Le Téléthon :
Ou comment se payer une bonne conscience à vil prix pour le reste de lannée.
Cest aussi assimiler la recherche médicale à une sorte de big charity business de bas étage, substituant la charité à la responsabilité collective.
Cest La charité érigée en mode de gestion de la misère.
La science en général et la recherche médicale en particulier ne devraient rien avoir à faire avec cet espèce de spectacle grandiloquent et dégoulinant de bons sentiments. Il sagit là de quelque chose de sérieux qui devrait faire lobjet defforts budgétaires considérables et permanents, programmés sur le long terme.
Mais voilà encore un secteur dont on privatise le fonctionnement imperceptiblement, jusquà ce que tout le monde trouve normal quune grande messe médiatique serve à financer ça au coup par coup.
Et surtout quon ne chante pas la supposée efficience supérieure du privé sur le public, quand on voit les sommes faramineuses qui doivent être dépensées rien quen communication et fonctionnement.
Quon ne parle pas de lengagement des labos privés, plus soucieux de développer des médicaments coûteux pour les faux problèmes des très riches consommateurs que de soigner les peuples qui en ont besoin, comme tous ceux qui crèvent du SIDA, faute dargent ou du palu, parce que leur vie ne vaut même pas les 2 nécessaires pour les sauver !
Il est plus rentable de faire des recherches sur la pilule anti-obésité que sur le palu, qui reste pourtant la première cause de mortalité sur la planète
Mais voilà, il est plus facile de faire des promesses de don au Téléthon que de se mobiliser pour demander à ce que la recherche scientifique soit décemment financée par largent public, cest à dire, largent des contribuables!
Correctement aiguillée par les médias, la foule des généreux donateurs se fend dun tsunami de dons pour les malheureux dici bas. Quel merveilleux élan de générosité dont on na de cesse de chanter les louanges !
Quil est bon de donner quelques pièces au Téléthon plutôt que de demander une fiscalité spécifique ou une orientation des budgets nationaux vers la recherche médicale. Quil est agréable de secourir virtuellement les orphelins de Phuket alors quon regarde de travers les petits miséreux de périphéries urbaines. Quil est facile denvoyer un chèque aux Restos du Coeur, alors quon na seulement jamais jeté un regard à celui qui fait la manche en bas de chez soi. Quil est confortable de soutenir labbé Pierre alors quon pétitionne pour ne pas avoir de familles modestes qui sinstallent dans le quartier et quon applaudit quand des lois écrasent les chômeurs et légitiment la guerre aux plus pauvres.
On vote pour des personnes qui ont détourné de fortes sommes dargent public
et on pousse des cris dhorreur devant le mythique RMIste fraudeur surtout les basanés de couleur . On donne au Téléthon et on pétitionne pour que les enfants différents ne fréquentent pas le même établissement que ses chers petits.
Je crois que le comble de lindignité charitable avait été atteint lors de linterview dun acteur parisien vivant ,un quartier huppé de la capitale française .
Il parlait du SDF du quartier, un jeune dune trentaine dannée qui vivotait sur le parvis de léglise et à qui, de temps à autre, on jetait une petite pièce. Lhiver arriva et ce qui devait arriver ,arriva : le clodo mourut de froid. Et là, la larme à loeil, lacteur raconte comment tous les habitants du quartier se sont cotisés pour lui offrir les funérailles dun prince.
Rien que dy penser, on doit avoir la nausée. Le pauvre gars valait plus mort que vivant et tout cet argent dépensé en pure perte, en simple consolidation de lego de quelques sinistres figures enrubannées de pognon, aurait pu lui servir à peut-être sortir de la misère de son vivant, à lui sauver la vie, pour le moins ! Mais voilà, sur le plateau de télé, personne ne releva la monstruosité de la chose, tout le monde félicita lacteur de sa générosité.
Allez ! Lévidence du fait, nexclut pas quon le néglige disait Lacan.
Et haut les coeurs ! Le soir du Téléthon, exhibez vos enfants que le reste de lannée vous ne sauriez voir, rappelez vous que vous pourriez être aussi grand, bon et généreux et le lendemain, retournez à vos petites vies médiocres et égoïstes, la conscience tranquille et endormie comme après un Notre père et deux Je vous salue Marie.