gURuBoOleZZ | Ce topic est un lieu d’échange principalement orienté vers les appareils dédiés à la lecture numérique dits liseuses, à leurs qualités et à leurs problèmes, à leurs accessoires. Il aborde aussi les questions liées aux formats de fichiers et aux moyens (légaux) de s’en procurer et d’en profiter.
Sur cette première page se trouve un ensemble de repères de qui devrait permettre aux utilisateurs un peu perdus de mieux s’orienter en vue d’une première acquisition. Je ne présenterais pas ici des modèles particuliers : cela impliquerait trop de mise à jours et d’approximation. Des sites de tests dédiés existent et sont présentés en fin de guide. 1. Liseuses : généralités
1.1. Définition & particularités
Par liseuse, on entend une tablette principalement dédiée à la lecture et dotée d’un écran à encre électronique (également appelé eInk). C’est cette technologie d’écran qui distingue la liseuse de la tablette. Pourquoi ? Parce qu’à l’instar de la page imprimée et au contraire d’un écran LCD ou OLED, la technologie employée par les liseuses n’émet aucune lumière et fait ainsi appel à l’éclairage ambiant pour rendre visible la surface. Ces écrans eInk emploient en effet des milliers de petites capsules blanches et noires qui changent ponctuellement et lentement d’orientation, ce qui permet de former sur l’écran des caractères et des images. Ces micro-capsules ne peuvent émettre aucune lumière : totalement passif, l’écran devient alors particulièrement reposant pour les yeux.
Aujourd’hui, les fabricants proposent toutefois d’éclairer frontalement les écrans des liseuses, grâce à des LED disposées sur un côté et dont la lumière est uniformément répartie sur toute la surface de l’écran à l’aide d’un film invisible. Cet éclairage est pratique lorsqu’il fait sombre, mais il reste tout à fait facultatif dans une pièce suffisamment éclairée ou éclairée d’une lampe de chevet, et se révèle en outre totalement inutile si vous lisez en plein soleil. L’éclairage produit demeure également très doux dans le noir.
Vous avez certainement remarqué combien il est difficile de consulter son smartphone en plein soleil : l’écran vire au noir, et il faut créer de l’ombre pour espérer lire ne serait-ce qu’un SMS. Le rétroéclairage est poussé à fond pour rivaliser avec la puissance du soleil, vidant d’autant plus vite la batterie. Il faut également orienter l’écran brillant de la tablette ou du téléphone pour éviter les reflets. Avec une liseuse, c’est exactement l’inverse : l’écran ne lutte pas contre la lumière ambiante mais s’aide du soleil. Ses rayons éclaircissent les microcapsules blanches (qui sont d’habitude grises), et le contraste devient alors maximal. Il n’y a pas ou peu de reflets sur ces écrans mats. Et comme l’éclairage de la liseuse ne sert à rien dehors, vous pourrez lire du lever au coucher du soleil, sans entamer le quart de la batterie. L’expérience de lecture est donc vraiment très proche du livre papier grâce à cette technologie d’écran, passive et sobre.
EN INTÉRIEUR, PIÈCE OBSCURE
À gauche : écran OLED (Samsung Tab S5e), luminosité maximale ; à droite : écran eInk (liseuse Kobo Forma), luminosité max. Pour info, même l'écran de droite est trop lumineux pour lire dans le noir : s'il parait terne, c'est simplement parce que l'exposition photographique est calée sur l'écran de gauche.
EN EXTÉRIEUR, À L'OMBRE :
À gauche : écran OLED, luminosité max ; à droite : liseuse Kobo Forma, éclairage ÉTEINT ! À l'ombre, l'écran OLED est déjà moins lumineux que l'écran eInk, qui lui est éteint ! Il reste encore lisible mais les reflets constituent une gêne, sans parler des traces de doigts.
EN EXTÉRIEUR, AU SOLEIL :
À gauche : écran OLED, luminosité max ; à droite : liseuse Kobo Forma, éclairage ÉTEINT ! L'écran rétro-éclairé vire au noir en plein soleil en dépit du rétroéclairage maximal. Les reflets achèvent de rendre la lecture impossible. À l'inverse, la page vire au blanc en eInk, malgré l'absence d'éclairage frontal. On notera que les caractères noirs restent assez gris.
Plusieurs particularités sont encore à noter : un écran eInk ne consomme de courant qu’au changement de page. Un même texte peut donc rester afficher des décennies sur un écran privé de batterie. C’est ce point qui explique en grande partie leur autonomie record. Cette dernière est encore majorée par l’emploi de petits processeurs ou CPU consommant peu d’énergie mais suffisants pour de petites opérations comme changer et afficher du texte. En contrepartie, les écrans eInk offrent de mauvaises performances en termes d’animation : vidéos et scrolling ne seront guère satisfaisants, ce qui explique pourquoi la technologie est essentiellement cantonnée aux appareils qui ne nécessitent qu’un rafraîchissement épisodique d’écrans : liseuses ou étiquettes de supermarché. Et même là, la lenteur peut désagréablement surprendre (~½ seconde pour changer de page). Pour une navigation internet, l’expérience risque aussi d’être médiocre. Du coup, la RAM est souvent limitée au strict minimum, ce qui ne gêne en rien la lecture mais rend encore plus périlleux le reste (comme gérer un gros PDF). Enfin, on signalera la rémanence de la technologie eInk, qui bien qu'ayant été fortement améliorée, peut encore laisser apparaître sur une page des traces de la précédente, ce qui explique les flash noirs intermittents au rafraichissement d'écrans.
(un écran eink pliable. On voit que le texte reste affiché alors que l'écran est coupé de tout circuit d'alimentation)
1.2. Une liseuse et l’ebook : pourquoi ?
Quand on adore les livres au point de vouloir en recouvrir tous les murs, ou à l’inverse quand on dispose déjà de tablettes et de smartphones ultra-polyvalents, il est tout à fait légitime de se poser la question de l’intérêt d’un tel appareil. Notons ici quelques avantages réels :
- Par rapport aux tablettes et aux téléphones, la liseuse offre un meilleur confort de lecture (indéniable en plein soleil, comme expliqué précédemment), une tranquillité d’esprit par rapport à l’autonomie, une lecture ininterrompue car non parasitée par des notifications variées.
- Ergonomie : beaucoup d’utilisateurs le reconnaissent, une liseuse de 150 grammes mesurant 8mm d’épaisseur rend la lecture beaucoup plus agréable que bien des ouvrages volumineux qui se révèlent très séduisants en librairie mais très peu ergonomiques en mains. Les liseuses sont aussi plus légères que les tablettes, et sont mieux conçues pour la préhension que les tablettes qui ne disposent presque plus de bordures.
- Confort visuel : la possibilité de changer de police, de l’agrandir ou de la graisser (l’épaissir) permet de lire n’importe quel ouvrage dans des conditions optimales. Plus qu’utile, cela devient indispensable pour bien des lecteurs dont la vue décline. On peut ainsi acheter un ebook au prix d’un livre de poche et avoir si nécessaire un confort visuel supérieur à celui d’un grand format.
- Gain de place : Si vous êtes une grande lectrice ou un lecteur boulimique, et que vous accumulez en plus les livres chez vous, vous en connaissez les plaisirs mais aussi les limites : cela occupe beaucoup d’espace, ça pèse lourd, et ça prend la poussière. Et surtout impossible de s’en défaire. Et comme votre pile à lire ne fait généralement que s’agrandir, vous ne relisez presque jamais un des ouvrages que vous gardez au cas où…. Les lecteurs voraces et bibliophiles le savent au fond d’eux : à moins d’être universitaire et de publier beaucoup, accumuler les livres ne sert presque à rien hormis pour décorer et pour fâcher un.e conjoint.e et rendre un déménagement plus laborieux. Or une bibliothèque numérique ne pèse rien, n’occupe aucun espace physique, et vos amis ne vous détesteront pas quand ils vous aideront à déménager. Tous vos livres numériques restent accessibles au cas où…. Et rien ne vous empêche d’avoir à côté quelques beaux livres ou de garder ceux qui comptent réellement.
- Prix : Pas toujours à l’avantage du livre numérique, l’ebook reste néanmoins dans l’ensemble moins cher que la version papier. Certains éditeurs n’hésitent d’ailleurs pas à jouer la carte du -50% dès la sortie. Et pour les amateurs de littérature classique, c’est presque que du bonheur : livres gratuits, pas d’édition de poche frappés d’une police riquiqui et pas l’odeur de poussière du bouquiniste. En outre, on trouve toute l’année des promotions sur le numérique, aussi bien sur le fond de catalogue que des nouveautés — promotions qui n’existent pas avec les ouvrages physiques.
(des romans en promo toute l'année, pour étoffer sa bibliothèque numérique à très bon prix)
- Immédiateté : tout le monde n’habite pas à proximité d’une librairie et quand bien même, si une envie vous prend tard un soir de plonger dans un roman coup-de-cœur, il ne vous faudra que deux minutes pour acquérir le livre et entamer la lecture sans quitter votre salon. Pas de déplacement, pas de commande, pas d’attente, pas de livres cornés. La fracture géographique n’a pas cours avec le livre électronique, dès lors qu’une connexion internet minimale soit accessible.
- Transport : les possesseurs de liseuses ont tous oublié le dilemme du choix des livres à emporter avant les vacances ou un voyage. Et ne se soucient guère du poids. Il faut juste veiller à protéger l’écran, fragile : plein d'étuis sont disponibles pour les modèles les plus en vogue.
- DRM : pas du tout un avantage, mais j’indique brièvement ici que les mécanismes de protection ne sont guère efficaces et sont contournables sans grande difficulté.
Au final, la liseuse est recommandée pour ceux et celles qui lisent régulièrement, ou qui voyagent beaucoup, ou pour ceux qui préfèrent toujours disposer d’un accès à un livre lu ou acheté sans toutefois y consacrer chez eux la place nécessaire. Elle offre aussi un accès instantané à des pans entiers de l’édition, et permet de lire dans des conditions optimales à moindre coût. Elle est un outil très commode pour lire dans une langue qu’on ne maîtrise pas (à l’aide des dictionnaires intégrés).
1.3. Marques
Les géants de l’électronique ont soit abandonné soit déserté le marché des liseuses, qui est désormais l’affaire d’entreprises spécialisées. Les marques les plus connues à ce jour en France sont :
- Amazon : possède une gamme mondialement connue nommée Kindle, une bibliothèque en ligne très fournie, une gamme de service (accès sur abonnement à quantité de titres…), et pléthores d’inédits auto-édités à vil prix. Il est le seul fabricant à ne pas supporter le format ePub, mais la taille de sa librairie et les outils de conversions compensent souvent très bien.
- Kobo : marque canadienne devenue japonaise (Rakuten Kobo) suite à un rachat, partenaire de la FNAC en France, pionniers de l’éclairage orangé et de l’étanchéité, la marque dispose d’une gamme de liseuses de plusieurs tailles. Les plus geek apprécieront ces modèles pour leur capacité à patcher les firmwares pour ajouter quelques fonctionnalités.
- PocketBook/Vivlio : Marque ukrainienne dont le siège est situé en Suisse, a conçu énormément de liseuses innovantes et dispose d’une gamme complète de liseuses. Elles sont vendues en France sous le nom de Vivlio (suite à un procès perdu avec l’éditeur Pocket), et sont partenaires de certaines chaînes de librairies. Vivlio propose un firmware un peu différent, qu’on peut au besoin remplacer par un firmware Pocketbook d’origine.
- Cybook : marque française qui ne possède pas une gamme très étendue de liseuses mais qui séduira les adeptes de la préférence nationale.
- Onyx, Boyue : deux entreprises chinoises, qui ont véritablement percé ces dernières années grâce à des engins innovants. En effet, les liseuses proposées par ces marques sont généralement de véritables tablettes : Android, CPU multi-core, Bluetooth mais toujours dotées d’un écran eInk. Ces marques proposent aussi dans leur gamme des liseuses avec des tailles très grandes (10 à 13 pouces), et la possibilité d’installer des applications Android permet d’étendre l’usage de la liseuse bien au-delà de la lecture.
Chaque marque, à l’exception d’Onyx et Boyue, propose des produits très proches en termes de fonctionnalité et de qualité équivalente. On choisira donc sa liseuse en fonction du prix du jour, de la fidélité à un écosystème, ou d’une caractéristique vraiment importante aux yeux de l’acheteur (présence de boutons pour tourner les pages par exemple). Si Amazon fait bande à part avec son écosystème dit fermé, sachez qu’il n’y a rien d’irrémédiable techniquement.
1.4 Petite comparaison ebook vs tirage papier
Et si l'on comparait un ouvrage papier et son équivalent ebook ? Au moins pour comparer le rendu en terme de contraste et de luminosité. C'est ce que je propose ici succinctement, avec un "grand format" (de taille assez moyenne : 14,5 × 20,5 cm) et ma Kobo Forma. Je propose trois éclairages ambiants naturels suffisants pour lire sans recourir à de l'éclairage artificiel.
EN PLEIN AIR AU SOLEIL :
La liseuse est parfaitement lisible et sans reflet. Le fond de page est toutefois plus clair dans l'édition papier, celui de la liseuse étant en comparaison d'un gris un peu tristounet (qu'on oublie vite dans la lecture)
À L'INTÉRIEUR, PIÈCE BIEN ILLUMINÉE :
Dès qu'il fait plus sombre, l'écran eInk perd en qualité. Il reste largement assez contrasté pour lire confortablement, mais un coup d'éclairage permettrait de blanchir le fond de page grisâtre.
CHAMBRE À COUCHER, ÉCLAIRAGE LIMITE
La photo tend à éclairer un peu la scène qui est plus sombre en réalité. Là où le livre reste suffisamment lisible à lumière ambiante, la liseuse offre une page peu contrastée et terne quand l'éclairage frontal est éteint.
En revanche, l'éclairage frontal de la liseuse rend en intérieur une page bien plus vivifiante. Et notez la couleur crème proche du papier qui est obtenue en modulant l'éclairage adaptatif.
2. caractéristiques techniques et critères d’achats
En dépit de leurs ressemblances, les liseuses se distinguent entre elles par des caractéristiques un peu différentes qui peuvent devenir de véritables critères d’achat. Les critères retenus ici sont : la diagonale d’écran, la résolution, l’éclairage, l’étanchéité, les boutons physiques, les librairies en lignes intégrées, l’ajout de polices de caractères, les formats supportés, les dictionnaires intégrés et intégrables, la navigation dans la bibliothèque de fichiers, le mode nuit, le poids, le cloud, le système d’exploitation… Chacun choisira sa liseuse en fonction des critères qui lui importent.
2.1. Diagonale d’écran
Une mise en garde s’impose d’emblée : la surface d’affichage ne dépend pas uniquement de la diagonale d’écran, mais aussi du ratio d’écran (4/3, 16/9…). Plus le ratio tend vers le panoramique, et moins la surface affichée est grande. Pour cette raison, une liseuse dotée d’un écran de 6 pouces offre une plus grande surface qu’un téléphone moderne de plus de 6 pouces au ratio de 20:9.
La diagonale la plus populaire est de six pouces. Cela correspond peu ou prou à la surface imprimée d’un livre de poche (le carré de texte, sans les marges). C’est assez petit (12cm × 9cm), mais cela permet de contenir le prix, le poids et les dimensions. Si votre vue est un peu faible et que vous appréciez les caractères agrandis, la quantité de signes par page sera en revanche assez faible, obligeant à « changer de page » plus souvent. Une diagonale de 6 pouces est par ailleurs souvent jugée insuffisante pour lire confortablement un manga. Les liseuses de 6 pouces sont donc d’excellentes compagnes de mobilité, parfaites pour les petites bourses ou pour les personnes qui veulent s’essayer à la lecture numérique, de préférence sur les romans.
Si le passage d’une liseuse 6’’ à une liseuse 6,8’’ ou 7’’ peut sembler insignifiant sur le papier, à l’usage le gain reste appréciable. C’est un gain qu’il ne faut pas dénigrer trop hâtivement.
Les écrans de 8 pouces ont récemment gagné en popularité : avec un prix contenu (comme la Pocketbook/Vivlio Inkpad 3) et parfois un poids inférieur à 200 grammes (Kobo Forma), leurs inconvénients sont peu nombreux et la diagonale étendue offrent une surface d’affichage très confortable pour la lecture de texte et permet aussi de satisfaire les amateurs de manga. En termes d’affichage, 8 pouces correspondent pratiquement au double de 6 pouces (16×12cm vs 12×9).
Plusieurs fabricants proposent désormais des liseuses dotées d’un écran de 10 pouces voire de 13,3 pouces. Les tarifs restent tout de même salés, proches d’une très bonne tablette beaucoup plus polyvalente. Ces « grandes » diagonales peuvent intéresser les utilisateurs ayant beaucoup de documents PDF A4, et ouvrent aussi la possibilité de lire des BD… en noir et blanc.
(de gauche à droite : un ouvrage plus petit que la moyenne des livres de poche (10,5 × 15 cm), la Nook de 6", la Kobo H20 de 6,8", la Kobo Forma de 8" et une Tab S5e de 10,5" en 16/9).
(mêmes appareils, comparés cette fois à un ouvrage paru chez 10/18 (10,5 × 17,5 cm) : on voit que la surface d'affichage des écrans 6" et 6,8" reste moindre qu'un livre de poche).
(mêmes appareils, comparés à un ouvrage en grand format paru chez Bragelonne (15 × 24 cm) : la Kobo Forma de 8" semble petite en comparaison et c'est la tablette de plus de 10" qui s'assimile le plus à un roman grand format).
(comparaison des liseuses et de la tablette avec un manga — un peu plus grand que la moyenne des mangas : il s'agit de Saint Seiya Deluxe (14,5 × 21cm), le seul que j'ai). La tablette est très intéressante en terme de taille, de lisibilité et surtout de fluidité. Du moins en intérieur et pas en plein soleil…
2.2. Résolution d’écran
La résolution « historique » des liseuses est de 166 ppp. Cela correspond à un affichage en 600×800 sur une diagonale de 6 pouces. Cette résolution est suffisante pour lire sereinement sans vraiment se soucier de la pixellisation (qui est éventuellement visible en concentrant son attention sur elle). On trouve aussi une résolution de 212, 265 et 300 ppp. Ces résolutions accrues permettent de mieux dessiner les polices fines ou de vraiment ne plus voir de pixellisation. Les regards les plus perçants pourront même essayer de lire des mangas sur une liseuse de 6 pouces en 300 ppp, ce qui n’est plus possible en 166 ppp.
À noter que contrairement à une idée reçue, la finesse d’affichage d’une impression papier est bien supérieure à 300 ppp en noir et blanc.
2.3. L’éclairage
Les liseuses ne peuvent pas être rétro-éclairées (car leurs écrans eInk ne sont pas transparents), mais ils peuvent être éclairés par les côtés. L’éclairage est alors dit frontal ou latéral et il est une caractéristique appréciable pour plusieurs raisons :
- Cela permet de lire la nuit sans éclairer une bonne partie de la chambre, et lorsqu’on est à deux cette discrétion est souvent appréciée par le/la conjoint.e.
- L’éclairage permet de blanchir la page : car sauf à lire en plein soleil, le « blanc » des écrans est très gris, parfois trop gris.
- Lorsque l’éclairage est teinté, il permet de retrouver des couleurs assez proches d’excellents papiers d’impression (couleur crème) et de supprimer la lumière dite « bleue » qui freine l’entrée en sommeil.
- L’éclairage teinté, outre sa propension à supprimer la lumière bleue, permet aussi de ne pas subir la lumière d’aspect désagréable (bleuté, violacé ou verdâtre) propre à certaines liseuses et qui incommode certains lecteurs.
Les lecteurs les plus pointilleux regarderont aussi quelle est la quantité minimale de lumière que peut émettre la liseuse (car dans l’obscurité, une lumière minimale jugée trop forte peut éblouir). Il n’est pas inutile de savoir que souvent l’éclairage n’est pas totalement uniforme, avec des coins moins clairs. Toutes les marques sont concernées : cela dépend des exemplaires. Enfin, certaines liseuses proposent d’adapter automatiquement l’éclairage frontal ou la température de couleur, en fonction de l’heure ou de la lumière ambiante, avec plus ou moins d’efficacité.
2.4. L’étanchéité
Vous flottez paisiblement sur un matelas, bercé par la brise et le bourdonnement des insectes. Le soleil est radieux en ce jour de repos. Vous vibrez depuis 80 pages au rythme des aventures de Jean Neige, quand plouf, le petit dernier joue les pirates sournois et vous renverse, vous, et votre liseuse avec… Il ne vous reste qu’à acheter une nouvelle liseuse, à moins que la vôtre fût étanche.
L’étanchéité permet simplement de lire sans risque à la piscine, au bord de la plage, ou dans la baignoire ou si vous êtes vraiment maladroit, à côté d’un verre d’eau. Si vous ne lisez pas ailleurs que dans le lit, le canapé ou le train, alors l’étanchéité ne sert pas à grand-chose. Elle n’est donc qu’une garantie tout à fait utile contre un certain type d’accident, et n’est pas conçue pour l’inutile éventualité de lire sous l’eau.
2.5. Les boutons physiques
Les premières liseuses n’avaient pas d’écran tactile, et ressemblaient à des calculatrices ou des minitels tant il y avait de boutons partout. Lorsque le tactile est arrivé, les liseuses n’ont gardé que le bouton d’allumage. Certains lecteurs préfèrent toutefois pouvoir changer de page sans toucher l’écran : il y a selon les positions et les prises en main un réel gain ergonomique à utiliser des boutons. Attention : actionner un bouton peut faire du bruit et déranger l’entrée en sommeil des proches.
(8 pouces tenus d'une main, et pouce sur le bouton de changement de page, ce qui permet d'avancer dans le texte sans remuer un doigt)
2.6. Librairie intégrée & synchronisation
La plupart sinon toutes les marques mettent en avant une librairie qui permet d’acheter des livres directement depuis la liseuse, et les récupérer sans effort. On peut bien sûr acheter ailleurs son ebook via un navigateur, ce qui permet entre autres de soutenir des libraires indépendants — mais le transférer sur la liseuse va demander plus d’opérations. C’est encore plus fastidieux lorsque les fichiers achetés sont protégés par un mécanisme de protection dit DRM. Le prix unique du livre en France garanti l’uniformité des prix quelle que soit la librairie électronique choisie. Normalement, les promotions sont appliquées partout sans exclusivité. Certaines librairies intégrées présentent des avantages, comme un accès élargi à des titres étrangers ou une meilleure ergonomie, l’accès direct aux promotions ou aux livres gratuits, etc…
La fidélité des acheteurs à une marque est d’ailleurs indirectement récompensée : si vous achetez chez Amazon ou Kobo par exemple, et que vous changez de liseuses, alors tous vos achats seront automatiquement récupérés sur la nouvelle liseuse. Pratique.
Personnellement, j’achète mes ebooks depuis mon téléphone car la navigation y est très confortable. Une fois payés, la liseuse récupère à ma demande depuis le WiFi les fichiers.
Les Kindle d’Amazon peuvent recevoir des fichiers en leur envoyant un mail : aussi surprenant que pratique, cette fonction permet par exemple de recharger à distance la liseuse d’une personne âgée.
2.7. Polices de caractères
Les liseuses présentent à l’utilisateur un choix restreint de polices de caractères. La plupart des marques rendent cependant possible l’ajout de polices personnelles, de manière plus ou moins aisée. Attention à ne pas mettre trop de polices pour éviter d’encombrer le menu. Il faudra aussi garder à l’esprit que certaines polices sont mal adaptées à un écran eInk, en particulier s’ils sont peu définis. Dans les faits, seule une minorité de polices se montre réellement convaincante à l’usage sur une liseuse.
2.8. Formats supportés
Après quelques années de balbutiements, le format de livres numériques a trouvé son standard : l’ePub. Toutes les liseuses sont compatibles avec ce standard, à l’exception des Kindle d’Amazon qui font de la résistance et utilisent leurs propres formats (mobi/azw3). Convertir un format à l’autre est chose aisée, du moins tant qu’aucun DRM ne vient entraver la lecture. Le logiciel Calibre permet de faire des conversions multiples en un seul clic.
Les PDF sont des formats imprimables. La plupart sont conçus pour l’impression A4 ou la consultation sur grand écran. Sur une liseuse de petite taille, la lecture des PDF est souvent difficile, et plus encore lorsque la liseuse supporte le format sans avoir vraiment travaillé son logiciel (absence de zoom, de rognage auto des marges, absence de reflow) ou lorsqu’elle ne dispose que de peu de RAM. Pour la lecture intensive de PDF, on privilégiera les grandes diagonales (8 voire 10 pouces minimum), voire les liseuses Android afin d’installer un bon logiciel.
CBR/CBZ sont des archives .zip/.rar renommées et qui contiennent des images. Le format est bien connu des amateurs de mangas et de BD. Si la liseuse n’est pas compatible avec ces formats, il est parfaitement possible de les convertir en ePub ou en mobi. Des convertisseurs dédiés permettent même d’augmenter le contraste pour Certaines liseuses supportent aussi les formats TXT, Word & Cie. Possibilité utile pour certains usages et certains documents (comme la lecture de tapuscrits) mais pas indispensable puisqu'il faut savoir que la conversion Word->ePub/Mobi n'est guère compliquée.
2.9. Dictionnaires intégrés et intégrables
Les liseuses embarquent généralement plusieurs dictionnaires monolingues et bilingues, ou offrent la possibilité d’en ajouter depuis l’interface. Il est généralement possible d’installer des dictionnaires externes. Il faudra alors veiller au préalable à trouver des dictionnaires intéressants et surtout au bon format (car chaque liseuse utilise un format de dictionnaire différent).
Plusieurs utilisateurs ont déjà fait part de leur déception sur la qualité des dictionnaires embarqués : trop succints, définitions médiocres, trop ancien… Malheureusement, il n’y a pas d’offres commerciales, exceptées peut-être Le Robert qui vend le Dixel sur les liseuses Kindle. Pour le français, on trouve sans trop de difficulté le Littré (dictionnaire littéraire, mais quelque peu suranné) ou celui de l’Académie Française de 1935. Des transpositions du Wiktionnaire gérées par des passionné.e.s permettent d’avoir un dictionnaire fonctionnel très complet et des plus modernes, et dans plusieurs langues. On trouve aussi sur les réseaux un Grand Robert, récent et compatible sur plusieurs liseuses (Kindle, Kobo). Les dictionnaires anglais un peu anciens (Webster 1913, Chambers 1908) sont également disponibles gratuitement. Pour les dictionnaires bilingues, l’offre est plus sommaire et doit être renseignée au cas par cas.
(à gauche, le dictionnaire intégré (Micro Robert) très limité ; au milieu, le résultat du Wiktionnaire ; à droite, en cliquant sur un des mots de l'encadré, toujours avec le Wiktionnaire)
2.10. Mémoire et navigation dans la bibliothèque de fichiers
Les liseuses n’ont pas toutes de support d’extension à base de carte microSD. Leur capacité mémoire est donc généralement exiguë. Mais pour les lecteurs de romans et d’essais, ce n’est guère un problème car un ebook commercial pèse en moyenne 1 à 2 Mo (dont la moitié pour la seule couverture HD embarquée…) et les gratuits libres de droits sont encore plus légers. On peut donc caser des milliers de livres sur une liseuse. En revanche, les lecteurs de manga/comics/BD qui souhaiteraient stocker un maximum de titres devront veiller à disposer d’une capacité de stockage plus grande et de préférence extensible, car ces fichiers graphiques sont bien plus volumineux.
Disposer de milliers d’ouvrages pose nécessairement le problème de la gestion des fichiers. Pour ceux qui téléchargent les ebook depuis leur PC et les classent à la main par dossier, il faudra impérativement une liseuse capable de naviguer par dossier car plusieurs grandes marques (comme Amazon et Kobo) font l’impasse sur ce mode de classement. Les autres ont tout intérêt à bien renseigner les métadonnées (ou tags) de leur collection. Calibre, une fois encore, reste le compagnon idéal pour ces opérations. Ceci dit, les gestionnaires de bibliothèque disposent tous d’une fonction recherche et permettront toujours de retrouver sans peine un titre ou un auteur dans un grand fatras numérique. Je conseille à titre personnel de ne pas faire de sa liseuse un jukebox ePub, bien que l’idée puisse être séduisante. Avoir des milliers de fichiers récupérés en masse dans sa bibliothèque est le meilleur moyen pour se perdre et de ne pas trouver la lecture qui vous convienne. Comme d’autres, je suggère d’être mesuré dans le stockage pour n’y mettre que les toutes dernières envies ou ses achats. Ce qui rend la question de la capacité de stockage encore plus secondaire.
2.11. Mode nuit
Très populaire sur les appareils à écrans LCD ou OLED, le mode nuit ou mode sombre ou mode inversé permet d’afficher des caractères blancs sur un fond noir, de sorte à réduire l’émission de lumière et éviter l’éblouissement. Ce mode n’est pas franchement indispensable avec les écrans eInk, mais en disposer peut se révéler intéressant pour ceux qui lisent souvent dans l’obscurité et souhaiteraient mieux contrôler l’éblouissement.
2.12. Poids
On n’y pense pas forcément à l’achat, mais le poids d’un appareil que l’on est amené à tenir en mains plusieurs heures durant est un élément déterminant du confort de lecture. Plus une liseuse est lourde, et plus son utilisation devient fatigante. Et s’y on y ajoute un étui, c’est encore pire. Ici, les liseuses à écran 6’’ peuvent avoir un réel avantage, à condition d’être conçues de manière optimale — ce qui n’est pas toujours le cas. Certaines liseuses de grande taille peuvent être plus légères que des liseuses plus petites. Attention donc à ce critère lors de l’achat.
2.13. Cloud & services
La liseuse n’est pas forcément un périphérique que l’on emmène systématiquement avec soi en sortie. Et si vous vous retrouvez coincé dans une salle d’attente sans elle, il est parfois possible de poursuivre sa lecture sur son téléphone. Les services de Cloud et de synchronisation ont ici un réel avantage : il est possible d’alterner les écrans sans devoir retrouver à chaque fois la dernière page lue. Attention tout de même : ces services fonctionnent généralement avec les livres achetés sur la librairie officielle de la liseuse, et non avec les livres récupérés ailleurs.
Certaines liseuses offrent aussi une compatibilité avec l’un ou l’autre service de stockage en ligne. La Kobo Forma est compatible Dropbox. Cela permet par exemple de télécharger un fichier sur un smartphone, de le mettre avec ce dernier dans la bibliothèque Dropbox, et de le récupérer avec la liseuse sans utiliser de PC. Pratique en vacances ou quand le PC est en panne. Ça peut dépanner mais ça n’est pas absolument nécessaire.
2.14. Système d’exploitation
Les liseuses ont un OS qui repose généralement sur Linux ou sur Android. Il est cependant très limité dans ses accès et ne permet pas de faire grand-chose de plus que ce qui est prévu par le constructeur. En revanche, on trouve aujourd’hui des liseuses Android avec des accès au Play Store. On peut alors installer des logiciels de lectures externes, récupérer ses achats avec les applis Kobo, Kindle… et aussi 1001 choses impensables avec une liseuse traditionnelle. Avec des CPU octo-cores, on peut utiliser sa liseuse comme une véritable tablette, avec les avantages procurés par l’écran eInk (lisibilité en plein soleil) et ses inconvéniants (N&B, rafraichissement moindre, rémanence).
2.15. Et la couleur ?
Véritable arlésienne des liseuses électroniques, l’écran couleur avait pourtant vu le jour en 2012. Mais les couleurs ternes, la faible résolution et le prix élevé ont mis en échec cette première tentative. En 2020, plusieurs liseuses couleurs ont été annoncées. Il faudra suivre l’actualité pour voir si la qualité et le public suivent.
2.16. Autres caractéristiques
Certaines liseuses disposent d’une sortie casque, ou d’un émetteur Bluetooth, parfois secondé par un logiciel de transposition vocale (Text To Speech). Le livre audio est à la mode, et les constructeurs essaient d’adapter les liseuses à cet usage. On trouve aussi des liseuses au format plus ergonomique, des accéléromètres qui permettent de pivoter automatiquement l’écran (avec ou sans possibilité de débrayage). Les liseuses Kobo sont compatibles avec le service Pocket, qui permet de sauvegarder une page web dans le cloud depuis un navigateur, et d’y accéder ensuite sur liseuse :
(un article sur PC, et le même récupéré sur liseuse Kobo en un clic via le service Pocket)
Les liseuses Kindle offrent une fonctionnalité nommée Wordwise, qui permet d'afficher de courtes définitions au-dessus des mots jugés difficiles, ce qui facilite la lecture de livres dans une langue moyennement maîtrisée :
(Ici, une capture d'écran depuis l'application Kindle sur un téléphone) Message édité par gURuBoOleZZ le 02-02-2022 à 14:10:44
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