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Robert Louis-Dreyfus, le propriétaire de l'OM, est mort
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 05.07.09 | 07h51 • Mis à jour le 05.07.09 | 08h42
L'actionnaire principal de l'Olympique de Marseille, l'homme d'affaires suisse Robert Louis-Dreyfus, est mort. La nouvelle a été annoncée samedi soir 4 juillet par des sources proches du club. "RLD", comme il était surnommé, était atteint depuis plusieurs années par une leucémie. Très affaibli depuis plusieurs semaines, il avait 63 ans.
Jusqu'en 1996, la chronique sportive n'avait eu que peu de raisons de s'intéresser à cet homme, père de trois enfants, abonné aux éloges des gazettes économiques.
Héritier d'une dynastie de courtiers en céréales et d'armateurs, né dans les beaux quartiers de Paris et naturalisé suisse en 1995, Louis-Dreyfus s'est d'abord fait un nom hors du giron familial. Il était titulaire d'un MBA à Harvard sans avoir décroché sans son bac, aimait-t-il rappeler.
Il a été PDG de 1984 à 1989 d'IMS Health, une société d'études de marché dans le secteur médical aux Etats-Unis, avant de relancer l'agence de publicité londonienne Saatchi et Saatchi, qu'il a dirigée jusqu'en 1993. Il a ensuite été, jusqu'en 2001, PDG de l'équipementier sportif Adidas. En 2000, il avait pris en mains LD Com, devenu ensuite Neuf Télécom. Il a aussi fondé la société de droits sportifs Infront, née de la chute de l'empire Kirch.
"JE NE GAGNERAI JAMAIS D'ARGENT AVEC L'OM"
Jamais, pendant ce temps, la passion du sport ne le quitte. "Il adore tous les sports. Je crois que lui-même aurait voulu être un grand sportif. Et personne ne peut le suivre au ski !", raconte l'ex-champion de boxe Louis Acariès, un de ses proches.
En 1996, il se laisse convaincre par le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, de devenir l'actionnaire principal du club phocéen. Par attrait pour la ville, par envie de se piquer au jeu du foot, mais aussi par stratégie commerciale, pour offrir à Adidas une vitrine de prestige.
C'est l'époque où il lance : "Je sais que je ne gagnerai jamais d'argent avec l'OM". De là à se voir délester sur ses propres deniers d'environ 220 millions d'euros en un peu plus de douze ans.... Car Louis-Dreyfus investit alors dispendieusement, parfois abusé par des agents et dirigeants délégataires.
Ce manque de contrôle direct a notamment valu à Robert Louis -Dreyfus d'être condamné en 2006 à trois ans de prison avec sursis pour abus de biens sociaux dans le procès des transferts suspects de joueurs entre 1997 à 1999 – une condamnation réduite en appel à dix mois de prison avec sursis et une amende de 200 000 euros. Son entraîneur de l'époque, Rolland Courbis, a, lui, été condamné dans le cadre de la même affaire à deux ans de prison ferme.
L'OM DE RLD ORPHELIN DE TITRES
Très affecté par ce jugement qu'il vit comme un déshonneur, RLD décide alors de mettre en vente le club. Mais l'opération se solde par un échec, fin mars 2007, en raison du caractère sulfureux de l'acquéreur potentiel, le Canadien Jack Kachkar. Echaudé, il décidera finalement de conserver l'OM, d'autant que les résultats sportifs en amélioration (2e en 2006-2007, 3e en 2007-2008, 2e cette saison) nourrissent son espoir d'un titre, que deux finales perdues de coupe de l'UEFA (1999 et 2004) et de Coupe de France (2006 et 2007) n'ont pu satisfaire.
Sous son règne, sept présidents (Jean-Michel Roussier, Robert Louis-Dreyfus, Yves Marchand, Etienne Ceccaldi, Christophe Bouchet, Pape Diouf et Jean-Claude Dassier) se sont succédé au chevet du club. Sa décision, le mois dernier, de se séparer de son président, Pape Diouf, remplacé par Jean-Claude Dassier, avait été très critiquée par les supporters et par les responsables politiques locaux.
Robert Louis-Dreyfus était également administrateur et actionnaire de la formation belge du Standard de Liège. C'était d'ailleurs avec ce club qu'il a remporté ses plus grands titres sur la scène footballistique avec deux titres de champion de Belgique (2008, 2009).
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