l'Antichrist | Shiseida a écrit :
Bonjour,
Voilà la dissert que j'ai à faire. Elle s'inscrit dans le chapitre sur le sujet et aborde principalement la notion de conscience.
Mon problème est que j'ai des idées mais que je n'arrive pas du tout à les organiser pour en faire quelque chose de structuré et qui tienne la route. Je pensais parler dans une première partie de l'impossibilité à répondre de manière exacte à la question "Qui suis-je ?" car l'homme ne peut complètement sortir de lui-même et de sa conscience pour se prendre en objet d'étude, et également parce que l'homme n'est pas figé dans le temps, il est en constante évolution. Donc ça ferait :
I. On ne peut pas donner de réponse exacte à la question « Qui suis-je ? »
1) On ne peut pas sortir de soi et atteindre une objectivité parfaite
2) L’homme n’est pas une réalité stable car il n’est pas figé dans le temps
3) L’inconscient nous prive d’une connaissance exhaustive de nous-même
Ensuite j'aimerais dire qu'on peut néanmoins essayer d'apporter une réponse la plus précise possible... Déjà là, je coince ! Je ne sais plus vraiment quoi dire.
J'aimerais aussi aborder la question du regard d'autrui (n'est-ce pas par son regard que nous pouvons nous définir ?), également parler de ce qui nous définit... Bref, je suis perdue ! J'ai lu beaucoup des cours proposés par le site, également bon nombre de messages du forum, qui m'ont d'ailleurs aidé à faire ma partie, la seule construite. J'ai également fait beaucoup de recherches sur la conscience, j'ai rassemblé pas mal d'informations, compris des choses etc mais j'ai toujours le même problème : qu'en faire ? Si quelqu'un avait des idées et/ou conseils à me donner.. Merci d'avance !
Shiseida
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Comme d'habitude, lorsque je viens faire un petit tour ici, je ne peux que conseiller vivement à celui ou celle qui découvre la dissertation philosophique de savoir problématiser un sujet avant même que de se lancer dans l'élaboration d'un plan ! Pour te mettre le pied à l'étrier, je te propose donc cette introduction : Celle-ci fait non seulement comprendre quel est l'enjeu de la question, mais de plus oriente la réflexion, structure la démarche générale qui doit mener à la troisième partie.
Je te laisse réflechir, je repasserai ce soir ou demain...
La conscience de soi est la manière qu’a le sujet de s’appréhender lui-même immédiatement (sans médiation, c’est-à-dire sans preuve ni examen) comme sujet. Avoir conscience de soi, c’est être présent à soi, coïncider avec soi. C’est donc savoir qu’on est conscient, savoir ce que l’on fait et ainsi pouvoir réfléchir ses actes pour les comprendre ou les juger. La conscience [de soi] directe offre la possibilité de la conscience [de soi] réfléchie, celle qui peut me faire connaître, non pas seulement que j’existe, mais qui je suis (la question de l'identité personnelle). Ainsi, je peux répondre à la question "qui suis-je" en ne retenant que le sujet lui-même (sans contenu objectif), toujours identique à lui-même et dont je fais l’expérience dans le "Je pense" (Descartes) mais qui est aussi, plus fondamentalement, principe formel d’unification de toutes mes représentations, c’est-à-dire condition de toute pensée en général (Kant). Je peux aussi m’en remettre au contenu empirique des représentations sur moi et me voir comme un individu différent de tous les autres (personnage social, personnalité, etc…).
Pourtant, ma conscience tend à se révolter devant le caractère impersonnel d’un sujet universel (ou, du moins, universalisable en droit). En tant qu’être pensant, je suis une Raison qui sans doute me permet de partager une vérité commune, de comprendre autrui et de me faire comprendre de lui, mais qui ne me singularise nullement comme personne. Ainsi, je puis connaître ma nature exacte, accéder à une vérité objective, froide, impassible, sans pour autant me reconnaître en elle, me satisfaire d’une connaissance indifférente à mes particularités vécues. De plus, avoir conscience de soi, c’est se représenter, c’est-à-dire introduire une distance entre le "Je" qui [se] pense et le contenu de la pensée dans le miroir duquel le "Je" peut se ressaisir comme sujet. Ainsi, comment savoir exactement, c’est-à-dire complètement, définitivement, qui je suis empiriquement si mon être se distingue des modes de l’avoir ?
La question que pose le sujet est donc de savoir comment accorder la liberté d'une existence avec la continuité d'une essence ? Au contraire des choses qui sont toutes entières (sans reste) ce qu'elles sont (en-soi) ne serions nous pas, par nos fins et par nos motifs, autre que ce que nous sommes, toujours en avant de nous-mêmes ? Comme projet, l'homme n'est-il pas déjà en train de devenir cet autre ? En ce sens il serait ce qu'il n'est pas. Mais dès lors, comment parler d'une connaissance de soi alors que l'être manque ? Si, pour l'homme, être c'est exister peut-il y avoir connaissance d'une chose dont l'essence est de devenir, de n'être pas ce qu'elle est et d'être ce qu'elle n'est pas (Sartre) ?
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