bananuphe a écrit :
Par ailleurs, j'avoue que le modèle du MOOC me plait. Les points forts étant des cours de qualité que l'on peut revoir autant de fois que l'on souhaite/communauté "réelle" via un forum où le prof valide la solution/ quizz hebdomadaire assez poussé et partiel assez compliqué.
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Les MOOC c'est une illusion. Ou en tout cas, il est illusoire de penser qu'il peut s'agir d'un produit d'appel à forte valeur ajoutée.
Les MOOC les plus respectés/populaires sont ceux d'institutions ayant déjà une forte légitimité dans la catégorie des écoles "brick & mortar" - normal, un MOOC faut quand même mettre un prof devant la caméra, ergo il faut un corps professoral. De fait, il faut déjà être une bonne école pour pouvoir disposer de son personnel capé comme il faut.
En gros, une petite ESC de province avec peu de visibilité mais géniale pourra faire le meilleur MOOC du monde, tout le monde s'en foutra par rapport à un truc à deux balles conçu par HEC ou l'INSEAD, c'est triste mais c'est comme ça. Et quand on ramène l'éducation à un marché et les étudiants à une clientèle, vous voyez bien que les logiques sont les mêmes, en particulier au niveau du poids et de la notoriété des marques.
bananuphe a écrit :
Bonsoir,
Ce topic va réveiller le trollage mais ce n'est pas le but. Voilà, beaucoup d'entre nous sont dans des écoles de commerce et on peut le dire, c'est la glande. Suis-je le seul à penser que je préférerais un modèle comme de celui de la prépa ou celui du MBA l'Insead ? (http://www.lemonde.fr/education/article/2013/05/21/hec-et-insead-deux-succes-deux-styles_3414828_1473685.html#YyfcVL7W4Sfvtfyz.99).
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Le modèle des ESC française est très particulier (celui des universités, des écoles d'ingés, etc... en bref l'ensemble de l'enseignement supérieur l'est aussi, mais je me limiterai ici aux ESC). En cela que la stratégie de la très grande majorité des écoles de commerce ayant fait le choix d'intégrer en diplôme PGE des étudiants de prépa tourne historiquement autour d'un seul thème: le classement de l'école dans la délivrance du dit diplôme PGE.
C'est important de le souligner, car c'est la source du mal, en quelque sorte: toutes les forces sont historiquement subordonnées à l'objectif d'améliorer ou de conserver sa place dans un classement qui a pour seul public initial (avant les admissions parallèles) les quelques milliers d'étudiants des prépas EC. On comprend bien que dès lors qu'une école se focalise trop sur ce diplôme et définit sa stratégie monde autour, elle risque de perdre de vue son rang et sa place en-dehors de France.
Cette monomanie se vérifie certes de moins en moins, avec la diversification des programmes, mais même là on se rend compte que certains tropismes perdurent: les programmes post-bac (bachelors) et les MSc jouent le rôle avoué de tiroirs-caisse, ce qui conforte le cycle PGE dans son rang de programme d'excellence. Le fait que les écoles ne puissent pas recruter automatiquement leurs propres Bachelor dans le programme PGE, ou que l'on puisse proposer aux PGE de valider un MSc pendant leurs études, et pas l'inverse, participe à dévaloriser complètement ces autres voies. A raison, d'ailleurs, car enfin ce n'est pas un choix gratuit de la part des ESC: le programme PGE conserve un tel rang parce qu'il est le seul, dans toute la gamme de produits, à délivrer un grade de national de Master - là encore une spécificité française. Seules les vraies écoles post-bac (IESEG, etc) à formation sur 5 ans répondent à une logique différente, mais là il y encore moins de place pour tout le monde. Quant à l'INSEAD & assimilés, on est là dans un modèle économique et pédagogique anglo-saxon qui n'a plus rien à voir avec la France, donc bon.
En bref, on assiste donc à la perpétuation d'un cercle vicieux (ou vertueux, si on adopte le point de vue des universités et des grands établissements): tant qu'il n'y aura pas de réforme de l'attribution du grade national de Master en dehors du cadre du Master PGE, les écoles françaises, en dehors du top 3 ou du top 5, continueront à proposer des diplômes d'établissement à 2 balles (Bachelor et Mastèèère), ou en tout cas perçus comme tels malgré leur qualité intrinsèque éventuelle, gommée par le poids relatif de la marque. C'est le revers de la médaille - il n'y a qu'en France que les business schools sont en grande majorité indépendantes, au lieu d'être des unités d'enseignement et de recherche d'une université établie (les universités se rabattant en conséquence sur la création des IAE). Quand une ESC veut faire cavalier seul dans un environnement où l'enseignement public et l'interventionnisme de l'Etat sont prédominants, il faut accepter d'en payer le prix.
Quant aux MBA, là on est dans un tout autre business, et un business en partie perverti dans son principe, à mesure que l'on s'enfonce dans le classement des écoles, en France ou ailleurs. On voit des gens sans expérience professionnelle notable être admis dans un diplôme qui, originellement, est là pour capitaliser justement cette expérience pro et lui donner une valeur académique. Je ne suis pas sûr qu'il soit sage de considérer ces programmes comme faisant partie de la même catégorie que le PGE ou les MSc, principalement parce que, fondamentalement, ce ne sont pas des programmes de formation initiale dans leur esprit.
Message édité par fishbed le 14-06-2015 à 06:00:10