Salut à tous,
Je m'adresse en priorité aux forumers qui sont dans le conseil ou qui ont déjà fait du recrutement.
J'ai eu un début de parcours plutôt enviable : prépa, école d'ingé groupe A, DD typé recherche, donc un profil très académique même s'il a toujours été clair dans mon esprit que je ne voulais pas rester dans le monde de la recherche. Et là, au lieu de partir en entreprise, je me suis dit que j'aimerais encore améliorer mon niveau scientifique et mon employabilité à l'international en faisant une thèse , de préférence assez appliquée pour faciliter ensuite un passage dans l'industrie. Pour plein de raisons différentes, j'ai choisi de la faire en France.
Je me rends compte que j'ai commis une lourde erreur . J'ai assez vite remarqué que ma thèse ne serait pas géniale sur le plan scientifique, que mon labo était globalement à la traîne par rapport à l'état de l'art. J'ai pris le parti de m'en accommoder pour faire des choses à côté (pour le coup, je ne le regrette pas !), et puis l'ambiance est très relax, les gens sont sympas. J'ai commencé à douter sérieusement en début de deuxième année, voyant que
- le sujet proposé menait à une impasse et mes travaux ne seraient sans doute pas poursuivis
- j'étais le seul du labo à bosser sur mon thème de recherche, sans vrais liens avec le monde extérieur
- le but initial de la thèse était plutôt de trouver un ingénieur pour pallier une insuffisance interne
En gros, zéro pression, zéro feedback, on dit oui et amen à toutes mes propositions faute de mieux, et on me laisse perdre du temps sur des sujets secondaires au lieu de me recadrer. Le seul qui critique mes travaux, c'est moi. Or moi, j'ai beau être très autonome, j'ai besoin de points de référence et d'ambition. Surtout, j'ai besoin d'être utile. Bref, je m'em*erde, c'est étonnant .
Dans des circonstances normales, j'aurais sûrement claqué la porte. Mais c'est à ce moment que le Covid nous est tombé dessus. Confiné dans ma bulle, j'ai temporisé, tenté de pousser mes travaux, mais je n'ai toujours pas de perspective stable quant à l'issue de mon doctorat. J'ai « perdu » en gros un an de thèse comme ça. Dans l'intervalle, j'ai beaucoup réfléchi, je me suis beaucoup renseigné, j'ai pas mal gagné en maturité. J'ai à peu près tiré un trait sur la R&D, je crois que ce n'est pas le genre d'univers dans lequel je m'épanouirais .
Il semblerait que le monde du conseil en stratégie, avec ses thématiques, sa variété, son exigence, convienne le mieux à mes envies . J'ai donc commencé à me préparer aux entretiens, la perspective me motive. Je suis tout à fait en mesure d'expliquer mon parcours et de tirer du positif de chacune de mes expériences, thèse y compris. Là n'est pas le souci, même si je n'ai pris en école aucun des électifs qui mènent traditionnellement au conseil.
Ce qui me gêne, et ce qui m'amène ici, c'est que je ne sais pas de quelle façon me présenter :
- Comme un thésard qui va bientôt soutenir ? Ce n'est pas improbable mais qu'est-ce qui se passe si je suis embauché et qu'entre temps, ma thèse se termine en échec ? Je sais que certains cabinets accordent de l'importance au doctorat ; je ne voudrais pas être embauché sur malentendu.
- Comme un ingé qui veut se réorienter après une première expérience dans la recherche ? Idéalement, c'est ce que je préférerais, mais :
- Ça ne ferait pas très sérieux ni très impliqué, non ?
- Si j'indique clairement mon envie de réorientation dans ma lettre de motivation et sur mon CV, est-ce que ma candidature ne passerait pas directement à la poubelle ?
- Du point de vue d'un recruteur, j'aurais du mal à ne pas voir cet attrait soudain pour le conseil comme un revirement suspect en réaction à une déception.
Je précise que démissionner sans avoir de plan B assuré n'est pas une option. Je n'ai pas envie de jouer les Tanguy.
Bref, quel est votre avis là-dessus ? Que feriez-vous à ma place ? Toutes les personnes que j'ai interrogées pensent que ce serait une mauvaise idée d'arrêter, mais aucune n'est dans le conseil...
Merci d'avance !
PS : je précise que mon domaine de recherche n'a rien, mais alors rien à voir avec la stratégie.