La fabrication d'une histoire n'est pas si aléatoire que ce taupique tente de nous le faire penser. Combien d'histoires se poursuivent et se finissent exactement telles que nous le craignions -- en bâillant. Combien de taupiques dégénèrent et s'enchaînent exactement comme d'habitude, selon la même irrépressible pente.
Le fait est que chaque "entame", chaque amorce et chaque pas dans une narration referme le monde des possibles, car il existe une grammaire de la fiction, un contrat muet établi avec le lecteur. Il ne peut pas se passer n'importe quoi dans une histoire, pas plus qu'il ne se passe n'importe quoi dans une conversation de bistrot. 90% de nos réactions langagières sont programmées en tant qu'articulations probables, la seule invention se situe peut-être, sans doute, dans le choix des formes.