JoUrbex et Adrien Urbex, les deux youtubeurs, se demandent tout haut si les pires crimes n’ont pas été commis là. Le fond sonore est stressant, leurs commentaires plus encore : «Y a eu des rituels ici, c’est sûr. Des sacrifices, va savoir.» En tenant un objet indéterminé dans les mains, l’un souffle : «C’est possiblement des lambeaux de cuisses ou de jambes.» Les points d’interrogation sont visqueux : «On sait que le [propriétaire] était chirurgien réanimateur. Est-ce qu’éventuellement ce monsieur gardait des morceaux de ses patients ?» L’endroit, qualifié plus tard de «graal» de l’urbex, devient la maison de l’horreur. Les youtubeurs poursuivent : «"Ils" ont essayé de tromper le monde avec ce château à l’aspect un peu féerique.» Le soir de leur visite, ils appellent la gendarmerie, qui se rend sur place et débute une enquête.
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Catherine Katkoff a hérité de la maison après la mort de son père, Nicolas, à la fin de l’été. Une demeure comme un rêve de pierres, labeur d’une vie, édifié à lui seul ou presque pendant quatre ou cinq décennies, poussé par un jusqu’au-boutisme et un idéal, retrace sa fille, à la manière d’un bâtisseur. La maison, jamais habitée, est posée sur un plateau dont le nom signifie «ouvert aux vents».
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«Je revois Nicolas en train de piocher comme un forcené. Là-haut, sur le plateau, on cassait la croûte, on pique-niquait. Nicolas était élitiste : à part les Compagnons du devoir, il n’acceptait l’aide de personne. Il fallait toujours le mieux. Il a été au bout de la tradition de la charpente. Il avait immergé les poutres en châtaignier pendant trois ans au fond d’un lac au nord de Tarbes, pour débarrasser le bois du tanin, responsable de la moisissure. Des plongeurs étaient venus les récupérer.»
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Les derniers mois de sa vie, il ne se rendait plus dans la maison de Trébons, la faute à Alzheimer, des problèmes aux yeux et la peur naissante de la hauteur. Des pans entiers de l’édifice se sont écroulés, les plus récents, mal édifiés. Reste cette bâtisse au charme froid, à six lucarnes et une tourelle, qui ne devait être que la bibliothèque d’une forteresse spectaculaire.  
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 Les bouts de peau humaine ? «Des gaines de protection de scie circulaire», soupire Catherine Katkoff. Les «outils de rituels», curieusement alignés sur un muret ? «Des instruments médicaux» d’une autre époque ? Son père étant anesthésiste en libéral, il devait posséder son propre matériel.
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Devant, l’autel aux deux colonnes. Les traces blanches qui affleurent, disposées en cercle, ne sont pas du sel comme l’évoquent les youtubeurs dans leurs vidéos, mais les cendres de son père. Elle confesse : «C’est ici qu’il souhaitait reposer.»
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Nous n’avons toujours pas reçu les retours d’analyses [des ossements] mais les éléments recueillis par les enquêteurs tendent encore à conforter le fait que toute piste criminelle puisse être écartée et qu’il s’agissait pour les rituels d’une mise en scène.» Les «urbexeurs» s’en défendent. «Nous, à la base, on a juste découvert un lieu hors norme. Nous avons émis des hypothèses sur ce qu’on voyait, répond JoUrbex. Nous n’avons incriminé personne !»
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Pour stopper rumeurs et fureteurs, Catherine Katkoff envisage d’installer son club de spéléologie dans la maison et de s’y entraîner à la descente sur corde. Il faudrait, aussi, poursuivre le rêve de son père. Avant de mourir, Nicolas Katkoff a dit une chose à sa fille : «C’est à toi de finir la maison.»