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«La direction [palestinienne] devrait méditer sur la radicalisation à droite de la société israélienne. Il semble que celle-ci ne comprenne pas [le sens] des actions et des objectifs palestiniens? Nous devrions tirer la leçon [du résultat] de ces élections et mettre au point une politique capable de persuader le citoyen israélien que nous ne menaçons pas sa sécurité?, que nous désirons véritablement une paix juste qui garantira [l'exercice] de ses droits au peuple palestinien et la sécurité des deux Etats: la Palestine et Israël.»[1] Chroniqueur au quotidien palestinien Al-Hayat Al-Jadida, Adli Sadeq, adjoint duministre de la Planification et de la coopération internationale Nabil Chaath, commente: «La détermination palestinienne ne pourra pas à elle seule [faire tomber Sharon]; il faut qu'un certain nombre de facteurs soit réuni pour que cette détermination porte ses fruits et entraîne une modification de l'équilibre des forces politiques au sein de l'Etat hébreu? L'un de ces facteurs est l'existence d'une stratégie palestinienne unifiée visant à informer le public israélien que tous les Israéliens ne sont pas en danger ? que seule l'occupation est prise pour cible, qu'il convient de distinguer entre les partisans de l'occupation des territoires de 1967 et les autres, qui ne sont pas implantés dans ces territoires et n'ajoutent pas leurs assassinats à ceux de l'armée d'occupation. Communiquer ce message nécessite courage politique et responsabilité. La position actuelle des Palestiniens n'aurait même pas pu s'accorder avec celle du parti Meretz, si ce parti avait connu une victoire [électorale]. Quelle que soit la formation du gouvernement de l'Etat hébreu, il exigera de notre part une stratégie claire, qui doit avoir pour principe minimal de ne pas s'attaquer à tous les Israéliens. Sharon a gagné, en dépit de son échec de Premier ministre, à cause de l'absence de cet élément essentiel. Il a gagné à cause de notre politique désordonnée et impulsive?»[2] Aujourd'hui, nous aspirons à une feuille de route qui offre beaucoup moins que le Plan Clinton Dans un article intitulé «Les extrémistes palestiniens ont voté deux fois pour Sharon», paru dans le quotidien palestinien Al-Ayyam, [3]le chroniqueur Taufiq Abou Bakr a déclaré que la politique de l'Autorité palestinienne était responsable de la victoire de Sharon, vu qu'elle n'avait rien fait pour réprimer les éléments extrémistes et avait rejeté l'offre de Clinton: «Chercher la cause des événements n'est pas typique de la pensée politique arabe ? bien que ce soit là une donnée essentielle de la pensée politique moderne dans le monde? Nos journaux débattent avec profusion de 'l'hégémonie de la droite' israélienne et de l'extrémisme des citoyens israéliens ? révélé par le résultat des dernières élections. Mais ils ne s'interrogent pas sur la cause de ce phénomène. C'est le même public israélien qui a permis au parti travailliste de remporter une écrasante victoire en 1992, après 15 ans d'absence au gouvernement, l'autorisant à emprunter le sentier de la paix. C'est le même public qui a mis le dirigeant du parti travailliste [Barak] au pouvoir en accordant 26 sièges aux Travaillistes, en faisant tomber le Likoud au plus bas de son histoire avec19 sièges et en accordant au parti de gauche Meretz dix autres sièges? [4] Pourquoi le tableau n'est-il plus le même? [Pourquoi] le public a-t-il voté pour Sharon en 2001 et [pourquoi] a-t-il été encore plus nombreux à voter pour le Likoud dernièrement, doublant le nombre de siègesde ce parti? [Cela est arrivé] en dépit des pertes humaines ? côté israélien ? et de la grave récession enregistrées sous le mandat Sharon. Que s'est-il passé? [Les Israéliens] ont-ils soudain perdu la tête? Voilà des questions que beaucoup évitent de poser. En 2001 et 2003, cette situation était due aux Palestiniens extrémistes que les plus modérés n'ont pas eu la volonté d'arrêter tant qu'il était encore temps? Si nous avions ordonné une accalmie de six mois avant les élections, Sharon ne se serait pas retrouvé au pouvoir. L'idée s'est présentée, mais les indécis n'ont pas réussi à tirer profit de ce moment historique. Les extrémistes palestiniens, le Hamas en tête, ont multiplié les opérations pour empêcher Barak de reprendre le pouvoir: son retour aurait en effet peut-être permis [l'élaboration d'] un accord politique basé sur des concessions mutuelles ? ce à quoi ils étaient violemment opposés. Dans les faits, les extrémistes [de tous bords] sont alliés. Ils ont poussé la société israélienne à se radicaliser, ce qui convenait bien à leur plan destructeur? La question qui doit être posée est: pourquoi la direction palestinienne a-t-elle laissé faire, alors que chaque jour, il devient plus difficile de mettre fin à leurs agissements? Mon opinion était et demeure que nous aurions dû ordonner un temps d'accalmie le 17 décembre 2000, au lendemain de l'initiative Clinton, et annoncer résolument que nous acceptions sa proposition. Aujourd'hui, nous aspirons à une feuille de route aux perspectives bien moins attrayantes.» Une accalmie et l'acceptation de l'initiative Clinton au moment opportun auraient empêché la montrée de Sharon. «L'histoire place l'homme en face de belles occasions ainsi que de certains risques. Quand le train de l'histoire s'arrête à sa hauteur, il ne doit pas hésiter à monter? Hésiter aux moments cruciaux de l'histoire ne pardonne pas. Une accalmie et l'acceptation de la proposition Clinton à la veille des élections de février 2001 auraient empêché la montée au pouvoir de Sharon et la radicalisation à droite de la rue israélienne. Si les négociations de Taba avaient eu lieu quelques jours après la proposition, l'histoire palestinienne aurait pris un tour différent. C'est là une vérité que plusieurs évitent de contempler. Trois fois, les Israéliens ont mis leur confiance dans les partis de gauche et du centre, lesquels auraient pu faire la paix qu'ils souhaitaient. Les affrontements les plus violents sont intervenus alors que la gauche et le centre étaient au pouvoir, avec la bénédiction des extrémistes palestiniens? et à la satisfaction de la droite israélienne. Les Israéliens se souviennent que c'est pendant le mandat Netanyahou qu'il y a eu le moins d'affrontements et le plus petit nombre de victimes du côté israélien. Ils se souviennent également que le mandat de Peres a conduit à une situation inverse avec, à la veille des élections de 1996, des bus qui explosaient à Jérusalem, Tel-Aviv et Ashkelon. La direction palestinienne connaît bien les forces locales instigatrices de cette violence dont le but était d'empêcher Shimon Peres d'accéder au pouvoir. Si Peres avait réussi ? il a perdu d'un demi pour cent ? il serait peut-être arrivé à un accord avec les Palestiniens avant l'échéance de la phase intermédiaire, en mai 1999, et le Conseil législatif aurait alors déclaré un Etat palestinien. Ce qui effraie les opposants d'une solution impliquant la reconnaissance d'Israël et des puissances régionales, c'est qu'ils n'auraient plus leur mot à dire.Tout cela est clair. Ce qui l'est moins, à mes yeux tout au moins, c'est la raison pour laquelle l'Autorité palestinienne a permis ces développements effrayants qui contredisent sa politique. Pourquoi n'avons nous pas conclu un accord de principe avec le parti travailliste, Meretz, la gauche et les hommes de la paix [le camp de la paix] en Israël, en mettant fin aux hostilités pour quelques semaines - et non quelques jours ? à la veille des élections? Si nous avions agi de la sorte, la carte politique israélienne aurait peut-être connu quelques modifications?»
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