j'ajoute le temoignage d'un couple de divorcés, chacun aporte sa version fait....
"Huit ans de mariage, déjà deux ans de procédure et la douloureuse spirale du divorce pour faute
Charles et Nicole sont mariés depuis huit ans. Parents de trois enfants - dont deux majeurs -, ils sont en procédure de divorce pour faute depuis deux ans. Charles est médecin, Nicole conseillère d'éducation. Ils livrent tour à tour leur vision du divorce.
Nicole : "Cela faisait plus d'un an que la situation était devenue très conflictuelle à la maison. Les relations étaient de plus en plus difficiles avec mon mari, et il me disait à peu près tous les jours que je n'avais qu'à partir si je n'étais pas contente. C'est moi qui ai pris l'initiative du divorce, mais j'estime que chacun a sa part de responsabilité dans cette histoire. D'ailleurs, si je ne l'avais pas fait, tout ça aurait pu durer encore bien longtemps.
"J'ai donc fait la démarche d'aller voir une avocate. Mais il s'agissait alors d'agir dans un esprit amiable, puisqu'on partait sur une base commune. J'avais besoin que mon mari s'implique concrètement dans cette rupture, et, en effet, nous étions convenus qu'il m'aiderait à rechercher un nouvel appartement. Celui dans lequel nous habitions était à son nom, mais j'ai assumé une partie des crédits. Dès lors, une part de ces investissements me revient aujourd'hui, puisqu'ils ont été assumés par la communauté. Le problème, c'est qu'il ne l'a pas compris, et tout s'est alors cristallisé autour de ça.
"Les négociations entre les avocats pour parvenir à un divorce à l'amiable ont échoué, car mon mari ne comprenait pas pourquoi lui, qui n'avait pas pris l'initiative du divorce, aurait dû continuer à me verser de l'argent. Le montant de la prestation compensatoire lui a été présenté de façon globale, et la somme a dû l'impressionner.
"Tout cela a duré un an. Voyant que les choses n'avançaient pas, mon avocate m'a conseillé de demander un divorce pour faute, à ses torts exclusifs. J'ai eu un gros cas de conscience avant de prendre la décision de le faire, mais on ne pouvait pas continuer comme ça indéfiniment.
"Une procédure de conciliation a été ordonnée. L'objectif était de trouver un terrain d'entente sur la garde de notre fille et d'aboutir à un divorce aux torts partagés. Mon mari a très mal compris la médiation. On avait réussi à signer un accord portant sur certains points de la vie quotidienne et dans lequel nous abandonnions nos griefs. Mais, le lendemain, il s'est rétracté dans un recommandé : il annulait tout le travail de conciliation qui avait duré six mois. La médiatrice a alors abandonné la procédure.
"L'intervention du juge s'est faite assez rapidement après la demande de divorce pour faute. Il a rendu une ordonnance de non-conciliation et a fixé les montants respectifs de la prestation compensatoire et de la pension alimentaire. Cela a été beaucoup plus simple dans la gestion de la vie quotidienne, puisque nous n'avions plus besoin d'être en contact pour les questions financières.
"Mon mari avait demandé la garde totale de ma fille, mais le juge a retenu une "garde alternée équilibrée ". J'ai fait appel de cette décision, car il me semblait que les termes n'étaient pas appropriés, et je ne voulais pas que cela puisse me porter préjudice par la suite. En effet, notre fille ne le voyait qu'un week-end sur deux et le mercredi soir. Ce n'est pas ce que j'appelle une garde équilibrée. Du coup, il me semblait que la pension alimentaire de ma fille n'était pas proportionnée au temps qu'elle passait chez moi. Je ne contestais pas la décision, je voulais simplement qu'elle soit rééquilibrée.
"Rendue en septembre 2002, la décision d'appel a reconnu que notre fille passait plus de temps chez moi. En conséquence, elle a augmenté le montant de la pension, mais, depuis, mon mari ne m'a jamais versé le complément. J'aurais pu entamer de nouvelles démarches pour qu'il se tienne à la décision, mais tout ça est si long et si compliqué que je n'en ai pas eu le courage.
"Pour moi, le plus pénible dans ce divorce, c'est d'être obligée d'évoquer des griefs contre l'autre. J'ai été contrainte, pour me défendre, d'étoffer mon dossier. A mon sens, cela rend les relations encore plus difficiles entre les deux, et cela encourage et accentue le conflit. C'est très douloureux d'être obligée de passer par là pour parvenir à une solution finalement équilibrée."
Charles : "Lorsque ma femme a demandé le divorce, il y a deux ans, nous avons d'abord tenté de parvenir à un divorce à l'amiable. Mais elle a demandé une prestation compensatoire énorme, bien au-dessus de mes moyens. Au bout de six mois, il n'y a plus eu de discussion possible, car elle refusait de diminuer le montant de cette prestation.
"L'atmosphère du divorce a alors changé, et nous sommes arrivés à une situation extrêmement conflictuelle. Chacun a été contraint, sur les conseils des avocats, à faire valoir les torts de l'autre. A partir de là, j'ai évalué précisément les difficultés de parvenir à un arrangement. Et j'ai décidé de demander un divorce pour faute aux torts exclusifs de mon ex-femme. J'évoque, à son encontre, une négligence de ses devoirs dans la vie familiale et conjugale. Pour moi, la stratégie est d'aboutir à une faute partagée. L'expérience prouve qu'une demande de divorce aux torts exclusifs aboutit généralement au prononcé d'un divorce aux torts partagés.
"Avant que ma femme demande le divorce, la situation était devenue très difficile. J'avais le sentiment d'être devenu peu à peu un prestataire de services. Elle avait arrêté de travailler pendant les deux ans qui ont suivi la naissance de notre dernière fille, puis elle n'a plus exercé son emploi qu'à mi-temps. C'est moi qui m'occupais de tout à la maison. Je faisais les courses, je m'occupais de ma fille et j'organisais, à la demande de mon épouse, des vacances extrêmement onéreuses et disproportionnées par rapport à mes envies, mes besoins, et surtout mes possibilités financières.
"Je demandais également la garde exclusive de ma fille. Le juge, que nous n'avons vu qu'une fois en deux ans, a évalué la situation. Il a décidé que les demandes de prestation compensatoire de ma femme étaient disproportionnées. Mais il a aussi remis en question ma demande de garde exclusive, au profit d'une garde partagée.
"Devant nos difficultés à trouver un terrain d'entente, le juge a prescrit une médiation. Celle-ci s'est étalée au rythme d'une dizaine de rencontres. La situation n'a pas vraiment changé, mais cela a sans doute amélioré le climat de nos rencontres. Ce qui me choque, c'est que tout ce qui se dit au niveau de la médiation est adressé aux avocats et au juge, alors que je pensais qu'il s'agissait d'une rencontre informelle, où le secret de nos échanges serait préservé ! En fait, on m'avait très mal expliqué comment se déroule la médiation.
"Actuellement, je verse tous les mois à ma femme 1 220 euros, dont 457 euros pour ma fille. Avec son salaire, ma femme touche 2 744 euros par mois, ce qui me paraît suffisant. Je ne vois pas pourquoi je devrais donner davantage. Je vois ma fille le mardi et le jeudi midi, je passe la soirée avec elle le mercredi soir, et je l'ai un week-end sur deux.
"Selon moi, la procédure est très longue, et surtout très floue. On manque énormément d'information alors que le divorce est quelque chose de pénible et de compliqué. Je n'ai aucune idée du moment où le divorce sera prononcé."
Propos recueillis par Marie-Cécile Castets"
http://www.lemonde.fr/article/0,59 [...] 1-,00.html
Message édité par ledilettante le 10-07-2003 à 02:19:59