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Boîte d'inspiration japonaise
[url=http://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Loisirs/make-manufacture-hfr-sujet_110935_399.htm#t48402931]Skopos : Boîte d'inspiration japonaise[/url] |
Outils : je zappe le listing exhaustif du matos courant et habituel, je souligne juste l'utilisation d'un feuilleret (Stanley #78), d'un bouvet à rainure (Rapier #43), et d'un guimbarde (Stanley #71) qui sont des outils qu'on croise moins fréquemment. Ainsi que l'usage d'un chalumeau, et de brosses (fer, laiton, fibre de balais
).
Bois d'oeuvre : du pin maritime, plus un soupçon de sapelli et une larme d'épicéa.
Le CR sera un peu long à lire et un peu inhabituel. J'ai prêté une attention particulière pendant la réalisation à ces moments où se joue la forme de l'objet. Au delà des aspects techniques j'ai essayé de rapporter le process créatif tel qu'il a émergé lors de la fabrication, avec notamment un préambule qu'on pourra trouver un peu long/chiant/inutile selon ce qu'on recherche dans les CR. Désolé par avance, molette toussa.
L'idée d'offrir une boite s'est imposée d'elle-même. Déjà car j'aime bien les boites moi aussi
, tout le monde doit aimer les boites
Et puis ça me permettais de pas me faire chier avec un double emballage
(
). Au départ (en juillet/aout) j'envisageais donc de faire une boite assez simple, un peu sur le modèle des boites à outils japonaises dont je voulais reprendre le système de couvercle bloqué par un tasseau biseauté.
Animation du système de blocage https://youtu.be/idIgIHodbNs
Mais je n'aimais pas trop l'idée d'un fond cloué, et le couvercle affleurant avec les côtés ne m'emballais pas vraiment. Le projet avait bifurqué avant même que je m'y attèle plusieurs mois plus tard. Je n'ai pas mis ce temps à profit pour fixer un design, ni faire de croquis, et encore moins de plans. J'allais décider du design sur le tas, en fonction de ce que m'inspirerait le bois, et le choix des assemblages suivrait. Simple
Première étape, trouver le bois donc.
Je n'ai à ce moment pas grand chose, mon stock pour ce projet consiste en qq courtes chutes de voliges brutes de 18x180 (et tuilées bien sûr) d'un cabanon fait cet été. J'espère que ça a eut le temps de bien sécher au moins. Je regarde les chutes rugueuses : leur fil, leur couleur, la présence de noeuds et autres défauts.... J'essaye d'imaginer quoi en faire, à quel place je pourrais les utiliser... ça cogite pas mal, trop ! Je ne sais pas trop par où attaquer, je ne sais pas si j'aurai de quoi faire ni le temps pour ça. Je commence à me sentir débordé, la panique n'est pas loin. Je reconnais cette sensation et je sais ce qui la provoque. C'est tout simplement la pression. La mauvaise, celle qui paralyse. Ou qui engendre la précipitation et ses lots de mauvaises décisions et de maladresses, allongeant inévitablement le cortège de regrets qui suit tjrs une création.
Alors oui, nous sommes le 27 nov et l'échéance du 15/12 va très vite arriver. Et j'ai au minimum le trusquin à finir aussi d'ici là. Mais un commencement est un moment très délicat (dixit la princesse Irulan
), il est alors plus qu'urgent que je prenne mon temps à cet instant. Que je retrouve de la sérénité.
Après tout si je préfère travailler à la main c'est parce que je trouve ça apaisant. Je ne fabrique pas des objets, ils ne sont que la conséquence d'assemblages divers. Je fabrique des pièces dans lesquels je créé des tenons, des mortaises, des rainures... et le moindre geste pour les réaliser chaque coup de scie de ciseau de rabot est un objectif et un accomplissement en soi. C'est une succession de petits plaisirs simples, c'est mon kif. Si je me lance tête baissée en faisant des choix trop rapides je risque d'être déçu de l'avancement et de bâcler la suite pour me libérer. Ce qui serait complètement stupide dans le cadre du Secret Maker et dans le cadre d'un hobby en général, où je n'ai que la pression et les contraintes que je veux bien m'infliger. Surtout qu'au pire j'enverrai le trusquin et basta, ou la boite plus tard... bref je reprend pied, en même temps que j'attrape le #4 et que je rabote une première chute.
Je prend le temps nécessaire pour raboter les chutes qui me paraissent intéressantes (au final quasi-toutes y passeront), afin de mieux les observer. Les couleurs se font plus vives, le fil devient des motifs, les nœuds et les défauts deviennent des opportunités uniques. Et quand en voyant un motif mon esprit s'égare sur des projets qui ne verront probablement jamais le jour je le laisse faire, car je prend aussi plaisir à ces rêveries. Je n'ai pas plus de bois qu'avant mais pourtant maintenant je me sens riche.
Je vais laisser décanter pendant 3j sans y penser, me consacrant au plan C (je vais pas faire de mystère plus longtemps, c'était simplement un tranchet)
J'ai scié certaines chutes pour séparer les différents motifs... j'extrais qq morceaux avec un fil droit, ça sera bien pour les grands côtés que je compte brûler, mais je suis obligé de coller pour avoir assez de hauteur. Pour les petits côtés des morceaux à "cathédrale" devraient bien le faire. Bien que prise de tête et parfois frustrante j'ai énormément kiffé cette étape de sélection du bois.
Certains morceaux sont extrêmement "nerveux" et pincent très fortement la scie. Tout au long de la construction je vais constater que "ça bouge" après les coupes et le rabotage. Dès qu'une pièce est usinée, et dès que c'est faisable, les pièces sont assemblées et le restent tant que possible.
3 jours plus tard donc j'ai fait le collage des grands côtés et je déligne à la hauteur souhaitée. Et déjà une première couille ! je n'ai pas fait attention en fin de sciage, trop d'enthousiasme, pas assez de cervelle, et CRAC. CHIÉ! - j'ai pas envie de refaire un collage et je sais même pas si j'ai ce qu'il faut pour.
Je compte un moment coller une pièce et pour ça je rabote le coin cassé. Mais ça me parait chiant de faire une pièce et j'ai également un doute sur la réaction du collage lors du brulage (je pouvais pas faire autrement pour les flancs mais ça m'a fait flippé tout du long). Et puis j'ai tjrs qqpart à l'esprit que le design nait des contraintes. Je décide donc de raboter les 4 coins supérieurs. Je verrai comment ça s'harmonise avec le reste, ou comment harmoniser le reste à cette caractéristique, plus tard.
Un éclairage rasant aide bien à voir où on en est...
Je décide de créer une rainure dans les grands côtés pour y insérer les petits. Par contre j'ai pas gras sur les bords, juste quelques mm, mais je ne peux pas réduire plus la longueur intérieure. Va falloir faire gaffe.
Découpe des bords, virage du gros au ciseau, parage approximatif au ciseau, puis définitif à la guimbarde centenaire.
Puis je fais une encoche dans les petits côtés et je peux déjà assembler les 4 ensembles, ça tient tout seul.
J'ai envie de faire un couvercle recouvrant mais je me dit qu'une petite rainure dessous créera un relief, une ombre ou un constrate. GO, une petit feuillure le long des grands côtés est vite faite.
Le dessus me fait tjrs peur donc je m'attaque au fond. J'ai la pièce. On voit que le pin est échauffé mais ça ne rend pas joliment comme sur d'autres essences. Je vais régulièrement stopper la fabrication pour penser au dessus de la boite, aux côtés, aux petits détail... Là j'utilise le dessous pour voir ce que donnerai un couvercle par exemple.
Retour au concret, au "faut avancer ! maintenant tu fais quoi ?". Le fond. Dès que j'ai pu assembler les côtés je me suis dit que ce serait ptêt pas mal de voir le champs de la planche de fond déborder sous les côtés - surtout que mes faces seront sombres, si je laisse le fond clair ça pourrait être sympa.
J'usine donc une feuillure dans les grands côtés pour y encastrer en partie le fond. La configuration ne me permet pas d'utiliser uniquement le feuilleret pour ça (rabot à feuillure, Stanley #78), je dois terminer au ciseau.
Je déligne le fond en largeur, et pour avoir la longueur il faut que je décide d'un assemblage.
Je pars sur un tenon traversant (plus une petit rainure), j'y mettrai peut-être une clavette (plus pour l'esthétique que pour la solidité) donc je garderai de la longueur sur le tenon. La premier rainure et mortaise se passe bien.
Pour le 2e côté, je remarque qu'un truc cloche au traçage. Je corrige tant bien que mal, on verra bien plus tard, il faut que j'avance car je ne sais pas pour combien de temps j'en ai encore.
fuck merde chié je suis vraiment con parfois !
C'était évident que mettre un support, certes antidérapant mais mou, sous une pièce fine à mortaiser n'était pas une bonne idée. Ce n'est pas complètement fendu, j'insère de la colle, je clamp et je passe à autre chose (je fais un break et retourne sur le trusquin).
Plus tard je m'aperçois d'un truc... le pire c'est que je ne sais pas exactement comment j'ai bien pu arriver à une telle erreur. Je vais la payer tout du long car forcément c'est plus chiant de travailler sur une base qui n'est pas d'équerre.
Enfin bon, j'ai terminé la mortaise. J'ai un éclat sur l'une d'elle mais vu que je compte bruler ce n'est pas bien grave.
Je test, cherchote encore pour la suite.
Mais d'abord je dois m'occuper de la hauteur finale et des pieds.
Je passe ensuite aux petits renforts latéraux (qui servent plus ou moins de poignée). Je décide de conserver un aspect anguleux, mais simplement d'équerre ça ferait juste massif et rapporté donc j'essaye d'avoir une forme qui s'intègre aux lignes existantes. Le dessous de ce renfort sera par contre arrondi. Comme d'hab, qq traits de scie, puis je fais sauter les morceaux au ciseau.
C'est enfin le moment de brûler les faces au chalumeau. J'ai utilisé un petit chalumeau butane et un vaporisateur pour contenir la brûlure (et l'évaporation de l'eau en surface). Je compte brosser le bois ensuite et je veux que l'effet final soit assez marqué tout en créant un dégradé de teinte. Très rapidement je constate que le joint de colle du côté cassé réagit mal à la chaleur mais en y allant prudemment ça passera à peu près, idem sur les grands côtés qui sont aussi collés.
Je brosse bien et l'effet est à peu près là. Par contre question couleur ça ne me plait pas trop. Je passe un peu de baume d'antiquaire acajou, ça me semble mieux. Puis je fixe les surfaces avec une couche généreuse de gomme laque.
Bon ça c'est fait. Je ne savais pas trop si ça allait bien se dérouler mais au moins je savais ce que je voulais. Il va bien falloir s'attaquer au haut de la boite. Je prépare un morceau pour le couvercle et je créé une très légère feuillure sur les bords internes pour qu'il trouve sa place entre les côtés de la boite.
Puis je créé les feuillures en bout (scie+ciseau car le Stanley #78 n'est pas idéal à travers grain, même si ça marche à peu près je préfère ne pas prendre de risques) qui viendront se loger sous les renforts supérieurs et bloqueront de cette façon l'ouverture.
Le couvercle en place m'aide a décider de la forme générale des renforts supérieurs. Quelques coups de rabots plus tard je peux avoir une vision plus complète (rien n'est fixé encore, juste qq bout de double-face pour faire tenir les pièces) et commencer à me prendre la tête sur le système de blocage que je souhaite camoufler autant que possible.
C'est une étape où un peu de préparation préalable m'aurait fait gagner du temps. J'ai dû retailler inutilement les feuillures plsrs fois.
Bref, j'ai commencé par m'occuper du logement de la "clé" de blocage. Il y a un double-biais : quelques mm sur la largeur et un angle de 1:7 sur la hauteur. Le premier permet le blocage du plateau, le second celui de la clé. C'est plus facile à faire qu'à décrire.
Une fois que c'est fait, je créé un logement à l'opposé sur le couvercle pour y coller la "fausse clé" après leur mise en forme définitive (no photo - j'ai voulu un aspect plus irrégulier pour essayer de camoufler un peu la forme de la clé, puis légèrement brûlé et teinté).