S'il est maintenu, assure l'organisation de défense de l'environnement WWF, le quota combiné de maquereau pour 2010 entraînerait une exploitation supérieure de 35% aux recommandations scientifiques fixées par le Conseil international d'exploration de la mer. Et signifierait une «condamnation à mort» pour les stocks.

L'UE doit continuer de résister face aux lobbys des pêcheurs de thon rouge (3) notamment l'Etat français, elle devrait se préoccuper des autres poissons menacés d'extinctions et supprimer les subventions aux pêcheurs.
Et la situation est urgente (4):
Callum Roberts, spécialiste de la protection du milieu marin à l’université de York (Royaume-Uni), propose de transformer jusqu’à 40 % des océans en refuges permanents afin que les stocks de poissons se reconstituent. D’après lui, une étude réalisée en 2004 estime que le coût annuel d’une telle initiative serait de 9 milliards à 10 milliards d’euros. Un montant qu’il compare aux plus de 22 milliards d’euros par an qui sont dépensés, selon lui, en subventions nuisibles qui encouragent la surpêche. Le cas du banc de Terre-Neuve donne une idée de l’urgence de cette préservation. Malgré le moratoire sur la pêche à la morue en vigueur depuis 1992, on ne voit dans la région aucun signe de reconstitution des stocks. Les scientifiques pensent qu’une fois que les stocks passent au-dessous d’un certain niveau, ils ne peuvent jamais se reconstituer, car tout l’écosystème a changé.

Thon rouge : la surpêche a été bonne
 
 
On savait déjà que l’on pêchait trop de thons rouges, mais on ne savait pas exactement dans quelles proportions. D’après le rapport publié hier par le Pew Environment Group, en 2010, les prises déclarées se sont élevées à 12 373 tonnes tandis que les ventes ont atteint plus de 32 500 tonnes. L’écart - de près de 20 000 tonnes - représente 141% de plus. «Entre 1998 et 2010, la capture et le commerce de plus de 490 000 tonnes de thons rouges ont été déclarés. Ce qui représente un dépassement du quota de près de 100 000 tonnes», explique Roberto Mielgo Bregazzi, l’auteur du rapport, qui a travaillé sur la base de documents officiels d’exportation sur une période de douze ans.
 
En dépit de quelques avancées en faveur de la protection des thonidés (réduction des quotas, saison de pêche raccourcie, interdiction du repérage aérien des bancs de poissons…), l’écart continue de se creuser entre les quotas annuels de capture, fixés par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Iccat), la quantité déclarée par les pays de pêche, et la quantité négociée sur le marché mondial. Lors du dernier sommet de l’Iccat, le quota était passé de près de 30 000 tonnes en 2008, à 13 525 tonnes en 2010. Mais, sans mesure de contrôle fiable, impossible de respecter ces chiffres.
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Evidemment, le commerce illicite de thon rouge rapporte gros, très gros : plus d’un tiers du commerce déclaré. «Les 100 000 tonnes de dépassement du quota sur la période 1998-2000 valent 2 milliards d’euros, explique Mielgo Bregazzi. Et, si l’on inclut le commerce non déclaré, cela approche des 3 milliards d’euros.» A ce rythme de capture, la population de thons rouges a moins d’une chance sur quatre pour se reconstituer d’ici à 2022.