- «Jai rêvé la France avant de la connaître», raconte souvent Dominique de Villepin. Enfant dexpatriés né au Maroc en 1953, il a grandi au Venezuela
Son père, Xavier de Villepin, travaille à létranger pour Saint-Gobain. Il est aujourdhui sénateur des Français de létranger. Par sa mère, Villepin a des racines limousines. Oradour-sur-Glane, le village martyr de 1944, est un de ses terroirs. Il se forge une vision de la France résistante et romantique.
- Mauvais élève, il est devenu un bûcheur chez les jésuites, à Toulouse. Il monte à Paris, fait Sciences-Po, intègre lENA dans la promotion Voltaire, devenue depuis mythique, où il croise François Hollande et Ségolène Royal.
- Lappel du large lemporte. Le voilà jeune diplomate, en poste à Washington, défendant limage de la France dans lAmérique reaganienne, avant de partir en Inde. Létranger le ravit. Son univers est fait de livres et de douceur factice. Mais ce chiraquien de létranger, inscrit au RPR, brûle dêtre reconnu à Paris.
- 1993-1995. De retour à Paris, il entre vite en politique. Directeur de cabinet au ministère des Affaires étrangères, il est une ombre de Juppé, encore discrète. Il devient un rouage essentiel de la campagne de Jacques Chirac contre Edouard Balladur.
- 1995-1997. A lElysée, il est un prince du palais. Les vieux chiraquiens détesteront ce nouveau venu qui accapare le président. Il méprise les parlementaires, théorise la dissolution de lAssemblée, un coup censé relégitimer la droite. Le coup manque, la gauche gagne les élections.
- Il est désigné comme responsable de la défaite de la droite. Il pourrait partir. Chirac le garde, pourtant. Villepin, sous la cohabitation, organise lElysée en forteresse assiégée. Il définit la stratégie de harcèlement dun Jospin qui, dit-il, ne maîtrise pas ses nerfs. Il est le chantre de la reconquête impossible. On lui prête une politique de coups et de «cabinet noir».
- Il devient un homme de la société parisienne, adoubé par Jean-Luc Lagardère, patron de Matra, qui lui voue une affection quasi paternelle. Il écrit des livres. Son image de romantique simpose dans les médias. Après le 21 avril 2002, il théorise un gouvernement dunion nationale qui transgresserait le clivage gauche-droite, où entreraient Nicole Notat et Bernard Kouchner. Mais Chirac préfère rester classique.
- Chirac réélu, le voilà ministre des Affaires étrangères. Il connaît son heure de gloire au moment de la crise irakienne. Il porte la position de la France, défie lAmérique devant lAssemblée générale de lONU. Il est, instantanément, une star mondiale. Sa maîtrise des mots, son lyrisme ont joué à plein.
- Sa gestion de la crise ivoirienne est plus ardue. Voulant imposer la cohabitation entre le président Gbagbo et ses opposants, il se fait prendre à partie physiquement par des agitateurs antifrançais.
- Fouché après Talleyrand? Après la défaite de la droite aux régionales, il est nommé ministre de lIntérieur. La suite dun apprentissage concocté par Chirac, une mise en orbite pour un destin national. Le poète doit apprendre à marcher sur terre, parmi les gens ordinaires.
- La classe politique voit en lui la dernière chance de Chirac déchapper à Sarkozy. Les deux hommes se connaissent et sobservent. Chacun croit que lautre naura pas le niveau pour gagner.
http://www.nouvelobs.com/articles/p2074/a246921.html
"Vois-le. Engueule-le. Il ne veut pas rencontrer les députés, il ne veut pas être élu. Il faut qu'il arrête de raconter ces conneries." C'était il y a quelques mois ce que disait M. Chirac à l'un de ses vieux amis à propos des déclarations intempestives du ministre de l'intérieur sur la vie politique. "Ce qui m'intéresse, ce n'est pas de briguer des suffrages, c'est le service de l'Etat", affirmait en effet M. de Villepin (Le Monde du 18 mars). Pour un élu de toujours comme M. Chirac, l'aversion du ministre pour le suffrage universel reste sinon incompréhensible, du moins gênante. Mais M. de Villepin semble avoir compris la leçon : il reçoit les députés à dîner, reste après les questions à l'Assemblée nationale pour discuter, bref, il fait des efforts.
Et il conserve la confiance du chef de l'Etat. "Jacques Chirac a deux fils spirituels, Alain Juppé et Dominique de Villepin", explique ainsi un ancien conseiller du chef de l'Etat. Avec un bémol cependant. "Chirac a le virus Juppé. Avec Villepin c'est différent : un jour, c'est oui, un jour, c'est non", témoigne un ami du président. D'ailleurs, relève un autre proche du chef de l'Etat, la perspective d'un éventuel retour d'Alain Juppé sur la scène politique pourrait contribuer à "bloquer l'expansion" du ministre de l'intérieur.
http://www.lemonde.fr/web/article/ [...] 811,0.html
Message édité par je_suis_de_passage le 29-01-2005 à 01:19:54
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"Il n'y a aucune chance pour que, cédant à la facilité, nous laissions s'effacer la France." General De Gaulle