En 2000, c'est la consécration, avec la sortie de The Mirror Conspiracy, chef-d'oeuvre du groupe. Cet album trip-hop/downtempo présente moins d'aspect world que les autres albums, et notamment The Cosmic Game, dernier opus du groupe paru en 2005. Mais il est particulièrement réussi, dégageant une ambiance lounge reposante et mélodique. Instrument de la réussite, les voix apaisantes, qu’elles soient graves et masculines (Treasures, Focus on Sight) ou féminines (Le Monde, Shadows of Ourselves, chantées en français, Lebanese blonde, So Com Voce,...). Les quelques titres sans paroles (Indra, Air Batucada, Illumination,...) permettent d’apprécier à leur juste valeur les arrangements sonores magnifiques, et de se rendre compte que l’inspiration world n’est pas absente, seulement plus discrète. Difficile de rester concentré sur une activité lorsqu’on écoute The Mirror Conspiracy, tant l’invitation à rêver, à planer même, est grande ! Chaque fin de chanson attriste, mais dès les premières notes de la suivante, le bonheur est renouvelé. Il est très difficile de mettre en avant un titre en particulier, car le CD est composé de 13 chef-d’œuvres.
Le plus gros reproche que l’on peut faire est que l’album est trop court ! Seulement 49 minutes de bonheur, alors que généralement les CD de musique électronique fleurtent facilement avec les 1h, voire plus.

Vient ensuite I Am Not a Doctor en 1998. C’est une musique assez froide, avec une voix triturée, très peu organique, beaucoup plus proche de la machine que de l’humain, avec une articulation exagérée, les syllabes prononcées les unes après les autres. Certaines chansons sont accompagnées par des rythmes saccadés, et cela donne des titres durs et sombres (Pretty bridges, Blink). Mais parfois la voix se fait plus mélodieuse et  triste, pour une chanson douce (Caught in a whisper), ou bien sexy et chaude pour de la pop pure souche (The flipside , Sing it back). A noter que Sing It Back est un tube international qui a été vendu à plus de 500.000 exemplaires et qui a enfiévré les dancefloors de Ibiza, mais dans une version remixée, dont l'une d'entre elles est présente sur Sings to Make and Do.
Mais il y a toujours de la joie avec Moloko, principalement grâce à un ton décalé qui transparaît parfois, et qui fait sacrément du bien. Un savant mélange de pop, d’électro et de sons technoïdes avec une voix bizarroïde, et les Molokoïdes sont comblés (Sorry, Tatty Narja).
Au final, un album peu naturel, qui peut rebuter au premier abord, mais qui recèle suffisamment de talent pour vous mettre en transe. Tout ce joue sur l’acceptation des sonorités artificielles mises en avant pour un album particulièrement sophistiqué.