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Les scandales sur les produits "made in China" suscitent l'inquiétude Même si la Chine n'a pas bâti sa réputation à l'export sur les produits alimentaires et pharmaceutiques, elle en écoule tout de même pour 30 milliards de dollars (22,3 milliards d'euros) par an à l'étranger. Les récents scandales concernant ce type de produits dont certains composants empoisonnés provenaient de la République populaire risquent en tout cas de renforcer la méfiance à l'égard du "made in China". En 2006, peut-être une centaine de personnes seraient mortes au Panama après avoir ingéré du sirop contenant du glycol de diéthylène, un solvant industriel utilisé, entre autres, dans la fabrication d'antigel. Une usine chinoise de la province du Jiangsu qui prétendait produire de la glycérine aurait remplacé cet inoffensif sirop avec le poison afin de faire baisser ses coûts de production... Plus récemment, les autorités panaméennes et celles de la République dominicaine ont annoncé avoir trouvé des traces de ce même glycol de diéthylène dans 6 000 tubes de dentifrices fabriqués en Chine et vendus sous le nom de "Mr cool" et "Excel". UNE LISTE ÉCOEURANTE Le responsable de l'une des entreprises incriminées, Chen Yaozu, a reconnu qu'un tel solvant était utilisé mais a soutenu que, mélangé en petites quantités, il ne présentait aucun danger, les utilisateurs recrachant la pâte dentifrice. En outre, à ajouté M. Chen, le diéthylène n'est pas interdit en Chine. Des agents du Bureau d'inspection de la sécurité pharmaceutique et alimentaire chinoise viennent de se rendre dans la province du Jiangsu pour mener une enquête. Après une affaire de gluten de blé utilisé dans la composition de la nourriture pour animaux et qui a provoqué la mort de milliers de chats et de chiens aux Etats-Unis après avoir été mélangé avec de la mélamine, une dangereuse substance chimique, la situation s'est dégradée entre Pékin et la Food and drug administration (FDA) américaine, chargée de la sécurité alimentaire... Outre-Atlantique, plusieurs journaux viennent par ailleurs de révéler que 257 produits "made in China" ont été saisis le mois dernier à l'arrivée aux Etats-Unis : sachets de pommes lyophilisées contenant un produit chimique cancérigène, poissons chats surgelés dans une substance mélangée avec des antibiotiques interdits, sardines et coquilles saint-jacques conservées dans des emballages infectés par une bactérie, champignons mélangés avec des pesticides, telle est l'écoeurante liste publiée par le Washington Post... Après la révélation faite par les Panaméens, la FDA a interdit toute importation de dentifrices provenant de Chine. Face à ce tapage médiatique, le gouvernement chinois s'efforce de dissiper les craintes et de faire taire les voix alarmistes. Une porte-parole du ministère des affaires étrangères, Jiang Yu, a rappelé que "la Chine attache une grande importance aux questions de sécurité alimentaire et est prête à travailler de concert avec la communauté internationale en la matière." De bonnes intentions qui ne seront sans doute pas suffisantes pour redresser l'image du pays en matière d'exportation de produits alimentaires. Bruno Philip Article paru dans Le Monde - édition du 29.05.07. ---------------------------------------------------------------- Les Echos du 30 Mai 07 Sécurité alimentaire : Pékin se fâche Le gouvernement chinois a trouvé sa victime expiatoire. Récemment montrées du doigt pour la légèreté de leur politique de contrôle de la sécurité alimentaire, les autorités ont condamné, hier, l'ancien responsable de l'administration des produits alimentaires et pharmaceutiques (SFDA) à la peine de mort pour corruption et négligence. Censé délivrer, avec son agence, des approbations officielles aux nouveaux médicaments et produits sensibles introduits sur le marché local, il aurait bâclé ou falsifié, entre 1998 et 2005, plusieurs procédures de validation, en échange de pots-de-vin et de cadeaux d'une valeur de plus de 6,49 millions de yuans (629.000 euros). Des produits approuvés par son agence, sans véritable test, auraient provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes ces dernières années. L'extrême sévérité du jugement intervient en pleine campagne de reprise en main des industries de l'agroalimentaire et de la pharmacie, accusées d'avoir pris trop de liberté avec les questions de sécurité alimentaire. Cherchant à gonfler leurs profits, beaucoup de producteurs chinois modifient leurs recettes et remplacent certains ingrédients par des composants chimiques meilleur marché, sans tenir compte de l'impact sur la santé des consommateurs. Selon le magazine chinois « Outlook Weekly », réputé proche du pouvoir, 60 % des 450.000 fabricants chinois de nourriture ne pratiqueraient aucun test sur leurs produits. Souvent exportés, ces aliments ont été à l'origine de bruyants scandales à l'étranger. Aux Etats-Unis, de la nourriture pour animaux domestiques, contaminée à la mélanine, aurait provoqué la mort ces dernières semaines de milliers de chiens et de chats. En Australie et en République dominicaine, des enfants ont été, eux, contaminés par du dentifrice chinois contenant du glycol de diéthylène, un produit très toxique. Et maintenant, la crise du porc Promettant un renforcement des contrôles sur l'ensemble de la chaîne, Pékin veut, notamment, mettre la pression sur ses agriculteurs et ses éleveurs souvent soupçonnés de dissimuler leurs crises sanitaires. Le ministère chinois de l'Agriculture vient, ainsi, de demander un renforcement des contrôles sur la viande de porc. Depuis un an, une infection couramment appelée « maladie de l'oreille bleue » a tué plus d'un million de cochons dans le sud du pays. N'ayant reçu aucune aide pour compenser leur manque à gagner, nombre d'éleveurs contournent les interdictions à la vente de leur cochons contaminés et continuent d'écouler leur viande sur des petits marchés. Dans les réseaux de distribution plus encadrés, la viande de porc commence à manquer. Combinée à une forte hausse des prix des céréales fourragères, cette maladie a fait flamber les cours. Les prix du porc sur pied ont ainsi bondi de 71,3 % en avril, quand ceux de la viande de porc - un élément clef de l'alimentation de la population - augmentaient de 29,3 %. Inquiet des conséquences sociales de cette envolée, le Premier ministre, Wen Jiabao, a promis, le week-end dernier, que le gouvernement allait tout faire pour stabiliser les prix et ne pas mettre en péril le niveau de vie des classes les moins aisées. YANN ROUSSEAU
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