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Centré autour d’Orsay et du plateau, cet espace correspond au bassin de vie et d’emploi du Sud Ouest parisien qui a la forme d’un croissant allant de Saint Quentin à Évry. Cette zone ne correspond à aucun découpage administratif, mais est celle qui a une taille critique qui la rend comparable à la Silicon Valley.
Le plateau de Saclay accueille une densité exceptionnelle d’universités et d’écoles. On trouve juste à coté de l’Université d’Orsay (Paris XI), HEC, l’École polytechnique, Supelec, Sup Optique pour ne citer que les plus connues. L’Ecole Centrale n’est pas très loin, enfin une grande offre de formation plus courte (IUT, BTS) est aussi proposée. En tout, prés de 25 000 étudiants sont présents autour d’Orsay. A coté de ces Écoles et universités se sont aussi implantés de grands centres de recherches. On peut citer, sans être exhaustif, le CEA, l’INRA, l’ONERA, les laboratoires de l’École Polytechnique, et les laboratoires (parfois mixtes avec le CNRS) de la faculté d’Orsay. Le génopôle d’Évry n’est pas loin. De plus la zone accueille aussi des centres de recherche industriels : les centres de Thalès, Danone, Motorola, le technocentre de Renault…le nombre total de chercheurs publics est de l’ordre de 12 000 auquel on peut ajouter environ 4 000 chercheurs du domaine privé.
De ce fait, le plateau de Saclay offre un potentiel unique en Europe pour saisir l’opportunité de l’exploitation du « nano-monde ». Jean Therme, directeur du CEA Grenoble, décrit ainsi ce terrain de développement des technologies de demain : « Le nano-monde, lieu de rencontre entre les principales disciplines scientifiques à une échelle de la dimension des atomes, apparaît comme un vaste champ d’investigation du XXIème siècle. Le nano-monde consacrera la rencontre entre quatre technologies majeures, les nanotechnologies, les biotechnologies, les technologies de l’information et les sciences cognitives, désignées sous l’acronyme anglo-saxon NBIC. La convergence NBIC doit permettre d’aborder l’immense complexité des systèmes qu’ils soient issus du monde minéral, du monde biologique ou de la rencontre entre ces deux mondes. »
L’université de Stanford s’est déjà engagée dans cette voie outre-Atlantique avec le projet Bio-X qui rassemble 270 chercheurs issus de 26 disciplines différentes pour faire de la recherche fondamentale dans les sciences de la vie. Le plateau de Saclay cumule déjà toutes les composantes nécessaires à un développement compétitif de la convergence NBIC. Articulé à un pôle complémentaire, celui de Grenoble, cet ensemble permettrait à notre pays de disposer d’un potentiel scientifique et technologique parmi les plus performants au monde.
Face à de tels enjeux, les Etats-Unis d’Amérique et le Japon ont lancé des initiatives très volontaristes pour assurer leur compétitivité sur ces futurs marchés émergents (chiffrés par Jean Therme à plus de 200 milliards d’euros à moyen terme).
Le plateau porte aussi en germe un développement industriel considérable. Le terrain scientifique y reste en effet étonnamment stérile. Aux Etats-Unis, pour 10 000 chercheurs, 100 entreprises innovantes sont créées par an. Le plateau de Saclay, qui compte 16 000 chercheurs, devrait à cette aune voir émerger 160 entreprises par an : il ne s’en crée en réalité qu’une dizaine. Aucun grand groupe technologique n’a émergé de la région au cours d’une période pendant laquelle ont émergé ailleurs Microsoft, Apple, Oracle, Juniper, Cisco, Ciena, Intel ou Palm.
Le problème est donc aujourd’hui de transformer toutes ces potentialités en réalités opérationnelles. Pour cela il faut un plan d’ensemble et une action cohérente pour organiser les synergies. Il existe actuellement des coopérations, mais elles demeurent inefficaces car elles se superposent aux structures existantes. Elles ne parviennent pas à former un mode de fonctionnement en tant que tel. Ainsi, le plateau est partagé entre trois départements. Les centres de recherche et de formation n’ont aucune autonomie et leur administration relève du pouvoir central qui ignore la logique territoriale. Aucune réelle coopération n’émerge entre les communautés d’agglomération qui sont en concurrence pour le bénéfice de la taxe professionnelle.
Le plateau de Saclay fournit le meilleur exemple du handicap que représente pour le développement économique l’absence d’un acteur territorial fort et incontesté. Dans un contexte comme celui-ci, seul le conseil régional apparaît à même de catalyser les dynamiques et aligner les efforts dispersés. Doté des compétences suggérées par le présent rapport, il serait l’interlocuteur de tous les acteurs importants et pourrait prendre en main ce chantier essentiel.
Le plateau de Saclay pourrait devenir l’archétype en France des grands campus de recherche et d’innovation. Il lui manque à ce jour :
- le passage d’un développement non maîtrisé de zones industrielles hétérogènes à une logique des parc technologiques dotés d’une image forte, fondés sur une offre de services aux sociétés innovantes et sur la mise en partage des moyens d’essais lourds avec les laboratoires publics ;
- un lieu de vie fédérateur où se croiseraient toutes les populations ;
- un schéma de transports en commun mettant en relation le plateau et les vallées et les institutions entre elles ;
- une image forte, mondiale.
Ces éléments ne pourront émerger sans deux acteurs nouveaux : une structure d’animation associative réunissant tous les partenaires public et privés et une société d’aménagement financièrement soutenue par le conseil régional. »
Source : http://www.paris-saclay.fr
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