LE DUEL EST SOMPTUEUX
Par Olivier PAQUEREAU [l'equipe.fr]
 
 
La finale du 39e Superbowl oppose les Philadelphie Eagles aux New England Patriots, dans la nuit de dimanche à lundi, à Jacksonville. D'un côté, les Pats, tenants du titre, tenteront de s'imposer comme la plus belle dynastie du football américain depuis dix ans. De l'autre, les Eagles visent, ni plus ni moins, une première victoire dans le Superbowl. Entre deux des meilleures équipes de ces dernières années, le suspense est garanti. Suivez la rencontre en direct sur notre site.
 
Philadelphie n'en peut plus
L'histoire des Philadelphie Eagles est jalonnée d'exploits mais aussi de désillusions. Et, en fait, cela fait bien longtemps que la réussite n'a pas touché l'équipe de Pennsylvanie. Champions NFL en 1948, 1949, et 1960 - avec quelques grands noms comme Steve Van Buren et Norm Van Brocklin - les Eagles vivent une véritable traversée du désert depuis plus de quarante ans. La date-clé reste celle du 25 janvier 1981. Ce jour-là, Philadelphie, emmené par Ron Jaworski et Harold Carmichael, perd la finale du Superbowl (27-10), la seule et unique jamais disputée par le club, face à Oakland. Depuis, presque rien : une présence récurrente en play-offs au début des années 1990, sous la conduite de Buddy Ryan et de Randall Cunningham. Et, depuis trois ans, une qualification systématique pour la finale de la conférence nationale, malheureusement ponctuée de trois défaites contre Saint Louis, Tampa Bay et Carolina.
 
Mais, cette saison, Philly a franchi un palier. Seule véritable ténor de la NFC, l'équipe de Donovan McNabb a fait un cavalier seul dans sa division et n'a pas trébuché en play-offs. Minnesota et Atlanta éliminés, les Eagles font maintenant face aux New England Patriots, la plus grosse pointure de la NFL depuis la victoire remportée en janvier 2004. Aujourd'hui, pour décrocher le titre tant convoité, Philadelphie a des arguments : Donovan McNabb, au poste de quarterback, a passé la barre des 3 500 passing yards (3 875) et des 30 touchdowns (31), cette saison, pour la première fois de sa carrière. Avec Terrell Owens, au poste de receveur, McNabb dispose du meilleur joueur actuel à cette position. Depuis cinq ans, l'ancien des 49ers, arrivé à Philadelphie en 2004, a dépassé la barre des 1 000 receiving yards à chaque fois. Mais, victime d'une fracture de la jambe, à la fin de la saison régulière, sa place au Superbowl n'est cependant pas encore assurée. Même si l'intéressé clame le contraire. Autre ombre au tableau de l'attaque : l'équipe entraînée par Andy Reid ne dispose pas d'un coureur de grande qualité avec Brian Westbrook. Celui-ci n'a franchi la barre des 100 rushing yards qu'à deux reprises cette année. Le jeu au sol singularise aussi la défense, nettement plus à l'aise contre la passe, mais tout de même classée dixième de la NFL.
 
Si les Eagles n'ont pas été inquiétés, lors de leurs deux rencontres de play-offs, ils n'ont cependant gagné que contre deux formations qualifiées pour les phases finales en saison régulière. Cela n'enlève rien aux qualités de personnages comme McNabb. Suffisant pour vaincre la belle machine des Patriots ? Tout dépendra de la santé de Terrell Owens.
 
 
New England, la belle mécanique
Désormais les choses ont changé. Les New England Patriots font partie des grandes équipes de la NFL. Oubliée la période où les Pats n'arrivaient pas à gagner le titre suprême (finales perdues en 1986 et en 1997). Depuis sa victoire en 2004, l'équipe de Bill Belichick est entrée au Panthéon des plus belles dynasties du football américain. Même chose pour ses joueurs. Tom Brady, le quarterback, pur inconnu en 2002 lors du premier Superbowl gagné, est maintenant considéré comme le successeur potentiel de Joe Montana au poste de meilleur QB de tous les temps. Comme l'an passé, New England a écrasé la saison régulière. Mais surtout, les Patriots ont su écarter en finale de conférence, leurs grands rivaux de l'année, les Pittsburgh Steelers. Ceux-là même qui leur avaient infligé leur première défaite après huit journées de Championnat.
 
Sur le papier, la mécanique est bien huilée. Avec Brady, la franchise de la Nouvelle-Angleterre dispose d'un bon passeur, auteur de 28 touchdowns. Les receveurs ne sont pas des stars, mais forment un large éventail de possibilités (Givens, Patten, Branch, Brown). Renforcés par Corey Dillon à la course (1 635 yards), les Patriots ont la septième meilleure attaque de la NFL. Et puis, il y a aussi la défense, emmenée par Teddy Bruschi (120 tackles, 3,5 sacks, 3 interceptions), et classée neuvième. En play-offs, elle n'a pas permis à Peyton Manning, le passeur fou d'Indianapolis, d'inscrire le moindre touchdown ! New England a également un bon botteur avec Adam Vinatieri, l'homme qui a offert les deux Superbowls de 2002 et 2004. Cette saison, il a marqué 141 points.
 
Les chiffres concernant Brady et New England sont impressionnants. Songez que le quarterback des Patriots va jouer son neuvième match de play-offs. Pour l'instant, il n'en a perdu aucun. De quoi faire peur, même s' il n'y a que Philadelphie qui ne tremble pas.

Si l'on devait définir le football américain, il serait juste de dire que c'est essentiellement un jeu de "gagne terrain".
Même si l'objectif est de marquer des points, ce qui prédomine dans ce sport, c'est le temps et l'energie consacrés à augmenter ou empêcher la progression du ballon. Toutes les règles et les installations sont tournées dans ce seul objectif ; reconnaître et valider cette progression. Chaque progression (ou arrêt de progression) est en quelque sorte une mini victoire, à répéter constamment. C'est d'ailleurs, là dessus qu'est jugée la performance d'une équipe et de chaque joueur, par l'intermédiaire d'une batterie de chiffres et statistiques.
A ce principe, s'ajoute deux fondements propres. D'abord, le fait que les joueurs "non-porteurs" du ballon peuvent protéger et favoriser une progression par des contacts sur les joueurs adverses, "non porteurs" aussi (percussions, blocs). Ensuite, par le nombre illimité de joueurs qui peuvent entrer et sortir pour former l'escouade, sur le terrain.
Pour le reste, ce sport se caractérise par son extrême réglementation, d'où la présence de 5 à 7 arbitres.