Cela dit, la configuration exacte de la charge utile de l’Oreshnik reste quelque peu floue. Les rapports et les images de l’attaque suggèrent que l’Oreshnik transporte six ogives, chacune équipée d’une charge non nucléaire. [...]
Selon les rapports de la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense ukrainien (HUR), chacune de ces ogives contient six sous-munitions, bien que la nature exacte de ces sous-munitions reste inconnue. Ce que l’on peut dire avec une grande certitude, c’est que des explosifs conventionnels ne font très probablement pas partie du système d’ogives. Étant donné la vitesse de descente élevée des véhicules de rentrée, qui atteignent juste avant l’impact des vitesses terminales de trois à quatre kilomètres par seconde, le moment de l’allumage des explosifs conventionnels avec une précision suffisante nécessiterait une technologie d’altimètre et de détonateur très avancée, à laquelle la Russie n’a pas accès. Faire exploser les explosifs à l’impact serait également inefficace, car la vitesse terminale élevée des sous-munitions provoquerait la désintégration des explosifs au contact du sol avant qu’ils n’aient eu la chance de s’enflammer.
 
Il est donc très probable que les sous-munitions utilisées dans le système d’ogives représentent des charges inertes, ce qui signifie qu’elles ne comportent pas de charge nucléaire ou conventionnelle et ne sont, en fait, qu’un poids. Bien qu’il s’agisse d’une solution rudimentaire, elle suggère que la Russie a réussi à développer une ogive et une charge utile dédiées pour l’Oreshnik, distinctes des autres missiles de son arsenal.

La 155e brigade mécanisée n’est-elle qu’un tigre de papier ? Après ses trois mois de formation en France, ses 2 500 soldats sont rentrés en Ukraine avec, dans leur bagage, de nombreux équipements français. Des canons Caesar, des mortiers de 120 mm, des véhicules blindés de reconnaissance VAB, des AMX-10RC… Et même une trentaine de chars lourds Leopard 2A4 fournis par la Pologne.

Sauf que deux semaines plus tard, la 155e brigade aurait été, au moins en partie, dissoute. « Qu’est-il arrivé à la 155e… ? Même le fait que les Français aient tenté de spécialiser la brigade ne l’a pas protégée des décisions militaires stupides de nos généraux qui ont démantelé l’unité », lâche Mariana Bezuhla. Cette députée exerce depuis le début de la guerre un contrôle démocratique civil sur les militaires et n’hésite pas à critiquer certains commandants ou certaines décisions.

La guerre génocidaire de Poutine contre l’Ukraine prendra-t-elle fin en 2025 ? Si l’on en croit les projections économiques de trois brillants économistes – un Russe, un Suédois et un Américain – la réponse est très probablement oui.
 
Vladimir Milov , Anders Aslund et Jeffrey Sonnenfeld s'accordent à dire que la guerre de Poutine est économiquement et donc militairement intenable. Selon eux, 2025 sera une période cruciale pour le régime de Poutine.
 
Alors que l'économie russe s'effondre, que la paupérisation et le mécontentement social s'accroissent et que l'argent se tarit, Poutine va manquer de ressources pour alimenter sa machine de guerre. Le dictateur égocentrique de la Russie a un penchant pour les fanfaronnades absurdes et ne sera pas d'accord avec leur analyse, mais ses poches vides l'amèneront à une conclusion différente.
 
En fin de compte, un pays ne peut être une grande puissance ou mener une guerre massive que s’il dispose des moyens économiques nécessaires. Les soldats, les fournitures et les armements coûtent des sommes colossales. L’impérialisme exige encore plus d’argent, car il implique une dépense accrue de ressources. Les nains économiques ne peuvent pas être des géants militaires, et les nains économiques en faillite ne peuvent pas soutenir une guerre.
 
Si Poutine ne se considérait pas comme un homme historiquement exceptionnel, il se rendrait compte, en jetant un rapide coup d’œil sur le passé, qu’il s’est engagé sur la voie de la défaite – ce qui est déjà assez grave – et vers l’effondrement de son régime et peut-être de son État.
 
L’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman n’avaient pas les ressources économiques nécessaires pour moderniser leurs armées. Ils ont non seulement perdu la Première Guerre mondiale, mais se sont effondrés. La Russie impériale, qui n’était pas un géant économique, s’est trouvée du côté des vainqueurs, mais elle s’est tout de même effondrée. Le Kaiser Guillaume II et Adolf Hitler avaient des économies puissantes et pensaient pouvoir se permettre de lancer des guerres de grande envergure. Mais lorsqu’ils ont entraîné les États-Unis dans leurs conflits respectifs, ils ont fait pencher la balance des ressources en leur défaveur.
 
Les États-Unis et la Chine ont les économies les plus fortes du monde et, sans surprise, sont des superpuissances. Il n’est pas étonnant que l’Amérique ait conservé ce statut même après avoir subi des défaites au Vietnam et en Afghanistan, et une demi-défaite en Irak. En revanche, Poutine et ses camarades ne peuvent pas se permettre de perdre. Ils savent qu’une défaite en Ukraine signifie probablement perdre leur chemise, eux-mêmes et leur État.
 
L'Union soviétique de Léonid Brejnev aurait dû donner une leçon à Poutine. L'économie soviétique décrépite ne pouvait pas soutenir les dépenses militaires de Brejnev, ses aventures de politique étrangère et ses répressions en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe de l'Est et en Afghanistan. La concurrence avec les États-Unis, bien plus riches, a surexploité les Soviétiques, déprimé leur économie, démoralisé les Russes, suscité la colère des non-Russes et incité Mikhaïl Gorbatchev à adopter les réformes qui ont finalement tué l'URSS.
 
La part de la Russie dans le PIB nominal mondial est aujourd'hui relativement modeste, à 2 000 milliards de dollars, contre 29 000 milliards pour les États-Unis, 19 000 milliards pour la Chine et 5 000 milliards pour l'Allemagne. En fait, la part de la Russie est pratiquement identique à celle du Canada et du Mexique, qui n'ont jamais manifesté d'aspirations impérialistes.
 
Ces chiffres n’ont pas empêché Poutine de s’en prendre à l’OTAN (dont la part dans le PIB mondial représente environ 30 fois celle de la Russie), de dépenser des sommes colossales pour la guerre en Ukraine, de pousser près d’un million de jeunes professionnels russes à fuir à l’étranger, de tuer ou de mutiler plus de 600 000 de leurs camarades dans leur pays, de négliger les secteurs de la consommation, de produire une inflation supérieure à 20 %, de transformer la Russie en colonie chinoise et de l’aligner sur des cas désespérés économiques comme la Corée du Nord, l’Iran et le Venezuela. Une irresponsabilité économique d’une ampleur aussi impressionnante ne reste jamais impunie.
 
L'année à venir sera probablement celle où Poutine va connaître un désastre. Si l'économie russe s'effondre, l'armée et la guerre s'effondreront également. Même si la machine militaire ralentit et que les Ukrainiens reprennent l'initiative, les conséquences pour Poutine seront dévastatrices.
 
Privé d’argent, Poutine n’aura que deux choix : plaider sa cause devant la société et faire des concessions en échange de ressources – impensable pour un mégalomane comme lui. L’autre sera de pousser ses armées au-delà du point d’épuisement dans l’espoir qu’un miracle intervienne. Cela ne fera que retarder sa défaite et les conséquences potentielles d’un coup d’État de ses anciens alliés.
 
Le krach économique qui s’annonce en Russie a trois conséquences. D’abord, si l’Ukraine résiste et obtient le soutien dont elle a besoin, elle gagnera, ne serait-ce que parce que la Russie perdra. Ensuite, le moment de négocier avec Poutine est en 2025, lorsque son armée et son économie seront enlisées – pas maintenant, alors qu’il est encore en train de se vanter. Et troisièmement, Poutine pourrait bientôt ressembler au Louis XVI de France, qui a fait face à un problème similaire en 1789, lorsqu’une crise financière l’a forcé à convoquer les États généraux.
 
Et nous savons tous ce qui s’est passé ensuite.