Un habitant de Mardeuil a été condamné mercredi à deux ans et demi d'emprisonnement. Il vendait du matériel informatique via son site, encaissant les chèques des clients sans jamais les livrer.  
 
 
 
BENOëT pleure à la barre du tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne. Tournant soudain le dos à la présidente et ses assesseurs, il s'adresse aux victimes avec des trémolos dans la voix. « Je vous rembourserai », déclare-t-il.
Sur ces paroles, le tribunal se retire pour délibérer. Benoît se reprend rapidement, il tient même le crachoir à son escorte. « T'es plus bavard que tout à l'heure », remarque l'un des deux policiers. « Une audience, c'est rien que du théâtre », lance-t-il de manière vantarde. Le retour de Peggy Heinrich et ses assesseurs coupe court au débat.
Le jugement tombe. Benoît Senlis, 37 ans, est condamné à une peine d'emprisonnement de 3 ans et demi dont un an avec sursis. Il doit aussi rembourser 12 victimes s'étant portées partie civile, à hauteur de 6.679,89 euros.
Des comptes au Luxembourg
« Je vais faire appel », annonce-t-il presque aussitôt tout en tendant ses poignets à son escorte. Les policiers lui passent les menottes et l'emmènent. Direction : la maison d'arrêt de Châlons-en-Champagne.
Originaire de Mardeuil, le Marnais a escroqué 70 internautes. De mars 2002 à janvier 2003, puis d'août à octobre 2004. Il proposait à la vente en ligne du matériel informatique qu'il n'avait pas en sa possession. « Les personnes contractant sur son site lui envoyaient des sommes allant de 30 à 1.500 euros », rappelait la substitut Corinne Barlon. Elles le payaient par chèque libellé à son nom dans un premier temps, par virement sur des comptes ouverts au Luxembourg dans un second.
Il avait créé un site « assez sophistiqué, présentant les matériels à vendre et leurs complets descriptifs » : vpc pc mania. Il sévissait également sur des sites de vente aux enchères, dont eBay. « Je créais des comptes au fur et à mesure », expliquait-il, « et j'avais plusieurs pseudonymes ».
Suite à plusieurs plaintes d'internautes n'ayant jamais vu la couleur du matériel informatique commandé, une enquête fut ouverte en 2002, confiée à la brigade de gendarmerie d'Epernay.
Après sa mise en examen, Benoît fut placé en détention provisoire. Du 28 mai 2003 au 24 mai 2004. Date à laquelle il recouvra sa liberté sous conditions : ne pas sortir du département de la Marne par exemple, et prévoir de l'argent pour rembourser les victimes. Le montant de sa caution était de 25.000 euros.
Des photos pédophiles
Benoît s'est assis sur son contrôle judiciaire, prenant la fuite en Belgique. « Il a créé un autre site avec l'aide d'un mandataire anglais pour délocaliser son activité et élargir sa clientèle », rapportait la représentante du Ministère public. « Il utilisait plusieurs adresses e-mail pour monter cette supercherie gigantesque et avait un nom d'emprunt. »
L'épisode s'est définitivement clos à Arles le 30 octobre 2006, où le Marnais avait fini par aller. Il a à nouveau été incarcéré le 2 novembre en attendant d'être jugé.
Soulignons qu'il n'a pas seulement été condamné pour escroquerie. Cent vingt-trois photos pédophiles ont été retrouvées sur le disque dur de son ordinateur par les enquêteurs à l'occasion d'une perquisition, ainsi que des films et des jeux qu'il avait téléchargés : Donjons et dragons, Scary movy 2, Yamakasi, Fifa 2002.
Sophie Bracquemart

Sophie Bracquemart