Je venais d'arriver dans une ville du, heu... on va dire centre de la France, un peu vers l'Ouest mais pas trop
Une ville ou on doit monter pour arriver au centre ville, et descendre pour quitter le centre-ville. Bref.
J'avais passé la journée du dimanche chez mon chef (j'étais AP, j'étais embauché depuis 2 semaines).
Mon chef, amateur de Whisky comme moi, désireux de m'intégrer dans la région ou je ne connaissais personne. On avait picolé sérieusement, et j'étais complètement déchiré.
Me trouvant fort abattu quand l'heure de rentrer fut venue, mon chef, sa femme et le p'tit prince tentèrent de me retenir : "tu vas rester à dormir là", "t'as trop bu", "t'as pas besoin de rentrer chez toi".
Moi, je suis pas têtu : "Non, je dois aller nourrir mon chat. A demain matin au bureau".
Et me voilà parti, gaiement, c'est le cas de le dire. Arrivé dans un petit village, je suis pris d'une violente envie de pisser un peu de tout ce whisky, donc je m'arrête. Il faisait nuit, je n'avais qu'un phare, la pluie était battante depuis 3 jours et je n'avais à peu près pas d'essuies-glace. Je m'arrête, donc. Pipi. Je remonte dans la bagnole, j'enquille méchamment la marche arrière, j'accélère, je sens que je passe par dessus quelque chose, et là, je me retrouve 2 mètres au dessous de la route. Dans l'herbe. J'étais passé par dessus un trottoir, et j'avais dévalé un petit talus. Je me dis "bon, je suis dans la merde, et d'un, et je dois me sortir de là, et de deux. Puisque je ne peux pas remonter sur la route, et que je suis sur de l'herbe, et que la pente est sacrément... pentue, voyons ce que ça donne si je descends. Hein. Pas con ça hein. Que j'me dis
Donc, je commence à descendre, sans éclairage, sans essuie-glace, dans l'herbe, rendue très grasse par la pluie incessante, et avec une pente à, je dirais 7%. Je descends, tout doit. Oh, tiens. Une maison devant moi. Il faut que je freine. Je freine. Je freine. Ah, tiens. Et si j'appuie avec les deux pieds ? Ah ben rien non plus. Donc voilà la maison qui arrive, moi qui freine, les roues qui se bloquent dans l'herbe grasse et la bagnole qui continue de faire tout droit vers le mur. Serrons les miches, me dis-je (enfin j'imagine que je me suis dit un truc comme ça. J'étais vraiment pété comme un coin).
La voiture finit par s'immobiliser. J'ai la gueule dans le pare brise, le ventre sur le volant. Je fais la constatation suivante : je ne suis pas mort. Et je n'ai même pas mal. Je me dis "bon, il f-aut s-so-sortir de ce.. de cette. de ça", et je défais ma ceinture et j'ouvre ma portière. je vais pour sortir, et je tombe. Je tombe de ma voiture.
Tiens, marrant ça. Comment on fait pour tomber d'une voiture ? On verra ça plus tard, avec un petit croquis
Donc, étant tombé comme un lamentable de ma caisse, ne sachant ni ou je suis, ni ou aller, je marche. Vous auriez fait pareil. Je marche, enfin je titube, jusqu'à ce que je trouve des maisons. Ah, il y a de la vie. Et l'une de ces maisons a de la lumière. Oh, des gens vivants ! Frappons donc à la porte !
Je frappe. Une femme ouvre. Elle voit mon blouson, blanc. Tâché de boue (il pleut, je suis tombé de ma voiture). Ma tête de gars qu'a pas assez dormi et beaucoup bu. Je dis : "pouvez-vous m'aider, je viens d'avoir un accident, je dois appeler mon chef, je sais plus son nom de famille (ça faisait deux semaines que je bossais avec lui, et j'étais vraiment dans un sale état
), mais je sais qu'il habite à xxx.
La femme me regarde. Elle constate que je n'ai pas l'air de vouloir lui planter un couteau entre les deux omoplates. Son mari arrive. Il dit : "je vais chercher un annuaire, on va bien le trouver".
On cherche, dans la localité. Coup de bol, son nom de famille commençait par un "A". Donc, à un moment, je dis "là, c'est ça !"
La femme appelle. Me passe le téléphone. Je tombe sur la femme de mon chef, qui était couchée, évidemment. Je lui explique. Elle dit "bon j'arrive, repasse-moi la dame". Ils se mettent d'accord, l'adresse, tout ça. La femme de mon chef arrive, elle m'emmène, j'étais dans un état lamentable, je tente de sauter de la voiture en marche, elle me ratrappe au vol, bref.
J'arrive chez eux, je m'écroule comme une merde dans un lit, et dodo.
Le lendemain matin, j'étais très fier de moi, bien entendu. Mon chef me dit "bon, on va essayer de trouver ta voiture." On va au village ou j'avais eu l'accident, et là, il me dit "elle est où ?". Alors moi : "Je sais pas
".
Bon. "Mais c'était près d'un mur, je me souviens, il y avait un vieux mur en pierre que j'ai longé". "C'est un village médiéval ici, des murs en pierre il y en a quelques uns. On va tourner, on va bien finir par la voir.
On tourne (je sais, c'est un peu long. Sinon vous sautez directement au dernier paragraphe si ça vous saoule
). On trouve rien. Finalement, il me dit : "Il y a un point de vue, là-haut, sur les hauteurs du village, on domine le rempart. On va peut-être pouvoir la voir, ta voiture (une Renault 18, tiens, j'avais oublié de le dire). Alors on va au point de vue. C'est un endroit ou les gens s'arrêtent, pour voir les remparts. C'est touristique, quoi.
On y va, je descends, je regarde, et je la vois. Ma voiture. Enfin le dessous de ma voiture
. Je constate qu'elle est plantée au milieu de nulle part, et que le meilleur moyen pour la sortir de là serait de l'élever par hélicoptère.
Je constate également que ma descente en freinage continu à laissé deux profondes marques dans la pelouse toute belle du point de vue. Elle est massacrée, la pelouse.
Génial... Je vais au boulot, j'emprunte une voiture de la société, ma patronne me fait un sermon évidemment. J'appelle un dépanneur, il dit "d'accord, je viens avec deux dépanneuses".
Il vient effectivement avec deux dépanneuses 4x4. Un Nissan Patrol, et une autre, avec filin de traction etc etc, et des roues larges comme celles d'un petit tracteur. Le truc qui va partout.
Alors le patrol, avec l'herbe grasse comme il était, il a même pas réussi à monter jusqu'à ma voiture. Le gars dit "ok, je prends l'autre" (elle était neuve, sa dépanneuse. Jaune). Il grimpe. Ca glisse. Il grimpe. Il arrive jusqu'au niveau du toit de la maison pour tous du village (c'était en pente, donc ma voiture était au niveau du toit). Là, il tente d'avancer jusqu'à ma voiture. Il s'enlive. Il patine. Il se rapproche dangereusement du toit de la maison pour tous. Finalement il s'y frotte. Il arrache quelques tuiles. Il fait des ornières d'environ 40 cm de profondeur dans la pelouse. Et il reste planté.
Et deux dépanneuses au tapis, deux.
Alors ce sont les gars de la ville qui sont venus, avec un tracteur. Le tracteur a tiré la dépanneuse, qui a fini d'arracher quelques tuiles, et la dépanneuse a tiré ma voiture, avec son filin. Le p'tit train, quoi.
Bilan : Le toit de la maison pour tous esquité, l'herbe massacrée, la dépanneuse toute neuve abimée.
Pour ma voiture, j'ai eu un cabochon de clignotant cassé, et une roue crevée. C'est tout.
Parce qu'en tombant, elle était venue gentiment se poser le pare-choc sur une poubelle en plastique, ce qui fait qu'elle n'avait quasiment rien.
C'est du bol hein ?
Un p'tit croquis, peut-être ? Et si vous avez des questions, n'hésitez surtout pas
(et si vous pensez que je dessine comme de la merde, vous avez raison. Voilà, je crois que je n'ai rien oublié
)