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Microsoft vise les spammers au portefeuille
SEATTLE (Reuters) - Sur internet comme ailleurs, l'argent étant le nerf de la guerre, Microsoft cherche désormais à rendre le spam le plus coûteux possible.
Virtuellement, envoyer un message électronique ou un million coûte la même chose. Le projet "Penny Black" de l'éditeur de logiciels américain vise à compliquer l'envoi de messages en nombre d'offres de fortune instantanée ou de régime miracle.
"Il s'agit de créer des conséquences financières pour l'émetteur d'une façon ou d'une autre", a expliqué à Reuters Cynthia Dwork, qui travaille dans l'équipe de chercheurs de Microsoft, dans la Silicon Valley.
Le nom de code "Penny Black" fait référence à un timbre édité au début du XIXe siècle en Grande-Bretagne inversant la coutume qui voulait que le destinataire d'une lettre paie et non son expéditeur.
Partant de cette idée, les informaticiens de Microsoft ont imaginé que chaque envoi d'e-mail soit assorti d'un problème mathématique compliqué qui occuperait l'ordinateur pendant une dizaine de secondes.
Pour la plupart des internautes, qui envoient jusqu'à quelques dizaines de courriers électroniques par jour, cela ne représente pas grand chose en temps de calcul mais les "spammers" seraient rapidement obligés d'augmenter la puissance et le nombre de leurs ordinateurs et donc de passer par la case "dépenses", selon Cynthia Dwork. "La monnaie d'échange dans ce cas est du temps informatique".
L'idée de faire "payer" les émetteurs de messages publicitaires non sollicités n'est pas nouvelle. Il existe déjà des programmes permettant au destinataire d'un e-mail d'exiger de l'émetteur qu'il réponde à une question préalable, par mail, avant d'accepter son message.
Microsoft explore d'autres pistes augmentant le coût d'envoi d'e-mails en masse, entamant notamment des poursuites judiciaires contre des entreprises diffusant des courriers électroniques en très grand nombre, encombrant ses réseaux informatiques, et diffusant de fausses informations.
L'été dernier, Bill Gates, fondateur et président de Microsoft, a déclaré la guerre au spam, allant jusqu'à prédire l'extinction de cette pratique dans les prochaines années.
Selon le cabinet de consultants Ferris Research, le coût global du spam - en termes de surcharge de réseaux, d'utilisation de ressources informatiques et de perte de productivité - a dépassé les dix milliards de dollars en 2003.
L'éditeur de logiciels a précisé que le projet "Penny Black" était loin d'être opérationnel, précisant qu'il en était toujours au stade de la recherche.
"Le plus gros obstacle, c'est de pouvoir installer cette technologie le plus largement possible", estime George Webb, chargé des questions technologiques liées au spam chez Microsoft. Il faudrait intégrer Penny Black au plus grand nombre de logiciels possible, a-t-il ajouté.
"Mais ce n'est pas l'arme ultime", a-t-il ajouté, précisant que Microsoft travaillait parallèlement à d'autres technologies anti-spam.
Penny Black - le timbre - a cependant révolutionné l'envoi de courrier il y a près de 170 ans. A l'époque, le destinataire d'une lettre payait en fonction de son poids et de la distance qu'elle avait parcourue. Depuis l'invention de Penny Black, c'est à l'expéditeur de s'acquitter des frais de port, rappelle Microsoft.
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