LEMONDE.FR | 15.05.03 | 13h38  
 
L'élection de Miss France est synonyme de bon goût, de discrétion et d'élégance. Chaque année, Geneviève de Fontenay - dans son immuable tailleur noir et blanc, sa capeline vissée sur la tête - fait défiler "ses filles" sur le plateau d'une chaîne de télévision, où l'une d'elles est élue "pour sa dimension morale et intellectuelle".
 
 
 
Evénement majeur du PAF, l'élection de la reine de beauté a une audience qui n'a rien à envier aux courbes des jeunes femmes issues des différentes provinces de France. TF1 attirait 9,2 millions de téléspectateurs, le 14 décembre 2002, pour l'élection de Miss France 2003.
 
 
 
Mais depuis quelques mois, il plane sur l'élection un parfum de scandale. A la rumeur "Miss France est un homme", propagée par le Daily News de New York au printemps 2001, répond la guerre picrocholine entre d'improbables comités d'organisation. Un groupe, mené par Antoine de Villejoie, président du comité "Miss France-Miss Europe-Miss Univers", conteste à Geneviève de Fontenay, à son fils Xavier et à leur "Comité Miss France" le droit d'organiser le concours de beauté annuel présenté sur TF1. Un "Comité Miss France-Jean-Louis Giordano" dispute au premier le droit d'utiliser la marque "Comité Miss France" et aux seconds leur représentativité. Sa spécialité : le concours de beauté de la France d'en bas, le cru artisan de la Miss. Son credo : se déplacer dans "les villes et villages de France pour découvrir et promouvoir les Miss, et découvrir de jeunes artistes, techniciens et artisans lors de concours régionaux". Son site mérite le détour, tant par son narcissisme que par les photos des candidates : témoin le portrait de Mélanie L., 20 ans, de Roquebrune-Cap-Martin, dans les Alpes-Maritimes sans doute victime d'un docteur Frankenstein de la retouche graphique(http://perso.wanadoo.fr/comitemissfrance/htmls/melaniel03.htm).
 
 
 
Dans cette querelle de Miss, coups bas et invectives vont bon train. Récemment, le Comité Miss France (Antoine de Villejoie) annonçait que Xavier de Fontenay, "se présentant comme 'le fils de la dame au chapeau', est condamné par la justice [NDLR : la cour d'appel de Versailles]. Il doit impérativement se présenter sous son vrai nom : Xavier Poirot." Décision introuvable sur le site de Legisfrance.com, censé mettre à la disposition du public l'ensemble des décisions de justice. Peu importe. En novembre 2002, Antoine de Villejoie se disait seul habilité à envoyer une concurrente au concours de Miss Monde prévu à la fin du même mois au Nigeria, et déclarait son intention de porter plainte contre Geneviève de Fontenay, présidente de la Société Miss France, qui avait annoncé son boycott de l'élection pour protester contre la condamnation à mort d'Amina Lawal, une mère célibataire condamnée à la lapidation pour adultère par une cour islamique du nord du pays.
 
 
 
Pendant que le Comité Miss France (Antoine de Villejoie) conteste la légitimité du Comité Miss France (de Fontenay, ou Poirot), l'autre Comité Miss France (Jean-Louis Giordano) essaie de démasquer l'imposture. Son créateur annonce avoir déposé la marque "Comité Miss France" et s'en prend aux usurpateurs du Comité Miss France (Antoine de Villejoie), leur reprochant d'avoir détourné à leur profit deux arrêts (cour d'appel d'Aix-en-Provence 1993 et Cour de cassation 1995) concernant le différend opposant le Comité Miss France (Geneviève de Fontenay) au Comité Miss France (Jean-Louis Giordano). "Nous invitons solennellement les médias français et internationaux à être particulièrement vigilants quant aux 'informations' qu'ils reçoivent de la part de ces individus peu scrupuleux et manifestement irresponsables. (...) Depuis quelque temps, [ils] abreuvent les médias de communiqués de presse intempestifs revendiquant très singulièrement les licences exclusives des Concours aux titres de Miss Europe, Miss Monde et Miss Univers."
 
 
 
Prévenant, il diffuse un texte de mise en garde "aux jeunes filles et à leurs familles, ainsi qu'aux candidates au titre honorifique de Miss France", informant que le Comité Miss France (Jean-Louis Giordano) est totalement étranger aux actes de "MM. Alain Neau, Antonio Villarejo (dit 'de Villejoie') et Michel Le Parmentier agissant sous couvert d'un prétendu 'Comité Miss France-Miss Europe-Miss Univers' et font usage sans y être autorisés de la marque 'Comité Miss France', propriété de l'association Amicalement Vôtre, et de la dénomination Comité Miss France désignant le Comité Miss France-Jean- Louis Giordano, et ont détourné le nom de domaine www.comitemissfrance.com".  
 
 
 
Ce qui n'empêche pas le Comité Miss France (de Villejoie) de poursuivre sa guerre contre la Société Miss France (de Fontenay) et d'annoncer que c'est "Emmanuelle Chossat [autre Miss France 2002] et non Corinne Coman [Miss France 2002, sur TF1] (contrairement à ce qui a été annoncé faussement par Geneviève Mulmann, dite "de Fontenay" ) qui représentera officiellement la France devant plus de 2 milliards de téléspectateurs le 3 juin prochain à Panama City pour la 53e élection de Miss Univers. Après avoir été élue 'Miss Univers France 2003', le 29 mars dernier à Paris, Emmanuelle Chossat s'envolera pour le Panama, dès le 15 mai prochain, pour les préparatifs du show mondial de Miss Univers 2003". Il est bon de rappeler que la seule Française à avoir remporté le titre de Miss Univers fut Christiane Martel, en 1953.
 
 
 
Pendant ce temps, que fait Mme de Fontenay ? En février 2002, Endemol France (producteur de "Loft Story" et "Star Academy" ) lui a acheté la Société Miss France, organisatrice du concours de beauté éponyme. "Endemol va inventer des moyens plus importants pour faire évoluer l'élection à la télévision. (...) Les sélections régionales pourraient peut-être être télévisées ", indiquait alors Geneviève de Fontenay, présidente du Comité Miss France. Un nouveau concours international, Miss Inter-Continents, serait même envisagé. Avec en prime quelques commentaires désolants ? En décembre 2000, l'un des invités ne comparait-il pas les prétendantes au titre de Miss France à des voitures, regrettant de ne pouvoir "essayer avant de choisir", avant d'ajouter "oui, il faudrait pouvoir les essayer toutes...".
 
 
 
En attendant, la guerre des Miss se poursuit sur M6, dans l'émission "Bachelor". Il n'aura échappé à personne que Sandra Bretonnes, Miss France 2000 ("comité de Villejoie", comme le précise sa biographie), a été retenue en deuxième semaine dans le loft du célibataire de M6, alors que sa rivale Valérie Claisse, Miss France 1994 (option de Fontenay), était éliminée au premier tour.