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SEOUL, 4 fév (AFP) - La tension dans la péninsule coréenne provoquée par la réactivation du programme nucléaire de Pyongyang est montée d'un cran mardi avec la condamnation par la Corée du Nord du renforcement militaire décidé par les Etats-Unis.
Le régime communiste de Pyongyang, qui a accusé Washington de préparer une invasion de son territoire, voit dans cette décision des Etats-Unis une confirmation de la volonté de ce pays de le détruire.
"Les Etats-Unis projettent de renforcer leur puissance militaire au Japon et en Corée du Sud afin d'exercer sur nous une pression mortelle", a commenté la radio d'Etat nord-coréenne dans une émission captée par l'agence sud-coréenne Yonhap.
Des unités américaines dotées d'avions bombardiers B-52 et B-1 ont reçu l'ordre de se tenir prêtes à être déployées en Extrême-Orient pour officiellement soutenir les forces américaines en Corée du Sud, face au Nord, a indiqué lundi le Pentagone.
Cette décision - qui concerne 12 B-52 et 12 B-1 - fait suite à une demande du commandant des forces américaines dans le Pacifique, l'amiral Thomas Fargo, d'avoir des forces supplémentaires dissuasives à l'égard de la Corée du Nord, précisait-on de même source.
Des satellites espion américains ont détecté la semaine dernière des activités suspectes à la centrale nucléaire de Yongbyon, laissant penser à un possible déplacement de barres de combustible nucléaire pour en extraire du plutonium à usage militaire.
37.000 militaires américains sont déployés en Corée du Sud. Les Etats-Unis disposent aussi dans la région d'un porte-avions et d'un groupe aéronaval.
La Corée du Sud est toutefois contre des frappes militaires sur la Corée du Nord et les Etats-Unis ont réaffirmé leur volonté de résoudre cette question pacifiquement. Le secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, avait annoncé en décembre que l'armée américaine était en mesure de gérer simultanément deux conflits, à la fois contre l'Irak et un autre adversaire.
Par ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé lundi qu'elle aurait le 12 février à Vienne une réunion extraordinaire sur la Corée du Nord, qui pourrait aboutir au renvoi du contentieux nucléaire nord-coréen devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
Ce dernier serait en mesure d'imposer des sanctions à la Corée du Nord, ce qui serait considéré par Pyongyang comme un acte de guerre, selon les déclarations officielles.
Ce regain de tension survient alors qu'un émissaire du président élu de Corée du Sud Roh Moo-Hyun, Chyung Dai-Chul, entame à Washington des entretiens sur la recherche d'une issue à cette crise.
Durant son séjour dans la capitale américaine, M. Chyung doit remettre une lettre de M. Roh appelant à un règlement pacifique.
Avant son départ de Corée du Sud, l'émissaire avait souligné son opposition à des sanctions contre la Corée du Nord, une possibilité que n'écarte pas Washington.
La Maison Blanche a pour l'instant choisi la voie diplomatique. Tout en renforçant son dispositif militaire dans le Golfe en vue d'une possible intervention en Irak, le Pentagone étudie de quelles forces les Etats-Unis auraient besoin en Extrême-Orient pour parer une éventuelle attaque nord-coréenne.
La crise a éclaté en octobre à la suite des révélations américaines selon lesquelles la Corée du Nord avait reconnu poursuivre un programme nucléaire clandestin en violation des accords de 1994 sur son gel.
Les Etats-Unis avaient alors suspendu leurs livraisons de fioul lourd, ce qui avait conduit Pyongyang à répliquer en se retirant du traité de non-prolifération nucléaire et à remettre en activité son complexe atomique. Pyongyang veut obtenir de Washington un traité de non-agression pour régler cette question, mais Washington exige un démantèlement des installations avant toute chose.
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