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Grand Theft Auto San Andreas a beau être l'un des jeux les plus attendus cette année sur PS2, Rockstar North ne changera pas d'une variable ses méthodes de communication désormais bien rodées. Muets comme des carpes, distillant l'info au gré d'un site officiel bien vide ou d'un synopsis pas très parlant, les développeurs du plus célèbre simulateur de gangster sont passés maîtres dans l'art du hype à moindre effort, un privilège rare dans l'industrie, et uniquement accordé aux titres-phénomène. Aussi, quand Dan Houser et ses équipes décident de passer aux aveux dans la presse américaine, on n'en perd pas la moindre miette. Le festin ne se représentera pas de sitôt.
Californication
Contrairement à ce que nous croyions tous naïvement, comme entraînés sur une fausse piste verglacée, San Andreas n'est pas une ville, mais bien un Etat. Celui de Californie, vu derrière le prisme déformant de Rockstar North, dans tous ses excès et ses contradictions, dignes des films d'action hollywoodiens. San Andreas, une atmosphère irrespirable, et pas seulement à cause de la pollution qui jaunit le ciel comme le temps une photo ancienne ; gangsters en sportswear-foulard qui sortent de nulle part pour s'entretuer, flics ripous complètement dépassés, ghettos moisis au pied des buildings... le coin invivable par excellence. Pour donner naissance à Los Santos (Los Angeles), San Fierro (San Francisco) et Las Venturra (Las Vegas, à l'origine dans le Nevada), les équipes de Rockstar North ont effectué un véritable travail de documentation, sillonnant la Côte Ouest caméras numériques au poing jusque dans les bas-fonds. Pour ne rien perdre des vibrations de la Californie underground, les développeurs ont visionné des centaines de films et se sont entourés de spécialistes, comme Estevan Oriol, photographe, realisateur, designer, qui a partagé sa vision "de l'intérieur". L'ambiance de Grand Theft Auto San Andreas s'annonce plus sombre et sérieuse, mais sans occulter le style satirique si particulier de la série.
En sachant que chacune des trois villes de San Andreas a une superficie équivalente à celle de Vice City, la multiplication est vite faite : San Andreas sera quatre à six fois plus vaste que son prédécesseur. Non, non, il n'y a pas d'erreur dans le calcul en dépit des apparences, puisque ce nouvel épisode introduira des grandes routes en pleine campagne pour relier chacune des villes, une première dans la galaxie très urbaine des Grand Theft Auto. Et ces passages en cambrousse ne serviront pas uniquement de phases de transition, puisqu'ils offriront des phases de gameplay, des personnages et des environnements inconcevables à la ville, avec l'apparition de montagnes, par exemple. San Andreas donnera l'impression d'être un véritable monde 3D où tout est connecté, avec davantage d'environnements réalistes, du moins aux dires des développeurs. Chaque ville a été conçue pour exploiter un type de gameplay particulier. Ceux qui trouvaient Vice City un peu trop plate et monotone retrouveront avec San Fierro les routes vallonnées de Grand Theft Auto III, qui mettent en exergue les qualités de pilotage du joueur lors des séquences de course-poursuite, qui ne manqueront pas de survenir. Les missions, les véhicules et l'environnement seront adaptés à la topographie de chacune des villes, pour donner à chaque fois des sensations différentes. De bien belles intentions.
L'Empire du Mal
En se fiant aux photos de famille montrant son meilleur ami Smoke aux côtés de son frère Sweet, la déduction est naturelle : Carl Johnson, le héros de ce nouveau GTA, est afro-américain. Cela n'a l'air de rien, mais le fait que le premier rôle d'un jeu d'action urbaine (et a fortiori d'un blockbuster en puissance), soit confié à un personnage qui échappe immédiatement aux stéréotypes constitue déjà une première surprise. "CJ" aurait très bien pu continuer à vivre son existence peinard à Liberty City, mais l'enterrement de sa mère le ramène à Los Santos, après cinq ans d'absence. Là-bas, il retrouve sa soeur Kendall et son frère ainé Sweet Johnson, qui l'avait contraint à l'exil, le tenant responsable de la mort accidentelle de son frère Brian. Il revoit surtout son ancien gang, les Orange Grove Families, pour constater que son ancien crew, Sweet, Smoke et Ryder, sont au coeur d'une terrible guerre des gangs. CJ préfère au départ ne se mêler de rien, mais l'apparition non fortuite de flics pourris, Frank Tenpenny et Eddie Polaski, va rapidement faire dégénérer la situation. Grand Theft Auto : San Andreas sera donc le récit d'une vengeance, celle de CJ, qui reprendra peu à peu le contrôle de San Andreas
Rome ne s'est pas faite un jour, et votre futur empire n'échappera pas à cet adage. Pour dominer San Andreas, il faudra prendre possession petit à petit des trois villes, avec le rachat des propriétés les plus prestigieuses. L'emprise par le foncier qui existait déjà dans Vice City fera son retour, mais à la puissance 10, car cet aspect n'était pas totalement développé de l'aveu même de Rockstar North. Ici, il ne s'agira plus uniquement de points de sauvegarde. Seulement, avant de pouvoir blanchir l'argent de la pègre sur les tapis verts de votre casino à Las Venturra, il faudra passer par de nombreuses fusillades pour s'assurer le contrôle des territoires. L'argent jouera à nouveau un rôle moteur dans votre ascension, mais comme il ne pousse pas vraiment sur les arbres à pognon, il faudra aller le chercher. Et si possible chez les autres. La multiplication des phases en intérieur permettra en effet de lancer de grandes opérations de cambriolage avec vos potos, des phases particulièrement rémunératrices, mais aussi très difficiles. Aussi faudra-t-il planifier avec soin votre entreprise, sous peine d'entendre un fusil scié retentir violemment dans votre tempe droite. Il sera également possible de se rendre dans la douzaine de restaurants, comme dans Vice City, à la différence près qu'il sera désormais possible de se nourrir, et que votre alimentation aura une incidence directe sur votre apparence.
Fat bastard
Dans l'idée, Grand Theft Auto San Andreas souhaite gommer les barrières qui existent entre les phases mission et les plages de repos hors mission, de telle sorte que toutes vos actions aient un rapport direct avec l'histoire, comme les missions annexes qui vous enseigneront de nouvelles techniques. Le système de nutrition répond à cette logique. Dans San Andreas comme dans la vie, il sera nécessaire de s'alimenter pour maintenir sa forme physique, matérialisée par une jauge de Stamina façon Manhunt. Si CJ venait à céder à la facilité des fast-foods délicieux, son taux de cholestérol comme son bide risquent d'en subir les effets néfastes. Et être obèse n'est pas vraiment une bonne chose dans l'univers de San Andreas. Outre les quolibets des passants, votre personnage aura du mal à courir vite, s'essoufflera dès les premières foulées, et le jeu deviendra par conséquent plus difficile, voire impossible. Pour maigrir et retrouver les abdos plaqués Lindt, il faudra foncer à la salle de gym faire du sport. Evidemment, le modèle 3D du personnage variera suivant son poids, pour donner lieu à des situations plutôt cocasses. C'est évidemment une nouvelle étape dans le processus d'identification du héros. Si le joueur pouvait se montrer plutôt indifférent au blouson noir muet de Grand Theft Auto III, et ressentir un peu plus de sympathie pour les bonnes vannes de Tommy Vercetti / Ray Liotta dans Vice City, il devrait cette fois-ci se sentir davantage impliqué avec CJ et son histoire.
Pour ce troisième volet en 3D, les développeurs ont cherché à retravailler l'I.A., pour enrichir quelques aspects du gameplay. Les voleurs de voiture au fin fond des ruelles humides seront par exemple plus agressifs qu'avant, agissant en bande pour encercler votre pauvre caisse. Les piétons devraient eux aussi se montrer plus malins et, sans prétendre aux Ponts et Chaussées, on ne devrait plus les voir se jeter bêtement sous vos Pirelli pour les salir, du moins en théorie. L'augmentation du nombre de leurs réactions a d'ailleurs conduit les développeurs à enregistrer 1 heure de voix digitalisées pour couvrir l'ensemble des situations, à comparer aux 10 petites minutes qui leur avaient été dédiées dans Vice City. Il va de soi que les personnages-clé auront droit à leur propre voix, même si les développeurs précisent qu'ils essaieront avant tout de trouver un doubleur qui corresponde davantage au personnage plutôt que d'aller immédiatement signer une star très chère pour les besoins de la promo. Le travail sur l'I.A. devrait également se ressentir dans la gestion dynamique de la difficulté, censée s'ajuster elle-même suivant votre niveau. Un léger plus qui devrait éviter aux joueurs un peu moins habiles de bloquer sur une mission ardue, comme c'était parfois le cas dans les deux précédents jeux. Enfin, CJ chef de gang pourra partir en mission non plus seul, comme c'était souvent le cas dans Vice City ou GTA III, mais accompagné de trois acolytes bien calés dans le lowrider, les flingues aux vitres, prêts à canarder le moindre type qui bronche.
San Andreas à la nage
Les stars de Rockstar North ont visiblement bien conscience que la technique et la maniabilité des Grand Theft Auto sont un peu le Talon d'Achille de la série. Avec San Andreas, ils essaieront de répondre en partie aux critiques, ne serait-ce qu'en proposant un système de visée un peu plus intuitif et explosif, dans la lignée de Manhunt. Une bonne idée, car, sans être l'incarnation de la perfection marbrée, le système de visée semi-automatique de Manhunt, avec passage de caméra dans le dos et bonne gestion des planques, était incontestablement plus précis que les curseurs shootés des précédents GTA. Le combat à mains nues devrait également être amélioré, avec davantage de variété dans les attaques et les esquives. Evidemment, de nouvelles animations, qu'on espère moins schématiques, viendront enrichir le jeu, avec de nouveaux styles de carjacking pour tirer les mecs de leurs véhicules, mais aussi des postures plus réalistes lorsque vos proies s'écrouleront sur le sol. Et puis, soulagement, CJ sera enfin capable de nager, contrairement à cette enclume vivante de Vercetti, qui coulait à pic dès qu'il n'avait plus pied.
Si les trois premiers écrans diffusés par Rockstar North ne sont pas annonciateurs d'améliorations graphiques époustoufflantes, les développeurs promettent néanmoins un travail important sur le moteur pour tout ce qui concerne les effets de reflexions (caisses, miroirs, fenetres) et la gestion des ombres. Les passages en intérieur devraient mettre en valeur les effets de lumière tamisée, par exemple. En outre, les équipes de développement ont mis au point des modèles independants pour les objets, de telle sorte qu'ils soient aussi détaillés et présents à l'écran quelle que soit la période du jour et de la nuit. Les véhicules devraient également passer au contrôle technique, pour des réactions encore plus précises et différentes suivant les modèles. A noter que cet épisode introduira pour la première fois les BMX et leurs pédaliers, des engins non motorisés qui exigeront de bourriner Croix pour avancer. Et que ceux qui s'inquièteraient déjà du côté gangsta rap méchamment prononcé se rassurent : les stations radio de San Andreas ne proposeront pas que du rap début années 90, mais aussi d'autres styles de musique plus variés.
La sortie de Grand Theft Auto San Andreas est prévue pour le 19 octobre aux Etats-Unis, et pour le 22 octobre en Europe.
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