Voilà un texte de Denis Robert qui a été écrit le 28 novembre 2006
je vous demanderai de lire ce texte dans son intégralité avant d'intervenir sur le topic, c'est facile à lire et surtout fort instructif.
Ce qui nétait pas prévu est finalement arrivé. Jai reçu une convocation de première comparution à mon domicile la semaine passée. Le Monde vient de lannoncer. Cette nouvelle intervient au moment où AgoraVox titrait que jétais à la merci dun courant violent. On pouvait difficilement trouver meilleure illustration. Les juges dHuy et Pons, à la suite des plaintes déposées par Clearstream et le cabinet daudit Barbier Frinault, et sur réquisitions du Parquet de Paris, minvitent effectivement à passer les voir le 12 décembre prochain, pour me mettre en examen. Cette comparution interviendra à la veille de mes procès en appel contre Clearstream. On me reproche un recel dabus de confiance sur lequel je me suis déjà expliqué ici. Je répondrai sans aucune difficulté à toutes les questions qui me seront posées, comme je nai jamais manqué de le faire.
Depuis mars 2001, date de la sortie de mon premier livre Révélation$ et du film Les dissimulateurs, jai toujours uvré dans lunique but dinformer le plus grand nombre, sans jamais enfreindre la loi, sur les pratiques et dérives en cours dans ce milieu très opaque de lhyperfinance. Je suis allé là où aucun juge navait jamais mis les pieds car dans les paradis fiscaux, les magistrats ont pour fonction indirecte mais bien réelle de protéger les criminels.
Cest particulièrement vrai au Luxembourg, siège de Clearstream, où malgré des statistiques souvent avantageuses, agitées par le ministre de la Justice (qui est aussi ministre du Trésor), jamais aucun gros poisson na été inquiété. La dernière affaire importante remonte au début des années 1990, où un trafiquant de drogue colombien appelé Jurado a essuyé des plâtres. Il ny en a pas eu dautre...
Mon travail, depuis lappel de Genève, sinscrit dans une démarche visant à expliciter le pillage organisé de nos économies par le crime organisé et laveuglement des politiques et des banquiers sur ces questions. Leur hypocrisie aussi, concernant les paradis fiscaux.
Jai résisté à toutes les pressions et à tous les pièges qui mont été tendus. Jai persévéré dans ce travail avec la Boîte noire, puis avec laffaire Clearstream racontée à un ouvrier de chez Daewoo, notre dernier film, le seul que Clearstream nait pas attaqué.
Mes révélations sur la multinationale luxembourgeoise ont dabord permis de mieux comprendre le fonctionnement de la planète financière, en particulier en ce qui concerne la traçabilité des échanges transfrontaliers, la centralisation en des points stratégiques de linformation financière, lautocontrôle des banques...
Jai montré, sans lombre dun doute, que Clearstream était un organisme de compensation formidablement efficace pour des milliers de clients -banques honorables comme sociétés off shore- cherchant à dissimuler des opérations immensément frauduleuses. Et ceci au moins jusquen 2002, date à laquelle mon enquête sest achevée. Il suffit de consulter les annexes de mes livres pour voir que Clearstream a autorisé louverture de comptes à la banque noire dElf, à des banques russes douteuses, à des officines blacklistées par ladministration Bush après le 11 septembre, à des banques italiennes impliquées dans des affaires mafieuses. Jen passe et des dizaines...
Ma volonté dinformer le plus grand nombre sest ensuite concrétisée par la publication en juin dernier de mon livre Clearstream, lenquête, où jai, le premier, révélé les turpitudes et les protections des acteurs de cette tragicomédie à la française. Cette histoire de corbeau est dabord lhistoire du détournement de mon travail à des fins politiciennes, et en définitive, mercantiles.
Cette convocation judiciaire tombe après que mes téléphones ont été écoutés, mes e-mails piratés, et après que des policiers et un expert en informatique ont perquisitionné mon bureau, recopiant les disques durs de plusieurs de mes ordinateurs, détruisant au passage lun deux. Avec cette convocation pour ma mise en examen, on est monté dun cran dans lextravagance.
Les principaux dirigeants de ce pays - le premier ministre, les ministres de la Défense et de lIntérieur, comme le président de la République- qui connaissaient bien avant moi les tenants et les aboutissants des manipulations ne sont, eux, pas inquiétés, et bénéficient dune immunité que chacun pourra apprécier.
Quand on sait que les procès-verbaux dauditions de témoins sont en ligne avant même que les avocats ne les aient eus entre les mains, on voit que cest au plus haut niveau de lEtat que les décisions se prennent, et que des manipulations sopèrent.
Je suis aujourdhui la victime non consentante dune minable guerre politicienne entre sarkozystes et chiraquiens. La Justice est instrumentalisée en ce sens. Si le nom de Sarkozy a été placé dans les listings, le président de lUMP a compris très tôt que cette présence pouvait le servir. Et lui permettre dévincer un rival. Machination contre machination... Fuite contre fuite... Utiliser la faiblesse de ladversaire pour le mettre à terre. Lopération a dailleurs réussi. Sauf miracle, Dominique de Villepin na plus aucune chance pour lElysée. Et Sarkozy peut parader. Laffaire Clearstream est passée par là.
Aujourdhui, le Parquet a obtenu ma mise en examen. Les juges ont obtempéré. Cela permet au moins de ne pas parler de limplication des politiques et douvrir une brèche sur un autre front. Là sont le cynisme et le calcul.
Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin, mais aussi Nicolas Sarkozy étaient à coup sûr tous informés, au moins depuis juin 2004, du trafic des listings de Clearstream. Cest facilement démontrable.
Ce sont eux qui ont abusé et qui continuent à abuser de la confiance des magistrats instructeurs et des Français.
Moi, qui ai aidé la Justice et les enquêteurs en leur révélant lampleur et les éléments de la manipulation des corbeaux dans mon livre Clearstream, lenquête, débloquant ainsi une instruction qui senlisait, je suis aujourdhui sur le point dêtre un receleur dabus de confiance. Ce nouveau statut ne me soucie pas sur le fond, même si me voir mis en cause à intervalles réguliers dans la presse ne me fait pas particulièrement plaisir.
Jaimerais que cette presse, si réactive quand il sagit de divulguer des procès-verbaux ou des mises en examen -Le Monde a encore fait fort ce week-end- soit plus curieuse sur le fonctionnement de Clearstream. Et plus solidaire concernant ce qui est en train darriver.
Après le retrait du livre des librairies en juin dernier (dans le silence) et les procès à répétition de Clearstream et des banques contre moi (dans le même silence), laddition commence à salourdir en termes de censure et datteinte à la liberté décrire et dinformer.
voilà, s'il y a des personnes concernées (normalement tout le monde, mais bon...) vous pouvez aller faire un tour ici:
http://lesoutien.blogspot.com/
Site sur lequel vous prendrez sans doute la mesure du prix de la vérité que Denis Robert veut nous offrir...