Suite et fin de mon opéra en 3 actes "CR de ma routine post-crampo/contracture :"
Un camarade avait prévu d'aller passer les 3 derniers jours des ponts de Mai à Annecy. Il a gentiment proposé de partager le trajet en bonne compagnie en créant une trace Lyon-Annecy (200km / 3500D+) le 09/05.
Peu de personnes ayant envie d'aller jusqu'à Annecy, une contre-trace avec début commun s'est aussi créée : A/R Lyon - Relai du Chat (218km / 2800D+).
Perso j'ai vu "chat" dans le nom d'une sortie, il n'en fallait pas plus pour soulever mon intérêt. Animal totem, toussa
Puis, la veille du départ, quelqu'un a subrepticement partagé le profil du col dans le fil de discussion :
On va caricaturer l'esprit du truc : les 9 derniers KM à 10%
J'ai vu le gros "11" en plein milieu, j'ai rapidement scrollé sans m'attarder. "I'm in danger" . Je préfère les surprises
Le concept me paraissait donc parfaitement stupide et une nouvelle fois parfaitement non-aligné avec mon programme de reprise. Surtout que la veille au soir j'avais festival de musique électronique.
Mais la journée s'annonçait belle, la compagnie engageante, la trace challengeante et boudiou : monter un truc qué s'apelerio "chat"
J'ai donc passé ma soirée de festival à boire de l'eau et ausculter les sensations dans mes jambes (vu que c'était en fait la même journée que le TT et la Luère/Ban, cf. les épisodes précédents). J'ai un peu écourté le festoche et suis rentré chez moi en me disant que les sensations me paraissaient suffisamment bonnes pour le tenter. La trace passant son temps pas trop loin de la ligne de train, tout fail possible se terminerait relativement easy par un retour TER juste un peu plus rapide que prévu. J'avais dans tous les cas prévu de m'arrêter au sommet du relai et prendre le train à Chambéry ou Aix-les-bains. Bref, départ commun programmé à 7h
Je me lève donc après 4h de sommeil effectives. J'ai beau être matinal
Nous partîmes à une petite vingtaine pour affronter le félin. Les 1ers KMs sont une plaie, je suis faaatigué et je me dis que la journée va soit être très longue, soit très courte. Heureusement le groupe est sérieux et ne pousse pas trop sur le plat. Le temps est couvert, il fait à peine 7/8°c. Je me retrouve 2 / 3x en tête, je prends mes relais gentiment pour (donner le change) participer à l'esprit d'équipe mais je ne m'attarde pas trop en tête. Je vois les habituels costauds disputer littéralement chaque pancarte de villages. M'enfin, vous avez vu le profil de l'étape ?
A Morestel, on tombe sur le marché matinal. Les nuages se sont dissipés, il fait bon. Le 1er stand est dédié aux "Tourtons du Champsaur". Spécialité régionale qui m'est parfaitement inconnue . On est 4/5 à tenter cette aventure culinaire multi-parfums. Le tenancier, plus qu'affable, nous confie également être cycliste à ses heures perdues. Il fini par offrir à l'ensemble du groupe un peu de pitance gratuite. La Fraternité
Fast forward sur la difficulté du jour, attaquée par sa face Ouest. 1ère partie avec d'excellentes sensations dans les jambes, je me sens vraiment bien dans mon effort. Dès les premiers hectomètres je comprends justement pas le délire, mes habituels compagnons d'efforts sur les longs cols, avec lesquels on a des rythmes ascensionnels souvent similaires plafonnent de suite. Je me retourne 2, 3, 4x. Leur rythme ne bouge pas et surtout je les vois se battre avec leur machine, le corps qui bouge dans tous les sens. Moi, je suis bien, fluide. Je continue donc comme ça, avec mes 190w de pauvre. Tout en fin de z2 et i3, en avant Guingamp . Les kilomètres se poursuivent, je reprends 2 autres camarades. Je commence quand même à avoir des douleurs dans les reins quand je suis en danseuse, je me concentre donc pour trouver une position gainée qui me permette de relâcher le haut du corps. J'arrive au seul replat (~5%) de cette montée, à peine 200m de long (tellement petit qu'il n'apparait pas sur le profil du col). L'impossible s'y produira. Pas moyen de redémarrer la machine. Le faux plat vient manifestement de... me sécher Je tente plusieurs fois de revenir sur mes 190w. Mais cela s'accompagne à chaque fois d'un début de douleurs dans les muscles. Je cherche pas à comprendre, le signal de mon corps est clair. Je profite d'être là, il fait beau, il fait bon. Je reste dans cette zone de confort du moment, une poursuite à 100/130w jusqu'au sommet. Début de problème quand le vent souffle, il est un peu frais et mon effort pas assez intense pour réellement réchauffer. Toujours très content d'être en long. Ma relative sagesse me permet de résister à l'envie d'accélérer sur le dernier KM, où la pente s'adoucit enfin. Au sommet la vue est splendide.
Strava m'indiquera que j'avais quasi mis 5 minutes sur les 5 premiers KMs à mes habituels compagnons . Avance qu'ils m'auront en bonne partie grignotée sur les derniers 5 KM, après le replat
La plus rapide sera une damoiselle, qui finit à une petite trentaine de secondes . Par contre ils arrivent tous secs, rouges et en hyperventilation : ils viennent de sprinter leur maman sur la fin. Moi à l'opposé je suis full "frais"
Grooosse pause au sommet, pour attendre les moins rapides. Malgrè le graaand soleil, l'altitude et le vent font qu'il fait frais. Je suis toujours trèèès content d'être en tenue longue. On papote, un débile propose de rajouter 50KM à la trace et de monter au belvédère de la Chambotte (de l'autre côté du Lac) pour, parait-il, un point de vue inoubliable sur le Lac du Bourget.
Photo souvenir. 4 repartent pour le retour à vélo sur Lyon, 2 repartent sur Lyon avec les voitures d'assistance qui les attendaient (les faaaaibles), 3 poursuivent par le Semnoz pour compléter l'idée initiale (Annecy), 4 s'échouent au Mc Do d'Aix. Et on est 4 à croire au charme de la campagne du Col de la Chambotte. Dans la descente sur Aix je vis une NDE. Fidèle à mes aptitudes je lâche tous mes compagnons en 2 virages et je sifflote en profitant du paysage qui défile à grande vitesse. Je finis par remonter sur une C3 qui roule doucement, je vois ses feux stops s'allumer à chaque courbe, je ralentis donc par avance pour trouver le bon endroit où dépasser tout en me laissant glisser jusqu'à lui. Jusqu'à ce qu'arrive en face une Clio , qui monte. Le conducteur de la C3, à priori pris de panique à la vue de cet engin citadin hors gabarit, pile pour se mettre à l'arrêt complet . Le con. J'avais décéléré de mon vecteur de poursuite, mais pas suffisamment pour affronter sereinement un 50-0. Hop, freinage d'urgence, la roue arrière qui drifte en driblant sur le bitume . Le moment de panique vient de changer de côté . Epaisseur des plaquettes -3mm. J'ai la séquence en Go-Pro ^^. Bah c'est marrant, mais l'instant qui suit je lui produit un exposé assez clair et guttural à ce conducteur un tantinet jusqu'au-boutiste dans ses freinages . A l'opposé de son aisance sur les routes de col, sa générosité est effectivement indéniable : il me laisse très gentiment et très directement passer.
Arrivés sur Aix, les derniers groupes se séparent . Je regrette quelques kilomètres de ne pas m'être arrêté pour prendre le train, les sensations sont moins guillerettes. Je suis quasi en permanence derrière. Pas loin, mais derrière. Bien fait de m'accrocher, la récompense vaut le détour : portions de route à flanc de falaise, mini-tunnel, point de vue bucolique.
On a le choix entre le retour Aix ou le retour Culoz, on choisit Culoz et 80m de D+ en rab. Je suis en permanence derrière. Je profite d'un faux plat descendant pour faire l'effort de les rattraper... pile au moment où ça lance un nouveau sprint de pancarte On fait une pause à la première boutique ouverte qu'on croise, un Super U. Un 9 mai pas sûr qu'on trouve grand chose d'ouvert sur la route, surtout dans Culoz. On se prend des relais sur les derniers KMs de ligne droite qui nous mènent vers Culoz. Le hasard veut que je me retrouve à leader le pack à l'amorce du dernier pont. En patron solide, je me dis que ce serait ballo de faiblir là et je maintiens le rythme dans le faux plat de ce pont sur le Rhône. Descente vers le rond point d'entrée de la ville, je me retourne : personne ne m'a suivi en fait . Je poursuis en roue libre, lorsque j'entends derrière moi un lointain "pancaaaarte, paaaancarte!!!!!!". Quelques dizaine de mètres plus loin le verdict tombe : vainqueur de la pancarte d'arrivée de la journée, sans disputer le moindre sprint de la journée. Tout à la stratégie
Notre train arrive en gare 5 minutes plus tard Le hasard voudra que le groupe Mc Do soit dans le même TER
Spoiler :
Bref, une belle et très sympathique saloperie ce félin (que je recommande donc pour les sorties reprise )
Bref, encore une fois mon montage de stratège avec cassette 11-40 s'est avéré mon meilleur allié |
>> Relais du Chat (Cham)Botté (170km / 2600m D+)
Bilan en 2j : 275km / 3600m D+
Acte 1
Acte 2