Par Jean-Luc Goudet - Futura-Sciences, le 18/09/2006 à 08h11
En présentant un laser microscopique intégré dans une puce électronique au silicium, Intel franchit une étape primordiale vers la réalisation de circuits où lélectricité serait remplacée par la lumière, avec, à la clé, un énorme gain en performances.
Un térabit par seconde pour les échanges de données : voilà ce que nous promet Intel après sa présentation du premier laser hybride à silicium et phosphure dindium. Il est si miniaturisé et si bon marché que le fabricant américain se fait fort den intégrer quelques dizaines voire quelques centaines dans une seule puce électronique.
Lenjeu est dutiliser plus largement des connexions à fibres optiques au sein dun réseau local, pour des liaisons longues distances ou même entre les composants dun ordinateur.
Sur une puce de quelques millimètres, Intel parvient à graver des dizaines de lasers.
Crédits : Intel
Mariage entre optique et électronique
Avec leurs fréquences plus élevées (de 300 GHz pour linfrarouge à 300.000 GHz pour lultraviolet extrême, contre 1 MHz pour lADSL et quelques dizaines de MHz pour un réseau local), les ondes lumineuses autorisent en effet des bandes passantes bien plus vastes que lélectricité. Utiliser la lumière comme les électrons de l'électronique est le dessein de l'optronique, une discipline très en vogue.
Mais les coûts de fabrication dun laser restent élevés et linterface entre lélectronique et loptique pose problème. Cest pour cette liaison quIntel a trouvé un moyen technique astucieux et prometteur, en collaboration avec des scientifiques de lUniversité de Californie (Santa Barbara), sous la houlette du professeur John Bowers, travaillant sur ce sujet depuis 25 ans.
Mesurant moins de dix micromètres, le composant en phosphure dindium (orange) est gravé sur une puce en silicium à laide des techniques habituelles. Sous laction dune tension électrique, il émet une lumière laser (en vert) récupérée par un guide donde en silicium dont les parois jouent le rôle de miroir.
Mesurant moins de dix micromètres, le composant en phosphide dindium (orange) est gravé sur une puce en silicium à laide des techniques habituelles. Sous laction dune tension électrique, il émet une lumière laser (en vert) récupérée par un guide donde en silicium dont les parois jouent le rôle de miroir.
Crédits : Intel
Le rayonnement laser est produit par effet Raman dans une couche de phosphure dindium (InP), un matériau semi-conducteur bien connu, utilisé en électronique hautes fréquences parce que les électrons y circulent à grande vitesse. Il a aussi la propriété démettre des photons sous leffet dune tension électrique. On parle de laser pompé électriquement.
Mais le phosphure dindium est cher et personne navait réussi jusque là à le fixer durablement sur le silicium. La nouvelle technique contourne la première contrainte grâce à la taille minuscule du laser : une dizaine de microns. La quantité de phosphure dindium est donc très faible.
Cest un conduit creusé dans le silicium lui-même qui sert de guide donde. Ses dimensions déterminent dailleurs la longueur donde de lémission laser (1.577 nm dans lexpérience présentée à la presse, soit dans linfrarouge).
Un problème de colle
Pour fixer le phosphure dindium au silicium, les chercheurs soumettent les deux composants à un
Les plasmas sont un milieu constitué d'un mélange de particules neutres, d'ions positifs (atomes ou molécules ayant perdu un ou plusieurs électrons) et d'électrons... plasma froid doxygène, qui crée à leurs surfaces une fine couche oxydée (denviron 25 atomes dépaisseur). Lorsque InP et silicium sont pressés l'un contre l'autre, se forme entre les deux ce que les scientifiques appellent une colle vitreuse. Et ça tient...
Ce laser micrométrique se déclenche sous une tension de 2 volts pour un courant de 65 milliampères que les scientifiques espèrent réduire à 20. La puissance de sortie obtenue lors de lexpérience présentée était de 1,8 milliwatt pour une température de fonctionnement de 40 °C, qui devrait un jour atteindre 70 °C.
Prouesse technique, cette miniaturisation extrême rend possible lintégration de tels micro-lasers à lintérieur de circuits intégrés en faisant appel aux techniques habituelles de fabrication des semi-conducteurs. De quoi faire entrer la lumière dans nos ordinateurs
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Pourra-on rêver dans 5 à 10 ans d'avoir un ordi dans lequel toutes les liaisons CM/CG/PROC/RAM se fassent avec des lasers ? Intel a-t-il senti le bon filon ?
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