Le sol est un milieu qui abrite des organismes présentant de grandes disparités (taille, morphologie, anatomie, mode de vie, régime alimentaire...). On classe habituellement les différents habitants du sol en fonction de leur taille : on parle ainsi, des plus petits aux plus grands, de microfaune, mésofaune, macrofaune et mégafaune.
Microfaune : ce sont les animaux dont le diamètre est inférieur à 0,2 mm, quasiment invisibles à l'oeil nu. Leur nom ne vous dira peut-être rien du tout : ce sont des protozoaires, des rotifères, des tardigrades et les plus petits nématodes, ceux-là un peu plus connus (certains sont des parasites des plantes, comme le nématode de la pomme de terre, d'autres sont au contraire des nématodes auxiliaires).
Mésofaune : on classe dans cette catégorie les organismes mesurant entre 0,2 et 4mm. Ce sont surtout des microarthropodes : acariens, collemboles (vous savez, ces minuscules bestioles blanches qui sautent à la surface des pots de vieux terreau ? Ce sont des collemboles, totalement inoffensifs pour vos plantes vertes, et qui se nourrissent de déchets végétaux), pseudoscorpions, protoures et diploures, "grands" nématodes (tout est relatif !), petits myriapodes...
Macrofaune : animaux mesurant entre 4 mm et 8 cm. Les lombrics (les fameux vers de terre), qui font partie de cette catégorie, sont quasiment les seuls à vivre en profondeur ; et la plupart des autres organismes de cette catégorie vivent dans la couche supérieure du sol, notamment la litière (composée de débris végétaux, et donc présente surtout en forêt) : larves d'insectes (dont les redoutées larves de taupin, de hanneton...), cloportes, myriapodes (mille-pattes, iules, scolopendres...), limaces et escargots, araignées et opilions, divers insectes (fourmis, hyménoptères, courtilière...).
Mégafaune, au-delà de 10 cm. Ce sont les taupes, et tous les "gros" animaux qui vivent au moins une partie du temps sous terre, par exemple dans un terrier : marmote, lapin, mais aussi mulots, campagnols...
Et puis il y a aussi tous les organismes qui ne passent dans le sol qu'une partie de leur vie : ceux qui y pondent, ceux qui y restent le temps de leurs stades larvaires, ceux qui ne s'y enfouissent que pour y réaliser leur nymphose (comme la chenille processionnaire, qui s'y métamorphose en papillon), ceux qui s'y réfugient en hiver...
Le sol, un vaste terrain d'apprentissage>> La science n'a commencé à s'intéresser à la faune du sol que vers la fin du 19e siècle. Même si, aujourd'hui, les scientifiques (zoologues, écologues, mais aussi agronomes) ont bien compris le rôle essentiel que la pédofaune joue dans le maintien de la fertilité des sols et l'équilibre des écosystèmes, le sol et ses habitants ont encore beaucoup de choses à nous apprendre !
Dans le sol, la vie a dû s'adapter à des conditions extrêment variées ; les organismes se sont donc diversifiés pour coloniser les différents types de milieux disponibles : profondeur, climat local, caractéristiques du sol (température, humidité, pH, granulométrie, composition chimique, richesse en matière organique...).
A noter : comme à chaque strate du sol correspondent des populations spécifiques (par exemple, certains organismes ne vivent qu'en surface, d'autres à une profondeur bien précise, le nombre d'individus et d'espèces diminuant avec la profondeur), on imagine qu'un travail du sol trop profond, pire, avec retournement de la terre, est tant décrié : retourner la terre dans le cadre d'un labour profond, c'est perturber ces équilibres fragiles, et c'est donc porter atteinte à la bonne santé du sol
Toutes ces petites bêtes ne sont pas là pour faire de la figuration. Elles ont toutes un rôle important à jouer pour le sol, et notamment sa fertilité.
Ainsi, la faune du sol a plusieurs actions : Physique, via le travail du sol : en creusant des trous, des galeries, ou en permettant simplement le maintien de la porosité naturelle du sol (en se faufilant entre les particules de terre), ces organismes facilitent son aération, améliorent sa perméabilité, brassent les éléments minéraux et organiques... Cette action physique favorise la pénétration de l'eau de pluie en profondeur ainsi que les échanges gazeux, mais également la croissance des racines des plantes.
Chimique, via la dégradation de la matière organique (débris végétaux et animaux -> humus -> éléments nutritifs utilisables par les plantes) : les organismes qui se nourrissent des débris végétaux réalisent un travail de fragmentation de la matière organique facilitant l'action des bactéries et des champignons, qui achèvent le processus de dégradation. Ceux qui n'interviennent pas sur la matière végétale ou organique ne sont pas inutiles pour autant : ils sont des maillons de la chaîne alimentaire et contribuent à l'équilibre de "l'écosystème sol".
Un sol vivant, c'est donc un sol fertile ; et pas de vie du sol sans couverture végétale, qui fournit, grâce à ses déchets, le gîte et surtout le couvert à bon nombre de petits habitants. C'est un cercle vertueux. C'est ce principe de sol vivant qu'appliquent, avec succès, la permaculture, et que l'agriculture biologique a bien compris.
Agriculture intensive : mort et épuisement des sols>> A l'opposé, c'est l'absence de prise en compte de l'importance de la vie du sol qui fait du modèle agricole intensif un non-sens écologique, et qui aboutit, lui, à un cercle vicieux : labour profond + déchaumage (retrait des déchets verts au lieu de les laisser au sol) + pesticides = mort progressive du sol + perte de fertilité + compaction du sol + érosion.
Ce sol mort ne peut plus nourrir les plantes que l'on y cultive, d'où un éternel recours aux engrais minéraux, que le sol ne peut pas stocker et qui vont, entre autres, polluer par lessivage les nappes phréatiques et les cours d'eau. En outre, ce modèle non durable implique aussi une utilisation croissante de pesticides : les prédateurs naturels des ravageurs étant détruits avec les autres organismes du sol, il n'y a plus d'auto-régulation des populations, et donc... on traite (encore) avec des pesticides !
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