la peau de ce type-là, de cette femme-ci, que je vais te faire endosser. Ou que je vais te montrer.
Voilà pourquoi l'utilisation du "Je" est à déconseiller (parce que Je c'est aussi le lecteur)
Et aussi, parce que "Je" est limité à son propre point de vue. "Je" ne peut pas penser à la place d'un autre... et, avec "Je" il n'est pas possible d'utiliser plusieurs points de vue, ni de couper l'histoire en plusieurs trames (comme dans le Seigneur des Anneaux) lorsque les héros se séparent, pour mieux se retrouver.
"Je" ne peut pas non plus trop montrer ses expressions, sans finir par paraître imbu de sa personne. Ou alors, il faut jouer d'astuces, d'italiques.
Du style : Il sortit de chez lui et oublia son parapluie
Au "Je", "Je" ne peut pas savoir qu'il a oublié son parapluie, sauf à s'en apercevoir lorsqu'il pleut.
Je sortis de chez moi. Cinq minutes plus tard, bien sûr, il se mit à pleuvoir. J'avais oublié mon parapluie...
Avec la troisième personne, l'auteur peut préparer le lecteur à une attente. Si on mentionne l'oubli du parapluie, c'est qu'il va être utile plus loin, (pas l'oubli, le parapluie aurait écrit Nicole de Buron).
Avec le "Je", on est obligé de le préparer ainsi :
Je sortis de chez moi. En oubliant mon parapluie. J'allais le regretter amèrement.
En sachant toujours, qu'au moment de la raconter, l'histoire est finie. Ce qui permet certaines avances sur l'histoire (J'allais le regretter amèrement).
>">C'est un peu comme un divertissement, pas de prises de têtes, et j'aurait voulu savoir aussi comment vous trouvez le style??
>
>Le style, oui, un grand principe.
>
>Pour l'instant, tu n'en es pas là. (A mon avis, hein).
>Pour l'instant, il te faut trouver un angle d'écriture. "
>encore une fois, je suis en désaccord: le style est important.
Exact. Mais il faut savoir ce que l'on entend par style.
Pour moi, le style c'est la réécriture. Le choix des mots, la façon de tasser des paragraphes entiers de premier jet pour n'en garder que le minimum et obtenir le maximum d'effets.
Or le style n'apparaît pas au premier jet.
D'ailleurs, il n'y a pas sa place. Si j'ai envie d'écrire boulot, je l'écris, on verra plus tard si "boulot" correspond au personnage utilisé. Dans la bouche d'un jeune qui kiffe grave, ça le fait. Dans la bouche d'un PDG BCBG, non.
Et comme je peux changer mon personnage en cours de route, le style du personnage peut varier d'autant. L'histoire ne sera plus la même.
> "Et si je suis en désaccord, c'est également avec la question de SINCAP (dsl pour les majuscules, c'st pour que sincap repère que ça s'adresse également à lui... au cas où... ^^): eh bien quoi? Tu as un style. Le style, c'est la personnalité de l'écrivain. Tout comme tu peux modifier ta personnalité le temps d'une pièce de théâtre, te glisser quelques temps dans la peau d'un autre, tu ne peux pas y rester indéfiniment. Tu es ce que tu es, et ta personnalité en changera pas, ou bien peu. Rares sont les personnes qui changent vraiment. Il y a toujours quelque chose de ce qu'ils étaient avant. Alors ne te casse pas les pieds pour le style, et écris comme tu le sens: le style est l'un des facteurs qui font qu'un éditeur voudra ou non de ton texte. Mais si tu as une bonne intrigue, de bons persos, ça ne devrait pas te poser de problèmes."
Tiens, ici c'est amusant de constater que tu as changé d'avis pour rejoindre le mien, en quelques lignes. :-)))
"encore une fois, je suis en désaccord: le style est important."
[...]
"Alors ne te casse pas les pieds pour le style, et écris comme tu le sens:"
Effectivement, sur un premier jet, on peut tout oublier (les fautes d'orthographes aussi), quitte à écrire en abrégé pour que la plume suive la pensée.
Certains auteurs sautent sur un magnétophone quand leurs doigts ne suivent pas la cadence.
Pour ce qui est du choix de l'éditeur.
Voilà ce que j'en sais.
Au premier paragraphe, il sait.
Au premier chapitre, il est certain. (premier chapitre = trois/quatre premières pages)
S'il est emballé, il va à la dernière page, la conclusion.
S'il est toujours emballé, il saute ici et là dans le roman.
Un mythe ?
Je l'ai cru, moi aussi. C'est cruel. Je vais en décevoir plus d'un. Mais c'est une réalité.
Pour constater comment ça marche. Installez-vous dans une bibliothèque ou dans une librairie. Et regardez comment choisissent les lecteurs. (regardez-vous en train de choisir un livre, le livre d'un inconnu pour éviter le côté inconditionnel fan d'un auteur)
Vous comprendrez très vite comment les gens choisissent, comment vous choisissez si vous êtes capable de vous observer de manière neutre.
D'après une petite enquête que j'ai réalisée, et d'après mes propres observations.
Voici le parcours d'un lecteur qui ne connaît rien d'un auteur, mais qui empoigne son livre.
1) La couverture, photo et titre (votre action y est nulle, le titre ?... vous verrez vite que s'il faut lâcher du lest, c'est bien sur le titre. Et puis l'éditeur y tient, il connaît mieux son public que vous.)
2) 4ième de couverture (Vous aurez de la chance si vous pouvez la rédiger.)
3) Premier paragraphe/première page. Soit entre dix et vingt lignes pour convaincre.
Là oui, c'est tout à vous. Rien qu'à vous (sauf si l'éditeur vous a suggéré certaines modifications. Eh oui, l'éditeur mise sur votre dos, il peut miser sur quelqu'un d'autre, cela lui donne un pouvoir certain sur votre oeuvre.)
Bref, vous avez dix lignes pour convaincre un lecteur d'acheter votre livre.
Pas un roman complet, mais dix ou vingt lignes.
Et après, il faut tenir les promesses faites dans ces vingt misérables lignes.
D'où la nécessité de super-chiader ces lignes (super-peaufiner pour les puristes du verbe :-) ).
De chercher le meilleur endroit possible pour commencer son texte. Quitte à bricoler une introduction qui va attraper le lecteur avant d'entrer dans le texte.
Si vous ne me croyez pas, la prochaine fois allez à la pêche aux livres. Et prenez-en une vingtaine au hasard (en bibliothèque, c'est plus facile. Chez soi, en piochant dans la bibli parentale pour éviter de ne tomber que sur ses propres choix).
Lisez simplement le premier paragraphe. Notez si vous lisez oui ou non.
Finissez la page. Notez si vous lisez oui ou non.
Si vous lisez, notez le bouquin sur 20.
Une fois fini, notez-le à nouveau.
Et vous verrez que huit fois sur dix, votre première impression n'a pas bougé d'un pouce.
Pour le reste, on est plus souvent déçu que l'inverse.
Pour apprendre, vous pouvez noter plein d'autres choses plus tard : la longueur des phrases, comment est présenté le héros, si la tension est présente, si l'auteur pose bien un problème (d'où ma notion d'action tendue et dramatique). Et imiter les débuts de romans qui vous ont plu. Vous en inspirer.
Car on apprend beaucoup par imitation. (et peut-être que, à y réfléchir, on apprend tout par imitation). Par contre si personne ne vous indique ce qui ne va pas, en tant qu'auteur vous ne verrez pas ce qui cloche.
Testez-le sur vos fautes d'orthographe. Relisez trois fois votre texte et corrigez tout.
Donnez-le à lire à quelqu'un (ou au correcteur orthographique si vous en possédez un) et demandez-lui de trouver les fautes.
Je le sais, en tant qu'auteur, on peut passer vingt-cinq fois sur un texte sans voir la faute qui va crever immédiatement l'oeil du lecteur extérieur. (dommage pour cet oeil, disons donc bondir plutôt que crever ;o) )
"Et pour moi, c'est un défaut plus qu'une qualité, même s'il est vrai que Amide_RNard a du passer du temps à lire chaque texte et à le critiquer de cette manière. Pourquoi?
Parce que, tout simplement, il faut laisser la personne libre de faire des erreurs, pour qu'elle puisse comprendre par elle-même ce qui ne va pas. Souligner les points essentiel, dire qu'il y a d'autres choses qui ne vont pas, sans forcément tout mentionner. Quelque chose que l'on trouve par soi-même est tuours plus instructif que quelque chose qui nous a été dicté, sans qu'on l'ait compris, sans qu'on ait compris le pourquoi."
J'aurais donc une question :
Mais qui va dire à l'auteur qu'il a commis une erreur ?
L'éditeur ? (lui, c'est la lettre de refus, pré-tapée parce qu'il a autre chose à faire)
Le lecteur qui ne souligne pas tout ? (s'il ne souligne pas tout, il faudra une autre lecture pour qu'il le souligne)
D'où l'idée de travailler sur un atelier d'écriture, là où d'autres auteurs sont prêts à lire et relire une dizaine de versions d'un même texte.
Comprendre par soi-même ce qui ne va pas.
Hum... pas évident. Puisque sur un texte on travaille forcément à deux : l'auteur et le lecteur.
Le lecteur ne comprend pas, l'auteur revient sur son texte, jusqu'à ce que le lecteur comprenne tout.
On peut décider de mettre le texte dans un tiroir et de décider de le relire après une quinzaine, ça marche pour les plus grosses erreurs, mais l'oeil de l'autre comme je l'ai dit remarque aussitôt ce qui ne va pas, parce qu'il n'a pas les lunettes de l'auteur, ni l'histoire dans sa tête. :-)
Comprendre par soi-même ce qui ne va pas.
Peut-être bien en regardant un autre texte mal foutu et chercher à le "corriger" : voilà comment moi je l'aurais écrit.
(Ce qui ne veut pas dire qu'il s'agisse de la bonne façon de l'écrire... mais l'auteur en lisant la suggestion de l'autre voit son texte autrement et peut comprendre ce qui ne va pas. C'est un double-échange. L'autre est un miroir puissant et Flaubert avait un ami, exigeant et sincère, qui l'a amené à sa notoriété littéraire. A vrai dire, très rares sont les auteurs qui n'ont pas cette éminence grise pour les épauler et leur permettre de progresser.)
Cela n'empêche pas de rebondir sur une remarque et de chercher à la comprendre par soi-même. De l'accepter ou de la refuser telle qu'elle. De la tester, de la réécrire, à sa façon.
De l'utiliser sur un autre texte. Etc.
Mais sans remarque, il n'y a pas de progrès.
Quand il y en a trop d'un coup ?
On les mord par petites bouchées.
Et on y revient par petites couches.
Cent fois sur le métier, remettre son ouvrage.
Alexandra2 l'a bien dit : l'écriture, c'est une question de persévérance. Au début on tombe, et on retombe, et on tombe encore, puis finalement on est debout, et on marche.
Vient alors le temps où on marche depuis tellement longtemps qu'on en a oublié le principal : il nous a fallu du temps pour marcher, beaucoup, et le soutien d'autres personnes pour que ce soit moins long et moins douloureux.
Amélie Nothomb n'a été publiée qu'à son cinquième roman.
D'autres ont revu/relu/repris leur roman d'espionnage 59 fois avant de trouver un éditeur. (travailler seul, ça prend juste plus longtemps pour aboutir :-) )
Le génie, ça se travaille.
L'Amibe_R Nard (encore bien long, je sais :-) )