- - - Quelques pistes pour débuter et investir en bourse - - -
1- Lire n’importe quel site internet d’introduction à la bourse pour saisir le cadre général (capitalisation, cotation, place de marché).
2- Apprendre à lire les 3 tableaux essentiels que l’on retrouve dans tous les rapports d’entreprises :
- le compte de résultat
- le bilan
- les flux de trésorerie
C’est la partie un peu compliqué, il faut par exemple comprendre la différence entre le résultat opérationnel courant et le bénéfice, mesurer le poids de la dette, regarder comment se ventilent les bénéfices. De façon plus générale, il faut comprendre la dynamique des comptes.
Savoir que les politiques macro-économiques ont un effet presque direct sur les actions, par exemple :
- banque centrale qui abaisse les taux directeurs -> baisse du coût du crédit -> baisse du rendement obligataire -> hausse du prix des actions (prise de risque des investisseurs car le spread sur le rendement avec le taux sans risque devient intéressant)
- Si les taux remontent, le poids de la dette écrase le bénéfice des sociétés endettées.
On est donc obligé de s’intéresser un minimum à la macroéconomie.
Note qu’en disant cela, je m’inscris en tant qu’investisseur micro-économiste : je m’intéresse essentiellement au business des entreprises, et je me moque de la situation économique du pays, du monde, etc. Par opposition à certains investisseurs dits « macro » , qui investissent en fonction de leur analyse de l’économie mondiale, des pays, des secteurs, des monnaies, etc.
Toujours au niveau des résultats de l’entreprise, il faut comprendre ce qu’est un write-off, un goodwill, une book-value, un ROI, et pleins d’autres choses.
-> aller voir concrètement des rapports annuels, lire la presse financière (Les échos, FT, WSJ, etc).
S’intéresser au business des entreprises. Secteur compétitif ? Secteur en crise ? Secteur en croissance ?
3- Ensuite on passe aux cas pratiques.
Il faut consulter les chiffres (compte de résultat et bilan) de beaucoup d’entreprises, au bout d’un moment, on doit être capable de deviner la capitalisation d’une entreprise juste en regardant ses chiffres !
Souvent les entreprises cotent (capitalisation) à 15 fois les bénéfices (on parle de PER) ou davantage pour les business (supposés) indestructibles (Coca-cola, L’Oréal, etc) ou les business de l’internet supposés avoir un bel avenir de croissance.
Capitalisation à 10 fois les profits pour les entreprises en difficulté ou dont on prévoit un avenir moyen/difficile (Harley, IBM, Macy’s).
Capitalisation à 6 fois les profits pour les entreprises dont on prévoit un avenir très sombre (Solocal, Neopost).
Trouver un business indestructible à seulement 10 fois les profits, attendre quelques trimestres/années que le marché s’en rende compte et le valorise à 15 fois ses profits, de façon à pouvoir empocher une plus-value de 50% (sans compter les dividendes distribués entre-temps). C’est typiquement la thèse d’investissement en cours par de nombreuses personnes sur le titre IBM.
On parle parfois de GARP = growth at reasonable price -> typiquement, acheter une entreprise en croissance à « seulement » 10 ou 12 fois ses profits.
Là, c’est un exemple d’investissement qui repose sur la capacité bénéficiaire de l’entreprise.
Il y a aussi des thèses d’investissement où l’on achète une entreprise qui perd de l’argent, mais qui cote à une fraction de la valeur de ses actifs. Le pari étant cette fois-ci que le management sera capable de couper les pertes avant la destruction totale de l’actif, puis de retrouver une activité bénéficiaire ou pouvoir monétiser ces actifs. C’est par exemple la thèse d’investissement des personnes qui investissent en ce moment dans les compagnies upstream du Gaz & pétrole aux USA, le but est de trouver la compagnie qui fera faillite après les autres ! Quand suffisamment de compagnies auront mis la clef sous la porte, le prix du pétrole remontera et les compagnies restantes empocheront à nouveaux de gros bénéfices.
Le ratio PER (capitalisation/profit) reflète le rendement instantané que les investisseurs obtiennent si les bénéfices sont stables.
Si les assurance-vies offrent un rendement garanti de 3%, personne n’ira investir sur une entreprise, risquée par nature, avec un PER de 33 (1/33 = 3%).
Donc, les multiples de valorisation que je donne (10, 12, 15, etc) n’ont de sens que dans un marché donné, en fonction du taux sans risque (taux des obligations d’états solides telles que US, FR, Allemagne), pour des entreprises d’un secteur donné. Tout cela varie avec le temps.
Encore plus compliqué, certains PDG gonflent le bénéfice net avec des artifices comptables, exemple : le coût des frais de R&D peut être capitalisé (compté comme une richesse à l’actif du bilan, c’est le cas de Peugeot) ou bien déduit des résultats (comptabilisé comme un coût de fonctionnement). Si la R&D aboutit à des brevets/techniques ayant une vraie valeur marchande, je veux bien qu’il soit comptabilisé comme un actif, mais si ce n’est pas le cas (certaines recherches ne donnent rien) j’aimerais mieux le compter comme une perte.
Bref, tu comprends juste avec cet exemple que l’on peut jouer sur la valeur des bénéfices affichés.
Un PDG nommé pour seulement quelques années, étant davantage intéressé par la performance (du bénéfice et du cours de l'action) à court-terme plutôt que la performance de l’entreprise sur 10-20-30 ans risque de mener une politique comptable dans ses intérêts (court-termes).
Les investisseurs se font leurrés par des bénéfices gonflés transitoirement, le cours de l’action monte et le PDG empoche une prime de performance et se barre. Quelques années plus tard, le PDG suivant essuie les pots cassés, on fait passer des dépréciations d’actifs. Et les actionnaires découvrent incrédules que les bénéfices s'écrasent.
À l’inverse, certains PDG/entrepreneurs (et souvent grosses actionnaires de la boîte en question) ont une vision long-terme de leur entreprise, on peut trouver dans ce cas des politiques comptables visant à minorer le bénéfice, l’entreprise à l’air moins rentable de premier abord, mais on découvre en fait qu’en minorant le bénéfice, l’ingénieux PDG diminue d’autant les impôts.
Attention aux PDG/groupes d'actionnaire qui ont la majorité des droits de vote en leur possession, ils pourraient bien retirer l’entreprise de la bourse à leur profit en imposant un prix de rachat défavorable aux petits actionnaires (risque présent avec Bonduelle par exemple).
Il y a encore pleins d’autres pièges à éviter :
- les entreprises qui augmentent le nombre des actions pour de multiples et souvent mauvaises raisons, ce qui défavorisent les minoritaires (dilution de la participation),
- les entreprises qui ont des coûts de CAPEX élevé pour maintenir leur business à flot, ce qui grignote l’argent qui restant pour l'actionnaire (utile de regarder le free cash flow plutôt que le bénéfice dans ce cas),
- les acquisitions multiples avec de mauvais retour sur investissement,
- les politiques de dividende trop généreux qui impliquent parfois de passer par la case recapitalisation par manque de cash lorsque le business se gâte (j’ai vu le cas avec une biotech. belge l’autre jour),
- etc.
Il faut savoir que toutes les grosses entreprises (capitalisation > 100M€) sont assez longuement étudiées par de nombreux analystes.
Pour cette raison, il est plus difficile d'y trouver des affaires du siècle que parmi les petites entreprises sous les radars des analystes.
Souvent, les bonnes affaires sont des entreprises avec un business model compliqué (les moteurs d’avion Rolls-Royce), des holdings en cascade (Financière de l’Odet <=> Bolloré). Par contre, quand il y a une panique passagère, on trouve de belles entreprises à des prix attractifs sans peine.
Il faut donc étudier avec soin le bilan de l’entreprise (qu’est ce qu’il y a dedans concrètement), le compte de résultat, etc.
Comme il existe des milliers d’entreprises cotées, plusieurs façon de faire un pré-screen :
- regarder les achats des meilleurs investisseurs http://www.dataroma.com/m/home.php et comprendre pourquoi ils achètent (ne jamais suivre à l’aveugle)
- jeter un coup d’oeil aux titres qui suscitent l’intérêt dans l’actualité ou sur des forums spécialisés
- utiliser un stock screener : https://www.google.com/finance/stockscreener, je l’utilise de temps en temps avec ce genre de critères :
PER <12
52w price change (%) < XX% (pour trouver quelques titres massacrés et étudier si c’est justifié)
Évolution moyenne du ROI sur plusieurs années
Price/book
L’autre jour j’ai fait ressortir Harley, GAP et Macy’s de cette façon. J’ai découvert dans le même temps que Lampert (un brillant investisseur) venait juste d’entrer sur GAP...
Bien que les bases n’y soient pas exposées, la section Actions du forum devenir-rentier http://www.devenir-rentier.fr/viewforum.php?id=2 comportent une excellente communauté d’investisseur français.
Note :
Je suis un stock-picker, je m’intéresse peu à la macro, je ne m’intéresse pas aux investissements à court-terme, j’investis pour des durées de plusieurs années, et je suis relativement incapable de faire des deals intra-day ou sur quelques semaines.
D’autres investisseurs ont une façon différente d’aborder les choses, certains seront peut-être intéressés aux matières premières, au marché obligataire, au marché des changes, aux REIT (foncier US). J’ai quelques notions en obligataire mais pour le reste, ça ne m’intéresse pas par manque de temps et d’intérêt.
Considérations plus générales
La puissance des intérêts composés : http://thume.ca/indexView/
10 000 dollars investis en 1971 sur le S&P500 (on achète l’indice avec un tracker sans se poser de questions) représente aujourd’hui 750 000 dollars ! (au côté de W. Buffett, vous auriez très aisément dépassé le million).
Les revenus du capital reprennent une part croissante des revenus totaux (travail + capital). Dit autrement, les travailleurs pourront se lever aussi tôt que de bonne volonté ils ont, les richesses créées iront de moins en moins dans leurs poches.
Je dis « reprenne » car nous revenons à une situation similaire à celle du XIXe (lire Balzac). Les revenus du travail avaient regagné du terrain après la guerre car il fallait tout reconstruire, que la main d’oeuvre était recherché, que l’inflation était forte, que la population était croissante.
Tout cela est terminé ! C’est en tout cas la thèse présentée par Thomas Piketty dans son désormais fameux ouvrage Le Capital au XXIe siècle. Pour des raisons écologiques, cette évolution annoncée de la situation ne me dérange pas : les loisirs de masse, le tourisme de masse et la consommation de masse sont une plaie pour la nature et le beau.
D’un point de vue individuel, faire gonfler son capital et en optimiser le rendement sera certainement plus profitable que d'espérer un métier bien payé dans les décennies à venir, sous réserve qu’aucune révolution ne vienne se greffer sur l’histoire.
Les livrets défiscalisés (LA/LDD), le PEL, et les AV (obligations d’état), en plus de financer les politiques économiques et sociales que les français désapprouvent, leurs offrent un rendement médiocre. Double peine pour les modestes ! Je rappelle que le rendement moyen du grand capital (hors investisseurs de génie) est de 8%. Le rendement du foncier est de 6%.
Bon, je commence à déborder du cadre de la bourse alors je m’arrête ici...
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