La question est en fait vicieuse, car c'est oui et non.
Je ne vais pas me faire que des copains, je vous jure que je suis de vôtre côté, mais une expérience récente m'a contraint à abonder aussi dans le sens de la pénurie, bien qu'il y ait encore 35.000 informaticiens au chômdu en France.
Je travaille dans une très bonne boîte, un éditeur de logiciels dont je tairai le nom par modestie, et dont le directeur technique est un super-hyper-bon. A l'embauche, j'ai passé un test qui n'était rien d'autre qu'un équivalent de la certification Java SCJP (programmeur), mais en 1h au lieu des 2h prévues. Comme j'ai 5 certifs Java je le sentais royal, les mains dans les poches. Eh bien pas du tout, j'ai terminé 2ème avec 24 points, le 1er en ayant eu 26. Par contre, un autre très bon embauché récemment a fait 40, et le directeur technique 50, dans les mêmes conditions. Je me considère pourtant dans les bons, environ dans les 20 meilleurs % et apparemment c'est bien le cas, mais en clair mon niveau était quand même tout juste suffisant pour ce qu'on attendait de moi. J'ai eu l'occasion d'interroger récemment le directeur technique qui m'a bien expliqué qu'ils avaient dû investir énormément de moyens (c'est une startup) pour pouvoir trouver des types valables à embaucher, ils avaient pratiquement du se prostituer pour ça, trouver des informaticiens valables est TRES difficile en ce moment pour les boîtes, la meilleure technique restant le réseau professionnel.
Le problème de base est qu'avec la fameuse loi empirique mais très juste des 20/80, TOUTES les boîtes cherchent à embaucher des bons, ceux dans les 20 premiers %, mais évidemment ceux là sont tous déjà pris ou le sont très vite, restent les autres. En clair 80% des informaticiens sont médiocres ou mauvais d'après le niveau que les boîtes ATTENDENT d'eux. C'est donc un cercle vicieux, les bons n'étant JAMAIS disponibles en quantité suffisante, et c'est valable partout et tout le temps.
Evidemment du côté des boîtes il y a aussi beaucoup de mauvaise foi, en particuliers les SSII viandardes qui sont nombreuses à reprendre la même annonce d'un prospect (job fictif tant que le prospect ne devient pas client) et vont crier à la pénurie car trop d'offres vont leur échapper faute de candidats suffisants à présenter, alors que le poste correspondant n'existait pas en réalité. Il y a aussi le quasi-refus de former un peu les confirmés, mais on forme plutôt à la place rapidement des JD qui vont être nettement moins performants mais beaucoup moins chers et vont pourtant être vendus le même tarif au client.
Le plus bel exemple d'hypocrisie vient encore des US : Microsoft est connu pour pleurer tout le temps depuis des années sur une pénurie d'informaticiens compétents, dépensant des millions de dollars en lobbying au congrès pour exiger que tous les quotas de H1B soient levés afin que tous les informaticiens du monde puissent aller aux US sans restriction. Mais il est évidemment complètement mensonger pour une boîte comme Microsoft qui fait plus d'1 milliards de bénéfices cash par mois et dipose presque de plus d'avocats que de programmeurs de prétendre d'avoir des problèmes pour embaucher. Comme par hasard, un de ses très rares concurrent dangereux Google s'étant mis récemment à embaucher des très bons, Microsoft vient en parallèle d'augmenter en quelques mois ses effectifs de 15% en réponse avec des très bons aussi, comme quoi quand ils en ont vraiment besoin ils arrivent (c'était évident) à embaucher qui ils veulent. L'unique explication rationnelle est que Microsoft veut pouvoir baisser les salaires de ses informaticiens en organisant le trop-plein, quitte à ce que le salaire de tous les informaticiens ordinaires s'effondre avec tant de personnel disponible en excès.
Pour lutter contre cette situation il y a 2 pistes à mon sens :
_ ceux qui sont en poste doivent s'auto-former en permanance pour rester à jour avec toute la technologie de leur branche même si leur poste n'est pas menacé et même s'ils ne travaillent pas sur le sujet.
_ ceux qui sont en poste doivent être mis à niveau par les entreprises pour remise à niveau rapides des compétences réellement demandées, il y en a marre que les boîtes exigent des gens déjà immédiatement opérationnels en tout, alors que le peu qui le sont réellement sont tous forcément déjà en poste par définition.