Carou Vbulletineuse | hephaestos a écrit :
Sinon, en parlant de Dieu, j'arrive justement, là, à la phase du jeu où je comprends plus rien, je sais plus du tout ce que je dois faire et je n'ai aucune idée de quoi jouer...
Ya plus de petits coups qui paraissent faire avancer le jeu (genre, avancer un pion, libérer une pièce, contrôller le centre aussi il parait que c'est utile) mais c'est beaucoup trop compliqué pour mettre en oeuvre des plans afin de capturer des pièces ou attaquer le roi.
Généralement, c'est là que les choses se gâtent pour moi. Des conseils ? comment vous appréhendez ce tout début de milieu de partie ?
|
Bah en fait d'après mon prof d'echecs le passage de l'ouverture au milieu de jeu est souvent quelque chose qui pose problème aux joueurs qui n'ont pas encore atteint un certain niveau. C'est le moment où l'on doit établir un "plan", comme le dit sooshi, mais le plan ne se fait pas au hasard. Il ne suffit pas de se dire "tiens j'vais monter une attaque sur le roi" il faut que la position s'y prête. En clair, le plan découle de la position, de ses avantages et de ses faiblesses, pas de ce que le joueur a envie de faire. La difficulté évidemment c'est de déterminer les points forts et les points faibles de la position. Pour ça il faut avoir je dirai un certain "bagage" sur certaines notions comme les structures de pions. Je travaille beaucoup en ce moment sur le bouquin de Kmoch "l'art de jouer les pions" et il s'avère à cet égard très profitable. Parce que la structure de pions d'une position donnée permets de déterminer les zones où une attaque a des chances d'arriver à terme, pour des raisons diverses ; par exemple, un pion isolé et arriéré peut devenir une cible ; ou une majorité de pions à l'aile-dame. Si tu a 4 pions à l'aile-dame et moi seulement 3, la simple logique permets de savoir qu'en échangeant tous les pions tu te retrouvera avec un seul pion mais pion dit passé, c'est à dire en mesure d'avancer jusqu'à sa case de promotion sans rencontrer d'opposition de la part d'un autre pion. La majorité de pions à l'aile-dame est l'un des critères qui permettent d'évaluer une position. Evidemment savoir qu'on a la majorité de pions c'est une chose, parvenir à l'exploiter en est une autre, parce que l'adversaire ne va pas se laisser faire.
Tu a aussi les faiblesses des "chaînes de pions" , par exemple imagine une chaine de pions du style b2-c3-d4-e5 ; cette formation dite en "escalier" repose sur un socle b2, sauf que le pion b2 n'est pas protégé par un autre pion ; il est donc plus facile à attaquer car moins bien protégé que les autres. Pour le protéger il faudra le faire avec des figures, figures qui pourront manquer dans d'autres secteurs de l'échiquier. Et si le pion b2 vient à tomber, c'est au tour du pion c3 de devenir faible et une cible facile. Une fois le pion c3 tombé c'est d4 qui devient faible etc. En règle générale plus le "socle" d'un escalier de pion est avancé sur l'échiquier plus il est difficile à défendre.
Tu a aussi des critères comme le bon & le mauvais fou, la paire de fou, les colonnes ouvertes/semi-ouvertes, le nombre de béliers de pions, la possession des cases centrales etc... Bref le premier truc c'est d'évaluer le plus précisément possible ce que la position permets de faire ou pas, après c'est de réfléchir aux coups permettant d'atteindre l'objectif que tu t'es fixé, et évidemment de vérifier tactiquement si c'est faisable ou pas. Le tout en tenant compte du plan de l'adversaire (que tu pourra déterminer en fonction de la position toujours mais aussi en fonction de ses coups) pour essayer de savoir lequel des deux a des chances d'aboutir en premier.
C'est pas toujours facile à faire, parce qu'à notre niveau on est loin d'avoir les connaissances nécessaires pour évaluer correctement la position et on a tendance à ne calculer que des suites de coups tactiques, mais sans les baser sur la position.
Personnellement pour ne pas avoir trop de souci de ce coté là j'ai décidé d'avoir un répertoire d'ouvertures très limité mais que j'essaie de comprendre "positionnellement" et je choisi mes bouquins d'ouverture en fonction des explications qu'ils donnent.
Un exemple, j'ai un livre de A. Karpov (ancien champion du monde) sur "la partie espagnole", en français, et j'ai été très déçue par ce livre. Les parties qu'il contient sont certes bien analysées seulement les commentaires du style "après 23.Tc1 Fg7 24.Ce3 Fb5 les noirs égalisèrent, meilleur était 23.Td1" ça m'apporte absolument rien dans la compréhension de l'ouverture. Je sais pas pourquoi les blancs sont mieux après 23.Td1 et pourquoi les noirs ont égalisé après 24... Fb5.
A coté de ça, j'ai un autre bouquin sur l'espagnole, "mastering the spanish" de King & Ponzetto (pas de champion du monde là), en anglais, mais qui est infiniment plus instructif. Déjà, le livre n'est pas organisé en "variantes" mais en fonction du type de centre. Par exemple, le chapitre 1 est consacré à la "tension au centre" qui survient après 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 d6 4.d4 (la tension ici est entre d4 et e5 vu que la prise est possible), le chapitre 2 au centre "bloqué" qui survient quand les blancs poussent leur pion d4 en d5 (exemple : 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 0-0 9.h3 Fb7 10.d4 Te8 11.Cbd2 Ff8 12.d5), le chapitre 3 est consacré au centre après l'échange d4xe5 d6xe5.
Pour chaque chapitre sont listées les variantes débouchant sur le type de centre étudié ; par exemple le centre bloqué on peut l'avoir dans les variantes zaitsev, chigorin, keres, breyer, smyslov, steinitz, anti-marshall, etc.
Ensuite sont expliquées les idées "stratégiques" de chaque type de centre, avec en premier une étude rapide de la structure de pions, avec les cases faibles/fortes pour chaque camp, les grandes idées stratégiques, shéma à l'appui, qui montre la manière dont chaque camp peut exploiter un avantage donné. J'ai fait un p'tit scan pour essayer d'illustrer ça, mais malheureusement, je suis pas très douée, l'image est pas très bonne, le bouquin est épais et veut pas passer correctement dans le scanner.
Ensuite sont détaillées les idées "tactiques" , et pour finir, et seulement pour finir, sont données 2 parties "illustratives". A la fin du bouquin, en bonus, il y a un tableau regroupant toutes les variantes, avec en face une indication sur le type de variante (positionnel ou tactique), le % de gain blanc, noir, de nulles, la fréquence d'apparition de cette variante, et les chapitres dans lesquels les structures obtenues sont étudiées. Par exemple si je veux voir le gambit marshall, très tactique, je sais que je dois aller directement au chapitre 7.
Evidemment assimiler tout le bouquin représente un gros travail (je passe en ce moment entre 5 et 10 h/ jour sur les échecs) mais les avantages à mes yeux sont multiples : même si au cours d'une partie je ne connais pas le coup "théorique" je peux le retrouver sur l'échiquier, ou à tout le moins éviter les erreurs grossières, et les shémas de jeu que j'ai appris peuvent se retrouver dans d'autres ouvertures, ce qui leur confère un caractère plus "familier". Ca renforce la compréhension des structures de pions.
En toute franchise le bouquin de Karpov j'y comprenais que dalle, et après l'étude de "mastering the" bah je comprends beaucoup, beaucoup mieux les coups joués entre karpov et kasparov dans la variante zaitzev par exemple
Le gros, gros défaut pour moi, c'est que c'est en anglais et l'anglais et moi... Ceci dit moi les échecs c'est en train de devenir une passion, je dois avoir maintenant une vingtaine de bouquins sur les échecs, mais il existe des bouquins qui sont profitables à tous.
Par exemple, "les idées cachées dans les ouvertures d'échecs" de Ruben Fine, c'est un vieux bouquin (j'ai une édition de 1972 !) qui a été réédité plusieurs fois, où l'auteur s'attache à expliquer les "principes" de chaque ouverture. t'aura pas 20 variantes sur l'espagnole ou la francaise, juste 2 ou 3 , les principales, mais avec les grandes idées. Ce genre de bouquin tu peux le trouver sur ebay pour une poignée d'euros, genre 5 .
C'est avec ce bouquin que j'ai "défini" les ouvertures que je voulais approfondir. D'ailleurs vous l'avez ptet remarqué mais je ne joue jamais 1.d4 par exemple.
Pour en revenir à notre partie, il s'agit du gambit morra, j'ai donné un pion en échange de certaines compensations. Je ne vais pas trop te renseigner, juste te donner une indication, que tu a déjà remarqué sans doute : en échange du pion, et après ta poussée de pion 9... e5, les blancs obtiennent du jeu sur les cases centrales. Au passage j'ai joué une variante réputée sans danger pour les noirs (11.Fg5) parce que je comprends mieux le plan qui découle de ce coup que les autres variantes possibles.
panzemeyer a écrit :
Avec Carou on en est encore quasiment à l'ouverture, je sais qu'elle ne laisse rien passer et j'y vais avec une prudence de grand-mère. (Pas vrai Carou ? )
|
Oui, tu joue très solidement... ce qui m'arrange un peu d'un certain côté parce que j'ai du mal à mener de front 6 parties, je me mélange dans les variantes. Alors si dans les 6 j'ai 2 parties qui "trainent" un peu, ça me permets de davantage me concentrer sur les autres (surtout que contre sooshi j'ai fait exactement ce que j'essaie d'éviter généralement, à savoir jouer un shéma d'ouverture que je connais pas, et j'ai maintenant le même problème qu'Hephaestos, je sais pas trop quel plan adopter)
edit : désolée pour l'image de 3 mètres de large, suis pas très douée en informatique ---------------
yin zai yangzhi nei, buzai yangzhi dui. Taiyang, taiyin
|