HotShot a écrit :
Hé bien moi, je perçois donc cette phrase comme un diktat intolérable (le "il faut" ) qui essaie d'imposer une aliénation intellectuelle au moyen de termes vaselinés. Autrement dit, une phrase presque fascisante.
|
T'en fait pas un peu trop là ??
Provocation, provocation
Atman a écrit :
L'avis de Camus est certes interessant mais chacun peut avoir sa propre version (la philo n'est pas une science exacte,les opinions contraires sont les biens venues). Si la philosophie se bornait au simple commentaire de texte ,elle serait bien pauvre et insipide .
C'est pour cela que j'ai précisé dans le titre : " vous comprenez ceci comment"
|
En fait, je ne parlais que de la méthode, pas de la philosophie et de la science en tant que telle. J'estime que la méthode de recherche, d'investigation, de synthèse, indépendamment de leur contenu, sont similaires en philo et en science. Du moins est-il prolifique pour un philosophe d'adopter une méthode scientifique -quoique le résultat ne soit pas le même.
C'est pour cela que je pense au contraire que l'extrême richesse de la philosophie vient de la richesse des textes auxquels elle a affaire (le corpus des auteurs : Platon, Aristote, Descartes, Kant etc.) ainsi que la richesse des interprêtations sur ces textes... sans compter les autres textes auxquels elle peut se rapporter (science, technique, art etc.) et autant de nouvelles interprêtations.
Loin d'être insipide, la recherche sur les textes est comparable à la plus luxuriante des jungles.
panzemeyer a écrit :
le sens de cette phrase, c'est que la poursuite d'un objectif suffit parfois à faire le bonheur de l'homme, indépendamment de son issue heureuse ou malheureuse
|
Oui, mais la situation de Sisyphe radicalise cela, car il n'y a plus d'autre ojectif que de recommencer. Si bien que le but n'est rien d'autre que de recommencer à poursuivre un but qui n'existe pas. D'où le tragique.
Atman a écrit :
La encore je diverge un tant soit peu avec cette interprétation (tout en la respectant):
Certes Sysiphe nie l'existence des dieux et de la transcendance mais je crois egalement qu'il nie le destin aussi (comment y en aurait-il un dans l'absurde?) (1),il echappe a l'absurdité en vivant exclusivement le présent et sans tenir compte du lieu (il nie le temps et l'espace, quel nihiliste ce Sysiphe! ).
Ce faisant , il n'est plus soumis a l'absurde,il le dépasse, il n'est donc plus absurde lui-meme. (2)
Il a effectivement perdu ses illusions mais point n'en est besoin lorsque l'on vit au présent et que l'on se bat en payant de sa personne. (3)
En fait, Sysiphe dans sa lutte fait de son mieux et je crois que c'est ça qui le rend heureux, il donne le meilleur de lui-meme et il goute le sentiment de sa plénitude (il est son propre maitre) (4)
|
Eh bien, tous ces points sont très intéressants.
(1) En fait, on pourrait que l'absurde est son destin. Mais je pense qu'on se comprend et qu'on est d'accord sur ce point.
(2) Nous sommes d'accord qu'il accepte l'absurde. Mais, le dépasse t-il ? Que trouve t-on quand on dépasse l'absurde ? On pourrait dire qu'il crée un véritable destin humain, qu'il offre le sol pour construire un monde hors de toute métaphysique. Mais le texte de Camus le suggère tout juste.
(3) Sisyphe perd ses illusions et affirme par là sa liberté, même dans une corvée absurde. Mais crois-tu que tout le monde soit Sisyphe pour travailler au quotidien, sans illusion sur la nécessité de son travail ? Du moins crois-tu que cette absence d'illusion aille jusqu'à déboucher sur l'approbation tragique de Sisyphe ?
Beaucoup de gens travaillent en se faisant des illusions, et si ces illusions sont égratignées, ils en conçoivent de la mortification, tu ne crois pas ?
(4) Oui, je suis d'accord terme à terme. "Il fait de son mieux" : oui, il s'engage entièrement, corps et âme, dans ce jeu absurde, sans plus d'arrière-pensée ni de mauvaise foi.
Message édité par rahsaan le 16-09-2003 à 18:16:19