Slt !
Passé le WE avec un M8. Assez séduit, sur quelques points même complètement. Mais sur d'autres, besoin de l'expérimenter un peu plus.
Les plus :
- Aspect "bétonné" non pas cossu, mais professionnel, on ne peut éviter l'impression d'un matériel élaboré et riche en ressources, malgré la "nudité" extérieure en boutons. A l'opposé de la sauce Nikanon, toujours ratée quand on a pratiqué un Leica.
- Plutôt lourd, gage de stabilité au déclenchement.
- Appareil conçu pour la photo de rue, l'instantané (mais bizarrement je ne le sens pas encore pour le sport...), conforme à la tradition, pour preuve seulement deux boutons (contact-déclencheur et molette des vitesses) sur le dessus du boîtier.
- Une cadence en PDV continue de 2,5 vues/s. Largement suffisant, à comparer au Digilux 2 qui n'avait pas de buffer, et prenait plus de 7 secondes pour fixer un cliché Raw de 9 Mp...
- La qualité d'image de la visée (luminosité, précision...), même si c'est un peu restreint avec un 75 mm.
- Le post-traitement avec Capture One, une pure merveille de précision, qui peut compenser formidablement les risques d'oublis quant aux conditions spécifiques de PDV (haute ou basse lumière), et c'est dû, amha, à l'excellent capteur.
Les moins :
- La prise en main est assez particulière, ne pas laisser trainer les doigts sur la petite fenêtre droite du viseur, on perd le réglage télémétrique. Donc une main en dessous, une main sur le côté. Sauf que si on fait les réglages distance/ouverture de la main droite, on a de fortes chances de boucher le télémètre. Obligation donc de tortiller les phalanges, puisqu'il n'y a que très peu de place pour les grosses paluches du côté gauche... Et avec un 75 mm sur cet appareil, on n'arrête pas de devoir refaire la MAP...
- Il faudra s'habituer à avoir l'oeil gauche "dehors", qui fait une petite partie du travail de cadrage et PDV. En rapproché, c'est pas la gloire, compte tenu de la parallaxe...
- Le format DNG, pas assez pris en compte sous Windows. Vignettes sans étiquette dans l'explorateur si on charge les fichiers en direct de l'appareil (mais pas de problème avec un lecteur de carte mémoire, format DNG reconnu) ce qui veut dire firmware à revoir.
- Taux de transfert plutôt bon, mais je n'éprouve pas du tout le besoin de considérer les millisecondes pour la procédure de transfert. Discuter si on atteint les 5 minutes, là c'est ok... Pourtant, ca prend un peu de temps de sortir la carte du boitier ou brancher un cable, mais non, il y en a encore pour pérorer sur les taux de tranfert
- Le bruit : à 640 iso en lumière artificielle, bruit dans les zones moyennent assombries, très net dans les tons foncés.
- Le plus monstrueux : 28 mm équipé du parasoleil : un quart du viseur encombré ! Mais heureusement, le manuel précise qu'il vaut mieux l'avoir en permanence sur l'objectif, puisqu'il constitue aussi une protection... SAUF QU'IL EST TROUÉ dans le coin supérieur gauche apparaissant dans le viseur ! On se retrouve avec une visée dont le quart inférieur droit est magnifiquement encadré d'un drôle de trait noir... Quel mauvais accessoire, qui laisse passer tout ce qui pourrait tomber (pluie, poussières...) sur la lentille frontale de l'objectif
- Donc plus qu'à attendre que Sohms livre les filtres IR/UV aux heureux possesseurs du M8. Filtres indispensables, le capteur réagissant à ce que l'oeil humain ne capte pas
- Le prix : un boitier, un 2/28 et un 2/75, ca fait seulement 9.430 euros. Foutage de gu...
Non classifié : la batterie a tenu une carte de 93 vues en dng, mais était au bord de l'asphyxie en usage semi-intensif : presque trois heures sous tension. pas assez pour un professionnel aux 600 déclenchements, beaucoup trop pour les photos du gâteau de baptême du nouveau-né.
Mes conclusions en vrac, parce que c'est encore trop tôt, et il est bien sûr un peu différent des argentiques de la marque :
Avant de prétendre et d'espérer en tirer le meilleur, il faut savoir ce qu'est la lumière, mais aussi, la fixation de la lumière. Tout un art, sur lequel je refuse de m'étendre, ceux qui prétendent le savoir ne passent que très peu de temps à photographier et l'expliqueront très bien
C'est vous qui avez choisi la mariée hors de prix, mais c'est elle qui vous mènera par le bout du nez : on ne fait pas ce qu'on veut d'un M8, il a été conçu selon des règles fondamentales qu'il est utile de connaître. Oscar Barnack a inventé le concept et les théories, on le sait assez mais apparemment, c'est pas suffisant...
Appareil superbe qui inspire de la sympathie, plus exactement il rappelle vaguement une petite boîte intelligente qui fit les succès de Lartigue, Doisneau, Cartier-Bresson, Capa, mais ne s'en éloigne pas tellement.
Et le post-traitement à partir d'une vue faite au M8 est au final la cerise confite sur la crème chantilly : un régal pour photographe complètement dingue de l'image au point qu'il finit par en oublier le matériel. C'est ce qui arrive parfois...