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Auteur Sujet :

(ecriture d'un roman d'heroic-fantasy) Les Larmes du Spectre

n°4403999
docwario
Alea jacta est
Posté le 13-12-2004 à 23:22:46  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
+1

mood
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Posté le 13-12-2004 à 23:22:46  profilanswer
 

n°4433570
deidril
French Geek Society Member
Posté le 18-12-2004 à 00:52:05  profilanswer
 

Merci pour les corrections :) Je suis en pleine écriture du chap5.
 
 
 

n°4716087
deidril
French Geek Society Member
Posté le 26-01-2005 à 20:52:51  profilanswer
 

Pfiou, voilà le chapitre 5, après un long mois d'hésitation et de mauvaises pistes. Je reste d'ailleurs moyennement convaincu de celui-ci et du suivant, enfin ca ne coute rien de les écrire et de les proposer ici...
 
               C H A P I T R E   V
 
   Les globes de foudre et d’obscurité fusèrent dans l’air avec des sifflements aigus. La neige se vaporisa instantanément alors que les mortels projectiles traversèrent l’arène. Nous eûmes à peine le temps de nous écarter qu’ils heurtèrent le sol à l’endroit même où nous étions assis. Les boules noires explosèrent en des centaines d’éclairs, traçant dans le sol de longues crevasses fumantes. Frappée de plein fouet, une colonne de pierre éclata comme un fruit trop mûr. A la manière des lanières d’un fouet, la foudre frappa la forêt en bordure de l’arène, sectionnant les troncs et les branches comme le sabre fend la chair. Une dizaine de sapins volèrent en éclats et autant d’autres s’abattirent au sol avec fracas.  
 
   A peine eus-je le temps de me relever de mon plongeon et de jeter un rapide coup d’œil pour m’assurer de la santé de mes frères, que Zaar préparait la seconde salve. L’énergie noire se concentrait déjà au bout de ses doigts en des globes de ténèbres crépitantes.  
 
   « N’espérez pas survivre sans utiliser la Force d’Ame, » déclara Zaar avant de tendre les bras dans notre direction.  
 
   Effrayée, je bondis par-dessus les débris de la colonne que le premier assaut avait brisée, et me cachai derrière, immédiatement rejointe par Tyor. Les jumeaux grimpèrent prestement sur la première rangée de gradins alors que j’entendais grandir le crépitement de l’énergie que Zaar concentrait.
 
   Je me retournai pour juger de notre protection et je vis avec surprise qu’Andrion n’avait pas bougé. Toujours au centre de l’arène, il se tenait face au magicien. Celui-ci libéra une nuée d’énormes sphères de foudre noire, grosses comme des têtes d’hommes. Celles-ci filèrent vers Andrion alors que Kalith lui criait de les esquiver.
 
   Mais il ne bougea pas.
 
   A l’instant fatidique, les projectiles s’écrasèrent sur un mur invisible, à peine un pouce devant le nez d’Andrion, puis explosèrent en un vacarme assourdissant. La magie monta dans le ciel sous la forme de piliers de ténèbres. Une autre partie revint droit vers Zaar comme une vague de noirceur, mais elle glissa sur sa houppelande d’obscurité et alla se perdre dans la mer. Le sol se brisa à l’emplacement de l’explosion, et des crevasses coururent jusqu’aux gradins situés de part et d’autre. Les colonnes bordant l’arène furent soufflées par l’impact et s’effondrèrent à l’extérieur.  
 
   Lorsque le chaos cessa, un gouffre de plusieurs mètres séparait Andrion de Zaar. Je le vis hocher légèrement de la tête, saluant la performance de son élève.  
 
   « Quel Don a pour caractéristique d’aussi puissantes protections ? »
 
   Le regard de Zaar se détourna d’Andrion pour nous fixer.
 
   « Le Don de Radiance, répondit Tyor en se levant de derrière sa section de colonne.
   - Exact. Identifier le Don de votre adversaire est l’une des clefs pour remporter un combat, car à chaque Don correspond un point faible. Aussi, ne dévoilez jamais la nature de votre Don à votre adversaire. »
 
   Zaar éleva sa main tendue, et le sol sous les pieds d’Andrion fit de même. Mon frère fut propulsé en arrière et tomba sur le dos. Sa tête heurta violemment le sol et il ne bougea plus. Je poussai un petit cri et retins ma respiration, redoutant le pire. Lorsque que je remarquai sa poitrine se soulever et se rabaisser, je relâchai l’air de mes poumons en un long soulagement.
 
   « Le Don de Radiance protège efficacement celui qui l’utilise. La peau acquiert la dureté de l’acier, et le poing peut briser la pierre, mais il ne peut être employé pour affecter autre chose que le corps de celui qui le manie. »
 
   Andrion toussa et tenta de se relever alors que Zaar nous dévoilait les secrets du Don que venait de révéler notre frère aîné. Privé de toute force, Andrion parvint tout juste à décoller ses épaules du sol, avant de retomber au sol, haletant et toussant.
 
   « En clair, continua Zaar, gardez-vous d’affronter directement les possesseurs du Don de Radiance. De plus, leur aura protectrice est tout à fait capable de vous renvoyer votre magie, ainsi qu’Andrion vous en a fait la démonstration. Mais si vous utilisez des moyens détournés, vous vaincrez. La noyade, l’ensevelissement et l’asphyxie constituent d’excellents moyens d’actions contre ce genre d’adversaire. »
 
   Zaar marqua une pause dans sa leçon afin que nous l’enregistrions. Puis, délaissant Andrion, toujours au sol, il se tourna vers nous et concentra de nouveau sa Force d’Ame.
 
   « Voyons qui parmi vous peut mieux faire. »
 
   De nouveau nous nous éparpillâmes afin d’esquiver la furie de la magie.
 
 
 
   Un mois plus tard, Zaar nous transporta à Sartan, cette ville que l’on nomme la Cité des Traîtres, la Première Citadelle, mais aussi la Miraculée. Ce dernier surnom, la ville le doit à son extraordinaire chance, à sa survie inespérée lors des prémices de la Grande Guerre. Lorsque Serimus utilisa sa magie pour ouvrir un portail et invoquer un allié surnaturel, ce fut Andragoras, le Dieu Déchu, qui le franchit. Et tandis que Serimus expirait, son âme arrachée et dévorée, la maléfique divinité fracassait le continent pour soulager cette rage accumulée tout au long de milliers et de milliers d’années de captivité. Les plaines furent pliées en deux, les montagnes fendues et écrasées, et tous les pays qui composaient l’empire de l’archimage disparurent sous les flots.  
 
   Tous, sauf la ville de Sartan.  
 
   En l’espace de quelques instants, la cité perdue dans les plaines, sur la lointaine frontière avec les royaumes valariens, devint un port en bordure d’une nouvelle mer.
 
   Nombre de témoignages écrits relatent comment la cité échappa à un funeste destin. Des gardes en faction sur les remparts racontèrent comment ils avaient vu les terres de l’Ouest se déchirer, défigurées par des crevasses fumantes, avant de s’affaisser et d’être submergées par un raz-de-marée. Le tremblement de terre mourut miraculeusement à quelques mètres des remparts de la ville, dont seul le quartier Ouest fut détruit, ravagés par les eaux.
 
   Ce cataclysme, Sartan le comprit comme un avertissement, un exemple à l’attention de ceux qui s’opposeraient à Andragoras. Aussi, la cité plia le genou et s’offrit toute entière au Dieu Déchu. Devant l’ampleur de la destruction dont ils avaient été témoins, les habitants eurent vite fait de choisir la servitude à l’annihilation, et c’est ainsi que Sartan devint la première des nations à jurer obéissance à Andragoras.  
 
   C’est sur une plaine aride et dépourvue de vie, à la terre noire et cendreuse, que le magicien nous transporta. Nous étions sur une antique route, construite avec le sang et la vie des premiers esclaves du joug des Douze. La route pavée de roches noires menait aux portes de la cité, elles même encastrées dans des remparts du même matériau. Ces murs protecteurs étaient si massifs et si élevés que les chemins de ronde touchaient presque ces gris nuages qui déversaient sur la contrée une pluie diluvienne et brûlante. Autour de nous, des rochers taillés et aplatis portaient encore les fers et les menottes qu’utilisaient les Douze pour écarteler et crucifier leurs prisonniers.  
 
   Un véritable déluge s’abattait donc sur nous alors que nous nous dirigions vers les massives portes. Dans la masse nuageuse au-dessus de la cité, je devinai la silhouette de la légendaire forteresse de Jamian Ogbo, aussi appelé le Roi d’Ombre car il était, parmi les Douze, la main assassine du Dieu Déchu. Lui et ses ombremages éliminèrent nombre de champions durant la Grande Guerre. Utilisant les ténèbres comme on chemine sur une route, ils pouvaient surgir du moindre recoin d’obscurité, mais aussi se cacher de la lumière en se dissimulant dans l’ombre même de leur proie. Puis, lorsque celle-ci pensait être en sûreté, ils apparaissaient, accompagnés de leurs bêtes de cauchemar. Et tandis que les molosses de ténèbres déchiquetaient leur victime, le Roi d’Ombre s’emparait de la pauvre âme afin que le dieu noir s’en délecte.  
Nous arrivâmes aux portes de la cité, alors que Tyor nous expliquait, avec force détails, l’art et la manière dont procédaient ces insaisissables assassins.  
 
   « Je suis Zaar, » dit simplement mon père à la masse d’acier qui nous barrait la route.
 
   Et les portes s’ouvrirent lentement devant nous.  
 
   Un jeune homme au visage fin, encadré de boucles blondes, attendait patiemment sous une ombrelle que les portes se soient suffisamment ouvertes pour nous permettre le passage. Il était emmitouflé dans un grand manteau de velours noir bordé de fourrure d’hermine. A ses coté, un enfant grelottant et à demi nu tenait un parapluie pour protéger l’homme de la pluie. Derrière, une vingtaine de soldats en armure et au faciès de brute épaisse était au garde à vous, des bourrasques chargées d’eau fouettant leurs visages impassibles.  
 
   Bien sûr, lorsque l’on possède un des Dons, ce genre de désagrément n’existe plus. Grâce à une manifestation de la Force d’Ame si simpliste que Zaar nous l’enseigna en quelques phrases, nous étions protégés non seulement des intempéries, mais aussi du froid des landes gelées comme de la chaleur des déserts ardents.  
 
   Dès que le passage se fut suffisamment ouvert, le jeune homme s’avança de quelques pas et s’inclina respectueusement devant nous.
 
   « Bienvenue à Sartan, maître Zaar. La Reine d’Ombre attendait votre venue avec grande impatience. »
 
   La Reine d’Ombre, relevai-je ? J’ignorais que quiconque eut succédé à Jamian Ogbo. Et visiblement, ce voyage n’était pas le fruit du hasard puisque ce jeune homme était spécialement là pour nous souhaiter la bienvenue. Qu’est que Zaar avait donc organisé ?  M’interrogeant sur les motifs de notre visite, je conclus qu’il avait préparé une sorte d’épreuve à notre égard, afin de valider l’entraînement au combat de ce dernier mois.
 
   « Je me prénomme Denetrias, je serais votre guide et votre serviteur durant votre séjour. Messire Zaar, jeune maîtres, par ici je vous prie.  
   - Si c’est un simple serviteur, alors moi je suis le fils d’Albior, nous glissa Andrion tandis que nous emboîtions le pas à Denetrias. »
 
   Je me tournai vers mon frère et lui adressa un regard interrogateur.
 
   « Regarde-le avec la Vision. »
 
   Je reconnus alors autour de Denetrias cette faible manifestation de la Force d’Ame dont je venais de m’entourer pour me protéger de la pluie.
 
   « Pourquoi se sert-il d’un parapluie dans ce cas ? demandai-je innocemment.
   - Les simples mortels le prennent ainsi pour l’un des leurs, intervint Tyor.
   - Mais s’il voulait dissimuler ses pouvoirs, pourquoi laisser son aura protectrice ? continuai-je. »
 
   Zaar restait silencieux, écoutant nos questions et nos conclusions. Sans doute voulait-il voir si nous parvenions à la bonne conclusion.
 
   «  C’est une manière de se présenter à nous, de dire je suis l’un des vôtres. L’esclave et le parapluie sont la pour donner le change à la soldatesque et à la populace, conclut Tyor. »
 
   Devant nous, à une vingtaine de mètres, Denetrias dispensait des ordres aux guerriers pour nous ouvrir la marche. Pourtant, j’avais la nette impression qu’il nous écoutait, malgré la distance, murmurer entre nous.  
 
   La présence de la garde ameuta rapidement la population. Alors que les habitants se pressaient sur le pas des portes et sur les balcons pour nous observer, j’observai les détails de l’architecture de la cité. Celle-ci était restée telle qu’elle avait dû être sous le règne d’Andragoras. Dans les murs de pierres noires de toutes les habitations étaient encastrés des ossements, reconstitués pour former les squelettes de créatures imaginaires. Les crânes aux sommets de ces assemblages étaient vides et abritaient des bougies et des lanternes. Les orbites étaient serties de cristaux colorés, transformant la lumière en des rouges morbides, des verts surnaturels ou des bleus mystiques, créant ainsi une ambiance complètement irréelle. Des gargouilles en fer noir supportaient les balcons et encadraient les fenêtres.  
 
   Je remarquai également des anneaux de métal à coté de chaque porte.  
 
   « Sans doute pour les chevaux, murmurais-je.
   - Non, me souffla Kalith derrière moi. Pour les esclaves. »
 
   Et dans ses mots, je perçus l’expérience du vécu.
 
   Tandis que nous cheminions à travers les tortueuses rues de Sartan, les soldats repoussaient brutalement quiconque s’approchait un peu trop près de nous. La pluie diluvienne et la rudesse de nos guides n’empêchèrent pas les badauds de se faire de plus en plus nombreux, la curiosité prenant le pas sur le bon sens.
 
   Si le déluge glissait sur nous, ou plutôt sur notre Force d’Ame, il n’en était pas de même pour les spectateurs dont les atours étaient rapidement trempés, pour ne pas dire complètement imbibés d’eau. Cinq jeunes enfants, vêtus de robes noires brodées de symboles arcaniques, esquivant la pluie et effleurant les profondes flaques d’eau, n’auraient pas manquer de susciter quelques intérêts dans les villages de campagne. Mais ici, à Sartan, la magie devait être le lot quotidien. Alors pourquoi tous ces gens se pressaient-ils pour nous observer ? Je tendis l’oreille pour saisir quelques paroles.
 
   « Ce n’est qu’une fillette, remarqua une grosse dame.
   - Elle a déjà le Don, répondit un homme à coté d’elle.
   - Qui est donc leur maître ? Il ne porte pas le blason de l’un des Douze.
   - Ces deux là viennent d’Arkadyr, dit un vieil homme en indiquant les jumeaux.
   - Je n’en ai jamais vu d’aussi jeune tenter l’or… ( je n’ai pas compris le mot ), dit une femme richement habillée.
   - Moi si, répondit un homme aux atours princiers et d’un âge avancé, mais cela remonte à l’époque de Savius. »
 
   Savius, relevai-je ? L’Archmagiocrate Savius ? Celui des Douze que l’on appelait le Sorcier d’Andragoras ? Les livres dont nous disposions à la citadelle de Zaar manquaient cruellement de détails sur les traditions et la culture qu’adopta le monde lorsque les Douze le dominaient, aussi les mots de l’homme ne me donnèrent aucune révélation. Mais les paroles des badauds et le nom de Savius ne m’évoquèrent rien de plaisant.
 
   Nous arrivâmes enfin à la citadelle du Roi d’Ombre. Un escalier aux proportions titanesques montait du centre de la cité jusqu’à une entrée perdue dans les bas nuages.  Nourris par la Force d’Ame, nous en gravîmes les centaines de marches sans la moindre fatigue, suivit par des soldats fatigués et essoufflés.  
 
   Nous nous arrêtâmes à la dernière marche. L’ouverture titanesque devant nous était un portail de pures ténèbres, et malgré la Vision que j’invoquai, mes yeux ne purent percer l’obscurité. J’imagine que Jamian Ogbo ne s’appelait pas le Roi d’Ombre par hasard.
 
   Denetrias sortit de sous sa cape un cristal d’un pied de long et murmura un mot à voix basse. La pierre s’illumina et la lueur fit reculer les ténèbres, révélant un passage dallé.
 
   « Suivez-moi de près, dit-il. Et surtout ne vous écartez pas de la lumière. Des bêtes de cauchemar rodent encore en ces halls. »
 
   A la suite de notre guide, nous parcourûmes halls et escaliers durant presque une heure. Hormis le sol de pierre que révélait la lumière du cristal, je ne décelais aucun mur, ni aucun plafond, ni aucune porte. Et malgré la Vision, je ne parvenais toujours pas à percer les ténèbres qui nous entouraient.  
 
   L’édifice était plongé dans un profond silence, brisé de temps à autre par les paroles de Denetrias. Et pourtant, j’avais la nette impression que nous n’étions pas seuls. Je fixais le mur de noirceur de par et d’autre de notre chemin. Bien que je n’y décelais absolument rien, j’avais la conviction que quelque chose nous observait.
 
   Finalement, nous pénétrâmes dans une salle éclairée par des braseros rougeoyants. Ceux-ci délimitaient une allée dans l’obscurité jusqu’à un trône d’obsidienne, lequel était le jumeau de celui de Zaar. De part et d’autre du chemin, je voyais des hommes et des femmes, vêtus de robe et d’atours princiers, tous accompagnés de jeunes filles et garçons. La Vision me confirma ce que mon esprit venait de comprendre. Il s’agissait de magiciens et de leurs Apprentis, et tous portaient sur la peau de leur joue, sur leur crâne rasé, sur un médaillon ou sur un blason brodé, la marque de l’un des Douze.
 
   « Bienvenue à toi Zaar, nous t’attendions pour débuter la célébration de cette nouvelle ordalie de Savius. »
 
   Une femme plantureuse était assise, pour ne pas dire vautrée, sur le majestueux trône, vide un instant plutôt. Tout comme pour Zaar, les ténèbres l’entouraient pour la vêtir. Bien au-delà de la maîtrise que Zaar avait de cette technique, les ombres autour de la femme formaient une robe fine et près du corps, ainsi qu’une traîne flottante. Deux énormes chiens de la taille d’un homme, et faits d’une obscurité matérialisée, se tenaient docilement à ses cotés. Chacune des personnes présentes cessa ses murmures et s’inclina, et nous suivîmes le mouvement.  
 
   Sauf Zaar, bien entendu.  
 
   La femme se leva du trône et s’avança vers nous, accompagnée des deux molosses. Des nuées d’ombres, silhouettes de créatures pleines de griffes et de crocs, surgirent de chaque recoin pour glisser sur elle, la caresser et repartir. J’ignorai encore quel était son nom, mais cette femme était, de toute évidence, l’héritière du Roi d’Ombre, un de ces douze individus qui, une génération de cela, avaient régné sur ce monde.
 
-----------------------------------------------------------------------
 
Et voilà :) Comme précédemment, je suis tout attentif aux remarques, aux suggestions et aux corrections que ce passage vous inspire :)  
 
Bonne lecture.


Message édité par deidril le 28-01-2005 à 15:04:35
n°4729388
Sebmtp
Posté le 28-01-2005 à 11:14:27  profilanswer
 

Hello :)
 
Ton nom de famille, c'est Cadbury à toi non ?!
C'est tellement bon que quand on a fini, on a jamais l'impression d'en avoir eu assez.
 
Ben toujours fan et toujours fasciné par ce puzzle géographico-temporel que tu es en train de mettre en place...
 
La répétition de "titanesque" me paraît lourde à l'entrée de la citadelle du Roi d'Ombre.
A part ça, c'est toujours dans les goûts et les couleurs que j'adore.
 
 :bounce:


Message édité par Sebmtp le 28-01-2005 à 15:33:22
n°4731177
Triliock
Romain IV en vacances à Bagdad
Posté le 28-01-2005 à 14:55:58  profilanswer
 

C'est qu'il est doué, le ptit Deidril.  :jap:  
 
Je l'ai toujours dit quand on travaillait ensemble, mais personne ne m'a jamais écouté à part lui :D


Message édité par Triliock le 28-01-2005 à 14:56:55

---------------
Mehmet II en short devant le Louvre
n°4731204
deidril
French Geek Society Member
Posté le 28-01-2005 à 14:59:24  profilanswer
 

Merci :)
 
Tu sais que j'ai toujours ton coq en peluche et les aventures du capitaine bigloo dessiné par krovax :)


Message édité par deidril le 28-01-2005 à 15:00:15
n°4733960
Triliock
Romain IV en vacances à Bagdad
Posté le 28-01-2005 à 20:16:52  profilanswer
 

Tu as toujours le coq mythique qui faisait ce bruit énervant??  :lol:  Excellent.
 
Et les aventures du Capitaine Bigleux, si tu pouvais me les scanner et me les envoyer... Je pourrais les placer sur mon forum ;))


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Mehmet II en short devant le Louvre
n°4754382
deidril
French Geek Society Member
Posté le 31-01-2005 à 16:48:04  profilanswer
 

Po plus de commentaires sur le texte que ca ? :(


Message édité par deidril le 31-01-2005 à 16:48:27
n°4754502
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 31-01-2005 à 17:00:26  profilanswer
 

Désolé Deidril!
Ce n'est pas la volonté qui manque mais 1) le temps, 2) mon ordi rend lentement mais surement l'âme et je suis à fond sur des retouches sur mon second roman avant publication!

n°4755822
Triliock
Romain IV en vacances à Bagdad
Posté le 31-01-2005 à 20:07:18  profilanswer
 

Tu nous donnes un lien qu'on puisse aller voir, Sherat?  
 
Je veux dire : aller voir ce que tu as déjà fait, et sous quel nom tu as publié le premier, que je puisse faire des recherches?  
 
*curieux*  :hello:


Message édité par Triliock le 31-01-2005 à 20:09:16

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Mehmet II en short devant le Louvre
mood
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Posté le 31-01-2005 à 20:07:18  profilanswer
 

n°4756910
deidril
French Geek Society Member
Posté le 31-01-2005 à 22:44:56  profilanswer
 

Moi j'ai trouvé :)
 
Si c'est toujours d'actualité, je peux t'envoyer mon avis sur le passage proposé en download.


Message édité par deidril le 31-01-2005 à 23:02:40
n°4758825
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 01-02-2005 à 11:11:46  profilanswer
 

Avec grand plaisir!


Message édité par sheratan le 01-02-2005 à 17:43:48
n°4919585
cyfer
Posté le 23-02-2005 à 18:52:19  profilanswer
 


up!  :hello:  
je veux la suite des romans de Deidril!
c'est de la torture de faire attendre tes fans aussi longtemps  
Allez,vivement la suite!  :bounce:

n°4965578
deidril
French Geek Society Member
Posté le 01-03-2005 à 18:29:18  profilanswer
 

Le responsable c'est World of Warcraft - et accessoirement un déménagement sur Marseille, un taff bien remplit, et qq petites autres choses.  
 
Ce n'est nullement de la torture, et si cela avait été mon intention premier, j'aurais arrêté sur un cliffhanger spécialement écrit dans ce but.
 
 
:evil


Message édité par deidril le 01-03-2005 à 18:31:10
n°4981905
Karlon
Aut caesar, aut nihil
Posté le 03-03-2005 à 14:03:15  profilanswer
 

Je viens à peine de commencer à lire ton roman. Les premières impressions sont excellentes malgré un style parfois un peu lourd. Je te ferai part plus amplement quand j'aurai eu le temps de lire la suite. Juste une petite chose en passant. Tu met ton roman directement sur le net, tu n'as pas peur qu'un petit malin ne s'amuse à te plagier? Tu devrai protéger ton manuscrit et les solutions sont les suivantes:avant de le publier comme ça en ligne, dépose-le afin de garantir tes droits sur ce texte.    
   
Y a deux solutions simples :  
   
* la chère mais la plus sûre : l'enveloppe scellée de l'INPI dans laquelle tu mets ton manuscrit.  
* la plus économique, mais reconnue par le droit : tu t'expédies à toi-même ton manuscrit par la Poste et tu n'ouvres plus l'enveloppe. Ainsi la date sur le cachet de la Poste peut être utilisée pour faire valoir tes droits.
 
A+

n°4983325
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 03-03-2005 à 16:41:52  profilanswer
 

Karlon a écrit :

 
* la plus économique, mais reconnue par le droit : tu t'expédies à toi-même ton manuscrit par la Poste et tu n'ouvres plus l'enveloppe. Ainsi la date sur le cachet de la Poste peut être utilisée pour faire valoir tes droits.


 
Oui, mais c'est reconnu uniquement en France et pas en international!

n°4983422
deidril
French Geek Society Member
Posté le 03-03-2005 à 16:49:37  profilanswer
 

J'ai déposé le scénario dans une enveloppe SOLEAU a l'inpi l'année dernière :)


Message édité par deidril le 03-03-2005 à 16:53:00
n°4985233
sheratan
Qu'il est vilain, le lama!
Posté le 03-03-2005 à 20:20:22  profilanswer
 

Bien! On aura peut-être la suite un jour, alors!

n°5001868
Alcanor
Posté le 05-03-2005 à 22:45:07  profilanswer
 

Effectivement, je trouve que tout ça est très bon.
 
J'ai envoyé les deux premiers chapitres à un éditeur, je viens de recevoir la réponse ce matin, et elle est positive.
 
 
Merci à toi!!
 

n°5001895
Alcanor
Posté le 05-03-2005 à 22:47:52  profilanswer
 

:sol:

n°5003377
deidril
French Geek Society Member
Posté le 06-03-2005 à 02:48:58  profilanswer
 

Sans les bras, ca va être dur de signer le contrat...

n°5010161
Triliock
Romain IV en vacances à Bagdad
Posté le 07-03-2005 à 02:47:21  profilanswer
 

Ce qui va être plus dur, c'est de finir le roman de quelqu'un d'autre. Sacré blagueur, cet Alcanor !
 
 :D


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Mehmet II en short devant le Louvre
n°5010549
Alcanor
Posté le 07-03-2005 à 09:55:08  profilanswer
 

Mais... mais... mais...  :cry:

n°5020892
deidril
French Geek Society Member
Posté le 08-03-2005 à 17:46:50  profilanswer
 

Allez, parce que je suis de bonne humeur :)
 
 
            C H A P I T R E     VI
 
 
«_ Cela n’est rien moins qu’une offense ! »
L’assemblée se tourna vers le magicien qui venait d’interrompre la Reine d’Ombre. Celui-ci s’avança hors de la foule pour se planter juste devant Zaar. Plus petit que le nécromant, l’homme se drapait dans une toge noire et soyeuse. Des broderies pourpres agrémentaient le haut des bras et le torse, formant un unique blason, une étoile brisée que j’identifiai comme le blason de Savius.
D’un geste de la main, l’homme recoiffa une mèche blonde qui masquait une calvitie naissante. Je pouffai de rire devant ce maniérisme et le mage me darda du regard. Pour être présent à la cour de la Reine d’Ombre, il devait être un homme de pouvoir. Pourtant, je ne ressentais nulle peur.
«_ Ta présence en ces lieux, Zaar, déclara l’homme d’une voix chargée de haine, est une insulte envers les vrais serviteurs d’Andragoras. Cette épreuve sacrée est réservée aux descendants des Douze. Tu n’y as nullement ta place, magicien de bazar.  
_ Alcibius, répondit Zaar en se grattant machinalement le menton et en prenant un ton nonchalant, suscitant à dessin la fureur du susnommé. Je suis surpris de voir que tu es toujours en vie. La chance dont les dieux t’ont doté doit être incommensurable, car nul, en vérité, ne pourrait rester vivant en étant un aussi médiocre et stupide magicien.  
_ Tu ose te présenter devant nous et nous provoquer, toi qui nous as combattu durant la Grande Guerre. Ton audace n’a jamais connu de limite, mais aujourd’hui ton orgueil démesuré va te conduire à ta perte. Tu n’as aucune chance contre nous tous.
_ Je ne provoque personne, Alcibius, je faisais simplement une remarque. Je suis ici pour voir mes Apprentis participer à cette ancienne ordalie imaginée par Savius. Maintenant, écarte-toi, ou bien…
_ Me menacerais-tu devant mes pairs ? » s’étrangla Alcibius.  
Zaar ne répondit pas. Il fixait le petit homme avec un étrange regard. Derrière, la Reine d’Ombre regardait la scène avec un air mi ennuyé, mi amusé. Je compris à leurs expressions que Zaar projetait d’éliminer Alcibius, et que la reine n’y trouverait aucun inconvénient. Zaar commença à esquisser un mouvement de la main pour invoquer une attaque magique, mais une autre voix s’éleva.
«_ Attend, Zaar ! »
Un trône de bois noir s’éleva au dessus des spectateurs. Sur celui-ci reposait le cadavre d’un homme enveloppé dans une toge rapiécée. Son crâne était recouvert de chairs putréfiées et de mèches grises graisseuses. Des vers sortaient par sa bouche édentée, et une main squelettique pendait mollement sur le coté. Bien que mort et en décomposition, le corps exaltait une puissante Force d’Ame. Je me concentrai pour effleurer celle-ci. Le contact en fut répugnant, comme une masse grouillante et froide de vers. Je brisai la Vision et portai la main à ma bouche car l’aura du mage parvint également à mes narines comme une puanteur insupportable, manquant de me faire défaillir.  
 Alors qu’il n’était plus qu’à trois mètres de nous, je remarquai des saphirs occupant les orbites de ses yeux.
 «_ Theocryss, murmura Zaar.
_ Mon vieil ami, mon ancien ennemi, résonna une voix provenant du cadavre. Cela fait fort longtemps. »
Zaar hocha très légèrement la tête pour saluer le cadavre flottant.  
«_ Il faut que tu sache, continua la voix, que l’ordalie de Savius est placée sous le signe de la trêve. Dès lors que nous sommes réunis ici, nul ne provoquera son rival, nul n’attentera à autrui. Si tu insistes pour que tes Apprentis participent à l’épreuve, tu dois te plier à cette règle. Sans cela, ces assemblées seraient vouées à l’échec. Qui ne profiterait pas d’une telle opportunité pour régler ses comptes ? Qui, sachant cela, s’y rendrait ?
_ Il est notre ennemi, rétorqua Alcibius. Il a tué nombre des nôtres.
_ Et toi, Alcibius, repris la voix de Theocryss, n’as-tu jamais assassiné un rival pour parvenir à tes fins ? »
Alcibius ne trouva rien à répondre, et l’incident fut clos.  
Scrutant le visage de la reine ainsi que ceux des spectateurs, je compris que personne n’aurait trouvé à redire si Zaar avait éliminé Alcibius. Celui-ci maugréait alors qu’il retourna se perdre dans la foule, inconscient que sa vie venait d’être épargnée par l’intervention du mort-vivant.  En mon fort intérieur, je m’interrogeais sur les paroles de Zaar. Comment un tel idiot avait pu survivre dans une société aussi impitoyable ?
«_  Il a été autrefois le compagnon de Deiraelle, la Reine d’Ombre, me glissa Zaar comme s’il lisait mes pensées. Pour être exact, il était l’un de ses nombreux amants, et la divertissait en organisant les meurtres de ses rivaux, les autres favoris, avec tant de méchanceté et de cruauté que cela lui a valut quelque respect. Lorsque Deiraelle s’est lassé de lui, il a utilisé sa fortune pour faire éveiller ses Dons et devenir magicien. Quand à notre querelle, cela remonte à une altercation avec Deiraelle durant la grande guerre, lorsqu’elle n’était encore que la meilleure des exécutrices de Jamian. »
Mais la reine interrompit les explications.
«_ Nous voici donc au complet. Apprentis, vous qui désirez faire la preuve de votre pouvoir, avancez-vous devant moi. »
Sortant des rangs, de jeunes adolescents allèrent se placer devant Deiraelle.  Andrion s’avança lui aussi vers la reine, suivit par Tyor. Les jumeaux et moi- même les rejoignîmes de suite.  
Nous étions environ une centaine ainsi réunis, et pour ce que je pouvais en voir, nous, les Apprentis de Zaar, étions les plus jeunes. Les plus âgés, eux, devaient approcher de leur vingtaine. Et tandis que la reine évoquait l’époque du règne des Douze, racontant comment Savius avait conçu cette épreuve, je réalisais que cette fois ci, nous serions livrés à nous-même. Nombre de regards d’Apprentis s’écartèrent de la reine pour nous examiner, moi et mes frères. Interrogateurs, défiants, haineux, jaloux, méprisants, tous ces yeux qui me dévisageaient ne me disaient qu’une seule chose : si je suis amené à te rencontrer lors de l’épreuve, je te tuerais, car ta mort fera ma gloire.
 «_ Il y a vingt ans, commença la reine, une poignée de valariens exilait notre divinité, la forçant à retourner dans son domaine d’Andrahyr. Cela plongea les Douze dans un sommeil sans fin. Privés de leurs commandants, les douze légions furent désorganisés, et des conflits internes surgirent tandis que nombre tentèrent leur chance pour prendre la place sur le trône, avec plus ou moins de succès pour certains. »
 La reine s’autorisa un petit sourire, marquant une pause dans son récit. Autour de moi, plusieurs jeunes gens s’autorisèrent un petit gloussement ou un léger rire. Je compris alors que Deiraelle parlait d’elle-même.
 «_ Galvanisés par cet exploit, reprit-elle, les valariens, les eldryns, les kaemites, et tout ce que compte ce monde de races pensantes, s’unifièrent et défirent nos légions. »
La reine balaya l’assemblée d’un regard haineux et dur, exprimant vingt ans de frustration à ressasser la défaite des Douze.
«_  Mais en pure perte, car sommes toujours là ! Nous avons survécu aux traques et aux vengeances, et maintenant, l’instant est venu d’être à nouveau la caste dominante de ce monde ! Mais si nous voulons être fort à nouveau, il faut que ceux que nous formons le soient aussi. Aussi, nous, les héritiers des Douze, avons décidé d’un commun accord de remettre au goût du jour cette ancienne tradition qu’est l’ordalie, cette épreuve qui, autrefois, départageait le bon grain de l’ivraie, sélectionnait le fort, l’audacieux ou simplement l’opportuniste aux dépends de l’incapable, du faible et de l’imbécile. C’est pourquoi Savius avait créé l’Ordalie, c’est pourquoi vous êtes la aujourd’hui. Et ceux qui pressentent avoir le potentiel de diriger, plutôt que de servir, pourront l’exprimer devant tous, et recevoir le rang qui leur est dû. »
 La reine marqua encore une pause dans son discours, scrutant les jeunes Apprentis, dévisageant chacun d’entre nous pour mesurer notre engagement et notre détermination.
 «_ Loin dans le sud, la construction de notre nouvelle capitale s’achèvent. Bientôt, il nous faudra réunifier les légions disséminées, ré-asservir ceux qui étaient nos esclaves, soumettre ceux qui nous seront utiles, rappeler ceux qui étaient nos alliés, et finalement éliminer la descendance de ceux qui nous ont vaincus. Mais pour accomplir tout cela, il nous faudra des forts, des puissants. Il nous faudra des seigneurs. »
 La reine s’arrêta de nouveau afin que chacun comprenne bien l’enjeu, car elle proposait ni plus ni moins de sélectionner une partie de la caste dirigeante à venir.  
 «_ Etes vous prêts à montrer votre force ? »
 Et une centaine de voix répondit « Oui » en un même cri puissant, rageur, et plein de détermination.
 «_ Alors nous allons juger de cela dans l’instant. »
 Le monde autour de moi devint flou, tournant et changeant. Ce vertige, je l’avais déjà expérimenté, car il était caractéristique des sortilèges de téléportation que Zaar utilisait. L’instant d’après j’étais ailleurs,  plongée dans les ténèbres. Des paroles quelque peu rudes me firent comprendre que d’autres Apprentis avaient été amenés ici, où que ce soit. Habituée au désagrément de ces transports, je repris rapidement mes esprits. Une forte odeur de bête parvint à mes narines, me rappelant celle des écuries de Selystra, ou encore les niches du maître chien. Ce qui suivit confirma ma première pensée. Des grognements vinrent à mes oreilles, suivit d’un cri horrible, le son des os que l’on broie, du giclement du sang sur les murs, d’un corps que l’on traîne puis que l’on dévore avec voracité.
 L’ordalie avait commencée et nous étions à la merci d’une bête sauvage, dans son propre repaire.
 Aucun de nous ne fit l’erreur de perdre du temps à invoquer de la lumière. La Vision m’indiqua clairement que nous étions désormais quatre. D’abord un colosse de près de deux mètres exaltant une Force d’Ame rayonnante de brutalité et d’agressivité. Sûrement un Don de Radiance, commentai-je mentalement. Puis, un autre individu à l’aura fuyante dont je ne parvenais pas tout à fait à cerner s’il était ici ou là. Un troisième portait une armure et une épée, équipement que je pouvais voir car ils émettaient leur propre aura de Force d’Ame. Aucun de ces trois là ne pouvait correspondre à un des Apprentis qui s’étaient rassemblés au palais de Deiraelle, mais les réponses viendrait plus tard car je remarquai l’aura d’une créature de la taille d’un cheval, et celle, disparaissant progressivement, de sa victime.  
Le colosse et celui portant arme et armure se précipitèrent sur la créature. L’aura de la créature changea, exprimant sa voracité. Comme je n’étais pas sûr de la force des deux attaquants, je décidai de les aider en distrayant la bête. Je me concentrai et invoquai mon Don.
 
 Sifflant dans l’air comme des hurlements, les globes de ténèbres traversèrent l’arène, ou plutôt ce qu’il en restait. Après trois jours d’entraînement, les gradins avaient été maintes fois brisés, la pierre en avait fondue ou était déchiquetée. Le sol était crevassé et rongé, défiguré par les cratères et les effondrements.  
«_ Courage, Lysandre, » hurla Andrion, assis à l’écart avec mes autres frères.  
Facile à dire ! Je restai désormais la seule à n’avoir pas pu trouver de parade aux attaques de Zaar. L’angoisse me gagnait. Et si je ne parvenais à aucune solution ? Et si Père décidait de mettre sa menace à exécution ?
Je courus hors de la trajectoire de l’attaque. L’explosion propulsa des monceaux de pierre et de terre, ajoutant un cratère fumant à la destruction du site. Je n’avais pas le pouvoir de bloquer l’attaque directement avec ma propre Force d’Ame comme l’avait fait Andrion. Mes tentatives pour lever la terre et modeler des murs qui intercepteraient les projectiles, ainsi que Tyor avait procédé, avaient échoués. Quand à la technique des jumeaux, elle était hors de ma portée. Pourtant, il devait y avoir une solution, un moyen d’action qui appartenait à ce Don que Zaar avait forcé à se révéler. Mais lequel ?
Patient et imperturbable, le nécromant concentrait l’énergie noire au bout de ses doigts. Cette énergie dévorait les Forces d’Ame de tout ce qu’elle touchait. La pierre devenait fragile comme du cristal, le bois devenait mou comme du beurre, la chair se transformait en cendre, et la vie devenait mort.
Puisque je ne pouvais pas bloquer l’attaque, peut-être pouvais-je la rendre inoffensive ? Sur la mer derrière Zaar, les reflets du soleil couchant m’aveuglèrent un instant. Zaar projeta de nouveau les boules de ténèbres sur moi. Aspirant la lumière ambiante, je tentai de nourrir les globes de cette chaleur afin qu’ils se dissolvent dans l’air avant de m’atteindre.  
Mais l’attaque fut trop rapide pour que j’eu le temps de mener à terme l’expérimentation. Je ne dû d’y survivre qu’à un réflexe du dernier instant, ainsi qu’à un semi succès car ma tentative avait réduit la force destructrice des globes. Me jetant sur le coté, je fut balayé comme un fétu de paille, et envoyé bouler sur plusieurs mètres. Je me relevai avec peine car plusieurs douleurs s’ajoutèrent à celles que je supportais déjà. La belle robe qu’avait préparée Gorloy, maintenant trouée et déchirée, se consumait, rongée par des flammèches noires. Entourant mes mains de ma Force d’Ame, je saisis une de ces particules d’obscurité entre mes paumes, et l’approchai de mes yeux. C’était cette même énergie qu’utilisait Zaar pour se vêtir de ténèbres.
Je souris car j’avais enfin trouvé ma parade.
Lorsque l’attaque suivante vint vers moi, je mêlai la flammèche capturée à ma propre aura, et m’entourai de la même houppelande d’obscurité qu’utilisait Zaar. Les globes magiques me heurtèrent sans me blesser. Deux glissèrent sur moi pour aller frapper quelques pierres derrières, les autres se mêlèrent à ma propre énergie. Je restai ainsi, recouverte d’un feu noir qui brûlait sans me consumer.
Zaar baissa finalement les bras et se retourna vers mes frères.  
«_ Elle a accaparé l’énergie de l’attaque précédente, proposa Kalith, et s’en est servit pour se protéger afin de passer au travers, comme la flamme traverse le brasier.
_ Elle aurait pu faire cela, mais ce n’est pas tout à fait la bonne réponse.
_ Elle a transformé sa propre Force d’Ame, corrigea Tyor d’un ton scolaire. Et une telle modification de la Force d’Ame est caractéristique du Don d’Investiture. »
Zaar n’ajouta rien pour contredire le jeune bossu, confirmant ainsi la justesse de la réponse. Saisissant les gants de velours posés à ses pieds,  Zaar les remis à ses mains, signifiant ainsi que la leçon était terminée. Mes trois frères me congratulèrent en des hourras de célébrations.
«_ La prochaine fois, ajouta Zaar, pense à protéger également tes vêtements. »
Je réalisai que j’étais effectivement à demi nue, ma robe finissant de se consumer et de tomber en lambeaux.
Andrion éclata de rire, Tyor se retourna, rouge de pudeur, et les jumeaux accoururent me recouvrir d’une nouvelle robe, en ramassant les restes de l’ancienne et en redonnant une nouvelle vie à ceux-ci par leur Don.
 
 La bête hurla tandis que le sang dont elle s’était barbouillée se transforma en un fulgurant acide sous l’effet de mon sortilège. Dans une vaine tentative, elle se roula au sol pour se débarrasser de la brûlure qui la dévorait. Le guerrier à l’épée leva sa lame au dessus de la créature, et la cloua au sol. Au même instant, ce fugitif individu que j’avais repéré sectionna la carotide de la bête, se servant du tranchant de sa main comme d’une dague effilée.  
La créature s’immobilisa immédiatement.
Curieuse de découvrir mes alliés du moment, je concentrai une partie de ma Force d’Ame en un globe de pouvoir brut, et en changeai l’essence pour créer un orbe de lumière.  

n°5023703
Alcanor
Posté le 08-03-2005 à 22:24:26  profilanswer
 

— Ben ça alors... ben ça alors!!  :ouch:

n°5026186
deidril
French Geek Society Member
Posté le 09-03-2005 à 11:30:26  profilanswer
 

Au passage : Nouvellement sur Marseille, je cherche à monter un groupe pour DD3. S'il y a des lecteurs sur Marseille qui veulent arpenter le monde de Lysandre, Korigwene & co, qu'il me contactent en PM :)

n°5032821
Triliock
Romain IV en vacances à Bagdad
Posté le 09-03-2005 à 23:31:25  profilanswer
 

Dommage, Marseille n'est pas en Turquie  :(


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Mehmet II en short devant le Louvre
n°5034253
deidril
French Geek Society Member
Posté le 10-03-2005 à 08:37:01  profilanswer
 

Ca veut unifier les mondes qui composent le multivers, mais ca a la flemme de caster un teleport...Raa ces archimages.

n°5035047
docwario
Alea jacta est
Posté le 10-03-2005 à 11:48:28  profilanswer
 

euh...keskil fo faire pour avoir la suite ? t'envoyer un gros chèque ? ou un grand tchèque ?

n°5036826
deidril
French Geek Society Member
Posté le 10-03-2005 à 15:09:30  profilanswer
 

le chèque ! parce que le tchèque y care 'yo' ! ( oue c nul mais c'est pas facile a caser aussi )

n°5212349
docwario
Alea jacta est
Posté le 03-04-2005 à 17:30:55  profilanswer
 

un ticket resto ca te va ?
sinon puis je esperer pouvoir lire la suite un de ces jours ?
que ce soit en ligne ou sur papier ?

n°5213411
Triliock
Romain IV en vacances à Bagdad
Posté le 03-04-2005 à 20:20:22  profilanswer
 

La téléportation c'est pas mon fort et ca bouffe trop de mana. Non, vraiment, je préfère le dragon à réaction.  
 
 :D


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Mehmet II en short devant le Louvre
n°5341732
Sebmtp
Posté le 20-04-2005 à 11:10:10  profilanswer
 

Hello Deidril, hello tous,
 
Toujours fan de ton histoire !
 
Bon emménagement à Marseille et bonne chance pour monter ta partie DD3.
 
A+
Seb

n°5342242
deidril
French Geek Society Member
Posté le 20-04-2005 à 12:25:23  profilanswer
 

Salut Seb :)
 
Comme tu as pu le voir, il n'y a plus grand monde qui poste ces écrits ici. J'ignore les raisons de Grenouille, Karnh et autres. En ce qui me concerne, je poste une suite en réaction aux remarques critiques et constructives du précédent chapitre. Les chapitres postés depuis janvier n'ont visiblement pas assez soulevé d'intérêt pour que des personnes s'attardent à commenter critiquement le texte. Manque d'intérêt de mon texte ? Sans doute, je ne suis ni Jordan ni Hobb. Ras le bol général face à l'overdose de début de roman ? Sans doute aussi. Temps trop espacé entre l'apparition d'un chapitre ? Peut être. Ennui suscité par la lecture à l'écran ? Surement.  
 
Je n'ai pas vraiment d'explication mais toujours est-il que mes derniers écrits n'ont pas soulevé l'intérêt que j'en espérait, ni enclenché les discussions et les commentaires qui m'aurait permis de le faire progresser. J'ai fais ce que j'ai pu.  Ca n'a pas marché, tant pis pour moi, j'aurais essayé.
 
En ce qui concerne le roman, d'autres lecteurs m'ont pointé du doigt certains défauts dans la psychologie de mes personnages, aussi ai-je dû réécrire une bonne partie des échanges entre les personnages ainsi que les états d'esprits de Lysandre. Puis j'ai repris l'histoire et je l'ai continué.  
 
Je n'ai pas l'intention d'abandonner. Je continue à écrire tout les jours. Je suis cependant persuadé que ces romans feuilletons dont on poste les chapitres au fur et à mesure, fonctionnent sur le principe du retour, c'est à dire que l'auteur ne produit que si son lectorat lui a donné envie de le faire en commentant critiquement ce qu'il écrit. Il y a une part de 'faire plaisir' et une autre de 'perfectionnement' dans ce qui me pousse. Il m'est assez difficile de continuer sans ces deux carburants :) Peut être que si un site dédié voyait le jour, je m'y pointerais vite fait. ( Une idée que j'ai eu mais que je n'ai pas réalisé ).
 
J'ajoute que je n'ai absolument aucune critique à formuler envers HFR ou son utilisateur moyen, cela ne concerne que moi, mes espérances déçues, et la réalité de mon encore trop faible talent :)
 
 
 
 

n°5366041
cyfer
Posté le 22-04-2005 à 17:20:52  profilanswer
 

mais non, deidril, ne deprime pas! ton roman est bien, personellement, je le lis depuis le debut :miam: mais c'est vrai que le temps de publication entre chaque chapitre est un peu long et cela a pu en decourager certains.
 
c'est pas grave, continue a ecrire et a nous faire partager les aventure de lysandre et compagnie! tu verras que les lecteurs vont revenir ;)  
 
bonne continuation :hello:

n°5901841
deidril
French Geek Society Member
Posté le 21-06-2005 à 09:08:47  profilanswer
 

Voilà une petite nouvelle écrite récemment. Torchée en 2 soirs elle n'a pas été retenu sur l'appel à texte pour lequel je l'avais composée.  Pas mal de faute restaient et j'ai eu la flemme de la fignoler, mais la voici quand même pour ceux qui n'ont rien eu à se mettre sous la dent depuis longtemps.
 
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Alberich frappa Kataryn en pleine poitrine.
 
La valkyrie fut littéralement propulsée en arrière, jusqu'au mur qu'elle heurta de tout le poids de son armure. Le choc fut si violent que la guerrière se retrouva incarcérée dans la pierre.
 
Le maître d’arme, un nain bâti tout en muscle, caressa pensivement sa longue barbe rousse. Le jeune homme semblait abasourdi de se découvrir ainsi tant de force. Pourtant, fort il l’était. Grand de six pieds, tout en muscles, une mâchoire carrée et des yeux bleus encadrés par une tignasse paille, Alberich avait tout du parfait guerrier.
 
"_ Qu’en dis-tu ?
_ Extraordinaire maître Draknar, » répondit le jeune homme, fixant l'aura de pouvoir qui englobait son poing. « Je n’aurais jamais pensé que la différence serait aussi flagrante.
_ Et encore, tu n'as pas l'expérience qui te permettrait de concentrer ton pouvoir," intervint Kataryn en se libérant de la paroi.
 
La valkyrie épousseta négligemment ses épaulières de mitril, puis passa la main dans sa chevelure dorée afin de la nettoyer des gravas qui s'y étaient glissé.
 
"_ Maintenant, repris Draknar, tu va voir ce que peut faire une immortelle au sommet de son art. Alberich, arme-toi de cette épée et de ce bouclier."
 
Alberich s'empara du dit bouclier. Celui-ci était composé d'écaille d'un rouge sombre, et était chaud au toucher, presque brûlant.
 
"_Des écailles de dragons," déduit Alberich.
 
Il empoigna dans la main droite une longue épée d'un métal brillant d’une aura lunaire. Le vieux nain hocha la tête en direction de Kataryn, lui ordonnant d'utiliser pleinement ses capacités. Celle-ci acquiesça en retour, et se retourna vers Alberich. Le visage de la guerrière changea du sourire complice en un masque concentré. Ses yeux brillaient maintenant d'une furie colérique, son poing serrait avec fermeté sa longue épée, et les veines de son visage se teintèrent d’ un rouge des plus vif.
Alberich recula d'un pas, surpris devant autant de détermination.
 
"_ La colère du berserk," reconnut le jeune homme.
 
Mais la guerrière n'entendait plus. Elle se précipita sur lui si rapidement qu'Alberich n'eu que le temps d'écarquiller les yeux, et, tout en poussant un cri de rage assourdissant, elle lui asséna un coup d'une telle violence que le bouclier fut coupé en deux, ainsi que le bras du jeune homme. Sans même s'arrêter, la valkyrie poursuivit sa frappe et trancha net la jambe avant de heuter le sol si violemment qu'elle l'ouvrit en deux. Ce qui restait d'Alberich tomba dans la mare formée par son propre sang.
 
Aussi subitement que la mort était survenu, le cadavre s'auréola d'une brillante aura, et Alberich se releva, intact.
 
"_ Je suis vivant ? demanda le guerrier.
_ Tu es au Vallhalla, répondit Kataryn, et tu es un Einherar(1). Tu es déjà mort, ne te souviens-tu pas lorsque je suis venu te réclamer ? »
 
Alberich hocha la tête. Comment aurait-il pu oublier ne serait-ce qu’une once de cet instant ?
 
* * *
 
Gragnur était mort.
 
Le chef barbare gisait dans la neige, sa tête séparée du corps. Son cruel clan de pilleurs et de tueurs n’étaient plus que cadavres, mais que de morts cette victoire avait coûté. Alberich regarda autour de lui. Il était le seul survivant. Ses compagnons gisaient non loin de lui.
 
Le celte Llewerynn était cloué à un arbre, son arc était à terre, brisé. Jorgun, qui semblait pourtant invincible, avait succombé au nombre. A en juger par le nombre de cadavre qui l’entourait, la horde de Gragnur avait payé le prix fort pour tuer le colosse. Et puis il y avait Valeria…La guerrière aux cheveux dorés s’était sacrifiée pour sauver Alberich d’un coup mortel, s’interposant devant l’épée fourbe que Gragnur brandissait dans le dos de son compagnon. Elle avait eu juste le temps de lui dire combien elle l’aimait avant de partir.
 
La rage avait alors submergé Alberich. La vengeance était tout ce qui comptait, et seul le sang de Gragnur pouvait l’étancher. Et pourtant, même inspiré par l’esprit de la colère, Alberich ne réussit à rien. Le chef barbare était trop fort, trop grand, trop rapide, et infiniment brutal.
Quelques instants plus tard, Alberich était à quatre pattes, interloqué devant son épée brisée, laquelle reposait dans la neige, juste sous son nez. Gragnur leva son épée Zweihander (2) au-dessus de lui, prêt à le couper en deux.
 
Le temps sembla s’arrêter, Alberich revécu cet instant magique où lui et Valeria avaient échangé leurs vœux devant l’autel d’Odin. L’avoir vu mourir dans ses bras l’avait rendu fou, mais ce ne fut que maintenant qu’il comprit qu’il ne la verrait jamais plus.
 
Quelque chose se passa en lui, et avant même qu’Alberich ne réalisa ce qu’il advint réellement, tout était terminé.
Plus vite qu’un l’aigle plongeant sur sa proie, Alberich s’empara de son épée brisée, bondit, et rentra la lame dans la gorge du barbare jusqu’à la garde. Il taillada le cou de Gragnur, encore et encore, jusqu’à ce que sa tête tombe dans la neige.
 
C’est à cet instant, lorsque Alberich ressentit le soulagement d’en avoir terminé, alors qu’il comprit ce qu’il venait de faire, qu’il ressentit la douleur. Obsédé par la mort du barbare, Alberich ne s’était pas aperçu que celui ci lui avait asséné un coup mortel au ventre tandis qu’il le décapitait. Ses jambes fléchirent, et il tomba à genoux. Guerrier depuis son plus jeune âge, Alberich sut qu’il ne sortirait pas, mais malgré la douleur, malgré la mort de ceux qui lui était si proche, il était en paix ; il avait accompli sa tâche, il avait vengé les morts de ceux qui comptaient pour lui.
 
C’est alors qu’Elle apparut. Une lumière plus brillante et plus aveuglante que le soleil l’entourait. Son armure argentée épousait son corps comme une fine robe satinée, ses longs cheveux blonds tombaient sur ses épaulières de métal, et ses yeux bleu clair était plus limpide qu’un ciel d’été.
 
« _ Alberich, appela la valkyrie. Par ce sacrifice, Odin a reconnu ta valeur et t’accepte parmi les vaillants. Prend ma main, et rejoint les champs glorieux du Vallhalla, Einherar d’Asgard ! »
 
Et c’est ainsi qu’Alberich, fils de Thorvan de Wersbrug, était devenu Alberich l’Einherar, un immortel au service d’Odin. Délaissant sa dépouille mortelle, l’esprit du jeune homme fondit dans le ciel, guidée par la brillante aura de la valkyrie. Celle-ci guida son âme par delà Midgar ainsi que se nommait la sphère des royaumes mortels, jusqu’à Bifrost, l’arc-en-ciel menant à Asgard l’Eternelle.
Kataryn présenta le nouvel immortel au puissant Heimdall(3) tout de fourrure vêtu, lequel était assigné pour l’éternité à la porte du royaume céleste. Ils pénétrèrent celui-ci par un interminable escalier bordée par de titanesques effigies à l’image des dieux. Au sommet, Alberich eu sa première vision d’Asgard l’Immortelle. Le spectacle du divin royaume du Père de Toute Chose l’ému jusqu’aux tréfonds de son être.
 
De royales routes traversaient des champs de batailles verdoyants ou les immortels et les Einherars s’affrontaient en de splendides joutes. A sa droite, les serviteurs du puissant Thor affrontaient les chevaliers du glorieux Tyr(4). La bataille était sans fin car dès que l’un tombait, victime d’une blessure mortelle, il se relevait intact pour s’en retourner au combat. A sa gauche, de longues tables de banquet étaient pleines de guerriers au repos, servies par les sensuelles prêtresses de Freya(5) qui leur apportait des plateaux débordants de viandes de gibiers, des tonnelets d’ambroisie, et des coupes de fruits succulents.
 
Au-delà, la route continuait, interminable, serpentant entre les festivités, les luttes, et les célébrations en hommage aux dieux, pour se diriger, tout au fond de la plaine verdoyante, vers la citadelle d’Odin.
 
Deux puissants bras se saisirent du jeune Einherar et l’arrachèrent à sa contemplation en le soulevant d’un bon mètre au-dessus du sol
 
« _ Par les mânes de Thor, célébra Jorgun, tu es des nôtres !
_ Jorgun ! s’étonna Alberich, mais je te croyais mort !
_ Mais je le suis ! Ici commence l’éternité du Vallhalla » répondit le colosse en présentant la plaine avec le bras. Et regarde, nous ne sommes pas les seuls. »
 
Jorgun pointa au loin un archer qui concurrençait d’adresse sur de lointaine cible. Alberich reconnut le nez en bec d’oiseau et les cheveux couleur corbeau de Llewerynn.
 
« _ Et Valeria, ? » demanda Alberich non sans angoisse.
Jorgun regarda Alberich gravement. Celui-ci appréhendait la réponse, et comme le colosse refusait d’en dire davantage, Alberich comprit qu’elle n’était pas là. Finalement, Jorgun éclata de rire dès qu’il vit la mine abattue de son ami.
« _ Elle a été choisie, évidemment. Elle sert la Dame Sif(6) désormais. Tu la trouveras au temple de la déesse aux cheveux d’or.
 
Le cœur d’Alberich se remit à battre. Il s’enquit de la direction à prendre, et s’en alla retrouver sa bien aimée.
 
 
Des festivités partagées avec ses compagnons, et des instants de volupté aux cotés de Valeria, tel était l’image qu’Alberich se faisait de l’éternité au Vallhalla. Mais le lendemain, il fut réveillé par une vive douleur, par la pointe de la lame de Kataryn balafrant son torse. Il écarta l’acier et se redressa dans les draps de soie violet.
 
« _ Ou est Valeria, demanda-t-il à la valkyrie.
_ Elle s’entraîne. Et d’ici quelques instants, ce sera ton tour. Si je dois faire de toi un guerrier, autant commencer dès maintenant.
_ Mais je suis un guerrier ! se révolta Alberich
_ Oh vraiment ! Alors allons juger de cela sur le champ de bataille ! »
 
Lorsqu’il fut gisant sur le sol, couvert de bleus et d’égratignures, soufflant comme un veau agonisant, si fatigué qu’il ne parvenait même plus à lever le bras, Alberich accepta de concéder que le terme de guerrier avait effectivement une connotation différente sur les terres divines.
 
« _ N’est pas Siegfried(7) qui veut, » commenta Kataryn que le combat n’avait même pas échauffée. « Relève-toi, guerrier d’Asgard ! Relève-toi et suis-moi, je vais te présenter au maître Draknar. C’est lui, qui t’enseignera l’art du combat tel qu’il est pratiqué dans l’Asgard Eternelle. »
 
* * *
 
Un coup de marteau sur sa tête sortit Alberich de sa rêverie.
 
« _ La prochaine fois je te fracasse le crâne, dit Draknar, si jamais je te reprends à dormir pendant l’instruction.
_ Oui, maître Draknar. »
 
Alberich n’eu pas le temps de s’excuser davantage. Se dirigeant vers eux à travers la plaine où prenait place l’entraînement quotidien des Einherars, une silhouette féminine avançaient vers eux. Ses formes étaient dissimulées sous une robe brune grossière, et son visage masqué par un voile noir ainsi qu’un capuchon.
 
« _ Qui est-ce ? demanda Alberich lorsqu’il comprit que la personne venait expressément vers eux.
_ Une servante des Norns(8) , les trois déesses du destin
« _ Kataryn l’hérault de Hel(9) , et Alberich l’Einherar d’Odin, appela la prêtresse. Suivez-moi. »
 
Puis, elle se retourna et repartit par le même chemin qu’elle avait usé pour venir. Alberich interrogea la valkyrie d’un regard interrogateur, et celle-ci lui exprima son ignorance des circonstances d’un haussement d’épaules. Ils emboîtèrent alors le pas à la prêtresse.
 
Celle-ci les guida sans mot dire à travers les batailles et les festins qui animaient journellement le Vallhalla, jusqu’à un bosquet aux arbres immenses dans lequel il pénétrèrent. Dans une clairière, la prêtresse voilée s’arrêta devant une mare aux eaux limpides.
 
« _ Voici le Bassin des Songes, expliqua celle-ci, ici on peut voir ce qui fut, on peut contempler ce qui est, et avoir une vision de ce qui sera peut-être. Mais aujourd’hui, c’est ce qui n’aurait pas dû être qui vous amène ici. »
 
Elle esquissa un geste du bras au-dessus des eaux. Celles-ci se troublèrent et devinrent le reflet d’un village en proie au chaos.
 
« _ Wersbrug, reconnu Alberich. C’est le village de mon père ! »
 
Dans le reflet, les maisons brûlaient et les habitants criaient et couraient. Une chose sombre passa, aux bras large comme des troncs d’arbres.
 
« _ Un troll du Nivelheim(10) , pesta Kataryn. Pourquoi un troll arpente-t-il Midgar ?
_ Il n’y a pas de réponse à ta question, répondit la prêtresse, car ceci ne peut pas être. Les créatures malfaisantes des royaumes inférieurs ne doivent pénétrer en Midgar, et vous ferez en sorte que cela ne soit pas.
_ Pourquoi nous ? demanda Alberich
_ Parce que les Norns l’ont décidé ainsi, et ce que les Norns décident n’est jamais sans raisons. Je ne suis que leur prêtresse, pas leur interprète, aussi vous faudra-t-il découvrir pourquoi en arpentant le chemin qu’elles vous ont indiqué. Maintenant,… »
 
La prêtresse esquissa un autre geste, et l’image de collines sous la lune remplaça l’horrible vision. Puis, Alberich et Kataryn se sentirent tomber.
 
Ils tombèrent encore et encore jusqu’à ce que le sifflement de l’air les hypnotise et les endorment tous les deux.
 
* * *
 
« _ Tu crois qu’il est encore en vie ? demanda la voix d’une petite fille ?
_ Sûrement, répondit celle d’un garçon. N’as tu pas vu l’étoile filante tombée des cieux qui l’a déposé ? C’est un dieu je te dis !
 
Les paroles résonnèrent aux oreilles d’Alberich tandis qu’il reprenait conscience. Il ouvrit les yeux, se dressa précipitamment, la main sur la garde de son épée.
Le jeune garçon qui était penché sur lui en tomba de peur sur ses fesses ! L’enfant portant une tunique de coton, des braies sales et de vulgaires chausses de fourrures. Une petite fille d’à peine dix ans l’accompagnait.
 
« _ Etes-vous un dieu de l’Asgard ? » demanda timidement la fillette.
 
Alberich faillit éclater de rire, puis, il se rappela qu’il était vêtu de l’armure des Einherar, dont la facture splendide et la savante alliance des métaux lui donnait sans aucun doute l’allure d’un dieu pour ceux qui ne les côtoyaient pas.
 
« _ Qui es-tu, enfant ? dit-il en guise de réponse.
_ Ilda, fille de Ygrail
_ Ygrail de Wersbrug ? »
 
La fillette hocha la tête.
 
Ainsi donc son jeune frère avait eu une descendance ? Il estima l’âge de la fillette et s’interrogea. Combien d’année s’était écoulée depuis l’instant ou il était devenu un élu d’Odin ? Personne ne gardait trace du temps dans l’Asgard Eternelle, et pour cause, c’était toujours l’été !
 
« _ Connaissez-vous la grotte des chasseurs ? demanda Alberich, celle où il y a les vieilles tombes. »
 
Le garçon acquiesça.
 
« _ Alors rendez-vous y prestement, ordonna Alberich d’une voix forte.
 
Les deux enfants reculèrent sous le ton menaçant et coururent dans la direction de la caverne. Alberich regarda autour de lui et reconnu l’endroit ou il était, puis il s’en alla dans la direction du village.
Il eu à peine parcouru une centaine de mètre qu’une voix l’arrêta.
 
« _ Où t’en vas-tu, guerrier ? »
 
Assis sur un rocher, un homme aux cheveux noirs et au long visage imberbe l’observait. Il était vêtu en noir de la tête au pied. Alberich le regarda avec étonnement. Sa chemise était fine et soyeuse, ses bottes d’excellentes factures. Tout cela n’avait rien à voir avec les vêtements rustres de son peuple.
 
« _ Vous êtes en danger, messire, répondit finalement Alberich. Vous devriez partir.
 
_ Parlerais-tu par hasard de ce monstrueux troll que j’ai vu rôder tout à l’heure ? Dans ce cas je n’ai rien à craindre et toi non plus, car si laid soit-il, il est doux comme un agneau.
_ C’est impossible, répliqua Alberich.
_ Et pourtant ! Un scalde du Nivelheim en quête d’inspiration, un voyageur des terres divines rapportant à son peuple les chants et les contes du Midgar, voilà sa véritable identité.
_ Un troll poète ? Jamais je n’ai entendu pareille bêtise.
_ Tu ne me crois pas ? Veux-tu que je te montre le campement qu’il a dressé et que nous allions le salue ? »
 
Alberich hésita. L’homme avait l’air sincère, et de bon conseil, aussi le guerrier s’approcha-t-il de lui en tendant la main.
 
« _ Je suis Alberich, se présenta l’Einherar, et vous êtes ?
_ Appelez-moi Ikol, » répondit l’homme avec un chaleureux sourire.
Ils s’apprêtèrent à partir lorsque tonna la voix de Kataryn.
« _ Non, hurla-t-elle, ne l’écoute pas ! »
 
Alberich se retourna pour la voir surgir d’un fourré en courant, mais celle-ci n’eu pas le temps de s’expliquer. Elle cracha un flot de sang et s’abattit au sol comme un arbre. Juste derrière elle, un deuxième Ikol en tout point identique au premier tenait une dague serpentine, maintenant couverte du sang de la valkyrie.
Alberich se retourna vers le premier Ikol, le regard furieux et inquisiteur. Celui-ci lui répondit d’un sourire narquois et malicieux.
 
« _ Loki, devina Alberich, le prince des mensonges.
_ Tu me donne trop d’importance, Einherar, je ne suis qu’une partie de Loki. »
 
Le deuxième Ikol saisit la valkyrie agonisante par les pieds et commença à la tirer dans le fourré avec un mauvais sourire. Alberich se saisit de son arme mais le premier Ikol lui pressa le poignet.
 
« _ Regarde petit guerrier, regarde, dit-il en montrant les volutes de fumées qui s’élevaient du village. Réfléchis bien à ce que tu vas faire, car pendant que tu guerroie ici, mon compagnon le troll extermine ton village.
« _ Et ce n’est pas la mort de l’un d’entre nous, dit un troisième Ikol, surgissant de derrière un arbre, qui changera la donne.
« _ Si toutefois tu parvenais à nous vaincre tous, » dis un quatrième.
 
Alberich était paralysé par l’indécision. « Que faire ? » se demanda-t-il.
 
« _ Va, murmura Kataryn, fait ton devoir Einherar d’Odin, et laisse moi ! »
Alberich regarda la valkyrie disparaître dans les buissons, traînée par le deuxième Ikol. Il savait ce qu’il devait faire, aussi tourna-t-il le dos à la scène et courut vers le village, l’arme au poing. Vainement, il tenta de se boucher les oreilles tandis que les rires des Ikol résonnaient derrière lui.
 
* * *
 
Le troll traversa la maison comme le sanglier passe un buisson. Le mur éclata comme un fruit trop mûr lancé au sol, les pierres volèrent sur plusieurs mètres tandis que le troll bondit pour sortir de la demeure.
La créature atteignait les quatre mètres, elle était grosse, laide, et incroyablement musclée. Son nez crochu descendait jusque là où naissait une barbe grossière, ses oreilles porcines se dressaient hors de ses nattes serties d’ossements. Dans une main il tenait une masse de métal dont l’embout était plus gros que deux enclumes, dans l’autre, un pauvre villageois.
Le troll leva le bras et jeta le malheureux au sol de toutes ses forces. Alberich arriva juste pour entendre l’écœurant bruit des os fracassés ainsi que l’odieux rire gras du monstre.
Invoquant le nom d’Odin, Alberich fonça tête baissée, l’épée en avant sur le troll.
Il frappa de toutes ses forces mais son coup ne parvint qu’a dessiner une estafilade sur le cuir épais du troll. Celui-ci répliqua d’une gifle qui envoya voler le Einherar jusque dans les décombres de la maison qu’il venait de détruire. L’armature d’une cheminée en pierre arrêta son vol, et n’eu-t-il été un immortel guerrier de l’Asgard qu’il aurait eu le dos rompu.
Alberich se releva, sonné, en prenant appuis sur son arme.
Le troll l’avait envoyé bouler comme rien, cela lui rappela le coup qu’il avait porté à Kataryn lors de son entraînement.
 
« _ Bien sûr, dit-il à lui-même, le pouvoir ! Quel imbécile je fais ! »
 
Il se releva, brillant de l’aura majestueuse des Einherars, et l’hideux sourire du troll s’effaça. La créature se saisit de sa masse avec ses deux grosses mains, et s’avançant à pas pesant vers le guerrier.
Le troll bondit pour atterrir dans les décombres de la maison où se tenait Alberich, il leva sa masse haut au-dessus de sa tête et frappa avec un hurlement de rage. La masse pulvérisa la pierre et le sol. Des monceaux de pierre et de terre volèrent aux alentours, mais le troll dû se rendre à l’évidence, il n’avait blessé personne. Alberich, lequel avait esquivé d’un pas de coté, posa le pied sur la masse du troll à moitié enfoncée dans le sol, et empoigna son épée des deux mains pour l’enfoncer dans l’œil du monstre. L’épée traversa le crâne du monstre pour ressortir derrière.
 
Le troll hurla, mais au lieu de décéder, il se saisit du guerrier et le lança au loin. Alberich n’eu pas le temps de se relever que le troll courut vers lui et lui asséna un coup de masse sur le dos, faisant craquer les os du Einherar. Sonné au sol, Alberich tenta de ramper hors d’atteinte du monstre, dont le crâne était toujours transpercé par son épée. Mais le troll leva son énorme pied et aplatit le Einherar, l’enfonçant littéralement dans le sol. La bête commença alors à piétiner le guerrier, et Alberich comprit qu’il ne résisterait pas très longtemps.
C’est alors qu’une fourche fut lancée et ricocha contre l’épaisse peau du monstre. Puis vint une volée de pierres, de flèches et de fruits pourris, tandis que toute la population du village tentait de divertir l’attention du monstre. Le troll, ne sachant plus ou donner de la tête alors qu’un vase venait justement de se briser dessus, recula. Ce fut suffisant pour Alberich qui pu ramper hors de sous son pied, et se relever.
Autour de lui les villageois s’étaient rassemblés, armés de ce qu’ils avaient pu trouver. Parmi eux, Alberich reconnut Thorvan son père, dix ans plus vieux, son frère Ysgrail, son cousin, Ranka, celle qui fut son premier amour, et beaucoup d’autres…
 
« _ Tu ne tueras pas notre protecteur, lança le vieux Thorvan avant de s’avancer, armé de l’antique épée familial et équipé de sa vieille cotte de maille, vers le monstre. »
 
Le troll, trop stupide pour se souvenir de la présence d’Alberich, s’apprêta à bondir sur le vieil homme, mais l’Einherar sauta et l’agrippa au cou. Saisissant sa lame toujours coincée dans le crâne du monstre, il tenta de l’en extirper. Celle-ci, coincée dans les solides os du monstre, se brisa, et Alberich se retrouva avec seulement la moitié de la lame.
 
Comme s’il revivait la scène de sa mort, Alberich enfonça dans le cou du troll la lame brisée jusqu’à la garde. Celui-ci hoqueta un dernier souffle et s’abattit sur le sol à en faire trembler tout le village.
 
Le Einherar se releva du cadavre, son épée brisée en main. Les villageois étaient à genoux devant lui. Le vieux chef lui adressa une prière de remerciement.
 
« _ Nous te remercions, dieu de l’Asgard Eternelle, toi qui porte les traits de mes aïeux, » dit le vieillard , ne reconnaissant pas son défunt fils dans le splendide guerrier en armure. « Nous élèverons un autel là où ta victoire .. »
 
Mais Alberich ne put comprendre la suite. Tout devint lointain et l’instant suivant, il était près du Bassin des Songes. L’Einherar se retourna vers la prêtresse.Celle-ci restait silencieuse.
 
« _ Et Kataryn ? demanda le guerrier.
_ Les valkyries ne meurent pas si facilement. Ta protectrice est pour l’instant captive dans les cavernes du Nivelheim, prisonnière des trolls qui œuvrent pour le prince des mensonges.
 
_ Alors cela se termine ainsi ? demanda Alberich. J’ai vaincu le monstre mais j’ai perdu mon amie ?
_ Non cela ne se finit pas ainsi, Einherar, cela ne fait que commencer, » répondit la prêtresse.
_ Tu ne crois tout de même pas que tu va partir tout seul ? dit la voix puissante de Jorgun derrière lui.
_ Partir pour ou ? demanda Alberich en se retournant.
_ Pour le royaume des brumes, répondirent Valeria et Llewerynn.
_ Je comprends, fit enfin Alberich en se retournant vers la prêtresse, cela ne fait effectivement que commencer.
 
Bien des années et des aventures plus tard, Alberich l’Einherar allait devenir Alberich à la Lame Brisée, l’immortel connut pour ne vaincre qu’en possession d’une arme cassée. Dans le Hall du Père de Toute Chose, il s’agenouillerait pour recevoir des mains d’Odin lui-même Gandunyr, la demi épée forgée à son attention.
Quand à ce qu’il advint de lui pendant Ragnarok, ceci est une autre histoire.
 
* * *
 
 
« _ Par le pouvoir de l’Asgard, meurt, » dit l’adolescent en abattant une épée de bois sur son amie.
 
Celle-ci se laissa tomber à terre, imitant un râle agonisant.
 
« _ Pourquoi est-ce toujours toi qui joue le rôle du Protecteur ?
_ Parce que je suis un garçon et que toi tu es une fille, répliqua l’adolescent. »
 
Songeur, il tourna la tête vers la statue de pierre. Le village avait été reconstruit, plus robuste qu’avant, tout autour de l’autel du dieu Protecteur.
L’effigie était exactement à l’image du souvenir que le garçon en gardait, lorsqu’il l’avait découvert dans les collines, juste après l’avoir vu tombé des cieux.
 
_____________________________________________________________
 
Notes de bas de page :
(1) Einherar : héro mort au combat et choisit par Odin pour être un immortel du Valhalla
(2) Zweihander : Signifie en allemand "Deux mains". Epée à deux mains d’origine germanique utilisée du 14eme au 17eme siècle. Sa taille pouvait atteindre jusqu'à 1m80. Elle était l’arme favorite de ceux qui chargeaient en tête de la mêlée et qui devaient s’opposer aux piquiers. Dans le récit, le terme est employé comme nom propre. L’épée de Gragnur est donc une ancêtre de ces flamberges d’outre Rhin.
(3) Heimdall : Dieu de la lumière et gardien de Bifrost. Il porte un cor, Gjallar, qu’il n’usera que pour sonner l’avènement de Ragnarok, la dernière guerre des dieux
(4) Tyr : Dieu de la guerre et de la justice. Il est manchot car sa main droite a été mangée par le loup Fenrir.
(5) Freya : Déesse de l’amour et de la fertilité, elle est la protectrice des peuples féeriques.
(6) Sif : Epouse de Thor, ses cheveux sont de véritable fils d’or, remplacement de ceux volés par Loki.
(7) Siegfried : Héro mythologique. En tuant le dragon Fafnir, le sang de la bête le recouvrit et lui transmit force et sagesse.
(8) Les Norns : Urd, Skuld et Verdandi ( ou Belldandy pour les amateurs de manga )
(9) Déesse de la mort
(10) Nivelheim : Domaine de glace et de brouillard, c’est le royaume céleste le plus bas de la topologie divine.  

n°5921389
docwario
Alea jacta est
Posté le 23-06-2005 à 12:00:40  profilanswer
 

bravo ! comme toujours maitre deidril.
 
par contre il y a comme des incohérences dans ton récit.
Alberich est un immortel, ok, quand le troll le balance contre la cheminée, aucun dommage car il est immortel, ok.
Mais pourquoi alors ne pourra-t-il subir plus longtemps le piétinage du troll ?
 
edit : et tu parles d'un pouvoir, même ton héros s'en souviens avant de planter son épée dans l'oeil du troll, mais pourquoi donc ne l'utilise-t-il pas ?
ou s'il l'a utilisé, on n'en voit pas trace...
 
sinon une suite à ta précédente histoire ? :p


Message édité par docwario le 23-06-2005 à 12:02:20
n°5930747
deidril
French Geek Society Member
Posté le 24-06-2005 à 10:53:54  profilanswer
 

Merci pour les remarques ^^ Il ne faut pas trop chercher midi à 14 sur cette nouvelle. Je l'ai laissé relativement inachevée sur pas mal de points. Incohérences, répétitions, une ou deux phrases mal conjuguées, et une fin assez plate.  
 
Immortel mais pas invincible le héro. Il peut se prendre une cheminée sur la tête mais se faire piétiner par une masse de muscles de 600 kilos, c'est autre chose ^^
 
Il y a effectivement une suite à ma précédente histoire, mais après quelques autres chapitres, je bloque. Pas assez sombre, pas assez méchant à mon gout. Et je ne veux pas faire dans le SM façon Goodkind. J'essaye de trouver le ton juste, celui qui me plait. Le dernier chapitre écrit est trop gentillet à mon goût. Je l'ai réécrit. Ca ne colle toujours pas. Je recommence sur un trip 'harry potter chez les necros'. C'est mieux. Mais voilà, je suis pour l'instant dans un trip World of warcraft mixé avec une fin de projet plutôt charette, donc l'écriture...  
 

n°5930852
deidril
French Geek Society Member
Posté le 24-06-2005 à 11:00:51  profilanswer
 

Aller, pour fêter le 6000eme visionnage de ce post ^^  
 
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La fille du nécromant - Chapitre VII
 
   Nous étions dans une grande pièce carrée, une salle taillée dans le roc aux murs griffés et barbouillés de sang, une partie provenant du malchanceux apprenti, le reste étant celui de plus anciennes victimes. Une odeur forte, presque asphyxiante, bestiale et âcre empestait l’endroit. Tandis que le corps de la créature se dissolvait sous l’action de mon acide, j’examinais l’endroit plus en détail.  
Le sol était recouvert d’ossements et d’excrément malodorants. Je remarquai dans le plafond un disque de métal, sans doute l’ouverture scellée d’un puit  par lequel on jetait sa nourriture à la bête. Comme les squelettes étaient pour la plupart humanoïde, je conclus qu’ainsi finissaient les indésirables de la société des Héritiers des Douze.
   Le guerrier retira son espadon du corps de la bête. La lame était fumante des effets de l’acide, mais néanmoins intacte. Puis, il se retourna vers moi.
   Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Il était jeune, fort et beau comme un dieu. Je découvris un visage taillé et fin, des yeux gris bleu de l’éclat d’un diamant rare, des cheveux noirs courts, ébouriffés en mèches distraites, et un corps longiligne modelé par l’effort. Il portait une armure perfectionnée d’écailles, de plaques et de mailles en noiracier, ce métal qu’utilisaient les Douze pour équiper leurs guerriers, et celle-ci le couvrait sur tout le corps hormis la tête.
   Le colosse quant à lui, était une brute poilue tout en muscles et en rage. Sa peau était foncée comme celle des jumeaux, et tatouée d’araignées, de scorpions et d’autres vermines stylisées à grands coups de traits droits et d’angles secs. Le dernier, bien que légèrement plus petit, était tout aussi inquiétant. Je reconnu un sardryn, un de ces immortels eldryns qui avaient trahi leur peuple pour servir le Dieu Déchu. Mince, grand, les yeux violets et perçants, il me dévisagea longuement. Comme tous les siens, ses cheveux étaient gris aux reflets argentés, et sa peau d’un blanc pâle et rosé à la texture lisse et soyeuse, et il était totalement imberbe.
   Bien sûr, je savais que la Force d’Ame n’était pas l’apanage des magiciens. Les guérisseurs l’utilisent pour soigner, les artisans pour enchanter leurs créations de  propriétés particulières, les cuisiniers pour que leurs repas aient les saveurs les plus inoubliables, et enfin les guerriers l’emploient pour la guerre et le combat. C’était cependant la première fois que je rencontrais d’autres utilisateurs des Dons en dehors de mes frères et de l’assemblée de magiciens qu’avait réuni Deiraelle.
   Le jeune guerrier dû remarquer que je le dévorais des yeux car il me lança un clin d’œil et un sourire. Je n’avais que quatorze ans et lui une vingtaine, mais je décidai malgré tout de l’impressionner. Aussi, repris-je un masque hautain, dissimulant mes émotions.
 
   « _ Je suis Yslain, chevalier de la Légion des Mortelames, commença-t-il. Et vous êtes ? ajouta-t-il en se tournant vers les deux autres hommes.
   _ Doolkhan, lui répondit le colosse.
   _ De la Légion de la Bête ? » demanda Yslain
 
   L’autre ne répondit pas, lui adressant un regard dédaigneux comme si la réponse était évidente.
 
   _ De la Légion de la Bête, donc, confirma Yslain.  
   _ Appelez-moi Rayn dit l’eldryn renégat d’une voix suave et mélodieuse. »
 
   Comme tous les sardryns, il devait sans doute servir dans la Légion des Immortels, aussi personne ne lui demanda plus d’informations. Les trois hommes se retournèrent alors vers moi, leurs regards me demandant mon identité.
 
   _ Je me prénomme Lysandre, dis-je simplement.
   _ Humpf, une gamine ! Quel fou t’a envoyé ici ? dit la brute avec dédain.
   _ Je n’ai aucune appartenance aux légions. Je suis la fille de Zaar, répondis-je d’un ton désinvolte. »
 
   Le nom de mon père leur cloua le bec. Afin de m’imposer davantage, j’avançai au milieu d’eux, en arborant la plus grande assurance possible, vers un obscur tunnel, seule sortie visible de la pièce et qui montait en pente douce.
 
   « _ Attendez jeune fille, intervint Rayn en me saisissant l’épaule. Je vais passer devant. »
 
   L’eldryn s’approcha de l’orbe lumineux que j’avais créé. Celui-ci commença à léviter et à le suivre. Je fis de gros efforts pour ne pas paraître surprise, car je ne pensais pas que l’on pouvait ainsi voler les enchantements d’autrui.
   Ainsi commença le jeu des masques et des mensonges, chacun tentant de percer les autres à jour, d’estimer leurs véritables forces, de deviner leur Don tout en dévoilant son propre jeu le moins possible. S’il ne faisait aucun doute que Doolkhan était de la Radiance, le Don des deux autres était plus difficile à cerner.  
   Rayn nous indiqua les pièges sur notre route, et je les désamorçai en changeant la nature d’un des composants. Le poison devenait de l’eau, et les ressorts des mécanismes fondaient. Lorsque Rayn nous alarmait de la présence de créatures au devant, les deux guerriers formaient une avant-garde et bloquaient le couloir, forçant les ennemis à nous affronter là où nous avions l’avantage.  
   Traversant un véritable labyrinthe de salles et de couloirs, nous affrontâmes nombre de monstres issus de l’esprit machiavélique de Savius. Contre la manticore, une créature mi-lion et mi-scorpion à la queue sertie de dards empoisonnés, Yslain renforça la résistance de son armure. Il brillait alors d’une aura étincelante, visible même sans la Vision, et les aiguillons comme les griffes de la bête ne parvinrent même pas à égratigner sa peau de métal. Contre le basilik, ce lézard magique gros comme un cheval dont le regard statufiait les malheureuses victimes, Doolkhan se précipita en avant, renvoyant les effets du pouvoir de pétrification grâce à son Don de Radiance, imitant ainsi Andrion lorsqu’il avait retourné la magie de Zaar lors de notre première leçon de magie. Bien sûr le basilik était immunisé à son propre pouvoir, mais tel n’était pas le but de la manœuvre. Doolkhan saisit sa nuque avec ses deux mains et la brisa d’un seul craquement.  
Squelettes animés, cerbères cracheurs de feu, spectres vengeurs, serpents géants à trois têtes, tous tombèrent les uns après les autres. Pourtant, aucun n’était réellement un danger pour nous. Doolkhan paradait devant chaque cadavre, insistant combien nous devions la facilité de notre progression à sa seule force, évidemment. Après une demi-heure de bravades, Rayn intervint.
 
   «_ De toute évidence, ces épreuves sont prévues pour éliminer les plus faibles. Les Héritiers veulent simplement évincer les incapables, et non pas décimer la nouvelle génération. Si personne n’y survit, à quoi servirait-il de nous avoir formés et entraînés durant tant d’années ? Pour l’instant, il n’y a donc aucune gloire à triompher car n’importe lequel d’entre nous aurait pu franchir ces étapes tout seul. N’est ce pas ? »  
 
   Yslain et moi même confirmâmes d’un hochement de tête, trop content de faire taire le braillard.  
   
   « _ Je subodore cependant que les choses vont s’envenimer, continua Rayn, aussi restez concentrés si vous ne voulez pas que la lame traître d’un piège ne vous coupe en deux. »
   
   Après cela,  Doolkhan nous ficha la paix.
   L’intuition de Rayn se révéla juste. Quelques combats plus tard, nous finîmes par émerger, via un long tunnel humide, dans une grande arène. Les parois montaient jusqu’à des gradins, une dizaine de mètres plus haut. Des pieux de métal hérissaient le contour. Certains empalaient toujours une armure avec son squelette emprisonné dedans.  
   Dès que mes deux pieds furent sur le sable de l’arène, un pan de pierre scella le tunnel derrière moi. En face de nous, je remarquai une semblable entrée, également scellée.  
 
   «_ Il n’y a personne ici, notai-je pour mes compagnons. Ni adversaires, ni  spectateurs. »
 
   En effet les gradins étaient vides. Loin au dessus de nous, un plafond de roc me confirma que nous étions dans une immense grotte aménagée en un lieu de divertissement et de mort.
 
   «_ Pour l’instant, concéda Yslain, pour l’instant… »
 
   Rayn s’assis sur le sol, en tailleur. Il posa ses mains sur ses genoux et ferma les yeux, entrant dans une profonde méditation.
 
   «_ Je présume qu’une pause ne peux pas nous faire de mal, commentai-je. »
 
   Je me laissai tomber au sol également et Yslain fit de même, tandis que Doolkhan s’en alla examiner les cadavres empalés, à la recherche d’un quelque chose à piller. J’entrepris alors de faire plus ample connaissance avec le beau chevalier.
 
   «_ C’est une magnifique épée que vous utilisez, messire Yslain. Sa facture est exceptionnelle. Tout comme votre armure. Je n’en ai jamais vu de telles. Sont-elles communes à tous les Mortelames ?
   _ Non point damoiselle, elles sont l’œuvre d’un maître forgeron sardryn, récompense d’une noble dame de Sombreden pour mes services.
   _ De quel genre de services vous acquittez-vous donc ? »
 
   Yslain me lança un regard malicieux et me sourit alors d’un air entendu.
 
   «_ Oh, ce genre là.
   _ Ma véritable occupation était d’être son protecteur, son garde du corps. Peut-être le savez-vous déjà, mais la Légion des Immortels, ou plus exactement la société des sardryns telle qu’elle est aujourd’hui, est un monde de traîtrise, d’intrigues, de complots et d’accidents mortels qui nous relègue, nous les chevaliers noirs, à d’innocent bambins. Aussi arrive-t-il que certains recrutent un humain, lequel sera à la fois leur garde du corps et leur amant. Aucun sardryn n’accorderait sa confiance à un de ses semblables en dormant à ses cotés, ou simplement en s’abandonnant à ses sens pendant qu’il…Mais je réalise que vous êtes encore fort jeune, demoiselle, et que nous ne devrions peut-être pas parler de ce genre de choses.  
   _ Je vous trouve fort prude pour un chevalier d’Andragoras. Je croyais que les Mortelames ne connaissaient que l’exaltation de l’acte de tuer.  
   _ Ne vous y trompez pas, je n’ai pas la moindre once de retenue en ce qui concerne ces choses, ou même envers votre âge. Mais je ne suis pas stupide. Votre père est un homme puissant, et si mon nom devait arriver à ses oreilles en des termes déplaisants, je doute de vivre très longtemps après cela. D’ailleurs, si vous aviez été l’Apprentie d’un anonyme sorcier, il est probable que je me serais amusé de vous avant de vous étrangler, si toutefois Doolkhaan ne m’eu pas précédé. Les très jeunes filles ont une saveur exceptionnelle que l’on ne peut jamais oublier une fois que l’on y a goûtée. Cela vous choque-t-il ?
   _ Non, pas vraiment, mentis-je. »
 
   Rayn ouvrit les yeux et se leva précipitamment. Alertes, Yslain et moi-même l’imitèrent. Le tunnel qui nous faisait face s’ouvrit pour laisser entrer un groupe de cinq personnes. Doolkhan se précipita pour nous rejoindre.
   Remporter le combat sur l’autre groupe était la solution évidente de cette partie de l’épreuve.  
   Seulement, mon frère Kalith faisait partie des opposants.
 
 
   J’étais désespérée.  
   Mes compagnons se préparaient à l’affrontement, concentrant leur Force d’Ame en protections et augmentations de leurs capacités physiques tandis que nos adversaires faisaient de même. La réédition n’était sûrement pas une option, et donc ma mort ou celle de Kalith semblait être les deux seules alternatives.
   Je le fixai du regard et il me renvoya un flot d’émotions. Panique, chagrin, désespoir, lui aussi luttait intérieurement, refusant d’accepter le défi qui nous était imposé.  
   La détermination de mes alliés à en découdre était claire, et elle était partagée par les compagnons de Kalith. Elle était lisible dans leurs auras agressives, sur leurs armes qui brillaient maintenant de flammes magiques, noires, rouges ou vertes, dans leurs yeux brûlants, ou au contraire dénués de toute émotion. Les raisonner me semblait impossible, les combattre seraient déjà très difficile car ils étaient tous des pratiquants entraînés des Dons. Et finalement, une voix s’éleva des gradins pour confirmer ce que je ne voulais pas entendre.
 
   «_ Bienvenue dans l’arène d’Oriastin, jeunes recrues. Ici des champions ont vu leur gloire débuter, et d’autres ont sombrés dans l’oubli. Ici vous ferez la preuve de votre volonté, ou bien vos os iront blanchir sur le sable. Deux groupes vous êtes, mais un seul partira. Une seule règle vous sera imposée. Quand bien même la trahison est une arme redoutable, vous ne l’utiliserez pas. Ceux qui sont entrés avec vous en ce lieu seront vos seuls alliés. Les autres sont vos ennemis. Que le meilleur gagne. »
 
   Je ne perdis pas de temps à scruter l’endroit d’où venait la voix. Le dilemme était clair. Soit je mourrais, soit Kalith mourrait, soit nous mourrions tout les deux. Et plutôt que de laisser à un de mes alliés le destin de Kalith, je résolus de m’en charger. Je ne voulais pas que Doolkhan exerce sur lui sa brutalité, ni que Rayn l’égorge comme un cochon pour le banquet. Enfin, je ne voulais pas qu’Yslain devienne une source de rancœur. Puisque la mort de l’un de nous deux était inéluctable, mieux valait que je m’en charge et qu’il ne souffre pas.
   Je lui exprimai ma décision, affichant sur mon visage ma résolution, mais aussi mes regrets. Il me renvoya sa réponse, me notifiant d’un regard à la fois dur et triste, m’informant ainsi de sa compréhension comme de sa décision de m’imiter.
 
   «_ Je m’occupe du jeune garçon, déclarai-je.  
   _ Je peux me faufiler aisément dans son dos, intervint Rayn. Il fera une proie facile pour ma dague.
   _ Il est mon frère. C’est à moi de le tuer, répliquai-je. Et celui qui s’interposera sera sacrifié. »
 
   Comme seule réponse, je sentis le regard de Rayn sur moi. Il n’ajouta rien à mes paroles, confirmant par son silence qu’il n’irait pas contre ma détermination. Je me drapai alors d’une houppelande d’obscurité. Depuis l’Eveil de mon Don, j’avais grandement perfectionné la pratique de cette technique empruntée à Zaar, sans toutefois effleurer la maîtrise qu’il en avait. Puis, je me concentrai afin de pouvoir manipuler les pieux de métal qui ornaient les murs de l’arène.  
   Nous nous scrutions les uns les autres, nous concentrant, prêt à engager toute notre Force d’Ame au premier geste hostile. Le groupe de Kalith était composé d’un hyarg, humanoïde gras et ventripotent, au corps recouvert de craie et au visage maquillé de noir afin de le faire ressembler à un crâne décharné. Il tenait fermement une hache au manche d’os et à la lame de roc noir. Malgré le primitivisme de l’arme, elle était enveloppée de flammes cramoisies, exprimant la brûlante agressivité de son propriétaire. Puis, venait un individu à la peau rougeâtre, armé d’une grande épée à deux mains dentelée, et protégé par un plastron de noiracier. Je reconnu un incube, fruit de l’union d’un des démons d’Andragoras et d’une humaine, grâce à la description que Tyor m’en avait faite un jour qu’il m’avait confié le détail de son ancienne vie. Le troisième était devenu une ombre qui courrait sur le mur et sur le sol, s’identifiant ainsi comme un Apprenti ombremage. Puis venais mon frère, et enfin un spadassin d’une pâleur cadavérique, tout de pourpre vêtu, et dont les veines des tempes saillaient par leur teinte violacée. Un vampire.  
   Décidée d’en finir au plus vite, j’ouvris les hostilités. Des pointes de fer longues de deux mètres s’arrachèrent des pierres dans lesquelles elles étaient scellées pour fendre l’air vers Kalith. Je savais que le Don de Kalith était celui du Réceptacle, et donc qu’il pouvait absorber toute attaque envers lui, quelque soit la forme que prenait la Force d’Ame. Me remémorant la leçon que nous avait donné Zaar dans l’arène, je m’appliquai à n’utiliser que des attaques purement physiques, comme ces épieux de métal, projetés certes par ma volonté mais dont la dangerosité ne reposait pas sur un effet de la Force d’Ame dont je les auraient investis, mais simplement par les dommages qu’ils provoquaient en perçant les chairs et en brisant les os.
   Je m’attendais cependant à les voir s’écraser sur l’aura de protection de Kalith, mais au dernier moment celui-ci effaça complètement sa Force d’Ame. Les pieux le transpercèrent de part en part, le tuant, que les dieux en soient remerciés, instantanément. Sur son visage figé par la mort, je lus un sourire, un signe d’au revoir qui voulait simplement dire « Bonne chance ».  
 
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Voilà, gageons que cette période d'abstinence suscitera quelques commentaires critiques des affamés des feuilletons fantasiesque d'hfr ^^


Message édité par deidril le 24-06-2005 à 11:19:27
n°5960748
docwario
Alea jacta est
Posté le 27-06-2005 à 21:29:31  profilanswer
 

Bravo à nouveau !
 
Comment faire pour te forcer à publier la suite ?
Une bonne critique ?
 
Je m'en occupe dès ce soir, en échange du prochain chapitre ;)

n°5963515
deidril
French Geek Society Member
Posté le 28-06-2005 à 09:48:39  profilanswer
 

Ca me semble un marché honnête

mood
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Posté le   profilanswer
 

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