Citation :
Après les commentaires que j’avais fait concernant les titres racoleurs de certains « posts » (1) (publiés par la rédaction et le coach, concernant des faits divers morbides commis par des individus souffrant a priori d’une affection psychiatrique, en particulier de schizophrénie), sur un ton qui aggravait « le problème principal rencontré par les schizophrènes, qui est celui de la stigmatisation et de l'exclusion » (je cite mon confrère Vincent Girard), la « direction » m’avait assuré par mail qu’ils allaient « réhabiliter » cette pathologie à la place qu’elle mérite dans la société. L’attendant toujours, je constate avec bonheur que le journal « Le Monde » (dont lepost.fr est la filiale) a devancé avec brio la volonté supposée des « posteurs ».
Voilà des extraits de l’article en question:
(signé par le docteur Vincent Girard, psychiatre)
« Les faits divers et la réaction de certains renforcent les stéréotypes existants dans la population, qui lient meurtre et maladie mentale. Ainsi, une récente enquête du centre collaborateur OMS de Lille, réalisée sur plus de 40.000 Français, montre les amalgames forts qui existent dans les représentations sociales des Français entre meurtre, inceste, violence et folie et maladie mentale. Des amalgames qu'il faut dénoncer car, en réalité, environ 95 % des meurtres sont commis par des personnes n'ayant aucune pathologie mentale !
Un rapport publié en mars 2005 sous la direction de l'anthropologue Anne Lovell soulignait que "Le risque attribuable aux personnes malades mentales est faible, les taux estimés sont encore bien moindres si l'on décompte les troubles liés à l'alcool."
Une nouvelle loi de santé publique doit être votée, une loi qui aurait pour objectif de protéger les personnes concernées par la maladie mentale car ce sont elles les premières victimes : la prévalence des crimes violents envers les patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante qu'en population générale. La prévalence des vols sur personnes est quant à elle 140 fois plus élevée. 40 % des personnes sans abri présentant une schizophrénie se sont fait agresser au cours des six derniers mois. Le risque pour une femme sans abri atteinte de schizophrénie d'être victime d'agression physique et de viol est tellement important que les chercheurs parlent d'expérience normative.
Cette stigmatisation, entretenue par les médias, favorise le repli, l'isolement, le sentiment d'infériorité et conséquemment les suicides, très nombreux.
Il existe aujourd'hui entre 300.000 et 500.000 personnes atteintes de schizophrénie en France qui n'ont jamais commis de meurtre. Elles ont des droits, notamment celui d'être protégées par le gouvernement des discriminations et des violences physiques et psychologiques dont elles sont victimes au quotidien.
L'amalgame fait par le grand public, les médias et les politiques entre maladie mentale et violence doit cesser. Cette "schizophobie", comme la xénophobie et l'homophobie, doit être combattue. »
|